Ils auront cent ans en 2100/2105...
- Par guy sembic
- Le 08/03/2013 à 09:07
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Jusqu'à une période que je situe, en gros, vers la fin des années 1980 et le début des années 1990 ; et cela depuis des temps immémoriaux, le seul vrai changement qui s'opérait dans la vie des gens tenait du fait du vieillissement, de l'altération progressive des facultés physiques et -ou- intellectuelles de chacun...
Et à ce changement qui peu à peu au fil des ans s'opérait, venait en parallèle si l'on peut dire, un genre ou un mode de vie "un peu différent" en fonction justement de l'avancement en âge des personnes... Et avec ce genre ou mode de vie évoluant, venaient une "vision du monde", un regard sur le monde et sur les gens, une pensée, de nouvelles habitudes de se loger, de se déplacer, de se distraire, de se nourrir, de s'habiller ; et sans doute, en particulier durant le vingtième siècle, une manière personnelle d'intégrer dans sa vie quotidienne les nouveautés (voiture, TSF, téléphone, télévision, et pour finir, l'ordinateur, le téléphone mobile, l'internet)...
En somme, la vie, à l'âge de trente ans comme à l'âge de soixante dix ans, demeurait "à peu près la même pour tout un chacun avec quelques nouveautés scientifiques ou technologiques en plus de temps à autre"...
Lorsque l'on parlait de "conflit de génération" il n'y avait alors en cause que la vision du monde en fonction de l'expérience vécue et des aspirations et des espérances de chacun, qui réellement, opposait les "vieux" aux "jeunes"... Cela, tout cela, dans un monde qui, en gros, demeurait le même... Et, parce que le monde demeurait à peu près le même, le lien entre les générations continuait d'exister, tel qu'il se maintenait tant bien que mal certes, mais il existait...
... Il n'en est plus du tout de même aujourd'hui, de tout ce que je viens de dire plus haut, depuis que nous avons franchi cette période transitoire "entre deux mondes" que je situe en gros de 1990 à 2005/2007...
Nous ne sommes même plus dans la lignée ou dans le prolongement de l'idée et de la réalité du conflit de génération. Il n'y a plus à proprement parler, de conflit de génération. Il y a au vrai, au réel, de l'indifférence, du désintérêt, de l'oubli, de l'absence de lien, entre les générations...
Pour un jeune né dans le début des années 2000, lorsque ce jeune va à l'école primaire, lorsqu'il sera un adolescent puis une personne adulte et qu'il aura terminé ses études (études supérieures le plus souvent)... Eh bien le vieux tonton, la vieille tati, le cousin ou la cousine machinchouette né en 1965, le grand père un tel du côté de la maman ou du papa... "on n'en a rien à foutre"... C'est à peine si l'on en a "entendu vaguement parler" dans la famille, c'est à peine (mais on s'en fout) s'il l'on a su qu'il était poète, qu'il jouait de l'accordéon, qu'il faisait de la photo ou de la marche ou du vélo...
Avant, dans "le monde d'avant", autour de tel ou tel personnage dans la famille, personnage qui vivait encore ou qui avait disparu, se faisait parfois une sorte de "légende"... Une "légende" entretenue et transmise...
Aujourd'hui cependant, une réalité s'impose -et dans une certaine mesure- "excuserait" cette indifférence ou ce désintérêt : le souci, le terrible et lancinant souci, de savoir "ce qu'on va faire de sa vie", quel boulot on va trouver...
Et puis il y a aussi ces jeux, ces préoccupations, ces aspirations, ces intérêts qui, pour ces jeunes nés après l'an 2000, ne sont plus du tout les mêmes : le téléphone portable, facebook, internet, les blogs, les copains, la télé omni présente, les nouvelles technologies encore plus performantes... Et déjà, pour les parents de ces jeunes, qui habitent désormais en lotissement pavillonaire, avec clôture, toutou ou minou et cabane de gosse en plastique rouge et jaune de chez Jardiland au fond du carré de gazon ; pour le papa qui a vingt cinq ou trente ans, on se couche très tard le samedi soir après "On n'est pas couché" et on ne va pas le dimanche matin à 9h en vélo chercher son pain et son journal...
Et comment aussi, le "vieux tonton la vieille tati le pépé la mémé ou le vieux cousin machinchouette" va-t-il, lors d'une visite tout à fait occasionnelle, d'un évènement familial de type mariage ou baptême ou anniversaire ou enterrement... Comment oui, va-t-il pouvoir communiquer, ne serait-ce que de trois mots, avec ce bambin, cette petite fille, ce garçonnet... qui aura cent ans en 2100/2105, et qui "n'en a rien à foutre de ce vieux tonton, de ce vieux cousin, qui va sans doute finir dans une maison de retraite médicalisée et dont on vendra la baraque avec tout le fourbi dedans et dans le fourbi, les albums et cartons de photos, de souvenirs, de vieux écrits et autres trucs à la con, tout cela fourgué à la déchetterie" ?
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