Angélismes et hypocrisies
- Par guy sembic
- Le 21/02/2015 à 14:32
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Que l'on arrête "d'angéliser" (en gros d'élever des monuments de louanges et de vénération voire de sacralisation) à la gloire, en hommage, à tel ou tel écrivain, auteur, artiste, penseur, philosophe, personnage charismatique... Parce qu'il est en face de son public, envers ses proches, effectivement et réellement irréprochable, exemplaire par son comportement, et d'autant plus encore qu'il a (ou qu'il aurait) du génie, du talent...
Comme je disais (et écrivais) une fois : "nous sommes tous chacun de nous des êtres ordinaires, en ce sens qu'il y a en nous en dépit de ce qui n'est point ordinaire -et qui procèderait effectivement d'une essence- , en dépit de ce qu'il y a d'unique, d'émouvant, d'exceptionnel en nous... Du banal, du vulgaire, voire de l'inacceptable..."
Nous avons tous en nous de... "l'inordinaire" (un "inordinaire" susceptible effectivement d'être "angélisé")... Mais assumer ouvertement et résolument son "ordinarité", c'est à dire ce qu'il a de banal, de vulgaire, d'inacceptable, de si peu "valorisant" en soi ; c'est prendre le risque de rater les trois ou quatre petites marches par lesquelles on accède au Podium... Un risque que peu d'entre nous prennent.
... Il faut en finir avec toutes ces hypocrisies qui puent la crevette sexe sale ou la mayonnaise éventée, crevette ou mayonnaise que l'on absorbe comme si c'était du "caviar pour tous" ; il faut en finir avec tous ces "angélismes de bon ton et de bon teint", avec tous ces "cocktails de salons" où l'on se congratule par devant et s'égratigne par derrière...
Il faut en finir avec tous ces "vases sacrés" qui ne sont là en fait, que pour qu'on mette cent balles dans le dada pour que ça branle deux minutes...
Il faut en finir avec ces "cultes de soi", avec ces affèteries, ces effets de mode, ces révolutions que l'on prétend faire avec "ce qu'on a dans les tripes" (alors même qu'on n'a rien dans les tripes)...
Soit dit en passant jamais/jamais on se cague sur son propre système, jamais/jamais on se botte son propre cul et encore moins devant tout le monde... C'est à peine si on arrive à faire de "l'autodérision" pour arriver à prouver "qu'on n'est pas dans les clous" !
Il y a tout le temps ces connes de trois marches pour monter sur le podium, ces marches qu'on veut pas rater quand par "miracle" y'a quelqu'un qui te poussote un peu !
... Je suis persuadé que, parmi les scandalisés et les ulcérés de ce qui est exprimé de telle manière en particulier et dans l'humour le plus crasse qui soit ; il y en a -plus qu'on ne l'imagine- qui, au fond d'eux-mêmes, si ce qui est exprimé ainsi devait être acté, et serait acté sans que rien ne s'y oppose... seraient les premiers en définitive, à "trouver normal" que cela se fasse ainsi...
Car ces scandalisés et ces ulcérés ne le sont, scandalisés et ulcérés, QUE pour "se mettre dans les clous" par rapport à une pensée dominante, par rapport à un "sens convenu (et aseptisé) du monde".
Ces scandalisés, ces ulcérés là, avec leur air à ne pas y toucher, leur soit-disante morale, leurs soit-disantes valeurs et principes auxquels ils déclarent souscrire, ce sont ceux-là qui crient "haro sur le baudet" quand le baudet "dérape"...
Comme je disais, il ne faut surtout pas rater les trois ou quatre marches par lesquelles on accède au podium, et cela d'autant plus que, "par miracle" et contre toute attente interminable et incertaine quant au résultat espéré, quelqu'un enfin te poussote jusqu'au plus près des trois ou quatre marches...
Alors, que ne ferait-on pas, que ne dirait-on pas, que ne montrerait-on pas de soi, de "plus convenable et de plus crédible possible", pour pouvoir mettre le pied déjà, sur la première des trois ou quatre marches menant au podium ?
... Une autre attitude, au contraire, et qui a "le vent en poupe" (peut-être encore davantage) consiste en une démolition systématique et organisée et médiatisée, de tel ou tel personnage, écrivain, artiste, humoriste... parce qu'il "ose dire certaines vérités" et parce que le succès qu'il a auprès d'un public, contrevient à un mode de pensée dominant...
Démolition ou angélisme, on ne "voit que ça", bien bardé de toutes les hypocrisies assorties, de toutes les crispations, de tous les fanatismes, de toutes les modes, de tous les engouements et désengouements tout aussi assortis... Et, au bout de l'allée centrale, la grande scène avec ses marches de chaque côté... Et tout au long de l'allée en bordure des rangées de fauteuils, les strapontins... Et au fond de la salle, ceux qui sont debout derrière des têtes plus hautes et mieux placées... Et enfin, ne l'oublions pas, ceux qui sont dehors n'ayant pu entrer... et que d'ailleurs on ne fait pas entrer...
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