Ce qui réduit et limite l'ampleur et la force d'un mouvement social
- Par guy sembic
- Le 18/12/2019 à 20:35
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... Les mouvements sociaux se caractérisant par des manifestations, des grèves, diverses actions menées notamment par des blocages d'axes routiers et des occupations de sites d'entreprises industrielles, de dépôts pétroliers, de gares, etc. ... Si importants qu'ils soient en nombre de manifestants, si relayés qu'ils soient dans les réseaux sociaux et par les médias, si révélateurs qu'ils soient, de l'opinion d'une majorité -relative- de citoyens, mesurée par des enquêtes... N'atteignent jamais le niveau et l'ampleur qu'ils devraient avoir pour vraiment constituer une force d'opposition suffisante pour qu'un projet de loi, une réforme importante, soit retiré ; ou pour qu'un gouvernement finisse par tomber...
En face de deux, voire trois millions de personnes dans la rue, dans plus d'une centaine de villes, d'un bout à l'autre du pays ; d'un train sur 4, 5 ou 10, un métro, un RER idem, qui roule ; d'une grève suivie à 30, 50% dans un corps de métier d'un million de salariés... Et cela durant plusieurs jours ou semaines... Il y a la réalité incontournable, évidente, de trente millions de gens exerçant une activité salariée, la réalité d'une population de 66 millions d'habitants...
Ce qui finit toujours par manquer (en fait cela manque déjà dès le début) dans un mouvement social important contre un projet gouvernemental, contre une loi, ou pour une cause mobilisatrice sur un sujet de société sensible... Ce qui finit par manquer, c'est la cohésion, c'est la solidarité, c'est l'unité, c'est l'adhésion de tous, de chacun... Qui, forcément fait toujours défaut du fait des disparités de situations personnelles, et, il faut dire, d'un système économique de marché, de consommation qui entretient et exacerbe les individualismes, de telle sorte que ceux qui jouissent de tel ou tel avantage, dont le "confort de vie" (relatif) n'est pas remis en question fondamentalement, s'ils peuvent dans une certaine mesure "sympathiser" avec les manifestants au début d'un mouvement social important, après quelques jours passés dans une gêne occasionnée par une grève, ils ne "sympathisent" alors plus du tout... D'autant plus que, puisque tout de même 1 train sur 4 roule, finalement c'est encore plus compliqué que si aucun train ne roulait ! (C'est bien connu : ce qui réduit la satisfaction du besoin, l'exacerbe, le besoin)...
Et puis il y a aussi et surtout la réalité de la dépendance -sans cesse accrue- de quasiment tous, des jeunes aux plus âgés, à un système économique de marché et de consommation, la dépendance aux banques, aux assurances, aux énergies (gaz, électricité, pétrole), aux fournisseurs d'accès téléphonie internet, la dépendance aux moyens de transport (dont le principal et le plus utilisé la voiture)... Une dépendance liée à la situation personnelle de chacun, qui forcément diffère d'une personne à l'autre...
Sans compter la "dimension moralisatrice" (le sentiment partagé ou non de ce qui est jugé bien ou mal, justifié ou pas) ; la force agissante et pernicieuse du "on dit", de ce que l'on nous fait croire, véhiculé par la presse, par l'audiovisuel, souvent communiqué par des gens censés avoir l'autorité et la compétence...
Pour conclure, ce qui réduit et limite l'ampleur et la force d'un mouvement social, c'est :
-Un individualisme accru et entretenu par un système économique de marché et de consommation, lié à des situations personnelles de plus en plus diversifiées, complexifiées et inégales les unes des autres.
-Le système économique de marché et de consommation par lui-même tel qu'il fonctionne.
-La dépendance de chacun et de tous à ce système en fonction de besoins réels ou induits.
-La dimension moralisatrice.
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