Articles de yugcib

  • Errance littératoque, hier jeudi 7 mai

    Avec ton coccyx cassé tu t'assieds sur mes oignons carrés, tu planches sur des projets haut-levés qui me volent ras les chevilles dans l'herbe du jardin au moment où je vois passer un grand Tégévé tout allumé tant les fenêtres de ses voitures luminent d'ombres phosphorescentes, sans doute des visages dont les tons sont brouillés mais néanmoins parcourus d'étincelles bleutées...

    Dans la nuit poussiéreuse et silencieuse, toutes tes valétudinations autres que ton coccyx cassé et peut-être encore ta rate qui ballonne, me sous-gèrent que tu procrastines aux calendes grecques ton envol pour ces caraïbes rêvées, n'ayant pu même via Beijing acheter à l'arrache le billet d'avion à prix cassé de Promo croisière com ... Ce qui d'ailleurs te péta le coccyx, en effet il t'en est venu, tout chamboulé que tu étais, un de ces vents de tripaille qui te l'a bien malmené le coccyx...

    Dans les soutes des Jumbo-Jets de plusieurs compagnies, où, enfermés dans des cages, enfiévrés, des bébés panda agonisaient, c'était la panique parmi les employés Bangladais chargés de veiller au confort des bébés pandas et d'autres animaux exotiques. Du coup tous les vols ont été annulés...

    Semblait-il que par Beijing, avec Ali Baba l'amazon chinois, c'était encore possible de réserver...

    Le grand Tégévé disparu, tu te relèves et mes oignons carrés -à vrai dire escagassés par tes fesses, au lieu de redevenir ronds, prennent les formes des pièces de jeu de Quarto... Et dans la nuit poussiéreuse et silencieuse nous supputons quel alignement toi et moi nous pourrions prendre en enfilade avec ces deux peupliers foudroyés devant nous de l'autre côté de la voie, et les étoiles des Pléiades...

     

  • Des gens heureux

    En ce printemps de cauchemar, s'il est des gens heureux ce sont ces journalistes photographes reporters à aussweiss professionnel qui parcourent des rivages océaniques, des lieux mythiques ordinairement très fréquentés pour leur beauté et leur renommée, désertés, saisis dans toute leur immensité naturelle, vus du ciel à bord d'hélicoptères...

    Ils nous ont montré, aux citoyens ordinaires que nous sommes, n'ayant d'autre espace autour de nous que des balcons, des jardins, un tout petit bout de terroir, ces paysages que nous n'avons vus que sur des écrans de télévision, que nous ne verrons jamais au vrai tels que ces journalistes reporters les ont vus... En effet, si nous pouvions « de visu » profiter de ce qu'il y a d'immaculé, de singulier, d'intemporel, presque de surréaliste dans ces paysages désertés, nous aurions été si nombreux à contempler, que ces paysages auraient été ceux que d'ordinaire, peuplés d'humains l'on parcourt à pied, en vélo, en rollers, en voiture...

     

  • Une couverture pour Charlie Hebdo

    Charlie hebdo

    Ne jetez pas à la poubelle vos masques usagés ! On ne sait jamais...

     

    Si on arrive à niquer le virus au prix d'une crise économique hyper carabinée, et que viennent à manquer un certain nombre de produits, notamment du papier hygiénique, l'on pourra se torcher le cul avec des masques !

     

     

  • Sur la route des masques

    Sur le parking de Carrefour Market j'ai vu descendre de voiture des gens qui avaient déjà mis le masque sur leur visage alors que de la place où ils s'étaient garés jusqu'à l'entrée de Carrefour, il y avait bien cent mètres de distance...

    En voyant ces gens masqués je me suis dit qu'en ce qui me concerne il est absolument hors de question que, dans la rue, dans un espace ouvert, à l'air libre, et cela sans présence d'une foule compacte, je mette un masque...

    Ainsi dans un supermarché, j'attendrai le tout dernier moment, juste avant d'entrer, pour mettre un masque... Et aussitôt ressorti je l'enlève...

    Être prudent oui, mais faire du zèle NON ! Et j'ai l'impression que certaines personnes correspondant à un « certain profil de comportement et d'état d'esprit » me semblent particulièrement enclines à faire du zèle !

    Cela me rappelle quand j'étais môme à l'école, les « lèche-cul » du premier rang bien sages et disciplinés, avec de beaux cartables en cuir de vache et de beaux stylos plume, bien coiffés, bien la raie sur le côté, toujours 10/10 de conduite et sachant réciter par cœur leurs leçons sans aucune hésitation... J'étais au dernier banc, le nez à la fenêtre, j'avais zéro de conduite (mais 9 sur 10 en rédac, en géo, en histoire et en sciences naturelles) je ne savais rien réciter par cœur, j'étais bagarreur il ne fallait pas me chercher des poux, je faisais des dessins dans les cabinets...

    Attendre systématiquement le dernier moment pour mettre le masque là où il faudra « vraiment/vraiment » en mettre un, et l'ôter aussitôt sorti... ça sera ma manière de résister...

     

  • Colère noire !

    Dans le déconfinement ce qui me stresse c'est pas de choper le virus, mais c'est ce qui va me pourrir la vie (la mienne et celle de l'ensemble de mes concitoyens)...

    Choper le virus ? Je l'ai pas chopé à une époque où j'avais plus de chances de le choper qu'aujourd'hui... Vu la diminution quotidienne du nombre de « cas confirmés »...

    Ce qui me stresse c'est en premier lieu ces putains de masques qu'il faudra se foutre sur le visage, peut-être encore des aussweis à présenter à des flics, toute cette chierie de contradictions et d'inepties dans la gestion de cette crise sanitaire, tout ce qui, par la distanciation plus le port du masque, est totalement contraire, diamétralement opposé à la culture que j'ai, de la relation humaine...

    Tout juste si on va pas être poursuivi pénalement pour mise en danger de la vie d'autrui, en plus d'une amende de 900 euro, pour non port du masque en lieu public (peut-être dans la rue dans certaines localités)...

    Du coup, pour en finir de ce « putain de monde d'après » que je vais détester, conspuer, vomir de dégoût et de colère, j'en viendrais presque à souhaiter un virus comme celui du roman Le Fléau de Stephen King, doublé d'un Tchernobyl carabiné qui foute toute la planète et l'humanité en l'air et moi avec ! (eh oui, j'ai eu je l'avoue, jusqu'à ce désespoir là dans des moments de grande et noire colère)...

    Le masque ? Parlons en ! Déjà, c'est la galère pour en avoir, et puis, bordel, quand j'aurai utilisé 50 fois le même pour aller à Intermarché, qui va s'apercevoir que c'est le même ?

    Et les tests ? Va-t-on venir quand je fais ma sieste entre 13h et 14h, très fort toquer en criant à ma porte « C'EST LE TEST, ON VIENT POUR LE TEST » ?

    Et si on me le fait, le test, je suis négatif alors que demain ou dans 8 jours je suis positif ! (Ce qui veut dire que pour les négatifs, il faudra tous les jours le faire le test) !

    Ce putain de masque, en fait qu'est-ce qu'il te garantit ? Il suffit de le toucher, d'un geste qui n'a pas été pensé/contrôlé, d'un rien, pour que le virus venu dessus passe du bord à ton œil !

    Et ces heures d'hélico à 1500 euro au dessus des plages pour fliquer un malheureux promeneur éloigné de 100 mètres d'un autre promeneur !

    Notre ministre de l'Intérieur (le « premier flic de France ») -enfin lui ou un autre d'un autre gouvernement si l'en était ... Il nous prend pour des garnements irresponsables auxquels il faut donner des coups de règle sur le bout des doigts à la moindre grimace, au moindre geste inconvenant, à la moindre non observance de la loi ! Merde ! Les flics et les aussweiss ça suffit ! Bémol à dix mètres sous terre ! Crevures de généraux bouffis de couscous et bardés de joyaux de la couronne, foutez moi le camp de la scène publique, des plateaux télé et de Twitter !

     

    J'en reviens aux tests : pourquoi un objectif de 700 000 par jour ce qui ferait en deux mois -jusque début juillet- pratiquement toute la population testée en France ? Pourquoi en effet, 700 000 tests par jour pour détecter quelque 2 à 3 mille personnes infectées ? Pour tester 700 000 personnes par jour, il faudrait donc que 700 000 personnes par jour se rendent chez leur médecin pour se faire établir une ordonnance ? Ou alors, comme je disais, il faudrait aller les chercher, chacune de ces 700 000 personnes !

     

    Pour les masques, dans le cadre du risque de contamination, et seulement et uniquement et pour un temps donné dans ce cadre là ; je « rejoins » -disons à 70%- ceux et celles qui sont « pour » le port du masque...

    Mais ce que je crains, pour l'avenir, dans le monde d'après ; c'est que le port du masque devienne habituellement, comme « entré dans les mœurs », pour d'autres raisons que celle d'une pandémie de covid-numéro tant ou d'un autre virus, une « norme parmi d'autres normes de mode de vie... Ces autres raisons pouvant être par exemple, l'une, liée à une pollution atmosphérique devenue constante et accrue -ce qui malheureusement serait une nécessité- et l'autre, plus insidieuse, plus perfide, liée à une aspiration à un anonymat, à ne pas être reconnu, afin de se sentir protégé contre des agressions réelles ou imaginaires... En somme la capuche autour de la tête, la casquette, le bonnet, les lunettes de soleil grosses comme des soucoupes volantes, ça suffirait plus...

     

  • Pensée du jour, mercredi 6 mai

    Le coronavirus (covid-19) c'est comme le ver solitaire ( Tænia ) : le corps viré, la tête reste.

    En effet si le corps est viré en faisant tomber un à un ou par 2,3,4 à la fois les anneaux, la tête reste accrochée à la paroi intestinale.

     

  • "Covid-89"...

    J'imagine une pandémie de coronavirus, un « covid-89 » en 2090...

    Il n'est pas sûr que la société en France et dans le monde, alors, afin de sauver ses aînés et ses fragiles, fasse le choix d'interrompre la plupart des activités et de prendre le risque de voir disparaître le mode de vie qui sera celui des générations de la fin du 21 ème siècle...

    Et cette société, ces générations de 2090, ne seront ni pires ni meilleures dans leurs comportements, dans leurs choix, que la société et que les générations de 2020...

    Je dis cela dans l'hypothèse -fort probable- où notre rapport à la mort sera sensiblement le même que celui qui est le nôtre en 2020.

    Car s'il s'avérait différent, comme le rapport à la mort qu'avait la société et les générations par exemple en 1348 ; la question en 2090 ne se posera pas...

    En 1918 lorsque sévit la « grippe espagnole » et que succombèrent après l'hécatombe de la première grande guerre mondiale, quelque 80 millions d'humains, et que nous étions alors à peine deux milliards sur cette planète...

    Les cafés, les restaurants, les cinémas, les théâtres, les terrains de jeux, de sports et de loisirs, les parcs ; les écoles, les marchés, les commerces, les fabriques, n'étaient pas fermés. Et toutes les activités humaines, économiques et culturelles, étaient en marche, ininterrompues... Il est vrai que la société et que les générations de 1918/1919 sortaient d'une guerre qui avait duré quatre ans, très meurtrière et très dévastatrice...

    Il y a aujourd'hui en 2020, ce paradoxe étonnant entre d'une part une civilisation de l'individualisme exacerbé et d'une dépendance à un mode de vie que non seulement il faut maintenir à tout prix mais encore améliorer soit disant pour le plus grand nombre, et d'autre part cette « moralité » qu'il y aurait à vouloir sauver nos aînés et nos fragiles... À ne déplorer « que » 240 000 morts au lieu de 80 millions dans le monde... Un monde de 7,7 milliards d'humains...

    Un tel paradoxe dépasse mon entendement...

    Comment et en vertu de quoi, de quelles « valeurs » (dont elle se réclame -du moins en Europe et en Amérique du nord) une société, une civilisation aussi imbue d'elle même, aussi individualiste, aussi égoïste, peut-elle ainsi faire le choix de se barricader, d'interrompre ses activités, prenant le risque d'un effondrement de toutes ses structures ? Que voudrait « prouver » cette société... Si tant est qu'elle ait quelque chose à prouver ?

     

  • L'impact de la crise sanitaire sur l'Éducation : un drame pour la société de demain

    S'il y a un domaine d'activité absolument essentiel pour l'avenir de la société, qui est fortement impacté par la pandémie de coronavirus, c'est bien celui de l'Éducation...

    Comment vont se dérouler les examens, les oraux, les concours d'entrée aux grandes écoles, les orientations vers les différentes filières avec les entretiens incontournables, les cours dans les IUT, les facultés, les travaux pratiques, les formations d'ingénieurs, de chercheurs, de scientifiques... Dans le contexte d'une distanciation et avec toutes ces mesures de protection à prendre ?

    Comment dans les écoles élémentaires, les collèges et les lycées, avec d'une part un absentéisme endémique et d'autre part un nombre limité d'élèves par classe, sans compter il faut bien le dire l'absentéisme de quelques enseignants et de leurs assistants... Peut-on espérer prétendre, avoir pour objectif, un enseignement performant, « pour tous », et se proclamant « égalitaire » ?

    Déjà, avant le 17 mars 2020, l'école, les écoles, n'avaient d'égalitaire que ce qu'en affirmaient nos élites et nos politiques en général déconnectés de la réalité...

    Dans le monde d'après le 11 mai 2020, à ce qui était inégalitaire du fait des différences d'environnement social et familial, va s'ajouter la réduction de l'offre, parce que l'offre devra forcément s'inscrire dans un conditionnement qui lui imposera une réduction...

    Le drame pour la société de demain, c'est que la conjonction d'une offre réduite et d'une inégalité accrue, va contribuer à une perte des savoirs, et surtout à une perte des savoir-faire...

    Il faut déjà voir ce qu'un « trou de deux mois » va avoir pour conséquences... Notamment pour un jeune sur dix en moyenne en France, déscolarisé...

    Dans l'éducation, dans la transmission des savoirs et dans l'utilisation des acquis, le temps perdu ne se rattrape pas, et plus les lacunes s'élargissent, plus difficilement elles peuvent être comblées...

    Ce n'est pas, cependant, à vrai dire, que l'offre sera réduite en contenus, mais ce qui la réduira c'est le conditionnement dans lequel elle se fera...

     

     

  • Le tableau raté, appréhendé d'un regard qui n'est plus le même qu'avant

    Je ne peux plus « penser » le monde dans sa réalité, dans son actualité, comme je le « pensais » avant le 17 mars 2020...

    J'ai sous les yeux, à l'instant où j'écris, ce livre de Michel Onfray «  Grandeur du petit peuple », sorti en janvier 2020, donc tout récent...

    Dans ce livre, Michel Onfray parle d'une « France coupée en deux »... C'est la France, c'est l'actualité, c'est la réalité de la France des « Gilets Jaunes », de la grève contre la réforme des retraites de décembre 2019, d'une « droite et d'une gauche » laminées/diluées dans une mondialisation économique et culturelle et qui ont perdu leurs repères ; la France des libéraux et des anti libéraux, des riches et des pauvres, des élites et du pouvoir politique et médiatique présents sur la scène publique et sur les réseaux sociaux - élites et politiques contestés sinon conspués dans les mêmes réseaux sociaux par le peuple, rejetés par les citoyens que nous sommes dans une très grande majorité d' inécoutés, de trahis, de trompés, d'abusés, de méprisés mais cependant considérés comme des consommateurs, des clients, et gavés en tant que tels...

    Mais depuis le 17 mars 2020, tout cela s'inscrit désormais, qui existe toujours, dans une dimension, dans une perspective, dans un contexte où tout cela, tout ce qui faisait la réalité du monde dans son actualité, dans ses inégalités, dans ses turbulences... Se perçoit, s'appréhende selon un angle de vue différent de ce qu'il avait été, à plus vrai dire selon des angles de vues multiples, inattendus, diversifiés...

    Les riches, les pauvres, les libéraux, les antilibéraux, les élites, les politiques, le peuple, la relation à l'autre et aux autres, le « comment vivre ensemble ou individuellement », les projets, l'avenir, les perspectives et ce qui était « la pensée unique », consensuelle, selon ce qui devait se croire et se savoir, qui avait cours et ne pouvait être remis en question par les Tenants et par les Décideurs)... Tout cela depuis le 17 mars 2020 a pris pour employer cette expression populaire « un sacré coup dans la gamelle »...

    La « gamelle » est bien cabossée...

    Du « tableau raté », pour l'artiste dont le regard ne peut plus « penser » la composition dont il percevait le fond sur la toile, comme il la « pensait » avant... « Extraire de l'immaculé, extraire de la beauté, sera plus difficile...

    Je veux dire : impossible non, mais difficile oui...

     

     

  • Dans un grand vent de leurres

    Dans un gd vent de leurres

    Ce fut dans un grand vent de leurres que s'installa et dura la grande peur...

    Dans le grand vent de leurres par tout le pays c'était la toute errance au nom des droits sacrés qui menait la danse, avec cette frénésie du tout pour tous qui magnifiait la fête des hérauts du grand bal masqué, faisait la presse autour des grands buffets... Mais laissait les oubliés au fond de la salle qui se rapprochaient, buvaient ce qui restait dans les verres, lorsque s'éloignaient de la grand' table les hérauts...

    Et les lampions dans leurs fluorescences éclatantes, et les musiques endiablées, et les buffets garnis de ce qui venait des jardins du bout du monde, et les toasts portés par les hérauts, et les applaudissements des invités, et les facéties de quelques amuseurs voire de nabots autorisés... Tout cela, lorsque s'installa et dura la grande peur, disparut...

    Les hérauts et les manants n'avaient pas prévu un tel déclin de la fête, ils avaient tous joué à se faire peur.

    Des entrailles de la terre souillée, de tout ce qui à poils ou à plumes ou à écailles est chassé, marchandisé, s'activèrent et se répandirent les invisibles dévoreurs de vie...

     

  • Les cimetières

    Dans ces cimetières qui sont ceux où j'ai les miens et les gens que j'ai connus

    Celui de là où je demeure et ceux d'ailleurs de partout où je suis passé depuis tant d'années

    M'arrêtant devant le mausolée de l'un ou la stèle de l'autre

    Qui ont subi les outrages du temps et de l'abandon

    Ou encore devant une simple butte de terre d'hier fleurie d'un tout petit bouquet

    Dans ces cimetières où les livres de pierre peuvent s'approcher les uns des autres

    Sans jamais se séparer jusqu'au jour où trop disloqués et plus jamais contemplés

    Ils sont retirés

    Où les livres de pierre racontent la vie des court-vécus et des long-vécus

    Par deux dates un nom et tout un imaginaire surgi de la pensée du visiteur que je suis

    Dans ces cimetières d'ici et d'ailleurs

    Gisent désormais depuis le printemps des poètes qui ne s'est pas fait

    Les morts de l'invisible destroyer naufrageur de vies

    Et le monde d'après que les disparus ne verront plus encore s'agiter

    Sera celui où s'approcher les uns des autres

    Ne deviendra possible que comme entre livres de pierre

    Dans les cimetières

     

    NOTE : à propos d'un tel, d'une telle, dont on voit l'année de naissance et l'année de la disparition, selon l'écart entre les deux années, je dis « Il-ou Elle court vécut... ou long vécut »... Suivi, selon l'époque traversée, de « Il-Elle a connu tel événement » ou encore « Il-Elle fut contemporain de tel personnage de la littérature »...

     

     

  • Une usine à gaz

    Comment, concrètement, en ce qui me concerne, va se dérouler le dépistage au coronavirus pour savoir si oui ou non je suis infecté ?

    Où vais je devoir me rendre, en quel lieu, pharmacie, laboratoire, mairie, point relais... Ou est-ce qu'on viendra me le faire chez moi ? Recevrais-je un avis, en boîte aux lettres, ou devant ma porte, par quelqu'un de la mairie, de la police ? M'indiquant ce que je dois faire, où aller, à quelle heure, quel jour, à cet effet ?

    Et si je suis infecté, comment et où va-t-on m'isoler pendant 15 jours ? Sur Dax et Mont de Marsan, proche de Tartas où j'habite, il y a peu d'hôtels (les hôtels d'antan « à la papa » n'existent plus ou ont été repris par des chaînes d'hôtels avec gérant ; et les hôtels existants sont du groupe Accor, des Ibis budget, des Première Classe, des Campanile – il n'y en a pas des douzaines!)...

    Soit dit en passant, comment on va faire pour isoler, dans toute la France, un très grand nombre -peut-être plusieurs centaines de milliers de personnes, dans tous ces hôtels Accor et autres chaînes d'hôtels qui, certes sont de l'ordre de plusieurs dizaines répartis dans toutes les régions, une chambre pour chacun, des milliers et des milliers de chambres, et avec le personnel pour gérer tout cela, repas, petit déjeuner, visite de toubib etc. ?

    Et le traçage des contacts ?

    Tout le monde n'a pas un smartphone avec des applis et internet, et puis, comment se servir -pour les gens peu familiarisés avec l'utilisation d'un smartphone, de cette appli de traçage information qui te dit ceci ou cela et comment... Et puis encore, pour la flicaille et les suiveurs reconstituant les contacts établis ; comment voulez vous par exemple dans mon cas personnel, que je puisse dire qui j'ai vu la dernière fois que je suis allé à Carrefour (les gens que j'ai pu voir ou approcher d'un mètre je ne les connais pas de nom)...

    Tout cela, cette histoire de dépistage et de traçage, c'est UNE USINE À GAZ !

     

     

    Ça y est ! J'ai compris comment ça va se passer pour le dépistage :

     

    Ne seront réalisés les tests de dépistage QUE sur des personnes ayant des symptômes -légers- ou susceptibles -selon ce qu'elles ressentent- d'être infectées, et ayant à cet effet consulté leur médecin traitant qui décidera si oui ou non la personne devra être testée et si oui, délivrera une ordonnance.

    La personne se rend alors au laboratoire le plus proche de chez elle, et le résultat étant positif, elle est (d'après ce que j'ai pu comprendre) « signalée » à des « enquêteurs » qui vont essayer d'établir une liste de contacts récents.

    Or, quel est le « cas de figure » le plus fréquent ? Cette personne infectée qui a des symptômes « légers » et qui à priori va guérir au bout de deux semaines et aura eu juste que de très légères indispositions, sera « invitée » à demeurer enfermée chez elle avec ses proches (mari, femme, enfants) ou seule si elle vit seule ; ou bien si elle vit seule, dirigée vers un hôtel d'accueil...

    Pour les « enquêteurs » chargés de dresser la liste des contacts récents, il y a -cela tout le monde l'a compris- un « gros hic » : la personne ne peut absolument pas dire qui elle a vu à un mètre ou moins d'un mètre d'elle, tel jour telle heure à Carrefour, à la boulangerie etc. … Puisque l'on ne peut désigner formellement, que des gens de sa connaissance que l'on a rencontrés...

    Donc, première constatation : environ une dizaine ou plus de personnes susceptibles d'avoir été contaminées ne pourront pas être identifiées et recherchées...

    Ensuite, une question pratique, évidente, ou un problème qu'il faudra résoudre : s'occuper des personnes isolées enfermées durant deux semaines. Il faudra en effet leur porter à manger ainsi que tout ce dont elles auront besoin dans leur vie quotidienne, et qu'elles soient médicalement suivies. Ce qui implique du personnel affecté pour les courses, porter les repas...

    Ça fait du monde tout ça ! Des enquêteurs, des gens pour s'occuper des personnes enfermées, des soignants, médecins...

     

    Selon des études réalisées par des scientifiques, épidémiologistes, après le 11 mai, et cela durant sans doute plusieurs semaines, sur la base de 500 à 1000 « cas confirmés » par jour, il y aurait en réalité entre 2000 et 3000 personnes infectées par jour, dont les ¾ ne seront qu'asymptomatiques -et donc non identifiées non testées mais porteuses du virus durant 2 à 4 semaines...

    Soit dit en passant, il y avait au soir du 28 avril en France, 1520 « cas confirmés de plus le jour du 28 avril...

    Faisons les comptes (pour un total de confirmés et de non confirmés mais réels) :

    Jusque fin juin à raison de (une moyenne) 2500 par jour : 150 000 personnes infectées, donc, environ 120 000 asymptomatiques non identifiées mais porteuses.

    Pour abréger par la suite : PI personnes infectées, PA personnes asymptomatiques.

    De début juillet à fin août à raison de 1500 par jour : 90 000 PI dont 65 000 PA...

    Ce qui veut dire que d'ici fin août il y aura eu 185 000 personnes ayant été infectées sans qu'elles aient ressenti quoi que ce soit, mais qui auront forcément transmis autour d'elle...

    En supposant que l'on arrive à isoler toutes des personnes à symptômes, d'ici fin juin il faudrait en isoler 30 000, et de début juillet à fin août, 25 000...

    Je ne vous dis pas le nombre de chambres d'hôtels (Ibis, Campanile, Première Classe, Formule 1 etc. ) qu'il faudra prévoir...

    Et l'étroitesse des logements ou pièces en lesquels seront enfermés comme en taule sans sortir du tout, de une à sept ou personnes...

     

     

  • Ces armes que sont la liberté et la responsabilité

    Le virus, acteur de l'anti vie, est cause de souffrance et de mort... Et donc détruit la vie par la souffrance et la mort...

    Mais ce que l'on fait pour combattre le virus, acteurs que nous sommes de la vie, en tant qu'êtres humains, détruit la vie d'une manière différente de celle du virus...

    Il y a bien, incontestablement, dans la manière dont nous combattons le virus, cette réduction de la souffrance et de la mort, qui est l'effet que nous espérons et se produit... Mais réduire la souffrance et la mort ce n'est point éradiquer la souffrance et la mort... Et parce que nous ne parvenons pas à éradiquer la souffrance et la mort, ce que nous accomplissons afin de réduire, tend à faire disparaître la vie en empêchant la vie de continuer à s'épanouir et à exister...

    Et cela dans une disparition qui n'en a point l'air mais qui en est bel et bien une, lente, progressive et certaine, à terme...

    Cela commence par tout ce que l'on arrête de faire qui, effectivement, réduit la souffrance et la mort causées par le virus...

    Mais d'autres souffrances et d'autres morts surviennent qui ne sont pas celles causées par le virus, et qui s'ajoutent à ce qui demeure encore de souffrance et de mort, du virus ne pouvant être éradiqué...

    C'est la succession, c'est la progression de toutes les souffrances et de toutes les morts dont le virus n'est plus la cause, qui fait disparaître la vie, tout ce qui fait la vie...

    Les meilleures armes -et les plus efficaces- dont dispose la vie pour combattre l'anti vie, ce sont celles de la liberté et de la responsabilité, indissociables l'une de l'autre...

    Ce ne sont pas, les armes, celles de la contrainte et des obligations de faire ou de ne pas faire ceci ou cela...

    C'est la liberté de faire ou de ne pas faire, en fonction de ce que l'on sait ou de ce que l'on ne sait pas, et de faire ou de ne pas faire en étant, en se sentant responsable... Responsable de sa propre vie et de celle des autres...

    Ce n'est qu'ainsi que la vie peut se perpétuer, durer... Dans ce qu'elle a dirais-je, « d'éternité provisoire »...

     

    Dans un récent JT de 20 h à la Télé, l'on montrait un groupe de gens dans une rue, à Paris, qui dansaient... Un couple tournoyait, leurs mains se touchant, sur un air de rock and roll, au milieu des autres danseurs tous séparés d'un mètre les uns des autres et sans masque sur le visage...

    Et ce titre « Scandaleux ou bon enfant » en grosses lettres blanches...

    Et ce tweet d'un internaute « vous allez être responsables peut-être, de la mort d'un de vos proches, d'un ami ; et vous allez applaudir les soignants du haut de votre balcon »...

    Lorsque j'ai vu ce reportage, j'ai pensé aux jours que j'avais passés à Paris, fin août début septembre 2019, notamment en me promenant dans divers quartiers et rues où des gens se tenaient à des terrasses de café, s'entretenaient les uns les autres d'une porte à l'autre, j'avais l'impression en voyant tous ces visages, par les regards qui me venaient et par les regards que je recevais, qu'il n'y avait plus « ni droite ni gauche – ni riches ni pauvres »... Mais seulement et dans toutes leurs couleurs... La vie... La vie, celle qui dans sa réalité est aussi faite du rêve que l'on peut avoir d'elle...

    Cela « vaut le coup » de se battre pour cette vie là, dans la liberté et dans la responsabilité indissociables, quitte à prendre quelques risques...

    En l'occurrence, dans le bal de rue à Paris, certes, le couple de danseurs de rock en se tenant par la main, prenait un risque... Mais il faut bien qu'il y ait de ci de là, par moments, et précisément dans des situations difficiles, des gens qui prennent des risques : ce sont ceux là les « premiers de cordée » de la vie... De la vie que l'anti-vie ne pourra pas détruire...

     

     

  • Les deux parties de la réponse à la mort

    Tous les êtres vivants autres qu'humains ne « pensent » pas à la mort... Ils la subissent.

    Les êtres humains subissent la mort parce qu'ils sont des êtres vivants mais ils pensent aussi à la mort parce qu'ils sont des êtres humains.

    Les animaux (mammifères, poissons, reptiles, insectes, oiseaux, bactéries, micro-organismes vivants) ainsi que les végétaux, n'ont qu'une seule « réponse » à la mort, à la mort à laquelle ils ne « pensent » pas :

    Déjà ils se reproduisent , ce qui est une partie de la réponse...

    Ensuite ils associent leur comportement avec la faculté qu'ils ont à s'adapter et à évoluer dans l'environnement qui leur est proche, soit le lieu particulier où ils vivent, puis le lieu qui est général, celui de notre planète avec ses terres, son atmosphère, ses eaux de rivières, de lacs et océaniques ; l'environnement étant aussi un environnement de relation avec les autres êtres vivants... Ce qui est l'autre partie de la réponse...

    Les deux parties de la réponse font la pérennité et la survie de l'espèce -animale, végétale...

    En pensant à la mort, en étant conscients de la réalité de la mort, les êtres humains se préoccupent davantage de ce qui leur arrive de leur vivant, plutôt que de ce qui arrive après leur mort et qui est le devenir de l'espèce humaine... C'est du moins, cette préoccupation de ce qui arrive dans un présent compris entre la naissance et la mort, une tendance actuelle de l'espèce humaine, sans doute plus accentuée qu'elle ne l'était jadis, du temps où les taux de mortalité étaient plus élevés...

    Si la vie n'est pas « éternelle » pour un représentant de telle ou telle espèce animale ou végétale, ou humaine, du fait de ses limites qui sont celles de la naissance et de la mort ; la vie est cependant « éternelle » pour l'espèce toute entière, animale, végétale, humaine... Mais... l'éternité est « provisoire »... Et « renouvelable » au fil d'un temps dont la durée n'est pas mesurable, et dans l'espace incommensurable de l'univers...

     

  • Putain de virus !

    Dans une hypothèse qui tend à devenir une réalité, une hypothèse peu enthousiasmante pour ne pas dire dramatique, l'Art, la culture et la création, désormais dans le « monde d'après », dans tout ce qu'implique en relation humaine l'Art , la culture et la création, seront fortement et radicalement impactés par le fait qu'il « faudra vivre avec ce putain de virus » et cela pour un temps indéterminé, peut-être durant de nombreuses années... D'autant plus que ce « putain de virus » pourrait resurgir en vagues de nouvelles pandémies, dans des formes plus insidieuses, plus dangereuses...

    Par essence, par nécessité, l'Art, la culture et la création, ne peuvent être, ne peuvent s'exprimer, ne peuvent exister, ne peuvent évoluer, que par le partage, par la diffusion, par la communication, et avec la présence, la participation des spectateurs, des gens tout autour qui voient, entendent, lisent, et chacun à sa manière pouvant être un acteur dans la vie culturelle, auprès des créateurs, des artistes...

    Si le cinéma, le théâtre, les arts de la rue, en particulier, ne pouvant exister qu'en salle, qu'en scène, qu'en rue ou en place publique (je pense à toutes ces représentations en festivals ou en manifestations locales) et avec la présence réelle, physique, de spectateurs assis ou debout les uns près des autres... Sont directement impactés en premier lieu, du fait d'une distanciation devenue nécessaire afin de se protéger et de protéger les autres, avec de surcroît pour les spectateurs l'obligation de porter un masque -et les comédiens, les artistes aussi...

    Tout ce qui est du domaine de la musique, de la chanson, de la littérature, de la peinture, de la sculpture, des arts plastiques, décoratifs... Se trouve également impacté désormais, parfois un peu moins directement cependant...

    Jamais tout cela, la musique, la chanson, la littérature, la peinture, les arts plastiques et décoratifs, sur seulement ou en grande partie par internet et par les réseaux sociaux, ne pourra désormais être comme avant... Ne remplacera jamais, avec internet et les réseaux sociaux, ce qui a été perdu, qui ne pourra plus se faire comme avant...

    L'impact sur la société, sur la civilisation, sur tout ce qui fait la vie quotidienne dans le monde entier, de ce « putain de virus »... Dans le domaine de la culture, sera aussi dramatique, aussi catastrophique... Que l'impact de ce même « putain de virus » dans le domaine de la vie économique et sociale. Car en tant qu'êtres humains, nous ne pouvons vivre sans nourriture pour le corps, sans nourriture pour l'esprit...