Ames en exil ...

Ce magnifique et sublime poème d'Albert Samain :



Mon âme est une infante en robe de parade

Dont l'exil se reflète, éternel et royal,

Aux grands miroirs déserts d'un vieil Escurial,

Ainsi qu'une galère oubliée en la rade





... Je dirais de cette âme qu'elle est comme une femme en petite robe noire (ce genre de robe vous savez, avec un décolleté très discret ras-du-cou laissant voir une partie des épaules et la nuque, légèrement -juste ce qu'il faut- cintrée à la taille, d'un tissu délicat, d'une coupe excellente, d'une simplicité "très chic très classe", s'arrêtant juste en dessous du genou ne laissant apparaître que les jambes)...

Et, soit dit en passant (rire)... Quel régal, quel régal absolu, que de faire lentement et délicatement glisser, entre deux doigts, la fermeture éclair derrière, et sentir -avec cette envie de s'y jeter dessus- cet endroit l'un des plus fermes et des plus souples, des plus lisses de l'épiderme, de la nuque jusqu'au milieu du dos... Instant "magique" aussi, que celui de l'attachement (ou du détachement) du petit collier "tour de cou" (je trouve que le petit anneau d'attache n'est jamais assez petit afin que la patience de celui qui enlève soit mise à rude épreuve -mais quelle heureuse et sublime épreuve-)...

... Une âme comme en exil dans ce monde de brutes et de vulgarité, d'argent roi et d'apparences trompeuses et ostentatoires... Mais pour le plus grand bonheur de cette âme dans la traversée de la vie, il y a toutes ces âmes "infantes en robe de parade" qui existent, et qui, même une seule fois rencontrées, font aimer la traversée en dépit de tant de passages difficiles...

... Dans les grands miroirs du vieil Escurial, se reflète l'exil de chacune de ces âmes infantes dont la robe passe inaperçue, tel une galère oubliée en la rade... Mais la lumière du ciel efface toutes ces taches sombres qui naviguent sur le miroir...



petite robe noire

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