La vidéo et le film olfactifs
- Par guy sembic
- Le 16/09/2012 à 09:56
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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En l'an mil, au fin fond du Berry ou de l'Armorique, il y a peut-être eu un jeune paysan illettré, âgé de 15 ans, qui conçut en pensée un objet sous la forme d'un petit boîtier en os de sanglier avec à l'intérieur un mécanisme complexe (des sortes de filaments, de petits engrenages, de minuscules pièces de toutes formes géométriques et agencées les unes dans les autres) ; un petit boîtier donc, d'environ deux pouces de longueur, d'un pouce de large et de l'épaisseur d'un doigt, avec sur l'une de ses deux surfaces - on va dire le recto- une fenêtre faite d'une matière réfléchissante comme une vitre... Et en dessous de cette petite fenêtre, quelques trous disposés en plusieurs lignes... Des trous pour y introduire une sorte d'aiguille courte de la taille de l'un de ces petits crayons que l'on utilise de nos jours pour écrire dans un agenda relié...
Ce mécanisme complexe, notre jeune paysan illettré du fin fond du Berry ou de l'Armorique, l'imagine doté "d'étranges propriétés"... En fait, notre jeune paysan illettré a imaginé en pensée, un appareil que l'on tient dans sa main et qui permet de communiquer avec des gens, non seulement du village ou de la région, mais de pays lointains... Ces pays dont on parle dans les veillées entre familles après la dure journée de travail aux champs, ces pays dont on ne sait pas que c'est l'Afrique ou l'Amérique mais dont on a entendu parler sans que personne ne puisse les situer (l'on sait seulement qu'ils existent quelque part)...
Mais seulement voilà : en cet an mil, notre jeune paysan illettré âgé de 15 ans et à l'imagination débordante et prolixe, n'a pas été découvert par quelque "grand seigneur mécène" et introduit auprès de quelque savant de l'époque. Et l'invention (à vrai dire seulement l'idée) est "partie dans les étoiles" à la mort du jeune paysan, une mort "prématurée" il faut dire, car en ce temps là "on ne faisait guère de vieux os" sauf exception...
... Aujourd'hui, l'on traite, l'on enregistre, l'on numérise, l'on diffuse le son, l'image et le mouvement... Et bien sûr le texte...
Aujourd'hui l'on ne traite, enregistre, numérise et diffuse pas encore... La "sentisserie" (les odeurs)...
J'ai donc imaginé que l'on puisse enregistrer les odeurs, les mettre en fichiers numérisés, et concevoir tout un univers artistique, scientifique, poétique, littéraire même... Des odeurs ; des odeurs naturelles de la terre, de l'humus, des feuilles, des fleurs, des plantes, des insectes, des oiseaux, de nos animaux de compagnie, de la peau des gens, des haleines, des salives... Et des odeurs inventées, de synthèse, sorties toutes droites de l'imaginaire, d'un imaginaire poétique, artistique...
C'est fou, absolument fou, l'univers de créativité qui s'ouvre alors, avec cette "nouvelle technologie" de la numérisattion et de la diffusion des odeurs... En symbiose possible d'ailleurs, avec la diffusion-traitement et travail du son, du mouvement, de l'image et du texte...
... Et je vais imaginer ceci : (décapant, humoristique et caricatural ) : une vidéo de Kate Middleton en robe chic dans un coktail littéraire, "puant du bec" comme un bébé dinosaure digérant de la bouillie de cadavre (un artiste complètement déjanté vient de créer cette nouvelle haleine et la "sentishope" sortant de la bouche de Kate Middleton)... Un vrai scandale, cette affaire là, en plein coktail littéraire au beau milieu de toutes ces sommités et écrivains célèbres... Un blasphème, cette vidéo diffusée sur le Net, sur Facebook, sur Dailymotion et Youtube et partout sur les grandes plateformes d'actualités people... !
Mais bon... L'on peut faire "dans un tout autre genre" et imaginer tout un langage de "phérornormes", avec comme en poésie, des fragrances extrêmement agréables à percevoir, évocatrices, harmonieuses...
... Mais j'y pense : le texte, le son, le mouvement, l'image... Dans tout cela, il y a de la vibration, du photon, mais pas de la matière composée à la base de molécules assemblées (molécules, atomes, électrons, éléments infiniment petits mais éléments physiques, "consistants" (si l'on peut dire)... Donc, pour le texte, pour le son, pour l'image, pour le mouvement... "on peut" (on y est arrivé) à enregistrer, numériser, ficher, diffuser, traiter, produire, synthétiser, etc. ...
Mais pour les odeurs c'est différent : là, nous sommes en présence de particules (infinitésimales) composées de matière, et donc, de molécules, d'atomes, d'électrons, d'éléments physiques... Et cela, pour le "numériser", le diffuser... C'est "autrement plus difficile"... Mais on trouvera, je pense... Après tout, en l'an mil, le téléphone portable ou l'i-phone qui permet de communiquer et de se voir à distance, paraissait absolument "impensable", irréalisable...
... Au cinéma, l'idée de la production des odeurs, a déjà été évoquée, mais cela n'a jamais abouti du fait de la difficulté...
Vous me direz "avec l'odeur en plus, imaginez un film d'horreur bien sanglant"...
Certes, déjà rien qu'avec l'image, la vidéo, le film... Il y a beaucoup d'horreur...
Mais... À bien réfléchir... Plus il y a de la diversité, plus il y a de la complexité, plus il y a de découvertes scientifiques, de nouvelles technologies de communication, de diffusion... Et plus D'UN COTE ET DE L'AUTRE, c'est à dire du merveillleux et de l'horreur... IL Y A...
Donc, il s'ajouterait -effectivement- de l'horreur... Mais aussi du merveilleux...
En fait, l'horreur est infinie... Le merveilleux est infini... De telle sorte que l'on se trouve comme devant une balance de ménage dont les deux plateaux seraient si grands que l'on n'en verrait pas la circonférence ; et que même avec des poids de précision "les plus précis" sur chaque plateau, on n'arriverait pas à déterminer de quel côté penche davantage la balance, du côté de l'horreur ou du côté du merveilleux...
C'est absolument fascinant, cette affaire là, du monde qui nous entoure, avec son "mal", son "bien", ses "noirs", ses "blancs"... et toutes ses nuances, ses pourquoi et comment, ses inconnues, ses destins possibles...
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