Articles de yugcib

  • Les vivants et les morts

         Les morts ne ressuscitent que par les vivants mais leurs yeux ne voient plus et leurs oreilles n'entendent plus.

    Les vivants sont comme les morts lorsqu'ils ne voient pas et n'entendent pas ce qui les fait exister, qui parle d'eux, de ce qu'ils font, de ce qu'ils disent, de ce qu'ils écrivent...

     

    ... De ces morts ne ressuscitant que par les vivants, il en un auquel je pense c'est Henri Emmanuelli, une grande figure, un "monument de dimension humaine autant de culture que de relation", décédé brusquement à l'âge de 71 ans le lundi 20 mars 2017 à Bayonne.

    Un homme droit, socialiste de coeur, de raison et d'action, qui n'a jamais transigé avec ses idées et ses principes.

    Nous lui devons un certain nombre de réalisations qui ont fait du département des Landes, un modèle de développement en matière d'équipements, de lieux de réunions, de bâtiments et de services publics, très fonctionnels et très modernes...

    Lorsqu'il m'arrivera dans les prochains mois, en visite promenade en quelque village de Chalosse ou du Bas Armagnac, à la vue d'un bâtiment de mairie, d'une salle des fêtes, d'une salle de sports... de construction "très 21 ème siècle" de style, d'architecture, de fonctionnalité... Inévitablement surgira devant moi comme l'image en hologramme du visage "taillé à la serpe"d'Henri Emmanuelli... Un visage qui eût pu inspirer un sculpteur de la force, du réalisme et du talent d'un Rodin... Un visage saisissant reflet, saisissante image, saisissante photographie de l'âme même, de ce qu' est en dimension humaine, en dimension d'intelligence de la relation, ce personnage hors du commun qu'est Henri Emmanuelli... Un personnage dont il est impossible de parler au passé, tant il demeure vivant, présent et comme "immortel"...

    ... La dernière fois de ma vie que je l'ai vu de près, c'était un premier mai, il y a de cela cinq ou six ans, à la fête des asperges de Pontonx-sur-Adour. De stature, je trouvais qu'il faisait "très député", grand et droit et "monumental" dans sa gabardine bleu foncé, en conversation animée et conviviale au beau milieu des gens, tête nue, broussailleux de sourcils noirs, le verbe rocailleux...

     

    ... De ces vivants qui sont comme les morts lorsqu'ils ne voient pas et n'entendent pas ce qui les fait exister, je pense à tous ces gens qui s'expriment à leur manière, dont les mots, dont les propos se fondent dans l'immensité du "World Wide Web" (de la Toile) et qui, quelque part, tout près ou tout au loin, peuvent atteindre mais sans que celui ou celle qui s'est exprimé ne le sache jamais... qui a parlé de lui, qui l'a lu, qui l'a commenté au sujet de l'un ou de l'autre de ses propos, quelque part, tout près ou tout au loin...

     

  • Textes voix : Le Rêve, et Poussière

    Le Rêve

     

    Poussière

     

     

  • L'aigle et le dragon, de Serge Gruzinski

    Aigle et dragon

    L'auteur :

     

    ... Serge Gruzinski, historien de renommée internationale (directeur de recherche au CNRS, il enseigne en France, à l'EHESS, et aux Etats Unis, à l'université de Princeton), est l'auteur de nombreux ouvrages dont "La pensée métisse" (Fayard, 1999) et "Les quatre parties du monde" (La Martinière, 2004).

     

     

    ... C'est au tout début du XVI ème siècle que commence ce que l'on appelle aujourd'hui la mondialisation...

    Et cette "mondialisation" a en fait-et de fait- commencé avec les Ibériques (Espagnols et Portugais) qui ont débarqué, avec les Espagnols, au Mexique, et avec les Portugais, le long des côtes du Sud Est Asiatique, depuis le détroit de Malacca jusqu'à Pékin, en passant par Canton et Nankin, dans l'empire Chinois...

    Ces deux événements que furent l'arrivée des Espagnols au Mexique, et l'arrivée des Portugais dans le Sud Est Asiatique, ont eu lieu à la même époque, autour des années 1517/1521...

    Ce sont bien là deux événements qui ont marqué une étape déterminante dans notre histoire (celle des pays Européens et de la civilisation issue du monde Grec et du monde Romain de l'antiquité, d'une part ; et celle des deux continents que sont l'Amérique et l'Asie avec leurs peuples qui eux aussi, avaient leur culture, leur mode de vie, leurs croyances ; en somme leurs civilisations issues de mondes préhistoriques, et donc, d'évolutions et d'expériences différentes dans l'environnement naturel et géographique qui était le leur et qu'ils n'avaient pour ainsi dire jamais quitté -sans cependant avoir vécu isolés et sans contact avec d'autres parties du monde, autant pour les peuples de l'Amérique centrale que pour les peuples de "l'empire céleste" (la Chine)...

    Alors que Magellan au début des années 1520, parvenait en Asie du Sud Est, Philippines et Indonésie ; Cortès menait une expédition en Amérique centrale et s'emparait de Mexico, non sans mal il faut dire, puisque les troupes de Cortès rencontrèrent une forte résistance de la part d'une coalition de Nahuas, de Mexicas sous l'égide de Mexico-Tenochtitlan. (les Espagnols de Cortès bien qu'utilisant des armes à feu et des canons, n'étaient pas très nombreux en face de ces dizaines de milliers de Mexicas et subirent de lourdes pertes)...

    Les Portugais, installés à Malacca, rêvaient de coloniser la Chine, menèrent d'ailleurs une ambassade par la route de Canton à Pékin par Nankin, auprès de l'empereur Zhengde, mais cette opération fut en réalité un échec (les Portugais de cette expédition furent suspectés d'espionnage, emprisonnés et finalement éliminés physiquement)...

    Si "l'aigle aztèque" se laissa anéantir, en revanche le "dragon chinois" élimina les intrus...

    Il faut dire que les Chinois, depuis bien avant l'arrivée des navigateurs portugais au début du XVI ème siècle, avaient eu des contacts (commerce, échanges) avec les pays de l'Europe, notamment Venise et l'Italie...

    Serge Gruzinski raconte ce face-à-face entre des civilisations que tout séparait (la culture, la religion, les modes de vie), mais surtout, démonte cette croyance des Européens fondée sur la supériorité (savoirs et technologies) des Blancs et des Occidentaux, sur les autres peuples "indigènes" de l'Amérique et de l'Afrique d'avant le XVI ème siècle (XVI ème siècle du calendrier chrétien)...

    ... Nous sommes bien là, devant une réalité historique : celle de l'existence de trois civilisations différentes, à savoir la civilisation européenne et occidentale issue de l'héritage Egyptien, Grec et Romain (et du Moyen Orient, Mésopotamie, Perse) ; la civilisation Chinoise, et la civilisation de l'Amérique centrale (Aztèque)... Auxquelles il faut ajouter aussi, la civilisation des Incas (Amérique du Sud, Andes) et les civilisations de l'Océanie (pacifique, océan Indien), et encore, la civilisation Amérindienne de l'Amérique du nord et de l'Amérique du Sud...

    Il faut dire aussi qu'en matière de violence et de cruauté, de domination et de prédation, et de guerres de conquêtes, toutes les civilisations se valent, autant dire que violence, cruauté, domination, guerres de conquêtes ; tout cela n'est pas le fait unique de la civilisation européenne...

    Sans doute la technologie européenne (navigation, armes de guerre, industrie) a-t-elle pu, du XVI ème au XIX ème siècle, constituer une force, être un avantage sur les autres peuples en Amérique et en Afrique notamment, ce qui explique pourquoi tous ces peuples ont été colonisés et dominés, et ont dû, de gré ou de force, se "fondre" en partie dans la civilisation des dominants...

    La fin du XX ème siècle et surtout le XXI ème, "change la donne" et c'est la civilisation européenne qui "perd du terrain" sinon décline... Du fait du développement rapide des autres pays hors d'Europe, pays autrefois sous la domination des Européens et qui de nos jours, "profitent" (si l'on peut dire) -mais en partie seulement- de la mondialisation de l'économie, des technologies, et de l'accès à la consommation de produits et d'équipements...

     

    EXTRAIT, page 203 :

     

    "Depuis l'antiquité, nous, c'est à dire les Grecs, les Romains, les Chrétiens,les Européens, puis les Occidentaux, avons pris l'habitude d'appeler les autres des "barbares". L'écart des langages et des modes de vie pour les Grecs, la différence religieuse pour les Chrétiens, la supériorité technique, militaire et culturelle pour les Européens de la Renaissance et des Lumières, puis la race au XIX ème siècle ont inlassablement ravivé cette distinction. Le terme "barbare" devient passe-partout au point qu'il s'applique même à des Européens quand il s'agit, avec Machiavel, de dénoncer l'intrusion des étrangers sur le sol de la patrie.

    Au cours du XVI ème siècle, dans le sillage de la mondialisation Ibérique, des Européens se sont retrouvés face à la plupart des grandes civilisations de la planète et à des myriades de populations que l'on a longtemps qualifiées de primitives. Dans le Nouveau Monde, Espagnols et Portugais ont usé et abusé du terme "barbare" (alors qu'eux-mêmes se présentaient généralement comme des "cristianos") , en introduisant des distinctions qui n'étaient pas que des exercices de style puisqu'elles orienteraient les rapports que les colonisateurs entretiendraient avec les colonisés."

     

  • L'inculture n'est pas seulement l'absence de culture...

    ... L'inculture n'est pas seulement le fait de l'absence de culture (dans le sens d'un manque ou d'une insuffisance de connaissances en un certain nombre de questions, sujets, faits, événements, ou de méconnaissance dans tel ou tel domaine particulier)...

    L'absence de culture, qui est le fait de "ne pas avoir réussi à l'école", le fait d'une éducation que l'on n'a pas eu la chance d'avoir, le fait d'un environnement social, familial, défavorable ; n'est inculture que dans la mesure où est associé à l'absence de culture, de la vulgarité, de la brutalité, une pensée sommaire fondée sur des préjugés et sur des idées reçues véhiculées par les médias, par de l'outrance et par de la violence dans le propos et dans le comportement, par l'absence de réflexion, par le refus d'essayer de comprendre, par la crispation, par le parti pris que l'on peut avoir contre ceci, contre cela...

    Et, dans le sens de cette inculture qui n'est pas seulement le fait de l'absence de culture, l'on y rencontre, l'on y voit et l'on y subit au quotidien, autant d'intellectuels, autant de gens qui ont "réussi à l'école" que de gens qui "n'ont pas réussi à l'école"...

    C'est bien l'inculture qui n'est pas le fait de l'absence de culture, que je déplore et que je combats...

    C'est bien l'inculture des Intellectuels, celle de l'arrogance, celle de la docte bien pensance officielle et reconnue et qui détient le pouvoir, celle du mépris de toute une partie de la population de notre pays, celle qui se croit et s'auto-prétend seule "intelligente" et soit disant "éducatrice" voire parfois "moralisante", dont je refuse le totalitarisme, la domination ; celle qui n'arrête pas année après année, jour après jour, de faire entendre le même "son de cloche" (en gros "ces gens là ne comprennent rien, ils sont bêtes")...

    Et c'est aussi l'inculture des "aboyeurs", des brutaux, des sommaires dans leur pensée et dans leurs comportements, que je refuse tout autant...

    Et je loue, de toutes mes forces, autant qu'il m'est possible de l'exprimer, de le faire savoir autour de moi, tous ces humbles, tous ces silencieux, tous ces "qui n'ont pas réussi à l'école" mais ont une culture du coeur et de l'accueil, toutes ces personnes de bonne volonté qui agissent et se dévouent au service des autres dans des associations ; autant que ces "qui ont réussi à l'école", qui sont des intellectuels, mais agissant et se dévouant eux aussi au service des autres dans tout ce qu'ils mettent en oeuvre et qu'ils diffusent autour d'eux par conviction, par sincérité, par passion, sans souci de leurs intérêts (d'argent, de pouvoir, de notoriété)...

    ... En somme l'inculture est bien davantage un "état d'esprit" (une manière d'être et de se comporter, de s'exprimer dans l'agressivité, le parti pris et le mépris) ; que de l'absence de culture.

     

     

  • Les êtres obscurs et les êtres éclairés

         Les uns passent leur vie à s'exister envers et contre tout, ils n'ont pas en eux ce "dieu caché" qu'ils croient avoir et que par imposture il font descendre de quelque trouée survenant dans leur ciel le plus souvent nuageux et sombre...

    Tout habités d'une pensée qu'ils se croient seul à avoir, ils déchirent autour d'eux, non seulement ces fleurs flétries, ces fleurs putrides, ces fleurs sans éclat qui certes pullulent, mais ils déchirent aussi les fleurs épanouies dans la lumière...

     

    Les autres passent le plus souvent eux aussi leur vie à s'exister, d'autant plus que, sans cependant être forcément fiers, ils ne sont jamais humbles.

    Tout habités eux aussi d'une pensée qu'ils se croient seuls à avoir, forts et sûrs qu'il sont de leurs connaissances, sollicités qu'ils sont de leurs proches, de leurs amis ; ils n'ont que peu de considération pour ces fleurs autour d'eux qui ne sont jamais regardées.

     

    Tels sont ces uns qui se prétendent "éclairés" mais sont des êtres obscurs , tels sont ces autres qui sont "éclairés" mais ont en eux de l'obscurité...

     

     

  • Le rêve

    Le rêve c'est l'autre rive, invisible parce que trop éloignée, d'un immense fleuve

    Et le fleuve est tumultueux, dangereux et difficile à traverser.

    Et la rive semble se fondre dans une ligne de brume et de ciel

    Mirage que l' on habille de tout ce que l'on voudrait y voir

    Et c'est sur la rive sur laquelle on se trouve, la rive dont on a le sol sous nos pieds

    Que l'on construit l'embarcation qui nous fera traverser le fleuve

    Afin de parvenir sur l'autre rive

    Car sans embarcation le rêve est inaccessible à jamais

    Car sans la traversée difficile et dangereuse dans l'embarcation

    Le rêve est inaccessible à jamais

    Car sans la conduite qu'il convient de mener, de l'embarcation

    Le rêve est inaccessible à jamais

    Cependant, la traversée effectuée et la rive atteinte

    Le rêve devenu accessible

    N'est plus le rêve

    Si la rive atteinte est habillée de ce que l'on voyait avant la traversée du fleuve

    Le risque de la traversée, avec la conduite dont il convient de mener l'embarcation

    Est un risque nécessaire

    La seule possibilité d'atteindre l'autre rive

    Mais pas le paysage que l'on voudrait voir surgir

     

  • La puissance de la littérature et de l'art

         La vraie puissance de la littérature, et de l'art en général... Et l'on peut associer l'humour à la littérature et à l'art... C'est cette possibilité qu'ont la littérature, l'art et l'humour, d'expurger l'inacceptable, par la manière même de formuler, d'exprimer cet inacceptable, prenant ainsi le risque d'une "levée de boucliers" et de s'aliéner quelques lecteurs, quelques spectateurs...

    Le fait même que l'on puisse exprimer, représenter dans des livres, sur un tableau de peinture, ou par l'humour,  l'inacceptable ; c'est peut-être "désamorcer" cet inacceptable...

     

     

  • Roue Libre

    Rl21rl21.pdf (2.1 Mo)     ROUE LIBRE, petit journal illustré

     

    Ma France c'est celle qui ne croit pas en ces mirages que sont le pouvoir et l'argent.

    Ma France c'est celle de toutes ces voix, de tous ces visages, de tous ces regards, de toutes ces images, de tous ces écrits, de toutes ces musiques, de tous ces dessins qui, en roue libre le long des chemins à l'écart des marchés et des vitrines de boutiquiers ; font toutes ces Une d'une actualité qui n'est jamais célébrée mais dont nous sommes nombreux à partager ce que cette actualité si peu visible, contient ; font toutes ces Une d'une expression qui ne passe pas à la télévision ni dans les salles polyvalentes ni dans ce qui est diffusé par les promoteurs et par les marchands de littérature, de musique et de culture en général...

    Ma France c'est celle de tout ce qu'il y a d'informel mais néanmoins empli d'imaginaire, de rêve et de factures talentueuses des uns et des autres, contre tout ce qu'il y a de formaté, d'organisé et de médiatisé dans le seul but réel d'une retombée économique de marché...

     

  • Eternité provisoire

         Lorsqu'on pense "éternité" en fait on pense "pour toujours" (et donc sans aucune limite dans le temps)...

    Ce que l'on appelle l'éternité, pour moi, n'est pas, n'est jamais "l'éternité pour toujours". L'éternité pour moi n'est que provisoire... D'un provisoire dont la durée est indéfinie, cette durée pouvant être celle de l'espace d'une ou de plusieurs générations humaines, l'espace de quelques siècles, de quelques millénaires... Mais il me semble évident que, à l'échelle de la durée des ères géologiques de notre planète la Terre, les sept millions d'années d'existence de l'homme (dont soit dit en passant le seul dernier million d'années est celui de l'homme depuis Homo Erectus) ne représentent qu'un très bref espace...

    ... Alors, à plus forte raison, à l'échelle cosmique quand on pense aux étoiles, aux galaxies, à l'univers...

     

    Platon et Aristote, entre autres.., deux mille cinq cents ans après leur disparition, sont encore lus et étudiés dans le monde d'aujourd'hui...

    Johnny Halliday sera certainement écouté encore au 22 ème siècle...

    Tel ou tel écrivain, auteur connu et lu partout aujourd'hui dans le monde, sera certainement encore lu dans 50, 100, 150 ans...

     

    ... Mais... Dans dix mille, dans cent mille et à plus forte raison dans un million d'années... Qu'en sera-t-il de Platon, d'Aristote, de Johnny Halliday, de tel ou tel écrivain, auteur, d'aujourd'hui ?

    ... Il faudrait imaginer par exemple, dans un sytème stellaire de la galaxie d'Andromède, une civilisation très avancée sur une planète de ce système, qui découvrirait des traces ou des signes de la vie et de la civilisation des humains de la Terre... il y a de cela, pour "eux", deux millions d'années... "Ils" "traduiraient" donc Platon, Aristote, "ils" "écouteraient" Johnny Halliday (à leur "façon" bien sûr c'est à dire selon leur intelligence, leur technologie)...

    Autrement dit, Platon, Aristote, Johnny Halliday... peuvent entrer, dans l'hypothèse de leur découverte par des êtres intelligents d'une planète de la galaxie d'Andromède dans 2 millions d'années... Dans une "éternité provisoire" de 2 millions d'années...

    Mais les galaxies se font et se défont, et à l'échelle du cosmos, c'est par milliards d'années que l'on "compte" !

    ... Cela dit, Jennifer, Astrid ou Katy ou Loana ou Sébastien, qui fait un tabac sur Facebook le 25 février ou novembre deumil'kèkchose... N'a qu'une "éternité provisoire" d'un jour...

     

  • Place du Trocadéro, dimanche 5 mars

    ... J'ai écouté dimanche 5 mars sur BFMTV de 15h 30 à 16h, le discours de François Fillon place du Trocadéro devant quarante ou cinquante mille de ses fidèles venus de toute la France...

    J'ai trouvé que ce discours "ressemblait" par sa teneur, par son ton, par ce qu'il évoquait d'une "certaine idée de la France" notamment, à un discours du général de Gaulle...

    Mais nous ne sommes plus en 2017, dans la même dimension d'opinion, de pensée, de culture, d'adhésion et -si l'on veut- d'émotion publique largement partagée, que du temps du général de Gaulle dans les années 1960... L'on ne retrouve en effet, cette dimension là, que dans le "socle" indéfectible de près de 3 millions de Français qui sont quoi qu'il arrive pour François Fillon et ne souhaitent pas son remplacement...

    Car il y a bien dans le discours de François Fillon ce dimanche 5 mars sur la place du Trocadéro, comme il y avait dans les discours du général de Gaulle, dirais-je... "une dimension intellectuelle"... Tout comme d'ailleurs, aussi, il y a "une dimension intellectuelle" dans le discours d'Emmanuel Macron ; dimension certes tout à fait différente de celle de François Fillon.

    Il se trouve que dans le contexte social, économique, mondialisé, d'aujourd'hui, dans des modes de vie, de culture et de pensée (et de consommation), du moins pour 8 à 10 millions de nos concitoyens... La "dimension Macron" l'emporte sur la "dimension Fillon" (dimension intellectuelle)... Mais avec cette réalité cependant, surtout avec cette réalité qui est celle de l'environnement culturel-social-économique-vie quotidienne d'aujourd'hui : ni l'une ou l'autre de ces 2 dimensions (l'une "Filloniste" et l'autre "Macronique") n'a vraiment l'adhésion de tout un pays rassemblé autour d'une vision "fédératrice"... Et cela pour une raison essentielle et de réalité : l'étendue de ce "cloaque" qui est celui d'une société en déliquescence, en misère sociale, en déshérence, en absence de perspective d'avenir, en exclus, en oubliés ; en somme un "cloaque" que quarante ans de politiques désastreuses (sur les plans culturels, économiques et de société et de système éducatif ont laissé se développer...

    C'est cela la question aujourd'hui, dans tout ce qu'elle a de tragique et de lucide et d'effrayant : "quel discours peut être porteur (et crédible), tenu au dessus d'un cloaque, et, non seulement quel discours mais le discours de qui?"

     

     

  • Deux paysages d'une incommensurable aridité

         D'un côté les barbares toutes générations confondues sauf les très petits enfants et les personnes vraiment très âgées, et de l'autre tous les intellectuels inaudibles de l'union sacrée médiatisée ! Ça fait deux murs, deux "no man's land", deux enfers ! Soit quelques millions de barbares d'un côté, où aucun dialogue n'est possible, aucune autre communication qu'agressive et de préjugés et de parti pris , rien d'autre que de se fracasser le crâne contre un mur de béton dans toute tentative d'approche ; et autant de millions d'un autre côté tous sortis d'écoles et "du bon côté de la barrière" et qui eux, n' ont que condescendance et mépris...

     

    ... Ces deux enfers, ces deux "no man's land", que sont d'un côté le monde des barbares et de l'autre côté le monde des sortis d'école et du bon côté de la barrière, sont les deux paysages incommensurables et arides que traversent tous les oubliés tous les exclus tous les non reconnus, avant de devoir se résoudre une fois passé derrière la ligne de l'horizon, à entrer dans une "éternité provisoire" où ils seront pour un temps dans la mémoire d'une poignée de vivants qui disparaîtront, où ils ne seront dans cette longue et grande "éternité provisoire" que des anonymes parmi des milliards d'autres anonymes dont il restera des traces ou des oeuvres que personne, aucun explorateur de paroles et d'écrits n'ira jamais rechercher...

     

    ... C'est cela même, le monde d'aujourd'hui, d'internet et du smartphone, de l'instantanéité et du "bling bling", où tout le monde est le héros du jour, où la médiocrité et la banalité dominent avec les effets de langage et d'image...

    C'est cela même, ce monde de ceux et de celles qui "font la pluie et le beau temps" et dont les livres, les tableaux et les musiques font la Une des Talk Shows de télévision et des rayons de grande surface de la culture...

    Du côté de la barbarie comme du côté des sortis d'écoles et des intellectuels progressistes affiliés à la pensée sociolibérale, il est un langage, il est une expression de la pensée et de la réflexion, celle des non reconnus, qui semble ne plus avoir cours, une expression qui devient inaudible parce que considérée dérangeante, et qui est rejetée ou moquée, qui "ne fait plus recette" et n'a plus d'avenir...

     

    ... Je reconnais là une "vision pessimiste" du monde d'aujourd'hui et de la société... Qu'il me paraît cependant nécessaire de nuancer... Mais qui n'en demeure pas moins selon ce que j'en ressens, d'une lucidité tragique...

    ... Afin de nuancer mon propos je dis qu'il existe -et c'est heureux- un autre paysage qui n'est ni celui des barbares ni celui des intellectuels de la pensée socio libérale ; c'est le paysage celui là, des oubliés et des non reconnus dont les traces et les oeuvres passent inaperçues, dont les existences sont, par ce qu'elles font apparaître au quotidien dans leur manière d'agir et de communiquer, comme des traits de lumière ou des rayons de soleil... C'est le paysage que les barbares et que les intellectuels ne voient pas ou, quand ils le voient le déconsidèrent ou le refusent en bloc...

  • La conférence de presse d'Emmanuel Macron jeudi 2 mars

         J'ai écouté sur BFMTV jeudi 2 mars, avant midi, le discours d'Emmanuel Macron portant sur les grandes lignes relativement détaillées de son programme...

    C'est bien là, à mon sens, un discours qui s'adresse à ces dix millions de Français dont la plupart d'entre eux ont à peu près -au moins- réussi dans la vie (études secondaires, supérieures ; entrée dans la vie active "dans de bonnes conditions"), qui ont peut-être "un peu galéré" dans leur jeunesse mais néanmoins s'en sont sortis... Toute la bourgeoisie trente et quadragénaire des grandes villes et de la ruralité urbanisée, empreinte de culture sociétale libérale tournée vers le présent et le futur proche et donc favorable à "certaines évolutions" (famille, mode de vie, rapports sociaux), qui croit au "développement durable", aux nouveaux métiers, qui est hyper connectée, qui est la clientèle des produits culturels de consommation (derniers best sellers, derniers albums, pièces de théâtre, films nouveaux), qui fait le contenu des réseaux sociaux Facebook Twitter et autres, qui tient des blogs et ont leurs "followers", en somme dix millions de Français et un peu plus en "élargissant"... qui "font la France d'aujourd'hui et s'avancent dans la France de demain... Qui "donnent le ton" ou "l'air du temps"...

    Bien sûr, c'est indéniable, il y a dans son discours une bonne part d'intelligence et de cohérence, de précision et de clarté et d'argumentation, de logique... C'est en quelque sorte "messianique"... Mais cela ne reste audible que pour ces dix millions "élargis" de Français qui peuvent entendre un tel discours, qui ne peuvent qu'adhérer, qui se sentent concernés et sensibilisés dans la croyance qu'ils ont en un monde "plus ouvert et avec des perspectives d'avenir durable"...

    Mais... et c'est là où j'en viens... Ce discours là (ou un autre similaire ou différent mais tout aussi "intellectuel") ... Comme toute approche de l'Autre d'ailleurs dans un esprit de réflexion... Est, reste "complètement inaudible" pour ces jeunes et moins jeunes des "zones sensibles", pour toute une population de quartiers urbains dont l'économie principale est le trafic de drogue... Inaudible pour tous ceux et celles qui, après une scolarité chaotique et interrompue se retrouvent au chômage, en assistance, ou en emplois précaires de courte durée... Inaudible en somme, pour des millions de gens de toutes générations, en souffrance de vie quotidienne, en situation d'inculture... En somme, la "clientèle" des marchands de la société de consommation de masse nivellement par le bas...

    Je ne vois pas comment un Emmanuel Macron avec son discours d'intellectuel et avec la meilleure volonté qu'il pourra manifester s'il est élu, je ne vois pas comment il fera pour arriver à transformer le cloaque sociétal existant en un terreau exploitable ! Ce qu'il fera, oui, cela est sûr, ce sera de conforter, d'entretenir, de faire évoluer le terreau exploitable existant! Mais le cloaque demeurera cloaque !

    ... J'en reviens à cette métaphore dont je me suis servie et qui est celle de l'araignée géante carnivore qui avance avec ses énormes mandibules, s'approche de l'Intellectuel idéaliste coincé au fond d'un cul-de-sac rocheux : L'Intellectuel il s'imagine (on peut pas dire qu'il ait tort) qu'il va "apprivoiser" l'araignée géante carnivore et même arriver à en faire une "amie"... Eh bien la réalité, la vraie/vraie réalité, c'est que l'araignée géante elle va le bouffer l'Intellectuel !

     

    ... Fillon, Hamon, Mélenchon, Marine Le Pen... Oui, je les ai tous écoutés, jusqu'à Henri Guaino, jusqu'à Dupont Aignan... Ils ont tous un discours, ils ont tous quelque chose à dire et quelque part, à écouter l'un l'autre, t'en viens à te dire que sur 2 ou 3 points en particulier ils ont tous raison, c'est vrai, c'est censé, ça pourrait être faisable ceci ou cela comme ils disent -pourquoi pas...

     

    ... Mais le cloaque, ce putain de cloaque, il sera toujours le cloaque, t'auras beau y planter une rose dedans, y'a que des vers et des mouches qui en sortiront !

     

     

  • "Tapototant" sur la tête de la vache

    François Fillon au salon de l'agriculture "tapototant" sur la tête de la vache :

    Fillon tapote

    ... Ainsi d'ailleurs que Marine Le Pen :

    Mlp tapote

         Chirac, Sarkozy, Hollande... Et avant, De Gaulle, Pompidou, Giscard et Mitterrand, au salon de l'agriculture, avaient "tapototé" sur la tête de la vache...

     

    C'est la "tradition" !

     

    ... Soit dit en passant... après le salon de l'agriculture en général dernière semaine de février chaque année, vient 15 jours après, le salon du livre...

    J'imagine tous ces messieu-dame et personnalités littéraires, "chic-mantolinés/chic-imperdés/chic-de partout de la tête aux pieds, au salon du livre... avec peut-être en arrière fond fleurant, les fragrances (ce qu'il en peut rester) des fromages, de la paille souillée, des plumes de volailles, du cul des cochons et de la croupe des bourrins...

    Bien sûr tout est de fond en comble nettoyé désinfecté, il y a 15 jours d'écart... Mais tout de même on ne peut s'empêcher d'imaginer des "relents" dans l'air ambiant...

     

    ...Et Macron... Ce "Christ de la finance et du libéralisme", en costard du grand faiseur, lui aussi "tapototant" la tétête de la vavache ! ... Et, devisant 15 jours plus tard, au stand d'un écrivain poète essayiste venu accompagné de ses 2 compagnes et de son compagnon, et se faisant remettre par les enfants de l'écrivain, l'un de ces "flyers" (logo du best seller de l'auteur : "Papa maman mamine et tonton")...

     

    ... Sans doute -à mon avis- (dis-je) "pour se démarquer" de tous les autres personnages politiques et  chefs d'état... avant lui ; Emmanuel Macron, ce "christ des banquiers et de la libéralisation économico-sociétale", au lieu de "tapototer" la tête de la vache, ce matin même, ce mercredi 1er mars, on le voyait... toucher la corne de la vache !

     

  • Colonisation ancienne et nouvelle

         Il y eut, du XVI ème siècle jusqu'au delà de la seconde moitié du XX ème siècle, ces empires coloniaux espagnols, portugais, français, britanniques, hollandais, allemands et italiens, dans toute l'Amérique du nord, du centre et du sud ; dans toute l'Afrique et dans une bonne partie de l'Asie (Inde, Pakistan, Indochine), dans les îles du Pacifique, de l'Océan Indien, en Indonésie et jusqu'en Australie au XVII, XVIII ème siècles...

    Cette colonisation là, des pays européens, en Amérique, en Afrique, en Asie et Océanie, fut pour l'essentiel, une exploitation de peuples, de territoires, de ressources, de richesses naturelles (matières premières, bois, épices, métaux précieux or et argent, métaux utilitaires fer, cuivre etc.)... Dans des conditions d'esclavage, de brutalité, de domination, de mépris, d'absence de tout droit, de toute liberté... Avec, pour "pensée de façade" ou pour "justification" une soit disante "mission civilisatrice" de Chrétiens en majorité catholique et de quelques "bienfaiteurs" construisant de ci de là, des hôpitaux et des écoles...

    Soit dit en passant, question éducation, en 1930 à Madagascar, 25% des enfants de moins de 12 ans étaient scolarisés (éducation de base lecture écriture), et en cette même année 1930, seuls 2% des enfants Algériens étaient scolarisés.

    ... Il y a aujourd'hui, en gros depuis la seconde moitié du XX ème siècle, depuis l'accession à l'indépendance de tous les pays d'Afrique et d'Asie du sud est ; une nouvelle forme de colonisation exercée par les grandes puissances (USA, pays d'Europe, Chine) dont la réalité n'est guère différente de la première forme de colonisation.

    Ce sont en effet ces grandes puissances, américaines, européennes et chinoises pour l'essentiel avec leurs lobbyies industriels et agricoles, leurs lobbyies de produits de consommation ameublement équipements, les grands opérateurs de téléphonie mobile internet, les lobbyies de la santé et du médicament, les grandes compagnies de transport aérien, maritime et routier, les multinationales de l'acier et de tous les métaux, du pétrole et du gaz... qui exploitent les populations "anciennement colonisées", les territoires et les ressources de ces territoires ; et entretiennent la misère, la pauvreté, les très bas salaires de l'ordre de 30 à 60 euro par mois, le travail des enfants et des femmes dans des conditions d'insalubrité, de violence et de précarité...

    Cette "colonisation là" fait autant sinon plus de mal encore, que l'ancienne. Avec, "cerise sur le gâteau", ce que "l'évangile" de la pensée libérale progressiste des décideurs et de leurs valets que sont les gouvernants, fait croire à des millions de gens : l'espoir d'une vie meilleure, d'un plus grand accès aux produits de consommation, en gros, d'un peu de richesse...

    Le pire dans cette affaire de colonisation nouvelle, c'est que les aides, les crédits, les subventions, les investissements, tout cela venant des lobbyies et des grandes puissances USA, pays d'Europe et Chine... Est en grande partie accaparé par des potentats, par des dictateurs locaux et leurs affiliés qui contribuent à maintenir dans leurs pays, une situation de très grande inégalité sociale.

    C'est aussi cette nouvelle forme de colonisation qui en grande partie, au delà des causes que sont le changement climatique et les guerres, fait migrer des centaines de milliers de gens, de plus en plus, chaque année, des pays d'Afrique et d'ailleurs vers l'Europe...

     

    ... Il a dit, Emmanuel Macron, même s'il s'est par la suite "repris sur son propos", que " la colonisation était un crime contre l'Humanité"...

    Alors que dit-il, que pense-t-il, Emmanuel Macron, de cette forme nouvelle de colonisation dont je viens de parler ? Que c'est un "bien" ou un "plus" pour l'Humanité ? Lui qui, de toute évidence, se "pose" en "Christ de la finance et du libéralisme et du progressisme" (et qui "évangélise" en ce sens?)

    ... Bien sûr aucun "évangélisme" qu'il soit religieux, politique, sociétal, n'est "un crime contre l'Humanité" dans la mesure où justement, "christiquement", "pensée-uniquement parlant", il se présente et se doctrinise "en "bienfait pour l'Humanité" !

     

     

  • Il y a épouvantail et épouvantail ...

    ... L'on peut être d'autant plus dur avec le fanatisme des fondamentalistes musulmans, et, par extension tout aussi dur avec l'Islam et avec la société dans l'Islam ; qu'il est moins "approprié" en vérité de l'être, avec le fanatisme des chrétiens (catholiques et protestants) intégristes, et, surtout, oui surtout, avec le fanatisme de la pensée unique dominante, à savoir la libéralisation de l'économie, des modes, du marché, et de la société dans la mondialisation économique de marché présentée comme un évangile à des milliards d'humains...

    Il n'est pas, en effet, "de bon ton" par les temps que nous vivons, d'hurler et de s'attaquer à "l'évangile de la mondialisation" (et à sa pensée), quoique bon nombre de citoyens de divers pays dans le monde s'y risquent et s'organisent en dissidence et en résistance...

    Se déclarer dur, très dur, intraitable et ennemi juré combattant, contre cet Islam radical et ces fondamentalismes musulmans présentés, agités, brandis comme l'épouvantail le plus effrayant, en somme, c'est davantage "entrer dans l'opinion du plus grand nombre", que de s'opposer en action et en paroles contre l'ordre établi de la pensée unique évangélisée autour de la mondialisation... Ou contre un catholicisme jugé trop intégriste... Quoiqu'il faille bien reconnaître tout de même que, question humour caricatural, il soit plus dangereux (c'est un fait) de se moquer de l'Islam et de son prophète Mahomet, que de se moquer de la religion catholique et du Pape...

    Autrement dit, si l'Islam radical est un épouvantail -et il en est un, tout comme le catholicisme de Fransisco Pizzaro l'était en 1540- ... La pensée unique évangélisée de l'économie libérale mondialisée et de la croissance est un autre épouvantail tout aussi effrayant mais dont on a donné au "visage de chiffon" une apparence "acceptable" (avec par exemple, une pomme à la place du nez au lieu d'un bec crochu, tordu et coupant)...