La guerre de Syrie, février 2011 jusque ... ?
- Par guy sembic
- Le 09/09/2013 à 17:25
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J'ose dire ceci (qui risque fort- mais à juste titre- de choquer les personnes horrifiées par les massacres perpétrés par les armées de Bachar Al Hassad, et voudraient "qu'on intervienne" pour "ne pas laisser impunément se perpétrer tous ces massacres"...
"Je ne veux pas d'intervention" !
Certes, oui, cent fois oui, je trouve absolument horrible, inhumain, atroce, tous ces massacres perpétrés par les armées de Bachar Al Hassad... !
Mais... Réfléchissons 2 minutes : de "l'autre côté", celui de l'opposition, du combat armé contre le régime de Bachar Al Hassad... Ne commet-on pas les mêmes atrocités ? (ces atrocités, on pourrait aller jusqu'à dire qu'elles seraient justifiées vu l'horreur d'en face)...
Soyons réaliste : les guerres, c'est toujours des atrocités, de la barbarie, du sang, des souffrances, de la mort, de la torture... Et cela dans chaque camp, quelle que soit la cause... Dans la guerre, les sensibilités, les certitudes des uns et des autres, sont tellement exacerbées, que "personne, absolument personne, n'est un enfant de choeur" !
On l'a bien vu, avec la guerre d'Espagne 1936/1939, avec la guerre de 14/18, la guerre de 39/45, toutes les guerres du monde depuis les temps antiques, les guerres Napoléoniennes, la guerre de Yougoslavie en 1992, les guerres de religion au 16 ème siècle, la guerre d'Indochine, la guerre d'Algérie... la liste est longue...
"Je ne veux pas d'intervention" !
... Parce que... "si on intervient, ce sera encore pire que tout ce qu'on déplore, que tout ce sur quoi on s'insurge"... Tellement pire que ce qui arriverait alors, dépasserait en horreur la guerre de 14/18 par exemple...
2013, même configuration internationale (mais bien sûr dans un contexte différent) que 1913...
ça me fait peur...
"Je ne veux pas d'intervention" !
... Cela dit, je ne suis pas tout à fait "un pur et dur" pour la paix à tout prix, à n'importe quel prix"... En effet, il arrive que la paix fasse parfois plus de dégâts que la guerre : lorsque cette paix, par exemple, laisse entrer des vainqueurs, des conquérants tout puissants, des dictatures, des fanatismes religieux, et avec tout cela, dans tout cela, une domination qui est bien plus terrible à subir pour les peuples, pour les gens que nous sommes, que de mourir...
Vivre à genoux, vaincu, humilié, exploité, spolié, privé de liberté... Mieux vaut alors mourir les armes à la main plutôt que vivre en mort vivant ! Dans ce cas là, en effet, le seul espoir qui reste, c'est de risquer sa vie, puisque "ne pas prendre les armes et ou le maquis", c'est mourir ou subir à coup sûr...
Dans le cas de la guerre en Syrie, cependant, plutôt que de risquer une intervention qui aurait des conséquences désastreuses, la seule solution si l'on peut dire, c'est, avant toute négociation éventuelle, avant toute entente, avant tout traité possible... avant toute menace des uns et ou des autres... Et surtout avant toute forme d'intervention militaire impliquant par exemple, de l'aviation, des tirs ciblés depuis des bases mobiles situées en arrière, à distance... La seule solution dis-je... Consiste en une rencontre, en un dialogue, en une prise en compte des intérêts, des stratégies, des uns et des autres à savoir :
-De Bachar Al Hassad lui-même en personne
-Des chefs de la résistance, de quelque tendance qu'ils soient, y compris les plus "durs", les plus extrémistes, c'est-à dire ceux dont on ne voudrait pas qu'ils dirigent seuls le pays une fois le régime de Bachar Al Hassad abattu si telle était l'issue de la guerre.
-Du nouveau président Iranien (qui n'a pas tout à fait la même "vision" ou la même stratégie que son prédécesseur)
-Du Président des Etats Unis Barak Obama
-De Vladimir Poutine et des dirigeants de la Russie
Que veulent vraiment les uns et les autres ? Ne peut-on pas parvenir sinon à un accord, du moins à une prise en compte d'un intérêt qui lui, serait plus ou moins commun à tous ?
... J'avais lu quelque part, et ou entendu dire (je ne me rappelle plus où)... Qu'Israël "c'était un rempart, un bastion, une forteresse contre l'Islamisme guerrier, lequel Islamisme guerrier en question est considéré comme dangereux pour le monde occidental" ...
Et que si un jour ce bastion, cette forteresse, ce rempart tombait, cela ouvrirait tout grand la porte à l'islamisme guerrier, conquérant et envahissant et destructeur de notre mode de vie, de nos libertés...
Dans une certaine mesure je pense que cela est vrai... Mais, à trop s'allier stratégiquement, idéologiquement parlant, à Israël (aux dirigeants d'Israël et à la politique que ces derniers mènent), à trop les soutenir, cela ne peut qu'envenimer la situation internationale, crisper les sensibilités extrémistes, et finalement, provoquer un conflit dans lequel par le jeu d'alliances, Israël pourrait alors ne pas avoir forcément le dessus...
... Partant de la constatation suivante :
Que l'on soit Chiite ou Sunnite, ou Chrétien ou Juif d'après ce que j'ai pu apprendre il existe comme une continuité entre les trois religions que sont le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam ; trois religions qui en fait sont "des religions du Livre" : l'Ancien Testament (la loi ancienne), le Nouveau Testament (la loi nouvelle), le Coran (les dernières et nouvelles prescriptions)... Tout cela en effet s'inscrit dans une suite, dans une continuité, dans une logique même dirais-je...
Il n'est pas possible, à mon sens, de demeurer figé dans l'une ou l'autre des trois composantes de l'ensemble, et cela en invalidant ou rejetant les deux autres composantes...
... Partant de cette constatation donc, il y a bien là une pensée, une porte, une voie qui s'ouvre... et donc une nouvelle vision et une nouvelle intelligence devenant possibles dans la relation entre les uns et les autres...
Restent, ensuite, bien sûr, les intérêts particuliers des uns et des autres (les questions de genre de vie, de mode de gouvernement, de territoires sur lesquels on vit, de richesses, de ressources, de culture... Tout cela à régler au mieux, au plus équitable)...
Le drame même du monde, depuis l'aube des Temps Historiques, c'est que les Hommes (les êtres humains) demeurent inflexibles dans leurs croyances et dans leurs certitudes, et que, partant de là, les sensibilités sont forcément exacerbées -ou le deviennent- d'autant plus encore que des intérêts sont en jeu et que prédomine la loi du plus fort...
Je crois que le destin de l'Humanité, c'est de parvenir à surmonter ce drame, à s'affranchir de ce principe de la loi du plus fort et à trouver une autre voie qui serait celle d'une intelligence naturelle dans la relation...
Quand je dis "je ne veux pas d'intervention" (en Syrie) je suis parfaitement conscient de ce que l'on peut, à juste titre, me répondre... À savoir que "ne rien faire" c'est accepter que Bachar Al Hassad et son régime en Syrie, et que par la suite, un autre dictateur, une autre puissance militaire, puissent utiliser aussi, des armes chimiques ou bactériologiques...
Autrement dit, réprouver, condamner, menacer, hurler d'horreur, trouver une solution politique par le dialogue... Cela ne suffirait pas... Il faudrait donc des frappes ciblées, "marquer le coup", quoi !
Mais il y a déjà eu un précédent, dans l'utilisation d'armes chimiques...
Un précédent, à au moins deux reprises :
-Lors de la première guerre mondiale
-Lors de la guerre entre L'Iran et l'Irak en 1988 quand l'Irak de Saddam Hussein, soutenu et armé par la France de François Mitterand, décida de gazer 5000 kurdes dissidents (des civils, des femmes et des enfants)...
Aujourd'hui on crie à l'abomination parce que des armes chimiques ont été utilisées vraisemblablement en Syrie contre des populations civiles par un dictateur et par un régime que l'on condamne... Mais en 1988 l'on fermait les yeux sur l'utilisation de ces mêmes armes chimiques par un régime que l'on soutenait, du fait que l'on espérait que ce régime , l'Irak de Saddam Hussein, vaincrait les Iraniens islamistes "purs et durs et guerriers"...
Ne rien faire, cela créerait un précédent et donc un encouragement, un "nouvel ordre des choses qui pourrait devenir hélas banal et normal dans un conflit armé : Voilà bien un argument qui "ne tient pas la route" puisque le précédent existe bel et bien, et même "est passé sous silence" pour une question d'intérêt stratégique, politique et économique...
Bachar Al Hassad "n'aurait donc pas la primeur" en matière d'utilisation d'armes chimiques, et, partant de là, ne peut en aucun cas, se sentir plus conforté, plus impuni, plus sûr de son fait, qu'un autre dictateur de la même espèce...
En quoi donc Bachar Al Hassad serait-il davantage un salaud, un criminel de la pire espèce, qu'un Saddam Hussein ou qu'un Kadhafi ? Pourquoi la France de François Mitterand en 1988 a-t-elle accepté de "traiter" avec Saddam Hussein, pourquoi la France de Nicolas Sarkozy en 2008 a-t-elle reçu "en grande pompe" dans les jardins de l'Elysée, le colonel Kadhafi? Et pourquoi la France de François Hollande en 2013, s'indignerait-elle, alors, de l'utilisation d'armes chimiques par les armées de Bachar Al Hassad... Puisque la même France en 1988 a fermé les yeux sur le gazage de 5000 kurdes ordonné par un général de Saddam Hussein?
S'il peut exister (et je pense qu'il en existe une) une autre option que l'option militaire -et donc guerrière- cette option là serait sans doute plus efficace que des frappes ciblées, bien que, comme toujours, ce soient les populations civiles qui souffrent le plus...
Il me paraît évident que, dans "un ordre des choses" qui pourrait s'établir à la place d'un "ordre des choses" du genre conflit et guerre mondiale, il y a pas mal de plumes à laisser pour les uns comme pour les autres, et encore plus de plumes à laisser (comme toujours hélas) pour ceux qui subissent c'est à dire les peuples, les gens comme vous et moi)...
Mais... Entre "y laisser des plumes quitte à se retrouver à poil" ; et "y laisser la peau" il y a tout de même une petite différence...
J'ignore et je n'ai pas idée comment pourrait s'établir cet "ordre des choses" différent, qui remplacerait "l'ordre des choses" selon une opération de frappes ciblées en Syrie... Je sais seulement que cet "ordre des choses" différent, aurait bien évidemment des conséquences lui aussi, et ne serait pas un ordre facile loin de là...
Mais c'est un "ordre des choses" qui ne peut qu'être envisagé, étudié, puis finalement décidé et choisi, que par l'ensemble des parties concernées, toutes les parties concernées... Et non pas "seulement" par quelques unes de ces parties, en l'occurrence les Etats Unis d'Amérique et la France, et les alliés de ces derniers...
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