Articles de yugcib

  • Le mur des peuples

    ... Le vrai rapport de force, c'est le mur des peuples non pas en armes mais exerçant une pression constante tout autour du cercle infernal où, de l'intérieur duquel, agissent ceux qui détiennent le pouvoir, les fusils et les caisses d'or...

    Il arrive qu'à force de pression tout autour du cercle infernal, le pouvoir jusqu'alors détenu sans partage s'affaiblisse et disparaisse...

    Mais le risque du rapport de force qui a été exercé et qui a mis à terre le pouvoir détenu, c'est celui de la reconstitution d'un cercle infernal... Un risque nécessaire... Sinon, le meilleur de ce qui est espéré ne peut s'accomplir...

     

     

  • Le lièvre de Patagonie, de Claude Lanzmann

    Lievre patagonie

    ... Claude Lanzmann né le 27 novembre 1925 et mort le 5 juillet 2018 (il a donc vécu jusqu'à l'âge de 93 ans) a été journaliste, cinéaste, et réalisateur du film documentaire La Shoah, un film d'une durée de 9 h 30...

    Jacques, son frère est né le 4 mai 1927 et mort le 21 juin 2006, auteur de Café crime, Rue des mamours, le septième ciel, la baleine blanche... Il a été aussi un passionné de la marche, auteur de 150 chansons dont de nombreux titres pour Jacques Dutronc, et un peintre abstrait...

    Evelyne Rey, sa soeur, a été une actrice française née le 9 juillet 1930 et morte le 18 novembre 1966.

     

    L'on suit, dans "Le lièvre de Patagonie", 757 pages collection Folio, les aventures de Claude comme on lirait un roman de Jack London, d'Ernest Hemingway ou de Joseph Kessel... Notamment de nombreuses pages dans lesquelles il évoque, raconte, la relation qui fut la sienne avec Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir, lors d'épiques pérégrinations dans le midi de la France, la Suisse, l'Italie, les Balkans, l'Espagne... Et sa vie parisienne, de ses rencontres avec d'autres écrivains, cinéastes, comédiens, au lendemain de la seconde guerre mondiale et durant les années 50...

     

    Pourquoi ce titre "Le lièvre de Patagonie" ?

    Tout simplement parce qu'un jour, lors d'un voyage en Amérique du Sud, il vit devant les phares du véhicule qu'il conduisait, de nuit, sur une route de Patagonie, un grand lièvre élancé qui sautait, et que ce lièvre était d'une taille largement supérieure à celle d'un lièvre d'une campagne française...

     

    A la lecture que j'ai faite (deux fois), de ce livre, je mets juste un bémol : tout au long des 757 pages, se succèdent de longues phrases avec des digressions tout aussi longues, et des réflexions, de telle sorte qu'on perd le fil... C'est un texte d'une écriture dense que bon nombre de lecteurs d'aujourd'hui trouveraient "fatigant à lire... (Date de publication originale, cependant, en 2009)...

     

    Ce qui m'a le plus intéressé, ce sont les nombreuses pages dans lesquelles Claude Lanzmann évoque sa relation avec Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir (née le 9 janvier 1908 et morte le 14 avril 1986)...

    Jean Paul Sartre né le 21 juin 1905 et mort le 15 avril 1980, était de 1950 à sa mort, l'intellectuel Français par excellence, présent sur tous les fronts... Mais de nos jours, il semble avoir disparu du paysage littéraire ; au delà de la nouvelle donne idéologique (ou de sa vacuité), le style de Sartre a "pris un coup de vieux", ses gabardines marron, ses longues tirades imprégnées de marxisme, ses appartements de location sommairement meublés (Sartre ne possédait rien et n'était propriétaire de rien et de surcroît il était avec ses proches amis et connaissances d'une générosité hors du commun) en font un dinosaure dans la France actuelle du buzz permanent où tous les débats se cristallisent autour d'un tweet... On lit très peu Sartre en 2019, et seuls deux ouvrages "Huit clos", sa pièce de théâtre, et son bref essai sur l'existentialisme sont évoqués dans les programmes scolaires et universitaires.

     

    Il faut dire aussi que le monde de la littérature, du théâtre, du cinéma, de la culture en général, qui fut celui tout d'abord de l'après guerre, puis des années 1950/1960 et de la "guerre froide" et des "deux blocs Est/Ouest"... Appartient à un passé révolu, de nos jours où les nés en 1930, 1940, 1950 en dépit des transformations, des modes de vie et de consommation loisirs, culture et surtout depuis internet et les réseaux sociaux, sont encore sous l'influence de ce qu'il ont vécu durant la première moitié de leur vie...

     

     

     

  • Qui a peur et (ou) qui faiblit

    ... "Qui a peur éveille l'épouvante, et qui faiblit se livre à une force sans pitié et sans justice"... ( De Maurice Blanchot dans "Au moment voulu", 1951)...

     

    ... Et avec l'épouvante, viennent les replis, les murs derrière lesquels on se barricade, les crispations et l'obscurantisme, et l'absence de réflexion...

    ... Et faiblir c'est déjà en premier lieu, se taire, notamment lorsque tout près de nous bat le tambour de brousse censé nous appeler et nous faire marcher en rang et auquel nous n'opposons pas notre voix, notre chant, et encore moins nos pas...

    La force sans pitié et sans justice, c'est cet "ordre du monde" qui a la prétention d'empêcher le désordre et qui est comparable à une hydre aux bras tentaculaires, à un polype aux capacités régénératrices qui rendent ce polype immortel, colonisateur et dominant...

    Plus nous sommes nombreux à nous taire, à accepter par la force des choses et parce qu'il "ne peut en être autrement" selon les tambourinements qui courent la brousse... Ou encore par la croyance en un "autrement" différent de ce qui précède, ou séducteur par ce qu'il promet... Et plus la force sera sans pitié ni justice après avoir clamé par le son de ses baguettes sur le tambour, qu'elle sera juste et magnanime...

    C'est tout un peuple en son entier, sans violence mais déterminé et fort de toutes ses voix, qui, peut-être, mettra l'ordre du monde à terre et commencera à établir non plus un ordre nouveau mais une unité de relations et de liens par laquelle la société et l'économie se feront désormais ; et cela dans un espace de liberté pour chacun, mais une liberté indissociable de la responsabilité de chacun...

     

  • Un regard ami et non pas un regard inquisiteur

    "Tout le monde voudrait que tout le monde l'aime, mais personne n'aime tout le monde"

    [Philippe Lafontaine]

     

    La question n'est pas de se demander si l'on doit ou si l'on devrait aimer tout le monde... puisque de toute évidence, en toute logique, c'est non...

    Mais l'on devrait à mon sens, se poser la question de la capacité d'amour que l'on porte en soi... Et de ce qu'implique cette capacité d'amour portée en soi, dans notre vie au quotidien, dans la relation que l'on a avec telle ou telle personne de notre connaissance, de notre entourage, ou même plus généralement dans la relation que l'on a avec les personnes qui ne sont pas de notre connaissance...

    Je dirais aussi (mais ce n'est pas nouveau, ce n'est pas moi qui l'ai inventé) : "C'est plus facile d'aimer des gens qui font du bien, qui nous font du bien ; que d'aimer des gens qui ne font pas du bien, voire nous font du mal, à nous-mêmes et -ou-aux autres"... En effet, aimer des gens qui font du bien, ça, tout le monde en est capable, et, en somme, c'est assez commun, et ça ne "change pas le monde autour de nous, ça ne change pas le monde que l'on porte en soi"...

    En fait je crois que "aimer les gens" -sans jamais se demander ce qu'ils ont fait ou pas fait, et quelle que soit leur apparence ou leur appartenance, leur statut social, etc. ... Cela commence par ce regard que l'on se décide à porter sur eux quand on les voit dans une rue, un lieu public... Un regard ami en quelque sorte, et non pas un regard "inquisiteur"... Ou seulement chargé de cette empathie qui nous vient à la vue d'un visage qui nous a plu ou intéressé...

    Je suis étonné -et je le déplore- de voir que les gens se croisant en des lieux publics, train, bus, en se promenant dans une galerie marchande, dans une file d'attente pour une séance de cinéma, une boulangerie, entre voisins dans un lotissement, en été sur une plage où champignonnent les parasols... Ne se regardent jamais... D'autant plus que par grand soleil ou même sans soleil du tout, beaucoup (peut-être plus encore les femmes que les hommes) portent des lunettes de soleil parfois aussi grosses que des soucoupes volantes et des chapeaux, casquettes, bonnets... Ou pour les hommes jeunes, des capuches qui leur mangent la moitié supérieure de leur visage voire une grande partie de leur visage, alors qu'il ne fait ni froid ni qu'il pleut!

     

  • La ligne d'horizon au delà de laquelle se porte l'imagination...

    Aucun humain vivant aujourd'hui, du bébé venant de naître au vieillard le plus âgé, ni d'ailleurs les bébés qui vont naître d'ici 2050, aucun humain vivant aujourd'hui ou en 2050, ne verra le monde tel qu'il sera devenu, tel qu'il aura évolué avec ses technologies, ce qui aura été inventé, ses modes de vie, sa civilisation, ses sociétés, ses pays et ses peuples… Au 23 ème siècle…

    Pas plus qu'aucun humain ayant vécu au début du 19 ème siècle, par exemple en France au temps de Napoléon en 1810, ne pouvait voir ou imaginer ce que le monde serait en 2019…

    En dépit de ma capacité à imaginer le monde en 2050, et, dirais-je, de cette prescience qui est la mienne, de ce que sera déjà le monde en 2050 (né en 1948 j'aurai 100 ans en 2048), et à plus forte raison, de ce que sera devenu le monde au 23 ème siècle ; je prends conscience du fait que ma capacité d'imaginer et de pressentir, ne peut être comparable qu'à une ligne d'horizon dont je n'aperçois que ce que je crois être des cimes d'arbres ou des forêts ou des toitures d'habitations au travers d'une brume enluminée de rayonnement solaire…

    Et qu'aussi loin que je puisse avancer je ne verrai que cette ligne d'horizon au-delà de laquelle mon imagination se portera sans que jamais ce qui est au-delà de l'horizon se révélera à mon regard…

    C'est la raison pour laquelle la mort est pour moi comme une porte qui se ferme brutalement et pour toujours, une porte qui m'interdit en quelque sorte, d'accéder à ce que je veux voir, continuer à voir et à en être le témoin…

    Comment ça va se goupiller l'affaire là?“ … La seule chose que je sais, en toute certitude, c'est qu'il y aura toujours des témoins… Autant qu'il demeurera encore possible de témoigner, de raconter, d'écrire, de transmettre tout ce qui aura été vu tel que cela aura été (et non pas tel qu'on aura voulu que ce soit vu)…

    Le témoin de ce qui demain sera est en somme, le prolongement du témoin que l'on a été… Ainsi la porte ne se ferme-t-elle non pas à clef mais avec seulement la poignée, une poignée qu'il suffit de tourner pour entrer dans la pièce où le témoin qui ne témoigne plus n'a pu entrer…

     

  • Fleur du désert, de Sherry Hormann ; suite

    Je précise que je ne suis pas pour stigmatiser, mettre à l'index, condamner ces pays et ces peuples à cause de ce qu'ils pratiquent et que nous réprouvons, notamment l'excision des filles, qui évidemment dans notre culture occidentale et selon nos valeurs, nos mode de vie, nous paraît totalement aberrant et barbare… Car ce n'est point en agissant ainsi, en condamnant, en stigmatisant, en considérant qu'il faudrait rompre toute relation avec ces pays et ces peuples, à cause de cette pratique abominable et cruelle de l'excision, que l'on parviendra à éradiquer cette pratique ancestrale vieille de trois mille ans…

     

    D'ailleurs, nous occidentaux (Europe, USA, et autres pays dont les sociétés se sont intégrées à la culture et au mode de vie de l'occident USA/Europe)… Avons nous des leçons à donner aux autres, à ceux qui sont d'une culture et d'un mode de vie différents des nôtres ?

    Nous vendons des armes, et il y a la puissance des lobbies de l'industrie, du commerce, de l'agro-alimentaire, qui se foutent pas mal des droits de l'homme et des femmes… Il y a les mafias, le pouvoir de l'argent, toute la violence des possédants (ceux qui détiennent les plus grandes fortunes, le pouvoir économique et décisionnel et qui ont pour alliés les gouvernements et leurs forces de l'ordre… Il y a tout ce qui brise la vie des gens, tout ce qui les rend malades et qui les fait mourir, tout ce qui les empoisonne, tout ce qui restreint ou interdit leur expression ; il y a les prisons, les camps de rétention, les exclusions, diverses formes d'esclavage dont les principales victimes sont des femmes et des enfants…

     

    La barbarie, la violence, l'obscurantisme, ne sont pas uniquement du côté des pays et des peuples dont les pratiques ancestrales, les superstitions, nous font horreur… Mais aussi et avec une hypocrisie crasse, du côté des pays et des gouvernements qui prétendent être les meilleurs garants d'un ordre mondial et se targuent de donner des leçons aux autres en mettant en avant des valeurs qu'ils disent sacrées mais qu'ils bafouent lorsque des intérêts économiques et stratégiques sont en jeu…

     

    Dans une forme d'espérance empreinte de cette lucidité sans laquelle l'espérance n'est qu'un rêve d'enfant qui croit au père noël, je crois que le pouvoir de la connaissance des choses et des êtres, que le pouvoir de l'éducation et que la force qu'il y a dans le fait d'aimer les gens, parviendront à faire évoluer les esprits, les mentalités, à faire disparaître peu à peu la barbarie, la violence, l'obscurantisme… Et donc l'excision des fillettes, le terrorisme en grande partie lié au désespoir, la misère endémique qui est celle de deux milliards d'humains aujourd'hui en 2019, les préjugés, les crispations, les fanatismes de toutes sortes…

     

     

  • Fleur du désert, film de Sherry Hormann, sur ARTE le 6 mars 2019

    Quelle fut l'audience mesurée en nombre de téléspectateurs, pour ce film diffusé le mercredi 6 mars 2019 à 20h 55 sur ARTE, d'une durée de 2h 5mn ?

     

    Une biographie de Waris Dirie, top-model.

    Excisée à l'âge de trois ans, mariée de force à 13 ans avec un homme de 75 ans, Waris prend la fuite, traverse le désert somalien, arrive à Mogadiscio d'où elle part en Angleterre…

     

    Devenue ambassadrice à l'ONU contre les mutilations génitales féminines, Waris en préambule de son discours devant l'assistance, déclare qu'elle aime sa mère, sa famille et l'Afrique… Et elle explique que depuis trois millénaires la pratique de l'excision est entrée dans les mœurs et que c'est une tradition ancestrale, que dans l'esprit des gens depuis trois mille ans, en ces régions de l'Afrique comprises entre l'océan atlantique et l'océan indien, une femme ne peut se marier et être considérée, acceptée dans la société, que si elle été excisée quand elle était petite fille… Sinon, elle est vue dans son village, dans la communauté dont elle fait partie, comme une prostituée…

     

    Il existe 3 sortes d'excision mais en fait, c'est la plus „complète“ qui est en réalité pratiquée :

    ablation du clitoris et d'une partie des lèvres, couture des lèvres en ne laissant qu'une ouverture de la taille d'une allumette. Et lorsque la jeune fille est mariée, l'époux avec la lame d'un couteau, coupe les fils…

    Durant toute sa vie si elle n'est pas mariée, si elle demeure célibataire, l'adolescente puis la jeune femme puis la femme, au moment de ses règles, souffre, et le sang ne s'écoule que goutte à goutte, et de surcroît, pour uriner, la femme excisée doit forcément rester aux toilettes plus longtemps…

     

    Et c'est entre 3 et 6 ans en général, que les petites filles subissent cette „opération“ réalisée par une femme „experte en la matière“ et dans des conditions d'hygiène déplorables, en un lieu éloigné et isolé, et sans rien pour atténuer la douleur, la souffrance… A tel point d'ailleurs que une fois sur quatre en moyenne, la plaie s'infecte, avec une forte poussée de fièvre, et qu'il arrive que la fillette meure…

     

    75 à 100% des femmes sont excisées dans les pays suivants : Sierra Léone, Guinée, Burkina Faso, Mali, Egypte, Soudan, Somalie, Gabon, Indonésie.

    50 à 75% en Mauritanie, Sénégal, Guinée Bissau, Ethiopie.

    Et de 25 à 50% au Nigéria, en République Centrafricaine, au Kenya, en Côte d'Ivoire, au Tchad, en Tanzanie.

     

    Ni le Christianisme venu en Ethiopie au IV ème siècle, ni l'Islam venu en Afrique au VII ème siècle, qui interdisent la pratique de l'excision, notamment dans le Coran (rien dans le Coran n'exige l'excision des filles), ne sont parvenus à éradiquer cette pratique ancestrale vieille de trois mille ans…

    Ni les „droits de l'homme“ ni l'ONU ni les mouvements d'émancipation et de prise en compte des droits des femmes, et encore moins toute mise à l'index de pays et de peuples susvisés et tous les combats menés pour que les filles ne soient plus excisées, ne parviennent non plus à éradiquer cette pratique. Et même, plus la civilisation et la culture occidentale, plus les religions s'en mêlent (ou demeurent dans une certaine ambiguité)… Et plus les pays et les peuples susvisés continuent de pratiquer l'excision des filles.

     

    Dans la plupart des pays européens (dont la France), dans des communautés de somaliens, de maliens, d'ivoiriens, de ghanéens, de soudanais, implantées depuis quelques années en France ou en Belgique ou en Angleterre, la pratique de l'excision est une réalité sur le territoire même de l'Europe, en plein Paris ou Londres ou Berlin ou Barcelone…

     

    Combien faudra-t-il encore d'années de combats menés par les organisations humanitaires, l'ONU, les associations de défense de la femme, pour que cette pratique de l'excision disparaisse de la surface du globe ?

    L'éditrice qui va publier le récit de la vie de Waris, dans un livre destiné à être lu par des centaines de milliers de personnes, demande à Waris quel a été le jour qui a changé sa vie, s'attendant à ce que Waris raconte comment elle s'est trouvée un jour dans un café où elle a vu le célèbre photographe qui lui a laissé sa carte de visite…

    Et Waris dit que ce n'est pas ce jour là, mais le jour où à l'âge de trois ans, elle a été menée par sa mère en un lieu isolé dans un paysage de rocaille, afin qu'une vieille femme l'excise…

     

    La scène est insoutenable, dans le film : les cris de terreur, de souffrance atroce de l'enfant de trois ans, résonnent dans le paysage de rocailles, et l'on voit le sang sur les cailloux, et la branche épineuse dont la vieille femme s'est servie, ensanglantée… Et un oiseau, un rapace survolant la scène, prêt à fondre sur les petits bouts de chair, le clitoris et les morceaux de lèvres coupés… Insoutenable !

    Waris ne souhaitait pas que l'éditrice raconte l'histoire embellie d'une jeune fille sans ressources à son arrivée en Angleterre, et parvenue au sommet de la gloire, en top model adulée dans tous les grands défilés de mode, et cela pour un public friand de belles et émouvantes histoires de réussite…

     

    La réalité brute, telle quelle… Et avec ces premiers mots avant de parler de l'excision des fillettes, pour dire „j'aime ma mère, ma famille, l'Afrique...“

    Comme si l'amour, comme si aimer les gens, comme si les liens familiaux, tout cela se situait dans une dimension n'ayant aucun rapport avec la dimension des traditions et des pratiques ancestrales, de ce qui doit se faire ou ne pas se faire… Il y a là matière à réflexion…

     

    La force et la pression d'une part, des traditions et des pratiques ancestrales depuis des milliers d'années… Et la force du pouvoir de l'éducation, de l'acquisition des connaissances dans tout ce qui concerne les êtres humains et autres dans leur chair, dans leur intimité, dans ce qu'ils peuvent ressentir au fond d'eux, d'autre part… Ce sont bien là deux forces agissantes et qui s'opposent, dans la réalité du monde…

    Il n'y a que ce pouvoir là, celui de l'éducation et de l'acquisition des connaissances des choses de la vie et des êtres, qui peut faire évoluer les mentalités, les esprits… Pas la violence, pas la brutalité, pas les leçons de morale, pas les religions, pas la crispation, pas la certitude qu'on pense et qu'on agit mieux que les autres, pas la vision que l'on se fait du monde, de la société, des gens, pas ce que l'on croit dur comme fer et immuable et que de surcroît, on veut imposer aux autres…

     

  • Coup de hache sur la mer gelée...

    « Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous », écrivait Kafka en 1904, dans une lettre à Oskar Pollak, le 27 janvier…

     

    Cette « mer gelée en nous » n’est-elle pas comme une banquise dont les bourrelets, les rides, les creux et les bosses à perte de vue, sont autant de repères et de marques pour ces « aventuriers » de la vie que nous sommes?

    Et ne traversons nous pas, en nos existences qui passent comme l’éclair de l’orage, des « territoires paliers » qui sont autant de « banquises » parcourues ?

    A la surface de cette « mer gelée en nous », et même, je crois, jusqu’à une certaine profondeur, s’y répètent,, s’y perpétuent l’immobilisme des habitudes, une certaine forme de renoncement ou d’indifférence, ou, ce qui n’est guère mieux, une forme d’espérance « angélique » et d’une consistance purement émotionnelle ; et, ce qui est sans doute pire encore, un ensemble de certitudes trop vite acquises dont on se fait un « rempart sécuritaire » qui, de toute évidence, ne peut résister aux  grands blizzards des évènements survenus…

    Il est assurément très peu, de ces livres ou de ces écrits, de nos jours comme par le passé, qui sont cette « hache fendant la mer gelée »…

    Et quand bien même voleraient en éclats tous ces repères, toutes ces habitudes, tout ces renoncements, toute cette indifférence, toutes ces « schizophrénies intellectuelles », toutes ces certitudes… Et ces angélismes et ces hypocrisies… Pour autant, est-ce que la banquise s'ouvrirait sous le coup de la hache ? Est-ce qu'un passage si étroit soit-il entre les glaces flottantes, parviendrait à se faire ? Un passage vers quelle autre mer tout aussi gelée au-delà du chenal à peine ouvert ?

    « Un livre qui fend la mer gelée » est un livre qui dérange parce qu’il casse ce sur quoi l’on marche… Et c’est fou ce que l’on s’attache à ce qui porte nos pas !

     

     

  • L'image donnée de soi, perçue et considérée par les autres...

    ... De son vivant, l'image que l'on donne de soi, jusqu'à ce que l'on trépasse, n'est pas forcément l'image que l'on veut donner de soi (quoique ... )

    L'image que l'on donne de soi ne révèle que ce que l'on voit d'elle, quelque regard qu'il lui soit porté...

    L'image qui demeure de soi dans le souvenir que l'on a d'elle, est pour le regard qui la conserve en lui, une image dont personne n'a pu témoigner de ce qu'elle n'a jamais révélé...

    Ce que l'on finira par savoir, par l'exploration la plus approfondie qui soit, de cette image, ne sera qu'une approche de la vérité dont elle est faite...

    Ce n'est peut-être pas la vérité dont est faite l'image, qui importe le plus... Mais la lucidité avec laquelle, déjà, du vivant de la personne, l'image a été perçue et considérée... Et après la disparition de cette personne, encore la même lucidité...

    Les meilleures biographies de personnages, d'écrivains et d'artistes qui peuvent être écrites et portées à la connaissance d'un public, sont celles dont les auteurs de ces biographies ont été les plus lucides...

     

     

  • Ces termes qui sont d'une école d'où je ne viens pas

    Un étudiant en première année de Sciences du langage, écrivait cette phrase que je cite telle qu'elle était écrite :

     

    je n'arive pas apres avoir chercher sur internet a trouver la différence entre "lexème" et "morphème", les définisions qu'il donnent sont les même que dans mon cour ; pouvé vous m'aidé ?

     

    ... Ces termes de "lexème" et de "morphème" me laissent complètement indifférent, je me fous de leur sens, autant dire que ma réaction si je les entendais prononcer, serait la même que celle de la vache au pré à laquelle le promeneur de passage demanderait "combien ça fait 2 plus 2"...

    Ces termes, ces formulations, ces langages d'une école d'où je ne viens pas, ne me sont dans ma vie d'aucune utilité, d'aucune nécessité... Ne me font pas rêver ; et ceux et celles qui les emploient -dans leurs écrits ou en paroles- non seulement ne m'impressionnent pas, mais sont pour moi des gens que je ne fréquente pas, ou, si je les rencontre, je leur oppose mon silence... Et parfois, cela m'arrive, un "bras d'honneur"...

    En revanche, titulaire que je suis d'un BEPC de 1964 et ayant arrêté mes études secondaires à la fin d'une classe de première en 1967 ; je sais parfaitement et sans la moindre hésitation, faire la différence entre un infinitif et un participe passé... Et j'hallucine quand je vois écrit par exemple "j'ai regarder" ou "pouvé vous m'aidé"...

     

    ... Cela dit, j'ai cherché la signification de ces mots lexème et morphème et voici ce que j'ai trouvé :

    -Lexème : racine d'un mot. Par exemple dans aimer, aime, aimable, aimant ; la racine est "aim".

    -Morphème : unité exprimant une signification grammaticale modifiant ou complétant un lexème. Exemple : faire, faisons, fais et défaire, ont pour unité "fai" ; "re" de faire, "sons" de faisons, "s" de fais et "dé...re" de défaire, sont des morphèmes.

     

    Bon... Je ne suis guère plus avancé dans la science du langage, de l'écriture et de la communication avec mes semblables, après avoir pris connaissance de la signification de ces deux mots que sont lexème et morphème...

    Demain déjà, cela sera "sorti de ma tête" et il me faudra de nouveau rechercher dans un dictionnaire, dans un ouvrage de grammaire française, ou sur Google... (Je fais tout de même davantage confiance au dictionnaire, à l'ouvrage grammatical, plutôt qu'à Google)...

     

    ... Amateur de mots croisés, je n'ai encore jamais vu depuis plusieurs années que j'achète des revues "sport cérébral" la moindre définition ayant pour réponse lexème ou morphème (peut-être en niveau 5 étoiles ?– j'en suis encore à "force 4")

     

    ... Aujourd'hui nous disposons d'outils tels que Wikipédia, Google, les smartphones, les tablettes, les ordinateurs... Et nous usons tant de ces outils que notre mémoire (et surtout notre capacité de réflexion et d'analyse) s'affaiblit, ne nous incitant plus à nous servir de ces connaissances acquises et entrant en notre mémoire, pour réfléchir, analyser, comparer... Comme c'était encore le cas en d'autres temps que le nôtre, notamment celui où l'enseignement était plus oral qu'écrit et donc où les livres circulaient peu... Par exemple au XIII ème siècle...

    Les outils technologiques de communication et de savoirs sont pour ainsi dire devenus des "béquilles" sans lesquelles nous ne savons plus marcher... Alors que ces outils devraient nous permettre d'être de meilleurs ouvriers ou artisans et cela dans un champ plus ouvert et plus vaste... Il n'en est rien ou si peu ! A la moindre interrogation, tout de suite Google et 2 jours après ça s'envole!... Et la réflexion et l'analyse avec !

     

    ... Petite anecdote :

     

    A l'âge de 15 ans au lycée de Mont de Marsan, en classe de 3 ème, j'avais un prof d'histoire qui nous donna pour sujet de composition trimestrielle : "comparez l'Espagne de Philippe II et l'Angleterre d' Elisabeth I ère".

    Des 26 élèves que nous étions dans cette classe, le seul qui ne fut pas "déboussolé" ce fut moi...

    Au bout de dix lignes de brouillon, je décidai de rédiger "direct" et donc "au propre", et vingt minutes avant la fin de l'heure je rendis ma copie... Résultat 13/20 premier...

    ... Mais pour autant, est-ce que, âgé aujourd'hui de 71 ans, je pourrais refaire ce devoir d'histoire et obtenir le même résultat ?

    Les connaissances acquises, la faculté de se souvenir de ce que l'on a appris... Est-ce que cela améliore la relation que nous avons avec les autres, et de quelle manière ?

    Une bonne partie de toutes ces connaissances acquises, ne sont-elles pas comme les cailloux demeurés sur la grille du tamis, avec en dessous, un tas de sable et de gravier ? Les cailloux ne sont-ils pas jetés à la volée afin qu'ils soient bien visibles sur le chemin où ils ont été éparpillés ? Ne vaudrait-il pas mieux inciter à les toucher, ces cailloux, à les regarder de plus près, plutôt que de les jeter à la volée sur le chemin afin qu'ils soient bien vus, seulement vus ?

     

  • Meurtre sur le Grandvaux, de Bernard Clavel

    Meuetre sur le grandvaux

    ... Bernard Clavel, encore une fois dans ce beau et pathétique roman, comme d'ailleurs dans toute son oeuvre, ne "fait pas dans la dentelle"...

    Aucun "effet de style", un texte "brut de brut" d'une précision et d'une clarté remarquables... Des phrases courtes mais chargées de sens, d' "atmosphère"...

    Peu de personnages, une histoire simple, tragique.

    C'est que la vie, celle que vivaient les gens en 1844 sur le Granvaux en Franche Comté, et, d'une autre façon celle que bien des gens vivent aujourd'hui en ville comme à la campagne en France et ailleurs (et surtout dans les pays pauvres)... C'est que la vie "ne fait pas dans la dentelle"...

    Nous ne sommes point là, avec ce roman "Meurtre sur le Grandvaux", de Bernard Clavel ; dans le genre "gentil et émouvant roman de terroir" où "tout finit assez bien" voire comme dans un conte de fées...

    Des mots simples et forts, des images précises qui impactent, une histoire qui claque comme un coup de fouet... Des femmes et des hommes dans la réalité de leur quotidien, dans ce qu'il a d'authentique, d'émouvant en eux ; des vies en somme, quasiment toutes dans les romans de Bernard Clavel, chaotiques, difficiles... Et à chaque fois, un drame poignant... Une histoire qui finit mal...

    Les paysages, la géographie, en général du Jura, jouent un rôle déterminant dans les romans de Bernard Clavel, notamment lorsque les gens vivent isolés dans la montagne, murés dans leurs secrets, dignes, humbles et sauvages...

    Les personnages principaux des romans de Bernard Clavel incarnent tous chacun à leur façon, ce qu'il y a de meilleur et de pire en l'être humain... Mais ce qui est -à mon sens- "curieux" et qui en définitive finit par dominer, c'est que c'est le meilleur que l'on retient... Ce meilleur qui lui, en général, ne gagne jamais la bataille, meurt au combat en face de l'injustice, de l'arrogance des riches et des puissants, de la violence, de la cruauté, de la brutalité, de l'hypocrisie, de l'égoïsme, omni présents partout d'un bout à l'autre de la société... Ce que n'a jamais cessé de dénoncer dans son oeuvre, Bernard Clavel...

     

    ... Mon texte sur l'oeuvre de Bernard Clavel :

    http://yugcib.forumactif.org/t43-a-propos-de-l-oeuvre-de-bernard-clavel

     

  • Un personnage intéressant, ou ce qu'il y a d'intéressant en ce personnage ?

    ... Quand on dit de quelqu'un "c'est un personnage intéressant" l'on sous-entend que d'autres personnages ne sont pas intéressants (et ne méritent donc pas que l'on se soucie d'eux, que l'on se préoccupe de ce qu'ils font ou ne font pas dans la vie)...

     

    ... L'on devrait -à mon sens- plutôt dire "ce qu'il y a d'intéressant en ce personnage" ... et qui impliquerait ce qu'il y a de moins intéressant voire pas du tout intéressant en ce personnage...

    Et ne retenir en définitive -ou pour un temps indéterminé- que ce qu'il y a d'intéressant en ce personnage -et qui est unique, ou particulier- car ce qui est moins intéressant voire pas du tout, est commun, banal, ordinaire, "court les rues"... Et occupe trop les conversations et les pages d'écriture...

     

  • Le printemps des poètes

    ... Le printemps des poètes de 2019, qui s'annonce et va bientôt pointer le bout non pas de son nez mais ses rimes, ses sonorités et ses images... Parviendra-t-il à "prendre la relève" à la suite de l'hiver des Gilets Jaunes ?

    Un hiver qui n'en finit plus et qu'une majorité de nos concitoyens (un peu plus de la moitié), trouve que des vents hurlants soufflent dans le brouillard...

     

  • Wrap et pain bagnat

    ... Dans le monde de la bouffe dominé par une gastronomie mondialisée et aseptisée, « fastfoodylique » et « bon marché de plus en plus cher », le « hamburger pas comme les autres » est une denrée rare... (l'on peut citer le "wrap" de Macdonald : une crêpe au froment roulée en tuyau contenant de la viande de boeuf, de poulet ou du poisson, mélangé à des crudités... Quand on mange un "wrap" en effet, pas besoin d'avoir une bouche énorme comme celle d'un crapaud, avec de la mayonnaise ou du ketchup qui te dégouline sur le menton (comme c'est le cas pour un "Big Mac")...

    Le bon hamburger ça existe! C'est celui qui ne te bouche pas le haut du tuyau, ne t'alourdit pas le moulin et ne fait point de l'intérieur de ton four un terrier de renard...

    Cela dit, j'ai connu le "pain bagnat" en été 2003 à Seignosse plage dans les Landes, à 2,40 euro... En été 2018 dans les fastfood de la côte landaise, le même "pain bagnat" coûtait 5,50 euro... Et 4,50 euro en 2016...

     

  • Le mal d'Algérie, de Jacques Duquesne

    Mal d algerie

    ... C'est l'histoire d'un jeune professeur qui veut savoir comment son père, cultivateur, a combattu en Algérie.

    Et qui va de découverte en découverte.

    C'est aussi l'histoire d'un poste de soldats français presque isolé dans une zone montagneuse.

    Et c'est encore l'occasion d'une réflexion sur la violence et le mal.

    Mais c'est d'abord un roman. ( Quatrième de couverture, résumé ).

     

    ... Sur la guerre d'Algérie, nombreux sont les livres et les films qui ont été produits.

    L'Histoire et la mémoire nationale (ouvrages, documents, témoignages, récits) se sont emparés -selon diverses versions- de la guerre d'Algérie (1954 – 1962) et de la guerre d'Indochine (1947 – 1954)...

    ... Mais la triste et dramatique aventure du soulèvement malgache en 1947, a été rayée de la mémoire nationale...

    Seuls, quelques historiens, dont entre autres Michel Mourre qui n'appartenait pas à l'Université, parlent aussi, de tortures, de répression féroce, de massacres de populations, en 1947 à Madagascar, tout comme en Indochine de 1947 à 1954 et en Algérie de 1954 à 1962.

    Dans une petite encyclopédie publiée en 1993 chez Larousse, "Mémo", l'on n'y trouve pas une seule ligne sur le soulèvement de 1947 et sa répression, à Madagascar.

    La Grande encyclopédie Larousse évoque tout de même une rébellion sanglante lors de laquelle furent tués des fonctionnaires, des soldats dans des garnisons isolées, de quelque 11 000 morts...

    Michel Mourre lui, un historien autodidacte qui a réussi à force de travail, à produire son Dictionnaire encyclopédique d'histoire, parle d'une vague de violence en de nombreux endroits de l' île (Madagascar qui, soit dit en passant, par sa dimension, est en fait un "petit continent")...

    La 4 ème République de 1947 à 1958, a procédé, avec un corps expéditionnaire en 1947 fort de 18 000 hommes, à une répression, un véritable massacre de populations, ayant fait 89000 victimes selon les estimations militaires (dont la mort de 550 européens et de 1900 Malgaches imputable cette mort d'européens et de Malgaches, aux insurgés).

    Il existe, pour confirmer ce qu'évoque Michel Mourre, une chronologie de plus de 2000 pages "Journal de la France et des Français" (Gallimard collection Quarto, 2001), qui fait état de cette répression sanglante à Madagascar en 1947 (Michel Mourre parle de 80 000 morts)... Mais personne n'en parle, et nombreux sont les Français d'aujourd'hui qui connaissent ce que furent la guerre d'Indochine, la guerre d'Algérie ; les tortures, les camps de la mort, la cruauté des Nazis durant la seconde guerre mondiale... Et ignorent ce qui s'est passé en 1947 à Madagascar...

     

    ... "S'il faut payer le bien par l'existence du mal, c'est un peu cher!" (page 167)...

    Et, à la même page : "à propos de la liberté laissée à l'homme par Dieu. La réponse est simple : s'il n'y a pas de liberté, il n'y a pas d'amour. Sinon, on vivrait dans un monde de robots"...

    Si la question du Bien et du Mal se pose depuis toujours, et si le Bien est payé par le Mal...Que dire d'un monde de robots ?

     

    ... En 2019, en dépit de tout ce que l'on voit, de violences, de haines, de crispations, de difficultés de vivre au quotidien notamment si l'on est pauvre... L'on vit tout de même (un plus grand nombre d'humains) mieux qu'en 1430 ou qu'en 1850... Et nous devons ce mieux, à des hommes et à des femmes qui ont fait le bien (par exemple le côté positif – ce qui a amélioré le quotidien de vie des gens- des découvertes scientifiques, des technologies ; les progrès de la médecine)...

    Le bien, aussi, par la pensée agissante, par la Culture, par l'Art, la poésie, la philosophie, l'évolution des esprits...

    L'Histoire en somme, peut être imagée par une succession de strates de paysages s'étendant en paliers plus ou moins longs chacun, et de palier en palier le ciel devient de plus en plus proche, même si des fossés, des fractures, des enfoncements, des gouffres surgissent de ci de là sur le même palier, laissant croire que la pente est plutôt descendante qu'ascendante...

    Mais les paliers cependant, ne sont jamais séparés par une ligne de crête ou par un rebord ou encore un rehaussement, net et rectiligne...

    L'Histoire, qui parviendrait à "dessiner" ou à représenter cette ligne de changement de niveau entre un palier et un autre, ne s'est pas encore faite, elle n'a raconté -au plus vrai quand elle était indépendante des visions des uns ou des autres- que ce qu'elle a vu sur les paliers qui se sont succédé...