Un ami Vosgien

 

J'avais dans les Vosges un ami âgé de 88 ans en 2008 qui, tout comme moi effectuait le voyage aller retour entre les Landes et les Vosges. Mais lui ne séjournait dans les Landes que de fin mai à début septembre dans une maison (une ancienne bergerie) qu'il avait restaurée et aménagée lui même...

Cet ami a disparu le 1 er avril 2008. Un homme d'une grande intelligence, d'une grande délicatesse, un scientifique, un inventeur, un bricoleur ingénieux, et qui de surcroît était un homme humble et discret...

Dans les dernières années de son existence, autant dans sa maison des Vosges que dans celle des Landes ; maisons qu'il ne cessait d'aménager en artiste qu'il était et de doter de diverses commodités nouvelles, lorsque je le rencontrais j'avais l'impression que le poids des ans n'avait aucune prise sur lui...

Je ne vous dis pas le genre de conversation que nous avions ensemble lors de nos rencontres sur des sujets de philosophie, de littérature, de sciences, de géographie, d'histoire ou d'astronomie ou même encore de religion, lui qui semblait si détaché de toute foi et de tout culte... (et moi de même). Et ce regard sur le monde, sur l'actualité, sur les évènements, sur les gens ; que nous portions et qui nous rapprochaient... Un sujet entre autres que nous évoquions avec beaucoup d'émotion et d'humour était celui de la féminité...

Un jour mon ami me confia que son voisin le plus proche lui avait déposé dans sa boîte aux lettres un petit billet l'informant que, passé 5heures de l'après midi un arrêté municipal stipulait que l'utilisation de tondeuse à moteur ou autre engin bruyant était proscrit...

Mon ami, qui à ce moment là revenait des Landes, avec l'aide de l'un de ses fils, avait donc mis en marche sa tondeuse autour de sa maison. Il devait être dans les 4h de l'après midi, et bien sûr deux ou trois heures environ avaient été nécessaires pour effectuer le travail... En fait le voisin réside à plus de cent mètres, et mon ami ignorait totalement l'existence de l'arrêté municipal.

“Il aurait pu tout de même venir me le dire de vive voix, au lieu de déposer le lendemain matin un billet dans ma boîte aux lettres, et nous nous serions expliqués, je me serais excusé...” M'avait dit mon ami...

Les règlements sont ainsi faits qu'ils doivent être appliqués et que l'on s'y conforme... Au risque de se voir poursuivi ou dénoncé... Les règlements n'ont en général que faire de certaines particularités d'environnement et de circonstance, ou d'entente réciproque entre des parties qui ensemble conviennent au mieux de leurs besoins... Les règlements parfois sont aussi “bêtes” que les gens sont “de mauvais coucheurs”...

Je ne pense pas que la bêtise, la méchanceté, la mesquinerie et la médiocrité relationnelle ou même l'indifférence ou la violence directe ou indirecte... Soient une fatalité, un “ordre des choses” absolument implacable et permanent. Ce n'est peut-être là qu'une sorte de pesanteur... Une pesanteur comme un ciel gris, bas et plombé qui n'en finit pas de voiler le bleu au dessus, et existe depuis toujours...

Si ce voisin là avait su qui était vraiment mon ami, aurait-il eu le même comportement?

Peut-être que non...

Peut-être que oui...

 

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