Dans dix mille ans...
- Par guy sembic
- Le 25/02/2010 à 19:07
- Dans Anecdotes et divers
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J'ai imaginé l'être humain dans dix mille ans...
Voici ce qu'écrit, en l'an – non pas de grâce puisqu'il n'y a plus de religions- 12997, un exilé sur le satellite Ramsès IV où vivent les Interdits (les exclus, les renégats, les révoltés, les réprouvés de la Terre et des Mondes Artificiels) :
« En ce temps là (il y a plus de dix mille ans) étaient les Riches et les Pauvres... Ou ce qui revenait au même, les Privilégiés et les Subissants... Les gens vieillissaient (ils appelaient cela le vieillissement)... Lorsque les gens parvenaient à un âge d'environ soixante années après leur naissance, leur apparence se dégradait et ils devenaient selon la terminologie de l'époque, des vieillards... L'on voyait d'ailleurs de plus en plus de ces « vieillards », souvent âgés de plus de cent ans...
Depuis environ un millier d'années sur la Terre et sur les Mondes Artificiels, l'humanité est divisée en deux castes : les Immortels et les Mortels...
« Riche » ou « pauvre » n'a aucun sens de nos jours... Toute la différence de nos jours tient en l'existence des deux castes... Mais où se situe exactement la différence entre les Immortels et les Mortels ? Car les Immortels meurent tout de même puisque l'altération des tissus cellulaires après s'être considérablement ralentie vers l'âge de soixante années après la naissance, reprend subitement un jour, de telle sorte que l' Immortel s'effondre alors sur lui même en quelques minutes, devenant un cadavre... Il en est de même pour les Mortels !
En vérité la différence est dans la durée : les Mortels pour la plupart d'entre eux, s'effondrent sur eux-mêmes dès qu'ils approchent ou dépassent l'âge de cent ans après leur naissance... Alors que les Immortels (qui font et sont la Loi du Monde) passent les siècles et les millénaires... Ainsi, certains de nos actuels Immortels ne savent pas s'ils disparaîtront par exemple, en 14337 ou en 17522...
Pour accéder à la caste des Immortels, les postulants, au préalable sélectionnés par des Juges réunis en concile, étaient autorisés à subir une intervention biochimique modifiant leur code génétique. À la suite de cette intervention et selon ce qui avait été décidé par les Juges, les Immortels alors, dépassaient l'âge de cent ans et leur disparition (qui n'était cependant pas programmée) pouvait intervenir aussi bien cent ou deux cents ans plus tard, que mille ou deux mille ans plus tard...
La différence est aussi dans la répartition entre les Mortels et les Immortels : les Mortels constituent environ 90 pour cent de l'ensemble de l'humanité...
Lorsque les Bioscientifiques, il y a de cela plusieurs milliers d'années avaient élaboré, puis généralisé le « Processus » (et donc mis fin au « vieillissement ») l'on ne parlait pas encore de « castes »... Il y avait bien sûr, les Mortels et les Immortels mais du fait de la sélection considérée “juste et normale”, d'assez nombreux Mortels et Immortels disparaissaient en définitive dans un espace de temps aussi grand que celui de plusieurs générations d'anciens mortels d'avant la mise au point du “processus”... Ainsi des Immortels “mouraient” à l'âge de 190 ans, et des Mortels “vivaient” jusqu'à 215 ans, par exemple...
La notion de « caste » n'est intervenue que peu à peu, insensiblement... Jusqu'au moment où l'on s'aperçut que certains scientifiques, écrivains, poètes, artistes, philosophes, hommes politiques d'envergure, intellectuels, chercheurs et savants, médecins de renom, ingénieurs et découvreurs... vivaient bien plus longtemps que les autres humains plus « ordinaires »... Alors on définit nettement la caste des Immortels et la caste des Mortels... De telle sorte que la sélection fut plus “sévère”, que les Immortels “moururent” en général beaucoup plus tard, et que les Mortels n'eurent plus guère de chances de “vivre” au delà de cent ans...
Il y eut ensuite au fil des siècles, à dire vrai en 2 ou 3 siècles seulement, une évolution des valeurs, des modes, des besoins, des aspirations et des projets... Une évolution « déliquescente » et même « vertigineuse » (dans le même genre que le déclin de l'empire romain)...
De nouveaux Immortels apparurent... qui auparavant seraient demeurés de simples Mortels... Des êtres veules, sans consistance, brutaux, jouisseurs, dominateurs mais sans aucune envergure d'esprit ou de coeur...
Et des Mortels par contre, qui auraient du faire partie de la caste des Immortels, telle qu'était à l'origine la caste des Immortels... atteignaient à peine l'âge de cent ans, s'effondrant soudainement sur eux-mêmes... et dont les oeuvres ne furent jamais connues car c'étaient les Nouveaux Immortels, désormais les Maîtres du Monde...
... J'étais devenu en 12997, un Mortel jugé « trop dangereux » parce que susceptible de détrôner par la puissance de mon oeuvre, tous ces Immortels inconsistants ou prédateurs faisant et étant la Loi du Monde... L'on m'accusa d'entraîner les autres Mortels à renverser les Immortels et à faire devenir les Mortels, des Immortels répartis en une seule caste selon leurs différentes dispositions et talents tous aussi nécessaires et utiles ; un grand procès eut lieu et je fus condamné à finir mes jours sur le satellite Ramsès IV...
Mais parmi les Immortels, il en est qui sont mes amis et oeuvrent contre les autres Immortels...
Je pense à ces anciennes civilisations humaines d'il y a plus de dix mille ans, à certains peuples dont les chefs disaient qu'ils étaient des sorciers et se mettaient des plumes de grands oiseaux autour de leur cul et de leur tête...
N'importe quel romancier de Science Fiction pourrait faire sur ce sujet, un livre de trois cent pages !
Pour ma part je traite un tel sujet en une seule page, sous la forme que je viens de présenter...
Les détails, le scénario, un plus long récit avec des personnages, des dialogues, des épisodes ou des chapitres, un fil conducteur avec une trame, une intrigue, un déroulement, un suspense, une conclusion ou un dénouement... Oui tout cela, on peut se l'imaginer, se le construire à sa manière, se le représenter et s'en faire une “matière à penser”!
Laissons donc les romanciers faire leur travail, d'autant plus qu'ils sont assez nombreux sur le marché du roman...
Par contre, un écrivain “non romancier” qui se hasarderait en se lançant dans un récit de trois cent pages sur un thème de fiction quel qu'il soit... se perdrait dans un fil qui cesserait au bout de dix pages d'être “conducteur”, son histoire “éclaterait” et il finirait par raconter d'autres histoires...
Mais c'est vrai : beaucoup d'écrivains (la majorité à coup sûr) veulent être des romanciers!
Et c'est la raison pour laquelle il y a tant et tant de “bons livres de bons auteurs” qui sont comme de “beaux meubles de bons ébénistes”... Et de “livres passables ou médiocres d'auteurs ordinaires” qui sont comme des “meubles de contrefaçon d'un fabricant en série”...
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