Un été 2018 en France
- Par guy sembic
- Le 16/07/2018 à 07:14
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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... Dans sa chronique Paris Province de Sud Ouest Dimanche, Jean Claude Guillebaud nous dit :
"Les intellectuels sont dans le Lubéron où l'île de Ré, les politiques sur leur bateau ou à Brégançon, et les Français sur le sable ou la paille. La vie culturelle elle-même semble quitter Paris .../.../... Elle court s'enchanter au festival d'Avignon, se griser de Monteverdi à Saintes, s'envoyer en l'air aux francofolies de la Rochelle..."
... L'été de 1952, l'année d'avant les grandes grèves notamment de la SNCF d'août 1953, alors que des dizaines de milliers de Français de l'époque investissaient les campings et les plages, que des embouteillages se formaient dans la traversée des villes sur la Nationale 7, que des trains bondés de vacanciers partaient des Gares d'Austerlitz et de Lyon... Et qu'il n'y avait ni smartphones ni internet ni facebook mais des cabines téléphoniques en bureau de poste, des télégrammes pour dire qu'on arrive et des lettres avec un timbre qu'on envoyait pour une réservation de chambre...
Albert Camus dans son livre "L'été", publié en 1952, disait :
"Les deux soifs qu'on ne peut tromper longtemps sans que l'être se dessèche, je veux dire aimer et admirer. Car il y a de la malchance à n'être pas aimé, il y a du malheur à ne pas aimer"...
... Certes, 1952 et 2018 sont deux époques différentes (environnement, mode de vie, habillement, équipements technologiques, transports, etc. ...)
Mais le Français de 1952 et le Français de 2018 ont en commun un même coeur, une même âme... Un même coeur et une même âme qui sont faits de capacité d'aimer et d'admirer...
L'on aime et l'on admire autant en 2018 qu'en 1952...
En France et ailleurs.
En France en cet été 2018 où tout un peuple s'enthousiasme et se passionne pour son équipe de football et souhaite voir gagner ses champions... Oubliant -ou laissant de côté- que les "champions" sont milliardaires et qu'ils peuvent être achetés par tel ou tel grand club d'un autre pays...
Il ne reste en effet qu'aimer et admirer... Exit la violence, la brutalité du monde, l'arrogance des riches, les milliards qui se baladent au nez et à la barbe des budgets de fonctionnement de ceci de cela... Exit les injustices, les trains et les avions "chanceleds", les grèves et les manifs, "le monde qui va mal/la politicaille/le temps qui se détraque"...
... Bon, au festival d'Avignon, aux francofolies, à Musicalarue de Luxey dans les Landes, pourvu qu'on arrive à caser sa tente dans le champ qu'a aménagé la municipalité, qu'on puisse voir debout le spectacle en naviguant de la tête entre deux dos deux épaules deux masses de cheveux...
Que la fête se poursuivre, s'intensifie et enchante les coeurs et les âmes d'un bout à l'autre de la France !
Il y a vraiment du malheur à ne pas aimer, comme dit Albert Camus... Parce que ne pas aimer c'est se retrancher, c'est s'isoler...
... Mais je dis aussi que ne pas aimer (pour telle ou telle raison dans laquelle entre une culture, une sensibilité, une vue personnelle ou intime) ce n'est pas forcément se retrancher ou s'isoler. Et c'est là qu'intervient l'échange ou la relation, et s'il se révèle, oui ou non, une possibilité de partage ou de convergence de vues. Et que, sans partage possible, l'autre ne soit point forcément perçu comme un ennemi irréductible...
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