Ne pas savoir lire ...
- Par guy sembic
- Le 23/10/2013 à 07:18
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Je fais ici un comparatif si je puis dire, entre "ne pas savoir lire en 1813" et "ne pas savoir ou ne pas vouloir se servir d'internet en 2013"...
... Dans le monde qu'était celui de 1813 dans la civilisation européenne -et occidentale- et par extension celui de la partie Est de l'Amérique du Nord ; ne pas savoir lire ni écrire -pour le "commun des mortels" faut-il préciser- n'était pas, à l'époque, un "lourd handicap". En effet, bon nombre de gens n'avaient eu, le plus souvent très épisodiquement, qu'une instruction primaire de base dispensée par l'Église (par le curé de la paroisse ou par des religieux)... À peine ces gens là savaient-ils lire des textes très courts composés de phrases simples, et écrire leur nom...
Pour la lecture de livres imprimés, de journaux, seuls les bourgeois, les nobles, les gens qui avaient reçu une instruction on va dire "plus secondaire", savaient, et avaient une connaissance plus ou moins étendue dans divers domaines...
Le "commun des mortels" donc, était en grande majorité, un homme, une femme "de la terre", une personne qui gagnait sa vie "à la force de ses bras", et, pour "les affaires courantes", il n'était pas nécessaire d'avoir été beaucoup à l'école, du fait que ces "affaires courantes" étaient très basiques, axées sur une économie locale de petits marchés et de petits commerces, et avec de temps à autre, quelque rapport avec l'administration, la justice, l'armée, la gendarmerie, le notaire, le médecin...
... Dans le monde qui est celui de 2013 dans la civilisation occidentalisée mais globalisée à toute la planète, ne pas se savoir ou ne pas vouloir se servir d'internet, alors que, question lecture écriture école collège lycée études supérieures "on a fait tout de même quelques progrès depuis 1813"... C'est à mon sens, là, "un lourd handicap"...
Et ces quelques "communs des mortels" (mais pas seulement cependant) qui, en majorité très âgés (mais pas tous) et en moins grand nombre des gens de 30/40 ans voire des plus jeunes... qui ne savent pas se servir d'internet et d'un ordinateur, ou qui -par choix conscient ou tout simplement parce qu'ils n'en éprouvent pas le besoin... Font figure à mon sens d'illettrés , je dis bien d'illettrés dans le sens d'être privé d'un outil de communication devenu indispensable dans la vie quotidienne en 2013... Et il s'agit selon moi d'un handicap "plus lourd" qu'était celui de ne pas savoir lire et écrire en 1813...
Imaginez une vie sans internet, sans ordinateur, avec pour seul moyen de correspondre avec sa famille au loin, avec ses amis, la lettre écrite à la main, le "coup de fil" comme celui qu'on passait encore pour parler avec sa cousine ou sa mamy à l'autre bout de la France en 1970, avec des photos qu'il faudrait faire développer à partir d'une pellicule chez un photographe, avec des films sur bobine qu'il faudrait mettre dans des projecteurs et voir sur un écran, etc...
Et pour un écrivain, la galère, avec une machine à écrire, aller trouver un imprimeur et un éditeur...
Et pour un artiste, idem, devoir exposer ses travaux dans un atelier, une galerie, trouver un producteur... Alors qu'aujourd'hui avec internet, le numérique, la diffusion, le traitement instantané de l'image, du son, du mouvement, on peut faire tout ça tout seul...
... Oui, aujourd'hui, en 2013, ne pas savoir se servir d'internet (ou ne pas vouloir), c'est quand même "assez handicapant"...
... Si j'ai choisi d'établir ce comparatif entre 1813 et 2013, c'est parce qu'en 1913, donc il y a tout juste un siècle, le monde avait déjà beaucoup évolué, et que le "commun des mortels" (en particulier en France avec l'école publique obligatoire) avait déjà accès à l'instruction, une instruction qui, pour primaire qu'elle était essentiellement, n'en était pas moins très complète notamment avec le niveau du certificat d'études... (éventuellement complétée par le brevet, voire le brevet supérieur, au delà de la "classe de fin d'études", collège ou lycée)...
En 1913, la plupart des gens tant en ville qu'à la campagne, lisaient des livres (des romans, mais pas seulement, c'est à dire des oeuvres de grands écrivains aussi) et même si le livre coûtait cher, il se vulgarisait, se répandait avec déjà des collections "relativement bon marché"... Et surtout, j'irais même jusqu'à dire, que, question réflexion, culture ; du fait des programmes scolaires de l'époque et en particulier de l'importance accordée à la langue française, à la compréhension d'un texte, à l'orthographe, à la grammaire, à l'instruction civique, à la rédaction (véritables sujets de réflexion et d'exercice pour le développement de l'esprit)... On était plus "costaud" donc, question réflexion et culture, dans le peuple, en 1913, que aujourd'hui en 2013 en dépit de tout ce qu'on peut trouver sur internet, dans les revues spécialisées, dans tous les livres si nombreux et si divers en différents savoirs...
Nous avons assisté, surtout après 1968, à une dégradation progressive et généralisée, dans tout le système éducatif, et également à des clivages de plus en plus marqués, entre d'une part un enseignement "formaté" et de moins bonne qualité, et d'autre part un enseignement plus "sélect", celui là peu ou difficilement accessible aux classes sociales défavorisées... Dans le "public" même, on voit des établissements "côtés" voire « très bien côtés » et des établissements de "seconde zone" (et c'est encore plus marqué dans l'enseignement secondaire et supérieur, avec la "Fac générale" où vont les 10/10,5 au bac (les futurs chômeurs) et les grandes écoles ou IUT de pointe (qui elles font -cela se voit de plus en plus- des futurs migrants pour les USA, le Canada, la Chine, l'Australie, le Japon, les pays émergents)...
Nous sommes en train de revenir -d'une certaine façon c'est vrai- petit à petit, et cela sans qu'on s'en rende vraiment compte, à ce qu'était le monde de 1813 dans une société à "deux vitesses" (deux vitesses nettement différentes l'une de l'autre)... Avec bien sûr ce qu'il n'y avait pas en 1813 c'est à dire internet, entre autres...
Comme si l'on "enterrait peu à peu" dans l'indifférence générale et dans la banalité d'un quotidien de consommation de gadgets, dans une médiocrité généralisée, et tout cela sous les coups des grands prédateurs de la finance et des grands groupes comme Vinci et Véolia et autres consortiums planétaires réalisant de gigantesques profits ; comme si l'on enterrait donc, toutes les grandes avancées sociales et culturelles auxquelles on a assisté depuis la fin du 19 ème siècle jusque dans les années 1970/1980...
Et ce ne sont pas avec les "pays émergents" (soit dit en passant c'est normal et "dans l'ordre des choses" qu'ils émergent)... que l'on va voir évoluer ou plutôt ré-évoluer la « marche du monde » comme de 1900 à 1970 en gros... À mon avis c'est "assez mal parti pour un bon bout de temps" !
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