Quand "ça s'écrit pas pareil"...
- Par guy sembic
- Le 23/05/2011 à 07:45
- Dans Anecdotes et divers
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Foire exposition de Nancy, pays invité le Japon, pavillon du Japon...
En face de cette inscription, je suis un illettré !
Je m'imagine dans un pays où, non seulement les mots sont totalement différents, mais où "ça s'écrit pas pareil", en plus !
En Arabe, je ne serais pas totalement dépaysé : je connais l'alphabet, je sais à peu près reconnaître les lettres (au début des mots, dans le mot et en finales)... Donc pour moi, apprendre l'Arabe ne serait, comme pour l'Anglais ou l'Allemand, qu'une question de vocabulaire et de grammaire...
Par contre, en Chinois ou en Japonais, je suis un illettré total !
... Il y a, je crois, cette solitude de l'écrivain ou du poète dans sa langue maternelle, dans un pays où il est un "illettré"... Parce que ce qu'exprime l'écrivain ou le poète dans sa langue, ne peut pas toujours être traduit fidèlement dans une autre langue. Or ce qui est alors "traduit" n'est que transposé, avec des termes ou des mots "ressemblants" mais cependant différents...
Et quand bien même le poète ou l'écrivain parvient à écrire et parler la langue d'un autre pays, il y a encore cette solitude en lui qu'il ne peut communiquer finalement que de la même manière qu'un animal familier, un chien ou un chat, par exemple...
Ce qu'il y a d'intime, de profondément intime et unique en soi, et cela quelle que soit la ressemblance de cette intimité avec une autre intimité, c'est, je crois, une forme de solitude... Qui ne peut être exprimée que par des mots à soi dans un contexte de sensibilité... Et ces "mots à soi" sont ceux de sa langue d'origine...
D'où l'importance du regard, du son de la voix, du geste, du signe, du mouvement le plus infime d'une partie du visage, de tout le visage même...
Devant cette inscription en caractères Japonais, je me disais : " en dépit de mes vingt mille lieues d'écriture en quarante quatre ans dans ma langue, la langue Française, je suis bel et bien un illettré "...
Mais je n'étais pas désespéré parce que j'avais mon regard, le son de ma voix, et mon visage, et mes mains, et tout mon être même !
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