Prendre le large, film de Gaël Morel
- Par guy sembic
- Le 23/01/2018 à 06:24
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... Avec Sandrine Bonnaire dans le rôle d'Edith, une ouvrière dans une usine textile, dont la vie est bouleversée par un plan social et qui se voit proposer de rejoindre l'usine délocalisée au Maroc, à Tanger dans la "zone franche"...
Vivant seule et sans attache autre qu'un grand fils, plutôt que le chômage, elle préfère s'éloigner de son fils, et elle est la seule de toute son usine à accepter d'aller travailler au Maroc...
... Un film d'un réalisme poignant, où l'on voit vivre dans un quotidien difficile et parfois hostile, cette femme âgée de 45 ans, Edith, qui d'ailleurs va perdre son emploi dans cette usine textile délocalisée et devra pour survivre, un matin, monter dans une camionnette pour aller cueillir des fraises et être payée à la journée en espèces...
Ce que l'on voit dans ce film, les conditions de travail en usine et dans les cultures fruits et légumes ; les conditions d'hébergement, d'hygiène, de nourriture, plus que sommaires pour tous ces gens amenés sur les lieux de travail en fourgonnette (le soir ils dorment dans des granges ou des étables ou des bâtiments désaffectés)... Tout ce que l'on voit, oui, c'est la vraie réalité ! Et dans le confort (relatif) qui est le nôtre en France même quand on est très pauvre, l'on peine à imaginer que dans tous les pays du monde hors Europe, tous ces pays "en voie de développement" l'on puisse vivre et travailler dans des conditions aussi précaires, aussi dures, proche de l'esclavage, sans aucune protection en matière de droits, de santé, de retraite ! Et dans des pays tels que Haïti et Madagascar c'est encore pire que par exemple au Maroc !
En fait -pour dire la vérité- c'est même pas qu'on imagine, non on n'imagine pas du tout! Pris que nous sommes nous européens et en particulier français, dans un environnement quotidien de consommation de masse alimentation loisirs vêtements équipements confort relatif hygiène logement vacances etc.... Seuls encore, les SDF, les gens qui travaillent mais dorment dans des voitures, les exclus de la consommation; enfin tous ces gens aux ressources si limitées, eux ne sont dans aucun "imaginaire" que ce soit, parce qu'il faut d'abord survivre au jour le jour !
Ces fourgonnettes dans lesquelles on charge très tôt le matin, des gens en attente durant des heures que l'on vienne les chercher et dont une bonne partie devra revenir le lendemain, oui, ces fourgonnettes qui amènent des gens travailler sur des chantiers ou dans des champs de culture... Et qui sont payés à la journée ou à la semaine, en espèces et sans aucun contrat de travail... Il faut savoir qu'en France ça existe ! En dépit des règlements, des lois européennes sur le travail ! Oui ça existe en toute illégalité, parvenant à échapper aux contrôles !
L'on en parle très peu ou à "mots couverts" mais c'est la réalité ! Une sorte d'"omerta" organisée et en toute hypocrisie, plane sur le monde du travail, avec la complicité ou l'indifférence des gouvernants, des politiques, des élus... Parce que ce sont, partout dans le monde, partout dans cette économie de marché mondialisée, les lobbies, les grands groupes, les financiers, les actionnaires qui font la loi, leur loi !
L'on ne pourra sortir de ce système que par une internationalisation de la résistance et des luttes et dans une coordination de toutes les associations, organismes humanitaires, avec le concours des réseaux sociaux, la parole libérée, les actions menées et reliées entre elles...
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