Le nucléaire, absent des débats philosophiques
- Par guy sembic
- Le 27/06/2014 à 20:38
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... Évacué par l'ensemble des philosophes et penseurs du 20 ème siècle...
... Et traité par les scientifiques du même 20 ème siècle comme par des alchimistes dans leurs laboratoires...
Le débat en ce début du 21 ème siècle voit le jour... Mais il est trop tard...
"J'appelle supraliminaire les événements et les actions qui sont trop grands pour être encore conçus par l'homme" [ Günther Anders ]
Günther Anders est un penseur et essayiste Juif Allemand né en 1902 à Breslau et décédé à Vienne en 1992.
Il a donc traversé pratiquement tout le 20 ème siècle et il est essentiellement connu pour avoir critiqué la modernité technologique ainsi que le développement de l'industrie nucléaire. Il est d'ailleurs le seul -ou l'un des rares- philosophes, intellectuels, penseurs du 20 ème siècle à s'être saisi de la question du nucléaire, une question quasiment évacuée ou absente de tout débat philosophique dans la pensée du 20 ème siècle...
"Supraliminaire" est un terme (un néologisme employé par Günther Anders) issu de deux racines latines :
-"Supra" qui signifie "au delà"
-Et "Limina" qui signifie "le seuil"
Certaines actions entreprises par les humains, en particulier l'industrie nucléaire – mais l'on pourrait en dire autant de certains travaux en matière de microbiologie, de nanotechnologie, de manipulation génétique- sont et restent aujourd'hui et demain encore, davantage de l'ordre de l'alchimie plutôt que de la science... Car la science suppose que l'on se soucie du devenir de l'espèce humaine et de la Terre alors que l'alchimie n'est jamais qu'un "bricolage parfois certes ingénieux" réalisé dans le seul but d'obtenir un résultat rapide (et cela sans se préocupper des "dégâts collatéraux" à venir)...
... "Travailler" – à vrai dire "bricoler" au delà du seuil, alors que la Connaissance n'est pas entière et totale, c'est manipuler l'observable, les matériaux jusqu'aux plus petits connus d'entre eux, les "briques de la vie", sans se poser la question essentielle de la trace et des copeaux (ou plus prosaïquement, plus vulgairement parlant de la merde) que l'on ne pourra que difficicilement voire pas du tout, faire disparaître, et qui durera bien plus longtemps que quelques dizaines, centaines de générations humaines...
En matière de nucléaire "ce qu'on a fait on l'a fait"... On ne peut le défaire, ni faire comme si l'on n'avait rien fait...
En matière de nucléaire la seule chose que l'on puisse encore faire, c'est cesser de faire du nucléaire. C'est à dire ne plus ajouter de la merde à de la merde. Mais déjà, on est allé trop loin, et même en arrêtant, le drame demeure absolu, sans aucun moyen d'en sortir. Il y a en effet, tout ce que l'on enterre (ou que l'on s'apprête à enterrer) à deux mille mètres de profondeur dans "de la roche primaire"... Et je ne parle pas des déchets radio-actifs enfermés dans des containers jetés en plein Atlantique Nord et ailleurs dans les océans, par seulement parfois trois cent mètres de profondeur, mille, trois mille au plus...
Bien sûr dans cette civilisation de consommation de masse, technologiquement, économiquement développée, avec les modes de vie qui sont les nôtres, nous avons tant besoin de toujours plus d'énergie, que les seules "énergies renouvelables" que sont les éoliennes, les panneaux solaires par exemple, ne suffisent pas... Alors s'il fallait (et c'est ce qu'on voudrait -d'ailleurs les Géants du Marché de l'énergie seraient prêts à se "reconvertir"-) faire voler les avions, rouler les TGV, circuler les camions, naviguer les supertankers à l'énergie électrique ; alors que ne faudrait-il pas encore, bien plus encore, recourir au nucléaire ?
Ce qu'on ne sait pas faire c'est "pomper dans le soleil ou dans quelque étoile ou dans l'univers" l'énergie dont on a besoin... Et quand bien même on le pourrait -ce qui est de l'ordre encore de la science fiction ou d'une technologie du futur que nous n'avons pas- ... La question demeure la suivante : jusqu'à quelle limite notre planète peut-elle supporter le poids, la pression de l'activité humaine? L'activité de sept milliards d'humains (et demain neuf ou dix milliards)?
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