Fleur du désert, film de Sherry Hormann, sur ARTE le 6 mars 2019

Quelle fut l'audience mesurée en nombre de téléspectateurs, pour ce film diffusé le mercredi 6 mars 2019 à 20h 55 sur ARTE, d'une durée de 2h 5mn ?

 

Une biographie de Waris Dirie, top-model.

Excisée à l'âge de trois ans, mariée de force à 13 ans avec un homme de 75 ans, Waris prend la fuite, traverse le désert somalien, arrive à Mogadiscio d'où elle part en Angleterre…

 

Devenue ambassadrice à l'ONU contre les mutilations génitales féminines, Waris en préambule de son discours devant l'assistance, déclare qu'elle aime sa mère, sa famille et l'Afrique… Et elle explique que depuis trois millénaires la pratique de l'excision est entrée dans les mœurs et que c'est une tradition ancestrale, que dans l'esprit des gens depuis trois mille ans, en ces régions de l'Afrique comprises entre l'océan atlantique et l'océan indien, une femme ne peut se marier et être considérée, acceptée dans la société, que si elle été excisée quand elle était petite fille… Sinon, elle est vue dans son village, dans la communauté dont elle fait partie, comme une prostituée…

 

Il existe 3 sortes d'excision mais en fait, c'est la plus „complète“ qui est en réalité pratiquée :

ablation du clitoris et d'une partie des lèvres, couture des lèvres en ne laissant qu'une ouverture de la taille d'une allumette. Et lorsque la jeune fille est mariée, l'époux avec la lame d'un couteau, coupe les fils…

Durant toute sa vie si elle n'est pas mariée, si elle demeure célibataire, l'adolescente puis la jeune femme puis la femme, au moment de ses règles, souffre, et le sang ne s'écoule que goutte à goutte, et de surcroît, pour uriner, la femme excisée doit forcément rester aux toilettes plus longtemps…

 

Et c'est entre 3 et 6 ans en général, que les petites filles subissent cette „opération“ réalisée par une femme „experte en la matière“ et dans des conditions d'hygiène déplorables, en un lieu éloigné et isolé, et sans rien pour atténuer la douleur, la souffrance… A tel point d'ailleurs que une fois sur quatre en moyenne, la plaie s'infecte, avec une forte poussée de fièvre, et qu'il arrive que la fillette meure…

 

75 à 100% des femmes sont excisées dans les pays suivants : Sierra Léone, Guinée, Burkina Faso, Mali, Egypte, Soudan, Somalie, Gabon, Indonésie.

50 à 75% en Mauritanie, Sénégal, Guinée Bissau, Ethiopie.

Et de 25 à 50% au Nigéria, en République Centrafricaine, au Kenya, en Côte d'Ivoire, au Tchad, en Tanzanie.

 

Ni le Christianisme venu en Ethiopie au IV ème siècle, ni l'Islam venu en Afrique au VII ème siècle, qui interdisent la pratique de l'excision, notamment dans le Coran (rien dans le Coran n'exige l'excision des filles), ne sont parvenus à éradiquer cette pratique ancestrale vieille de trois mille ans…

Ni les „droits de l'homme“ ni l'ONU ni les mouvements d'émancipation et de prise en compte des droits des femmes, et encore moins toute mise à l'index de pays et de peuples susvisés et tous les combats menés pour que les filles ne soient plus excisées, ne parviennent non plus à éradiquer cette pratique. Et même, plus la civilisation et la culture occidentale, plus les religions s'en mêlent (ou demeurent dans une certaine ambiguité)… Et plus les pays et les peuples susvisés continuent de pratiquer l'excision des filles.

 

Dans la plupart des pays européens (dont la France), dans des communautés de somaliens, de maliens, d'ivoiriens, de ghanéens, de soudanais, implantées depuis quelques années en France ou en Belgique ou en Angleterre, la pratique de l'excision est une réalité sur le territoire même de l'Europe, en plein Paris ou Londres ou Berlin ou Barcelone…

 

Combien faudra-t-il encore d'années de combats menés par les organisations humanitaires, l'ONU, les associations de défense de la femme, pour que cette pratique de l'excision disparaisse de la surface du globe ?

L'éditrice qui va publier le récit de la vie de Waris, dans un livre destiné à être lu par des centaines de milliers de personnes, demande à Waris quel a été le jour qui a changé sa vie, s'attendant à ce que Waris raconte comment elle s'est trouvée un jour dans un café où elle a vu le célèbre photographe qui lui a laissé sa carte de visite…

Et Waris dit que ce n'est pas ce jour là, mais le jour où à l'âge de trois ans, elle a été menée par sa mère en un lieu isolé dans un paysage de rocaille, afin qu'une vieille femme l'excise…

 

La scène est insoutenable, dans le film : les cris de terreur, de souffrance atroce de l'enfant de trois ans, résonnent dans le paysage de rocailles, et l'on voit le sang sur les cailloux, et la branche épineuse dont la vieille femme s'est servie, ensanglantée… Et un oiseau, un rapace survolant la scène, prêt à fondre sur les petits bouts de chair, le clitoris et les morceaux de lèvres coupés… Insoutenable !

Waris ne souhaitait pas que l'éditrice raconte l'histoire embellie d'une jeune fille sans ressources à son arrivée en Angleterre, et parvenue au sommet de la gloire, en top model adulée dans tous les grands défilés de mode, et cela pour un public friand de belles et émouvantes histoires de réussite…

 

La réalité brute, telle quelle… Et avec ces premiers mots avant de parler de l'excision des fillettes, pour dire „j'aime ma mère, ma famille, l'Afrique...“

Comme si l'amour, comme si aimer les gens, comme si les liens familiaux, tout cela se situait dans une dimension n'ayant aucun rapport avec la dimension des traditions et des pratiques ancestrales, de ce qui doit se faire ou ne pas se faire… Il y a là matière à réflexion…

 

La force et la pression d'une part, des traditions et des pratiques ancestrales depuis des milliers d'années… Et la force du pouvoir de l'éducation, de l'acquisition des connaissances dans tout ce qui concerne les êtres humains et autres dans leur chair, dans leur intimité, dans ce qu'ils peuvent ressentir au fond d'eux, d'autre part… Ce sont bien là deux forces agissantes et qui s'opposent, dans la réalité du monde…

Il n'y a que ce pouvoir là, celui de l'éducation et de l'acquisition des connaissances des choses de la vie et des êtres, qui peut faire évoluer les mentalités, les esprits… Pas la violence, pas la brutalité, pas les leçons de morale, pas les religions, pas la crispation, pas la certitude qu'on pense et qu'on agit mieux que les autres, pas la vision que l'on se fait du monde, de la société, des gens, pas ce que l'on croit dur comme fer et immuable et que de surcroît, on veut imposer aux autres…

 

 

excision

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire