La plus grande religion du monde
- Par guy sembic
- Le 30/03/2014 à 07:53
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La tyrannie technologique, l'emprise du numérique, les multiples aspects d'une technolâtrie omniprésente et de plus en plus envahissante ; et tout cela avec les modes, les tendances, les engouements, les automatismes et la pensée unique générée et planétarisée qui en découle, c'est bien là une nouvelle barbarie différente certes, des barbaries précédentes, mais plus monstrueuse encore, car elle tue l'âme et l'esprit.
Nous sommes devenus à notre insu, ou même assez souvent délibérément, les esclaves dociles, anesthésiés, drogués, de toutes les technologies, de tous ces appareils sophistiqués et diversifiés, de communication, de traitement et de diffusion de l'image et de l'information... Appareils évidemment sans cesse à portée de main et présents à tout instant, en tout lieu, dans notre vie quotidienne.
Tout cela réduit la relation humaine en un espace virtuellement immense voire infini, mais cet espace n'a en fait pas de réalité concrète. C'est un espace dans lequel nous nous mouvons tels des points de lumière confondus en taches, et n'éclairant plus rien autour d'eux.
Prostitués que nous sommes -pour le plus grand nombre d'entre nous- aux nouvelles technologies, nous ne connaissons plus qu'un seul langage dont le mot d'ordre est : "il faut vivre avec son temps".
Ainsi nous écartons nous de la voie naturelle mais étroite (et la seule et la plus sûre) qui est celle qui nous invite à ne pas méconnaître notre talent, notre capacité à imaginer, à créer, à agir... Car la voie de la technologie toujours plus diversifiée et surtout plus performante est une voie large, d'autant plus large selon les avancées et le développement de la technologie, une voie élargie mais incertaine, aléatoire ; et cette voie ne nous invite pas bien au contraire, à nous faire évoluer en utilisant le meilleur, le plus vrai, le plus authentique, le plus naturel de nous-mêmes.
Devenus idolâtres même en tant que croyants en Dieu et en une religion, nous "évangélisons" dans le sens du "toujours plus et mieux" par la technologie ; mais les lumières en nous se sont éteintes sous les feux aveuglants des puissants projecteurs disposés en rampes aux abords de la grande scène médiatique.
Sans cesse harcelés et éblouis, nous tournons en rond dans un espace qui, illusoirement, nous paraît immense mais qui en réalité est de plus en plus étroit, comme au fond d'un seau aux parois inconsistantes.
Ajoutez "tout est permis" à "il faut vivre avec son temps", et mettez au beau milieu "Technalkoal" assorti de toute sa panoplie de gadgets numériques, informatiques et ludiques, et voici que cela donne une monstrueuse trinité, la plus grande religion du monde contemporain.
Cependant, dans "tout est permis", il y a un paradoxe : "tout est permis" est en effet associé à un système extrêmement complexe de toutes sortes d'interdictions, de codifications, de restrictions... "Tout est permis" certes, mais tout est formaté, règlementé, aseptisé...
"Il faut vivre avec son temps" est, tout aussi paradoxalement, assorti d'un certain nombre de restrictions, de conservatismes, d'archaïsmes, de peurs, qui entrent dans notre vie quotidienne.
L'offre, en produits de technologie, en gadgets et équipements numériques, informatiques et ludiques, est si diversifiée, si changeante, si immense, si envahissante, qu'il en résulte une insatisfaction permanente, un "mal-être" chronique, du fait de tout ce qui capte notre attention et s'impose à notre regard, alors même que l'on ne peut à la fois, "avoir envie de tout" mais que vient cette "envie de tout" cependant...
Contrairement aux civilisations anciennes d'avant le Néolithique et aux civilisations qui se sont succédées jusqu'au 19ème siècle ; la civilisation technologique mondialisée du 21ème siècle a perdu de vue le caractère purement et seulement utilitaire de l'outil technologique qui jadis, faisait que l'homme demeurait un humain, un humain cependant, un peu plus évolué et en partie libéré de certaines contingences matérielles.
Aujourd'hui nous entrons dans une ère que je qualifie de "post humaine", peuplée de moins en moins d'humains mais de plus en plus d'humanuscules. (C'est le terme que j'ai trouvé pour qualifier cet "humain du 21ème siècle, technolâtre et conditionné").
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