Paul Carpita, un cinéaste franc-tireur
- Par guy sembic
- Le 07/03/2016 à 07:06
- Dans Articles
- 0 commentaire
Des lapins dans la tête
Avec son petit film de vingt minutes, réalisé en 1964, "Des lapins dans la tête", Paul Carpita fut en 2002 à l'âge de 80 ans, le héros du festival du court métrage à Contis-Plage...
Né à Marseille en 1922 d'un père docker et d'une mère marchande de poissons, ce réalisateur utopiste et rebelle mène sa vie durant, des combats qui semblent "perdus d'avance" parce le pouvoir des gouvernants et des financiers, l'autorité en place et la puissance médiatique ont orchestré et organisé un modèle social, politique et économique qui "doit fonctionner et s'imposer coûte que coûte" comme le seul modèle possible et logique...
Il aborde des sujets difficiles, en particulier avec un film réalisé en 1995 sur la vie de travailleurs immigrés exploités dans les champs de Camargue dans les années 1950 (Les sables mouvants).
En 1955, son film "Le rendez vous des quais" est censuré parce qu'il montre dans toute sa réalité, son authenticité et sa violence, la grande grève des dockers et les manifestations contre les guerres d'Indochine et d'Algérie... Les autorités politiques de l'époque lui reprochent de vouloir "torpiller" la "mission" de l'armée Française...
Paul Carpita fut non seulement interdit mais de surcroît vilipendé et rejeté par la plupart des autres réalisateurs et scénaristes et acteurs et comédiens de l'époque.... Comme s'il "portait la peste" sur lui !
À partir de la fin des années 90 cependant, et dans la mouvance d'une évolution déjà amorcée depuis les années 60, semblait s'ouvrir comme une "ère nouvelle" avec la reconnaissance de certains artistes, écrivains, réalisateurs de films, considérés marginaux voire rebelles... Mais ce n'était là qu'un "effet de mode" et l'expression d'un consensualisme hypocrite et condescendant de la part des médias et du pouvoir en place s'attachant par pur intérêt à "lâcher un peu de lest"... Et, il faut le dire "récupérer à bon compte" des valeurs "morales et humanistes"...
Avec ses derniers films, "Marche ou rêve", "Les homards de l'utopie", Paul Carpita nous souffle un vent de fraîcheur et d'humour... Ou "quelque chose d'indéfinissable dans son oeuvre" dirais-je, qui finit par émerger comme au delà de la seule dimension de la rébellion et de l'utopie...
... "Des lapins dans la tête" (film réalisé en 1964) : À neuf ans, un petit garçon rêveur et poète, ne peut fixer son attention en classe. Il donne vie à un dessin, un bonhomme de papier qui devient son complice et l'invite à l'évasion.
... Paul Carpita, héros du festival de Contis en 2002 à l'âge de 80 ans; héros longtemps méconnu ou rejeté... Et décédé le 24 octobre 2009...
Ce sont ces "héros" là, ces héros d'un jour d'un festival ou d'une manifestation ou d'une fête ou d'une représentation populaires... si locales ou si régionales ou même si parisiennes soient-elles... Ce sont ces "héros là", ces "héros d'un jour" qui parviennent à fixer l'attention d'un public, ces artistes rebelles d'où "quelque chose d'indéfinissable" dans leur oeuvre, apparaît au delà de leur rébellion... Qui sont eux, de véritables héros, ces héros qui font le plus souvent défaut dans le tourbillon habituel des festivals et des manifestations artistiques, culturelles ou littéraires... tous plus ou moins "bien dans le vent de la mode et des idées du moment"...
... Un "pavé qui tombe dans une mare à l'eau agitée et trouble ; et dont le choc brutal et insolite à la surface miroitante, éclabousse de paillettes piquantes les visages des promeneurs arrêtés sans salir de boue leurs vêtements"... Tel est le pavé qu'il serait souhaitable à mon sens de voir tomber dans la mare...
Ajouter un commentaire