Le journal, dans l'oeuvre de Jules Renard
- Par guy sembic
- Le 17/07/2012 à 19:58
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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... Qui pète haut et fort, même en fleurs vives éclatant dans le ciel et éblouissant les regards conquis-ou soumis- mais en vérité le plus souvent en fleurs pâles et gesticulantes sur un écran de smartphone... Ne fera jamais du "journal de sa vie" qu'il diffuse et expose à la vue des gens de sa cour -ou à la vue de tous- une "oeuvre autobiographique"...
...Qui ne pète que du coeur de son réacteur et se révèle dans l'intimité "un grand timide", n'expose pas directement en public tout ce dont il se souvient, tout ce qu'il ressent, tout ce qui le porte, tout ce qu'il sait... Écrira peut-être -ou sans doute- un "journal" ou "quelque chose sur sa vie"... Mais alors cela sera une "oeuvre autobiographique" dans le sens de ce que doit être une "oeuvre autobiographique" c'est à dire une oeuvre dans laquelle l'auteur lui-même apparaît davantage, bien davantage un témoin, un témoin de son temps et des temps qu'il vécut, plutôt que le personnage principal se mettant en scène à chaque page. D'ailleurs ce sont les personnages dont il parle, qui sont en vérité les personnages principaux et essentiels -et pourrait-on dire "immortalisés"- qu'il met en scène à chaque page...
Ainsi en est-il, par exemple, de Jules Renard, qui avait beaucoup de mal à extérioriser directement ses sentiments... Et usait de "formulations" originales et imagées qui, à elles seules" en disaient bien plus long -et surtout plus explicite- qu'une page entière au sujet de tel ou tel personnage ou situation ou évènement... Cette page entière dût-elle être d'ailleurs" , écrite dans la forme la plus parfaite ou la plus littéraire qui soit ; et à plus forte raison dans l'une de ces formes ordinaires, ostentatoires et "facebookiennes" voire vulgaires que l'on connaît de nos jours "qui filent par le trou d'une baignoire en eau de vaisselle corporelle"...
... Voici, entre autres, innombrables dans l'oeuvre de Jules Renard, quelques unes de ces "formulations" :
-Meublée à l'arrière comme une jument de 1200 Francs (à propos d'une inconnue)
-Comme avec des ciseaux, la femme, avec ses cuisses qui s'ouvrent, coupe les gerbes de nos désirs
-Appelons la femme un bel animal sans fourrure dont la peau est très recherchée
-Quelle manie de dire des mots d'esprit aux gens, quand on voudrait les embrasser !
... Et quelques mots à "l'emporte pièce" et images déconcertantes :
-Homme de peu de Lettres
-Zola, un demi-Satan qu'une lectrice repousse par propreté
-Le style vertical, diamanté, sans bavures
-Ses doigts noueux comme un cou de poulet
-Le travail pense, la paresse songe
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