Le Grand Retournement, de Gérard Mordillat

     Gérard Mordillat, l'auteur notamment, de Les Vivants et les Morts (qui a fait l'objet d'une série de télévision sur France 2) et de Notre part des ténèbres ; dans Le Grand Retournement, évoque l'argent roi, la crise, la finance toute puissante, et surtout met en évidence cette "langue de bois" ultranéolibérale qui nous étouffe et qui est celle de toute une caste de banquiers, de financiers, d'analystes économiques, de traders, de personnages politiques de droite et de gauche qui tous, par le biais des médias (presse et radio télévision), conditionnent l'esprit des citoyens à la pensée selon laquelle "il n'y a pas d'autre alternative possible" que celle de ces politiques d'austérité et de rigueur, de compétitivité et de marchandisation...

Ce film, Le Grand Retournement, est une adaptation de la pièce de Frédéric Lordon, intitulée D'un retournement l'autre, une pièce entièrement écrite en alexandrins.

En utilisant ainsi le langage du théâtre classique, Frédéric Lordon nous invite à ne jamais parler la langue de l'adversaire et nous libère en quelque sorte par un langage qui est celui de l'art, de la poésie, du rythme, du battement de la vie même ; de ce langage imposé par l'idéologie néolibérale...

Ainsi dans le langage néolibéral, est-il courant et comme "coulant de source" de remplacer salaire par coût du travail ; représentant syndical par partenaire social ; plan de licenciement par plan de sauvegarde de l'emploi ; et ressources humaines par variable d'ajustement...

Dans le film de Gérard Mordillat, les grands banquiers, les conseillers du président, le président lui-même, ainsi que tous les autres intervenants de cette même caste de décideurs et de gestionnaires, semblent très bien s'entendre entre eux et l'on sent que derrière tous ces gens là, qui se moquent de la démocratie et de la volonté des peuples ; se rangent aussi en bon ordre toutes les cohortes de "followers", ces "followers" qui ne sont autres que ces centaines voire ces millions de gens qui eux, sont encore "du bon côté de la barrière" et entendent à tout prix, à n'importe quel prix, y rester...

À la fin du film, l'on voit surgir une suite d'images d'émeutes, de violences, de manifestations... Ce qui me fait penser à cette réflexion que l'on entend très souvent autour de nous, une réflexion d'ailleurs, que l'on se fait soi même : " Un jour ça finira par péter"...

Mais à vrai dire, si cela doit "péter" vraiment, cela ne viendra certainement pas de ces catégories sociales situées "du bon côté de la barrière" ni même de gens "à la limite de se trouver du mauvais côté"... Cela viendra en réaction à un évènement ou à un fait divers en apparence tout à fait banal dans ce qu'il a de dramatique et tel que l'on en voit tous les jours, mais qui prendra une grande dimension et aura valeur de symbole, et sera à l'origine d'un important mouvement social voire d'une révolution ou d'une insurrection généralisée ; et cela viendra aussi de là où sont concentrées toutes ces catégories de population exclues d'une croissance économique et de marché "en trompe l'oeil", marginalisées, méprisées , autour des grandes villes notamment, là où sévissent la misère et le chômage, là où il n'y a aucun avenir pour des milliers de jeunes...

http://www.rue89.com/rue89-culture/2013/01/23/le-grand-retournement-la-crise-vue-la-dynamite-et-en-alexandrins-238776

la crise

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