1950 - 2011 : deux mondes différents

 

     Peut-on regretter le monde de 1950 ? Peut-on avoir la nostalgie de ce monde là ?

Il me semble que seuls, aujourd'hui dans le monde de 2011, les enfants de 1950 devenus des gens de soixante ans, peuvent encore regretter le monde de 1950... Pour autant qu'ils furent en 1950, de jeunes Européens, de jeunes Nord Américains nés tout juste après la seconde guerre mondiale, soit les enfants des pays les plus avancés économiquement et technologiquement du monde d'alors, où commençaient à apparaître la télévision, les appareils électroménagers ; où il n'y avait pas de chômage, et où l'on vivait "petit" mais "heureux"... Selon eux, les gens de cette génération de l'après guerre.

Le monde de 1950 ? C'était pour plus de deux tiers de la superficie de ses terres (pays et continents) c'est à dire l'Amérique du Sud, l'Afrique tout entière, le proche et moyen Orient, et l'Asie dans son ensemble, avec l'Indonésie... Et la Russie des immensités Sibériennes, et une bonne partie de l'Europe continentale de la Pologne jusqu'à la Mer Noire et à la Méditérranée... Un monde d'un "autre temps" que celui du 20ème siècle des nations industrialisées de l'Europe de l'ouest et de l'Amérique du Nord... Sans télévision, sans électricité, et dans une misère généralisée pour des millions de gens soumis aux pires aléas de la vie... Un monde aussi "ancien" que le monde du Moyen Age Européen ou même que celui de l'Antiquité... Ou presque "néolithique" dans certaines contrées isolées de la planète... À l'exception toutefois des régions urbanisées ou portuaires...

Alors je comprends qu'un Français, qu'un Belge, ou qu'un Américain puisse avoir, à 60 ans, la nostalgie des années 50, et s'inquiète pour ses "vieux jours" prochains dans les années 2030... En face de ce monde contemporain qu'il ne comprend plus et qui lui apparaît si "étranger aux valeurs qui lui furent inculquées dans son enfance"...

Le monde de 1950 ? C'était encore le temps des grands empires coloniaux, l' "âge d'or" de la France, du Royaume Uni de Grande Bretagne et de quelques autres puissances Européennes encore présentes en Afrique... Et exploitant les richesses naturelles de tous ces pays proches ou lointains d'Afrique et d'ailleurs, sous l'étendard brandi avec orgueil, d'une "mission civilisatrice"... (souvent entachée de corruption et d'hypocrisie)...

C'est vrai : les milliardaires de 2011 ne sont plus les mêmes que ceux de 1950... Ils sont surtout plus nombreux... Un peu plus de mille aujourd'hui, et bientôt dix mille dans dix ou vingt ans... Cela fait de beaux jours en perspective pour les constructeurs de voitures haut de gamme, pour le tourisme, pour les industries du luxe et des loisirs... Et tous ces milliardaires entraînent dans leur sillage toute une faune hétéroclite de "nouveaux riches" sans cesse plus nombreux, devenus eux aussi, de grands consommateurs de produits de loisirs et de luxe, d'acquéreurs de biens immobiliers et de voitures...

C'est vrai : le monde de 2011 est "plus riche"... Mais aussi "plus riche partout"... Alors les prix montent, les marchés dans les villes et même dans les villages deviennent de grands bazars d'affaires à ciel ouvert, les boutiques se succèdent de chaque côté des rues et tout autour des places, les grandes surfaces commerciales ne cessent de s'agrandir ou de se rénover ou de s'implanter...

Mais si les "riches" sont plus nombreux, toujours plus nombreux... les "pauvres" sont aussi, plus nombreux qu'avant, et surtout... Partout, et en particulier là où ils étaient autrefois, considérés comme marginaux... C'est à dire dans ces pays qui étaient en 1950 des "pays riches" (et le sont d'ailleurs toujours bien que subissant une concurrence féroce de la part de nombreux autres pays)...

... Il y a bien là, à mon sens, toute l'essence de la fracture sociale la lus profonde et la plus grave de l'histoire de l'humanité, qui "soleille" comme dans une boîte de fer blanc ouverte à l'heure de midi par quarante degrés de température...

Et il y a aussi, toute l'essence des bidons dispersés dans tous les garages du monde, pour de nouveaux moteurs de relation humaine... Il y a ces étincelles qui voyagent aussi vite que la lumière et viennent allumer des feux pour avoir chaud et être éclairé là où ne dormaient autrefois que des braises...

 

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