L'ancien et le nouveau monde
- Par guy sembic
- Le 04/12/2021 à 06:42
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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… C’était déjà ce que je ressentais à la fin du printemps 2020, comme en 1989 pour être très précis le 9 novembre – le jour où est tombé le mur de Berlin, marquant ainsi symboliquement parlant, la séparation entre – comme je disais alors – l’ancien et le nouveau monde… Sauf que, tout de suite après ce 9 novembre 1989, l’on entrait en fait dans une période de transition, en gros les années 1990 et le début des années 2000 jusqu’en 2008… Le « nouveau monde » celui du 21 ème siècle, ne commençant vraiment qu’à partir de 2008…
Né en 1948, j’ai donc passé une grande partie de ma vie dans « l’ancien monde » celui du 20ème siècle et de sa Culture, de sa littérature, de ses musiques, de la vie au quotidien (sans internet et sans téléphone portable jusqu’au début des années 1990… Et, forcément comme tous ceux de ma génération, impacté par la culture et le mode de vie au quotidien, de ce 20ème siècle… Et qui s’articulait « géopolitiquement » sur les deux blocs que constituaient, l’un le monde libéral, occidental, « capitaliste » si l’on veut, avec les USA super grande puissance et leurs alliés européens ; et l’autre le monde de l’URSS et de ses états « satellites », le monde communiste…
Tout cela -enfin le monde du « bloc de l’Est » uniquement, s’est effondré avec le mur de Berlin…
Mais ce que j’ai ressenti à la fin du printemps 2020 est d’une toute autre comparaison, et si je puis dire, d’une toute autre dimension…
« L’ancien et le nouveau monde » ont désormais pour moi, une séparation tout à fait différente qui, cette fois, n’a pas de période transitoire, puisqu’elle s’est faite, cette séparation, brutalement…
Désormais « l’ancien monde » c’est celui qui se termine à la fin de l’année 2019 ; et le « nouveau monde » c’est celui qui commence en 2020…
Vous m’avez compris : c’est le covid et tout ce que le covid a eu pour conséquences dans le monde, dans la vie sociale, notamment… L’acteur du « grand changement, du grand bouleversement »…
Et le « symbole » qui représente au plus visible, au plus présent, ce « nouveau monde » c’est … LE MASQUE… Le masque sur le visage, sur tous les visages…
Quand il m’arrive de penser à 2019, je me dis, sans pouvoir rien y faire, comme « aspiré dans un courant m’entraînant », que 2019 c’est « comme un paradis perdu » (l’image est surdimensionnée je le reconnais) et cela me rend nostalgique…
Pour l’homme -ou l’être humain – que je suis, depuis mon enfance, un rêveur, un poète, un penseur, un homme d’écriture… Une sorte de chasseur chercheur et amoureux de visages, de ce qu’exprime un visage ; ce « nouveau monde » dont le symbole est le masque, m’est très difficile à accepter, et, en quelque sorte, mon « anti - masquisme » est d’une toute autre dimension que celle d’une opposition contestataire, ne peut se confondre ou s’apparenter à une révolte « dans le sens de ce que signifie à proprement parler une révolte contestataire comme celle des « anti ceci/anti cela » qui défilent dans la rue et se montrent agressifs, déterminés dans leur refus de ceci, de cela…
Et plus généralement, je dois dire, ma révolte (mes révoltes) ou ma condition « d’homme révolté » ne s’inscrit pas dans le sens « à proprement parler » de la révolte, des révoltes, toutes révoltes se fondant sur la contestation systématique, partisane, de genre « ôte toi de là tu m’emmerdes on met autre chose à la place » (autre chose mais quoi?) …
Ainsi, 2019, la dernière année du monde sans masque…
Mais les visages, eux, ils sont toujours là – même si on ne les voit qu’à moitié… On peut encore les rêver… Comme on rêve de ce qu’est une femme sous les vêtements qu’elle porte…
La possibilité (encore) du rêve…
C’est peut-être suffisant pour que ça sauve du désespoir…
C’est peut-être suffisant pour une révolte qui est une révolte d’intériorité en soi confrontée au monde, plutôt qu’une révolte contre le monde, contre le sens qui est celui qui meut le monde, une révolte qui ne prend d’arme d’aucune sorte et qui se voudrait voir, autant que possible, éclairante…
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