Le Télétété...
- Par guy sembic
- Le 14/09/2017 à 07:46
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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... Mon papé le dimanche matin, à Rion des Landes en 1951 (j'avais alors 3 ans) m’amenait voir le « Télétété », dans la vitrine du petit bazar en face du ciné. Je n’avais déjà plus l’âge alors, des longues stations sur le « pot », en ces années de la Reconstruction, des combats de l’abbé Pierre pour les mal logés, et de la grande peur atomique ; où l’on ne mettait pas encore aux petits enfants les « toffies » pesantes et cuisantes de ces « années Twist jeunes femmes sveltes chic et court coiffées à la Mireille Mathieu » qui allaient suivre en scoubidous et Ula Hop dans les années 1960...
Mon papé, dans des boîtes de fer Blédina, cultivait des asticots blanc et crème et s’organisait le dimanche après midi, des récrés ruisseau canne à pêche assis sur son pliant. Ma mamy censurait le pèlerinage du « Télétété »… car ce « Télétété » disait-elle, me donnait de mauvaises idées. Mais avec papé, on allait quand même voir le « Télétété ».
Je prêtais à ce « Télétété », d’étranges et imaginaires vertus. Il trônait sur une étagère, au milieu de bibelots, pots de couleur, stylos et pipes, n’était pas à vendre, sorte de mascotte d’une origine inidentifiable, d’une tête métallique et carrée préfigurant celle des « goldoraks » des gosses de la génération Sida Game Boy…
Haut comme une grande poupée de foire, articulé de manchons à rallonge, de ressorts spiralés et arborant un buste tank, il me semblait machine à communiquer avec son visage écran et ses yeux fenêtres reliés à des ondes invisibles porteuses de messages…
Le fait qu’il n’était pas à vendre me fascinait au plus haut point…
Dès lors, ce « Télétété » me mangeait la tête, devenait l’avenir du monde… Un projecteur de rêves, de mots et d’images, bien plus magique encore que la « machine à ciné » qui me racontait en dessins qui bougent, au plafond, l’histoire de la « Belle et la Bête », que mon père me passait, lorsque, la poitrine serrée de cataplasmes, une émotion souveraine m’étreignait l’esprit et le ventre à la vue de cette Belle si belle s’approchant de la Bête si peu bête …
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