"Vicky Cristina Barcelona", de Woody Allen

     Dimanche 16 octobre sur France 2 " Vicky Cristina Barcelona ", de Woody Allen...

 

J'ai vu jusqu'à la fin, mais dès la première minute et jusqu'à la dernière scène, je me suis trouvé pour ainsi dire en face d'un univers et d'une culture "totalement autres" que les miens !

 

Un côté "libre penseur" dans cette oeuvre, mais dans une culture "libre pensée" qui n'est pas du tout celle du "libre penseur" que pourtant je suis !

 

Deux touristes américaines "intellectuement piquées" pour ne pas dire "complètement givrées", un artiste Espagnol à la beauté insolente et provocante, complètement déjanté, dragueur compliqué, des relations amoureuses et complexes (l'une des 2 filles, Vicky vient juste de se marier et elle est séduite puis tombe amoureuse de l'artiste (dont soit dit en passant personnellement je n'apprécie pas du tout du tout la peinture), l'autre fille, Cristina, "belle à crever" qui se fait aussi draguer par l'artiste, lequel artiste est encore en relation avec Maria Elena sa femme, puis cette relation à trois entre Cristina, Maria Elena et l'artiste...

Les protagonistes de cette comédie dramatique si enlevée et déjantée, ne cessent de surprendre (je ne dirais pas de choquer mais d'indisposer)...

Oui, ce film m'a indisposé et mis mal à l'aise : je me suis senti projeté dans un univers et dans une culture qui me sont totalement opposés, et où je me sens étranger, réfractaire...

Certes je reconnais la qualité du film, le talent de Woody Allen... Mais si Woody Allen c'est "ça" dans ses films, dans ce qu'il veut exprimer de la vie, du monde et des gens, alors c'est "contraire à ma culture" et ça heurte ma sensibilité... (une sensibilité d'anarchiste et de libre penseur pourtant) !

Et de surcroît dans ce film, on ne voit que des bagnoles "qui en jettent", des décors et des demeures de riches (style riche intellectuel piqué) ... Et j'ai pensé (inévitablement) à cette Espagne d'aujourd'hui qui souffre, avec 1 jeune sur 2 de moins de 30 ans au chômage, et j'ai trouvé "insultant et provoquant", tout ça, dans le contexte économique et social actuel...

Par certains aspects, dans ce film, ça me rappelle un peu cet esprit "post soixante-huitard" qui avait "le vent en poupe" dans les années 70 (ces années déjantées de baise à couilles rabattues, où l'on voyait des intellos givrés se livrer à toutes sortes d'expériences relationnelles et autres, qui se prenaient pour des génies et s'affichaient dans des tenues vestimentaires ahurissantes, produisaient de la poésie impossible et de la peinture "à la Picasso" -soit dit en passant Picasso lui, était le vrai créateur, et non pas tous ces "pseudos artistes" qui se sont réclamés par la suite de son école-)...

Vous ne pouvez pas savoir à quel point, lorsque j'avais 22/24 ans dans ces années là, j'ai détesté, haï, combattu cet esprit "tordu", malsain, nauséabond, et si "culturellement inculturel" !

 

... Toute la question est de savoir si Woody Allen "prône" cet univers relationnel (et si il y adhère) ... Ou s'il le met exprès en scène pour le dénoncer ?

 

.....Ce qu'il a de sûr c'est que moi, je le dénonce cet univers relationnel (de surcroît lorsqu'il a pour toile de fond et pour environnement ces bagnoles, ces baraques, ces fringues, ce luxe insolent et ces lubies de riche)...

 

... Soit dit en passant... Lorsqu'on voit à la Télé (la "tu-es-laid") toutes ces séries à la con qui "singent"-sans que leurs concepteurs réalisateurs s'en rendent compte d'ailleurs- si mal, si bassement mal, le réel talent d'un Woody Allen... On ne peut que se dire (même si ça fait mal parce que contre sa sensibilité et sa culture) ... que ce film est tout de même "d'une certaine facture"...

 

... Peut-être, je dis bien "peut-être"... Faut-il voir dans les films de Woody Allen comme dans les films de Claude Lelouch... Une sorte de "satyre" de la société ou d'une partie de la société dans laquelle on est immergé (souvent contre notre gré et contre notre culture, contre notre sensibilité)... C'est du moins ce que j'espère, ce que j'ose essayer de croire...

Mais le problème réside dans la méprise (méprise bien sûr dans le "mauvais sens") : voyant cela, ce genre de films, les gens n'y perçoivent plus une "satyre" (ou une critique) mais ils prennent "au pied de la lettre" et même, (et c'est là que ça devient dramatique et quasi désespérant) : ils s'identifient aux personnages qui jouent dans le film, ils les vénèrent ces personnages, ils aspirent à avoir le même genre de vie qu'eux, ils sont séduits par ce côté "people" et ostentatoire d'une certaine aisance... Et il en résulte (alors contrairement à ce qu'aurait voulu "dénoncer" le réalisateur du film)... toute cette médiocrité relationnelle, tout ce falbala de modes et de tendances, tous ces comportements déjantés...

L'ambiguité c'est bien beau, dans l'art (la littérature, la peinture notamment) - et l'ambiguité personnellement j'en use- ... Mais à un certain moment, il faut sortir de l'ambiguité... en sortir vraiment/vraiment, et dire de quel bord on est, de quelle sensibilité on est, finalement !

J'ai l'impression, en ce qui concerne les films de Woody Allen (ou les films de Claude Lelouch) tout comme chez bon nombre d'artistes, d'écrivains, d'intellectuels... que l'on demeure dans cette ambiguité et dans une sorte d'accord plus ou moins tacite avec le "sens du monde" dans ses formes et modes du temps..

Personnellement, j'accorde plus de crédit à un engagement dans le sens d'une certaine culture, d'une certaine dimension d'humanité et de sensibilité (ou le faux et le "bling/bling" n'auraient plus cours)...

 

woody allen

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