Éboueurs et Éclaireurs

Sur la purulente montagne de tous les déchets ménagers et industriels, dont les perfides nectars heurtent mes narines, à regarder trop longtemps, de l’une des branches maîtresses d’un arbre nu, le seul arbre sur la pente abrupte du versant situé en face de moi, ce triste gardien de l’Ordre du monde suspendre la corde qui peut-être me rompra le cou, nul sourire ne me vient aux lèvres…

 

Mais d’attendre depuis tant d’années, non pas que me berce mais m’illumine cet étrange songe que je n’ai pas encore fait, seulement « entr’imaginé »… C’est, dis-je, craindre que ne vînt jamais à passer devant mes yeux pourtant devenus voyants, enfin… Le vrai visage du monde…

 

Le vrai visage du monde n’est pas celui des éboueurs de métier ni des jeteurs d’ordures, n’est pas non plus celui des Éclaireurs des Petites et Grandes Compagnies…

 

Je n’attendrai donc pas, j’ouvrirai plus grand, tout de suite, mes yeux pourtant devenus voyants…

 

 

La corde suspendue à la branche de l’arbre par le gardien de l’Ordre – en fait par LES gardiens de l’Ordre, ces gardiens de la « citadelle du monde » qui sont les acteurs de la vie publique, les chantres de la Parole devant être entendue et écoutée, les pourvoyeurs de la « manne » devant être servie à tous, les officiants des « messes » appelant les fidèles à l’obéissance… C’est celle de ce silence crasse en réponse à une liberté d’expression se démarquant des autres libertés prises qui, quasiment toutes, font l’objet d’admirations ou de disputes sans aucune limite et dans l’irresponsabilité de chacun… Ce silence crasse qui, par le mépris et l’indifférence qui le caractérise, rompt le cou de ceux et de celles qui, dans leur liberté d’exprimer, se démarquent, s’écartent de la route à suivre…

Merde au silence crasse, au mépris, à l’indifférence…

Merde aux admirations mille fois likées, aux disputes qui n’en finissent plus d’ennemouriser d’isoler de crisper de séparer …

Merde aux gardiens de l’Ordre qui font la sourde oreille à qui les interpelle sur des questions souvent éludées mais laissent les éboueurs de métier et les jeteurs d’ordure entretenir la montagne des immondices !

 

 

 

silence indifférence mépris

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