La machine à abrutir, par Pierre Jourde
- Par guy sembic
- Le 12/11/2014 à 09:52
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Voici ce qu'écrivait dans Le Monde Diplomatique, en août 2008, Pierre Jourde, professeur à l'université Stendhal de Grenoble III, auteur de La littérature sans estomac :
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/JOURDE/16204
Je cite ici deux passages de cet article :
... "Lorsqu'on les attaque sur l'ineptie de leurs programmes, les marchands de vulgarité répliquent en général deux choses :
primo, on ne donne au public que ce qu'il demande ; secundo, ceux qui les critiquent sont des élitistes incapables d'admettre le simple besoin de divertissement"...
... "Mais le contenu de nos distractions télévisées sera sans doute un objet de dégoût et de dérision pour les générations futures"...
Sur ce dernier point, sur l'idée que se feront les générations futures, de nos distractions télévisées -et autres- en vérité, au fond de moi, je l'espère plus que je ne le crois... Que les générations futures se feront une piètre idée de nos distractions actuelles... Je pense que ces générations futures en fait, seront celles qu'aujourd'hui nous préparons, toutes jeunes qu'elles sont encore dans nos écoles, dans nos collèges, dans nos lycées, dans nos universités...
"Donner au public ce qu'il demande" est en effet un argument de poids... Parce que cet argument se fonde sur une réalité mille fois observée... mais qui éclipse une autre réalité : celle d'un public dont la sensibilité au fond de lui, dont la curiosité, dont les questions qu'il se pose, dont ce qui vit ou "sommeille" en lui, n'a pas été pris en compte, n'a pas été éveillé...
Et en ce sens, les élitistes, les intellectuels et les décideurs du Marché, dans une "pensée dominante-et laminante-" ont une grande responsabilité dans la mesure où ils accréditent l'idée d'un public "non demandeur" de culture qui, après sa journée de travail, après deux heures de trajet en bus ou en métro en plus, aux prises avec les difficultés quotidiennes que sont celles de la perte ou de la recherche d'un travail... Ne se tourne que vers des "loisirs et des distractions faciles"...
Quant à la responsabilité des éducateurs (je pense là aux enseignants actuels que sont les maîtres d'école, de collège et de lycée) ; je pense sincèrement qu'elle est moins engagée et surtout moins "à-prioriste" que celle des élitistes et des intellectuels progressistes -de droite ou de gauche ou de "milieu privilégié"... Car la grande majorité des éducateurs à mon sens, pratique au quotidien une forme de"résistance"... Une résistance contre la pensée dominante... Ce qui nécessairement aura un impact sur les générations qui demain, dans dix, vingt, trente ans, feront le monde tel qu'il sera...
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