L'armée des ombres, film de Jean Pierre Melville
- Par guy sembic
- Le 05/06/2018 à 20:19
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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... Ce film date de 1969, il a déjà fait l'objet de plusieurs diffusions à la télévision.
Je serais curieux de savoir (source Audimat) combien de gens ont regardé ce film, sur FR 3 lundi 4 juin 2018.
C'est pour ma part, avec une grande émotion que j'ai revu -pour la 3ème fois- depuis qu'il est sorti en 1969, ce film ayant pour thème la réalité tragique de la vie clandestine... Avec ces grands acteurs que sont Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse, Jean Pierre Cassel, Paul Grauchet...
Jamais, les fois précédentes où j'avais vu ce film, je n'ai ressenti comme hier soir, l'immensité et la profondeur de l' "abîme de temps" qui nous sépare de ce monde qui fut celui de 1940-1944...
Qui en effet, en ces années là de 1940 à 1945 en France, en Angleterre, en Allemagne, en Russie, en Europe, aurait pu imaginer, avoir une idée, de ce que serait le monde, la vie des gens, 74, 80 ans plus tard ?
Les seuls témoins encore vivants de cette époque là, de la seconde guerre mondiale, sont tous âgés de plus de 90 ans, Français, Anglais, Allemands et autres en Europe...
... La scène de ce film qui m'a peut-être le plus bouleversé -sur un plan que je définis à ma façon, à la fois culturel et ayant un "air du temps" ou une "atmosphère"- c'est cette scène où l'on voit, à Londres, Philippe Gerbier (Lino Ventura) dans une soirée dansante de la Royal Air Force, de la Navy, de l'armée Britannique : le jazz et le swing "à fond la caisse", les robes des femmes, l'entrain général... Alors même que tout proche, des immeubles s'écroulent sous les bombes allemandes...
Le "gros plan", alors, dans cette scène, sur le regard de Philippe Gerbier, un regard qui "en dit long" sur ce qu'il peut ressentir, lui, Philippe Gerbier dans sa culture personnelle, dans sa sensibilité, dans la gravité de sa pensée, de sa réflexion... A la vue de toutes ces jambes de femmes, en entendant cette musique qui, en France, ne fera vraiment fureur qu'en 1944 après le Débarquement Anglo Américain...
... "Un abîme de temps" oui... Que ces 74 ans depuis 1944 (ou ces 80 ans depuis 1940) qui nous sépare du monde, du temps, de la vie d'aujourd'hui en 2018 ! ... Il suffit déjà de regarder une planisphère ou un globe terrestre "politique" pour s'apercevoir qu'il y a une différence assez nette entre 1940 et 2018... (en fait la différence est encore plus visible entre 1918 et 2018)...
Un "abîme" aussi, sur le plan culturel, dans le mode de vie, surtout depuis l'apparition d'internet, de la téléphonie mobile, du numérique, de l'informatique, des nano technologies, de la société de consommation à grande échelle, des loisirs, du monde du travail, de la façon de s'habiller... etc. ...
De quoi aurait l'air un jeune de 30 ans aujourd'hui, en plein Paris, marchant sur un trottoir vêtu d'un imperméable ou d'une gabardine, d'un costume croisé, et avec un chapeau sur la tête?
Et dans les "boîtes", est-ce qu'on "se tortille plus du cul qu'on ne danse" ?
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