Articles de yugcib

  • Religions, suite...

          Je me souviens d'un temps, le temps déjà, de mon enfance, puis le temps de ma vie dans la seconde moitié du 20ème siècle... Où une femme qui portait un foulard sur la tête, qui était même voilée, où un homme ou une femme qui portait autour du cou une croix, où l'on vivait avec des musulmans autour de soi (bon c'est vrai à l'époque il y avait moins de musulmans en France, surtout dans les régions de l'ouest, sud ouest et centre)... Oui je me souviens de ce temps qui en somme, avait comme "toujours duré"... Où l'on voyait tout de même "pas mal de signes religieux" (demeurant cependant la plupart du temps, "relativement discrets") autour de soi... Et... Cela ne posait aucun problème! Autant dire que "l'on vivait avec" et que l'on "ne se posait pas de question... On était catholique, protestant, mormon, témoin de jéhovah, adventiste, baptiste, etc. ; ou l'on était musulman, juif, athée... et tout ce que l'on voulait, tout ce à quoi on croyait... Cela faisait comme "partie du paysage Français" (et il en était de même dans la plupart des pays européens proches de la France)...

    Pourquoi d'un seul coup (dans l'espace de ces toutes dernières années), ce qui avait été possible durant autant de temps, ne l'a-t-il plus été ?

    Est ce seulement pour les causes que l'on invoque ? (flux migratoires, davantage de musulmans, difficultés relationnelles, terrorisme, insécurité entre autres ?) ... "En partie" oui, c'est ce que je pense... Mais pas seulement... Et c'est dans ce "pas seulement" que réside toute mon interrogation, ma réflexion, mon inquiétude...

     

  • Religions

          Depuis plusieurs années (j'en avais déjà écrit à ce sujet) le religieux partout dans le monde, devient de plus en plus omni présent, sujet devenu très sensible et on va dire "pourri" dans la mesure où ce sujet sur lequel on ne cesse de débattre (à vrai dire de "s'étriper"), génère de conflits, de discussions et de polémiques sans issues, exacerbées et figées dans la crispation, dans la violence...

    Le religieux, tout ce qui se rapporte à une religion quelle qu'elle soit, n'était guère, depuis mon enfance déjà, ma "tasse de thé", mais depuis ces dernières années, et à plus forte raison dans le monde de 2016, avec tout ce qui se passe, ce à quoi l'on assiste, terrifié, impuissant, subissant... Cela devient vraiment cauchemardesque, invivable, désespérant, à tel point que j'en deviens au fond de moi, totalement réfractaire, en situation de rejet absolu, à tout ce qui est religieux...

    Les Chrétiens en général dans le monde d'aujourd'hui on va dire depuis le début du 20 ème siècle (mais c'est encore plus marqué, plus évident il me semble, depuis la fin du 20 ème siècle), par exemple dans un pays comme la France, sont le plus souvent en très grande majorité d'entre eux, des gens qui n'ont un rapport avec la religion que de "loin en loin" c'est à dire qu'ils sont baptisés catholiques à la naissance, qu'ils se marient et s'enterrent à l'Eglise et c'est tout ou presque... Autant dire que la religion pour eux, c'est juste une "affaire de tradition, d'habitude ancrée datant de plusieurs générations, de culture, de mode de vie"...

    Peu nombreux en effet sont les Chrétiens (les catholiques et les autres) "vraiment engagés", qui vont régulièrement à l'église, qui font la prière à table et avant de se coucher, etc...

    Mais en ce qui concerne les musulmans, les signes religieux et le mode de vie sont bien plus apparents, bien plus visibles que chez les Chrétiens, déja parce que les femmes sont voilées ou au minimum la tête complètement couverte par un ample foulard, et le reste du corps sous un manteau, un vêtement qui va du cou aux chevilles... Et que le musulman "lambda", ordinaire, celui "qui ne fait de mal à personne, celui qui est notre voisin, celui qu'on croise dans la rue, par rapport à un Chrétien "lambda", quant à lui, semble "plus pratiquant" en ce sens que cela se voit dans le mode de vie qui lui est prescrit par la religion, avec la prière plusieurs fois par jour, aller à la Mecque une fois dans sa vie, ne pas manger de porc, faire le ramadan...

    Cependant ces crispations, ces revendications des uns et des autres au sujet d'une "identité appartenance religieuse", qu'elles soient celles du "Chrétien Lambda" qui met en avant sa culture, ses traditions, son mode de vie ; qu'elles soient celles du "musulman lambda" (mais surtout du musulman rigoriste) qui met en avant lui aussi sa culture, ses traditions, son mode de vie ; qu'elles soient celles du Juif "lambda" attaché au port de la kippa... Tous ces sujets sensibles et médiatisés à outrance, "d'identité et d'appartenance religieuse", contribuent je le dis, à "pourrir la vie" au quotidien !

    J'en ai assez de tout ce que mettent en avant les médias, les politiques, la société toute entière ; j'en ai assez du religieux, des crispations des uns et des autres, de toutes ces violences commises, ça me fatigue tout ça, me désespère, j'en fais un rejet total et absolu, j'en deviens autiste... Et tout ça, il faut dire, en plus, dans un monde de consommation de masse, dans une idée de croissance économique et de progrès à mon sens totalement illusoire et irréaliste, dans une hypocrisie qui atteint des sommets, avec les lobbies, les politiques, les décideurs, les maffias, les médias, les actionnaires, les donneurs de leçon de morale... Et le religieux qui s'emmanche dans tout ça, qui prétend changer le monde, certains de ces religieux avec des kalachnikov et qui "marchent avec les maffias" !

    Quelle daube infecte, quel bourbier, que tout cela, autour du "sujet de la religion" !

     

    ... Jusqu'à l'athée qui se revendique athée, jusqu'au laïc qui se revendique laïc "haut et fort" (et bien ostentatoire voire agressif), comme si l'athéïsme et la laïcité étaient des religions ! Tout le monde, tout un chacun veut avoir raison, et brandit ses convictions, ses crispations, et jusqu'à ses violences, jusqu'à même ses haines sur la place publique ! Cela devient invivable, irrespirable, dément !

     

    ... Je ne suis ni croyant ni athée ni quoi que ce soit, et, comme Léo Ferré je dis que même le drapeau noir de l'anarchie c'est quand même un drapeau... Ou plus "exactement" (et avec "plus de sens" je crois) un... étendard... En effet, un étendard c'est une bannière derrière la quelle marchent des foules, une armée en marche, tout un peuple en révolte ou en soumission et avec des mots d'ordre, une pensée unique... Alors qu'un drapeau est en somme, je pense, comme un "logo", une image avec des couleurs sur un rectangle de tissu, représentatif et nominatif d'un pays, d'une nation, d'un état... voire d'un empire... Je conçois donc un drapeau mais pas un étendard! Et encore moins un étendard que l'on prend pour un drapeau !

     

  • Pièces de théâtre en vogue

          Quel public pour toutes ces nouvelles pièces de théâtre jouées pour la plupart à Paris dans les salles les plus connues et les plus fréquentées, aux affiches prestigieuses ?

    C'est bien là, la question...

    Ce public n'est autre à vrai dire, que celui d'une bourgeoisie aisée, instruite, informée, "branchée", constituée de gens de la "Gauche Bobo" (ou de la "Droite Bobo") pour "appeler un chat un chat"...

    Déjà, le prix des places : de 38 à 45 euro en "corbeille" pour ce qu'il y a de "plus abordable" si l'on peut dire... Et 60 euro ou plus pour les meilleures places... Et je ne parle pas des loges...

    Soit pour un couple, des gens d'une trentaine ou d'une soixantaine d'années, une bonne centaine d'euro... Sans compter les "à côtés" : une consommation au bar durant l'entr'acte, un dîner au restaurant dans le quartier, avant la représentation, et si les gens demeurent à l'autre bout de Paris ou en proche banlieue, à minuit et quelque à la sortie du spectacle, le prix d'une course en taxi, car passé 1 heure, plus aucun bus, plus aucun métro... Cela fait donc "un budget" !

    A propos des places en "corbeille" à 38/45 euro, places situées pour le premier rang à une bonne distance de la scène... "bonjour l'accoustique" ! Si les comédiens n'articulent pas, parlent vite ou parfois chuchotent, l'on ne comprend rien de rien! Sans pour autant être "dur d'oreille" ! (pour les "durs d'oreille" évidemment c'est encore pire)...

    Ce sont donc ces pièces en vogue qu'il faut avoir vues, dont on parle à "On n'est pas couché", entre autres "relais" ou médias... Certes, je ne mets pas en doute le talent des comédiens dont certains sont des "têtes d'affiche", des célébrités ; je ne mets pas en doute la qualité et la pertinence du scénario, de la pièce elle-même, du sens, de l'humour, de la drôlerie, de la portée, du retentissement auprès du public, etc... MAIS QUI à vrai dire, est ce public sinon un public limité à des gens dont la culture, le mode de vie, et les finances n'ont rien à voir avec ce que vivent en France des millions de gens, à commencer par les habitants de la banlieue parisienne, des quartiers populaires de la capitale qui eux, n'envisagent que de temps à autre de se rendre à une séance de cinéma en Multiplex à 8 ou 9 euro tout de même !

    Avec ces pièces de théâtre en vogue, jouées pour la plupart d'entre elles à Paris, puis en province dans les villes importantes dotées d'un bâtiment de théâtre, c'est bien là tout un univers de culture et de loisirs, situé à cent lieues de l'univers quotidien "culturel" (si l'on peut dire) de millions de gens en France avec de ci de là, quelque artiste local, quelque grand chanteur en tournée, quelque troupe de comédiens du coin, et surtout, de tous ces grands Multiplex en périphérie des villes !

    En effet, comment voulez-vous que même un prof, un cadre moyen, par exemple, habitant une ville telle que Guéret ou Marmande ou Aire sur Adour, envisage de se déplacer à Paris pour voir l'une de ces pièces en vogue dont on parle à "On n'est pas couché" ? Alors vous pensez... le chômeur, la caissière du Leclerc, le facteur de la poste...

     

     

  • Les années folles

          Sur France 3 le lundi 18 janvier 2016, l'on pouvait voir à 20h 50, ce documentaire intitulé "Les années folles"...

    Ces "années folles" qui furent celles de 1919 à 1930... Après la fin, après les horreurs, après l'hécatombe de la 1ère guerre mondiale 1914-1918...

    Il est certain que le 20ème siècle, qui, de 1900 à 1918, était encore le "prolongement" si l'on peut dire, du 19ème siècle ; a vraiment vu le jour au lendemain de la guerre de 1914-1918.

    Une nouvelle carte, politique, de l'Europe et du Moyen Orient ; un mode de vie, une culture, différents de ce qu'ils avaient été avant 1914...

    Ce qui m'a interpelé dans ce documentaire, fut de voir combien en réalité, dans la réalité quotidienne en fait, de millions de Français, ces "années folles" si mises en représentation et en avant" par la plupart des historiens, ne sont que le fait, que le mode de vie, que la culture d'une petite frange de la société française de l'époque...

    A Paris même, déjà, la "ville lumière" dans laquelle se rendaient et séjournaient des artistes, des citoyens américains aisés et "avant-gardistes", avec ses lieux célèbres que furent Montparnasse et Montmartre, avec toute cette génération d'intellectuels, de peintres, d'écrivains, de musiciens... La "ville lumière" donc, se limitait aux quartiers de la bourgeoisie aisée, et n'était le théâtre de la vie mondaine, culturelle, artistique, festive, déjantée ; que pour une petite partie de la société française...

    L'on voit bien, dans ce documentaire, ce que sont demeurés les faubourgs, la "couronne parisienne" avec ses terrains vagues, sa misère ambiante, ses maisons qui ressemblent plus à des cabanes qu'à des maisons, sans hygiène, sans électricité, et avec ses charettes tirées par des chevaux ou des ânes ; là en effet aucune automobile comme on en voyait sur la place de la Concorde ou dans la rue de Rivoli ! Et pas "d'années folles" pour tout un peuple de miséreux et de travailleurs d'usine, de paysans, d'artisans, de boutiquiers, aussi bien à Paris que partout en France...

    Ce que l'on appelle historiquement parlant "la belle époque", qui couvre la période comprise entre la fin du second empire et la guerre de 1914-1918 ; n'était en fait, aussi, la "belle époque", que pour une petite partie, bourgeoise et aisée, de la société française...

    Peu d'écrivains et (ou) de chroniqueurs, de journalistes et d'intellectuels de cette époque fin 19ème début 20ème ont mis en scène dans leurs livres, dans leurs écrits, ces gens si humbles et si pauvres qui n'intéressaient jamais des personnes d'un milieu relativement aisé et instruit, et qui elles, pouvaient s'offrir au moins une fois dans l'année des vacances à la mer et des voyages ; rêvaient de ces châteaux, de ces belles demeures et de ces personnages célèbres dont on parlait dans les romans...

    Il en est d'ailleurs de même aujourd'hui à notre époque d'internet, des réseaux sociaux, des magazines people, des productions de séries de télévision la plupart du temps américaines où l'on voit évoluer et se mettre en scène dans des environnements, des décors fastueux de millardaires ou de gens très riches, des personnages célèbres du monde de la finance et des affaires inévitablement pris dans un tourbillon d'intrigues... Tout cela regardé, suivi en épisodes, en petites actualités, en informations toutes plus "fashionables" les unes que les autres, sur internet, sur facebook, sur l'écran de son smartphone, à la télé, par des millions de gens... Alors même que tant d'autres millions de gens vivent au quotidien à cent lieues de tous ces décors et environnements de milliardaires, d'artistes et d'intellectuels "branchés"!

    Si l'instruction publique avec l'école gratuite et pour tous et obligatoire depuis 1881, était une réalité en France ; il n'en demeurait pas moins qu'au delà du certificat d'études et même à peine arrivé au "cours moyen" primaire, la grande majorité des garçons et des filles de France, à Paris et ailleurs, en ville comme à la campagne, dès l'âge de quartorze ans entraient en apprentissage et se mettaient au travail... Un travail, qui, il faut le dire, à cette époque et jusque dans les "trente glorieuses" (1950-1980) était presque toujours accessible et partout présent pour ceux qui n'avaient que leur "force de travail" à mettre en avant... Alors qu'en 2016, après des années d'études secondaires puis universitaires (et de formations diverses) c'est toute une jeunesse qui "se retrouve sur le carreau" !

     

     

  • Exit toute une époque

         Avec la disparition récente, en 2015 jusque dans les premiers jours de 2016, de :

    Natalie Cole 65 ans, chanteuse soul américaine,

    Ian Lemmy Kilmister 70 ans, chanteur du groupe Motörhead,

    Leny Escudero 82 ans,

    Guy Béart 85 ans,

    Richard Antony 77 ans,

    Demis Roussos 68 ans...

    ... Et tout récemment,

    Michel Delpech 69 ans (presque 70),

    David Bowie 69 ans...

    Tous de cette génération des nés dans les années 40 du 20ème siècle, ou des années 30 pour les plus âgés... Nous les avons tous connus, ces "grandes figures" qui ont été des repères culturels dans le domaine de la musique et de la chanson, des "repères culturels" dis-je, oui, pour les gens aujourd'hui âgés de plus de 60 ans, et donc, de la jeunesse de ces gens dans les années 60 et 70 du 20ème siècle.

    Je parle bien ici de "repères culturels" au même titre que les grands romans de la littérature Française, anglosaxonne, américaine, entre autres, de tous ces écrivains nés dans les années 1940 ; au même titre que les productions de cinéma et de théâtre avec les acteurs et les comédiens les plus connus, les plus célèbres...

    Avec la disparition de toutes ces "grandes figures", c'est toute une époque, toute une culture, qui ainsi, sans cependant sombrer comme un navire dans un naufrage, demeure et demeurera toujours présente à la surface d'un "océan du temps", avec tout ce qui, à perte de vue dispersé et flottant, parfois sous les eaux comme des villes englouties dont on discerne les toitures, les monuments, les flèches des églises ; témoignera de ce qui fut...

    De nos jours, les "jeunes et nouvelles générations" des nés après 1980, et à plus forte raison des nés après l'an 2000, peuvent-ils, dans quelle mesure peuvent-ils avoir des repères culturels d'une aussi grande envergure que ces repères qu'avaient les gens dont la jeunesse était celle des années 1960, 1970?

    Je crois, je crois vraiment oui, que les "repères culturels" sont toujours là, autres certes, mais ces repères tant dans le domaine de la musique et de la chanson que dans le domaine de la littérature, du cinéma et du théâtre... Sont beaucoup plus dispersés, beaucoup plus multiples, et qu'ils n'ont plus, les uns et les autres de ces repères culturels, comme dans la seconde moitié du 20 ème siècle, cette portée universelle, cet impact auprès d'autant à la fois, de gens de toutes générations, des villes, des campagnes, de tous les milieux sociaux...

    L'on voit émerger par exemple toute une constellation de jeunes artistes, chanteurs, musiciens, comédiens ; ayant tous autour d'eux bon nombre de fans (ou de "followers"), l'on voit ces chanteurs, ces comédiens, ces groupes musicaux, ces jeunes écrivains, présentés par Laurent Ruquier au "talk show" de télévision "On n'est pas couché", ou dans d'autres émissions "grand public" variétés, de télévision, par d'autres producteurs ou animateurs...

    Et puis, ce qui caractérisait l'époque des années 1950 à 1970, et qui d'ailleurs existait déjà bien avant, dès le début du 20 ème siècle, c'étaient ces "découvreurs de talents", des directeurs artistiques de cabarets, boîtes de nuit, qui parcouraient les rues, les places publiques, à la recherche de nouveaux talents ; et ces maisons d'édition les plus connues dont les agents littéraires avaient "des antennes"... Je pense par exemple à Louis Leplée, un directeur de cabaret parisien, qui dans les années 1930, découvrit dans la rue la "môme Piaf"...

    Plus rien de tout cela n'existe aujourd'hui, remplacé par les réseaux sociaux du Net d'une part, et d'autre part, par la "politique" des producteurs animateurs de télévision, des directions de maison d'édition, "politique" orientée dans le sens de l'audimat et du succès commercial, de la mode et du paraître... De telle sorte que toutes les productions artistiques, musicales, littéraires et autres, de qualité et de talent réels, sont comme "noyées dans la masse" et ne rayonnent que dans un espace limité, un espace dont on peine à discerner un horizon aussi net que lointain, et qui ressemble à un paysage dont les formes et les contours sont flous, diffus ; par endroits illuminé, par endroits sombre ou brumeux. Autant dire que nous étions avec "le monde d'avant", dans un paysage plus net, délimité par une ligne d'horizon qui nous semblait lointaine mais bien visible et qui nous faisait rêver à tout ce que l' on imaginait qu'il y avait derrière...

    Et c'est bien dans ce paysage du monde du 20 ème siècle, que se situaient, tels des phares le long de la côte océane, tous ces repères culturels qui étaient ceux de ces "grandes figures" de la chanson, de la musique, de la littérature, du cinéma et du théâtre, récemment disparues...

    ... D'aucuns s'accorderont sans doute à dire que, morts de cancers pour beaucoup de ces disparus, ils eurent des vies dissolues, ils ont abusé d'alcool, de drogue et de cigarette... Mais les "leçons de morale" toutes autant qu'elles sont et que l'on en peut faire, cela n' a jamais changé le monde ni hier ni aujourd'hui...

     

  • Les soldes

         J'ai observé que dans la plupart des boutiques de prêt à porter, vêtements pour femme, homme, enfant ; que ce soit dans des boutiques de rues commerçantes en ville ou dans des galeries marchandes de grandes surfaces, à l'époque des soldes de début d'année -mais pas seulement- l'on peut voir au sol des vêtements tombés de leur cintre, froissés, épars... Comme si ces vêtements, manipulés à la hâte, n'étaient pas mieux considérés que de vulgaires chiffons...

    La "consommation de masse" avec tout ce que l'on peut en dire, en dénoncer les excès, comme il m'arrive de le faire moi même assez souvent... "C'est une chose"... Mais... Le respect des choses en est une autre...

    Lorsque par inadvertance je fais tomber un vêtement de son cintre après l'avoir manipulé, ou que j'essaye ce vêtement dans la cabine d'essayage, je le replace soigneusement sur son cintre, accroché sur la barre de soutien avec les autres vêtements, ou bien, dans la cabine d'essayage, je ne laisse pas ce vêtement reposé tel un chiffon, sur la petite tablette ou par terre...

    Tous ces articles de prêt à porter pour femme, homme, enfant, que l'on peut se procurer au moment des soldes avec une réduction de 30 à 60 % ; hors soldes, en boutique à enseigne en galerie marchande, sur les marchés, du fait de l'importance de leur diffusion (consommation de masse)... Ne coûtent en général sauf "marques en vogue et de luxe", que des prix "à la portée de tout un chacun"...

    Je pense, à chaque fois, à la vue de tous ces articles de vêtements, aux gens, aux femmes et aux enfants qui travaillent des dix douze heures par jour dans d'immenses ateliers usines de confection, pour 1 ou 2 euro par jour dans des pays où la main d'oeuvre, où le travail est "bon marché" ; je pense à tous ces grands groupes, tous ces lobbies, et à leurs actionnaires, qui s'enrichissent sur le travail de milliers de femmes et d'enfants, et dont les revenus, les dividendes, de ces actionnaires, ne cessent d'augmenter...

    Je pense aussi à la demoiselle ou au jeune homme employé dans le magazin faisant partie d'une grande enseigne ou d'un groupe, en CDD vingt heures ou moins même, par semaine, et qui devra ramasser et remettre en place tous ces effets tombés au sol, tout ce qui est laissé dans les cabines d'essayage...

    Soit dit en passant, la plupart des emplois salariés de grandes surfaces commerciales, galeries marchandes, boutiques de ville, sont quasiment tous des emplois à temps partiel sur la base du salaire minimum. Autrement dit les gens ne sont pas au chômage statistiquement parlant, mais ils travaillent pour 600 euro ou moins par mois ; ce qui explique le nombre effrayant et réel des "revenus en dessous du seuil de pauvreté", le nombre des exclus d'une "consommation de masse" qui n'est autre que celle des gens qui peuvent consommer c'est à dire bien sûr des millions de gens en France et en Europe qui eux, ont de "vrais salaires" même des salaires modestes...

    Il en est de même pour la plupart des produits de la "consommation de masse", en équipements de loisirs, bricolage, électroménager, jardinage, ameublement... Rien de tout cela, ou peu de choses, est fabriqué en France ou dans les pays européens en lesquels le travail est encore payé "à peu près correctement ou au moins un minimum défini"...

    Oui, c'est à tout cela que je pense, en voyant déborder dans les magazins, tous ces étalages et rayons de produits alimentaires et autres, à perte de vue lors des jours de fin d'année, de départs en vacances, de périodes d'achat et de consommation...

    Alors, quand je vois par terre, à Carrefour ou à Leclerc Géant, tombé d'un étalage, le moindre gadget ou boîte de conserve à 1 ou 2 euro, même si ce gadget me paraît complètement futile, superflu, eh bien je le ramasse et le replace sur l'étalage.

    Je le redis encore pour conclure "la consommation de masse c'est une chose" -que je critique et dont je dis et écris ce que j'en pense- mais le respect des choses ç'en est une autre", ne serait-ce qu'à cause du travail de confection ou de fabrication effectué par des femmes et des enfants dans d'immenses ateliers usines dans des pays du sud-est asiatique, en Afrique, au Brésil ou même dans des ateliers clandestins en France, en Allemagne, en Europe !

     

  • Le camping de la contestation écologiste

    Nid dans l arbre

         Les écologistes contestataires qui ont occupé le terrain près du barrage de Sivens ont quitté ce terrain sur lequel ils n'ont pas fait le ménage en partant... Ils ont laissé sur place bon nombre de détritus, à tel point que l'endroit ressemble maintenant à une décharge publique telle que l'on en pouvait voir du temps où chaque commune avait encore son dépotoir à ciel ouvert...

    Sur cette photo l'on voit dans les arbres ce qui reste d'un camping sauvage : l'on se demande (je me demande) comment ils faisaient, pour, la nuit, pisser !

    Je pose une simple question :

    La violence, celle que tout le monde condamne tout bardé qu'il est de "certitudes culturelles confortables, de mode, de pensée unique", d'où vient-elle ?

    Les soit-disant purs, les soit-disant innocents, les décontractés-décomplexés accro d'applis sur smartphone, de consommation de masse loisirs équipements, d'un côté...

    Et les "faiseurs de vérité des plateaux télé", les lobbies, les actionnaires, la plupart de nos députés et gens de gouvernement, les minorités arrogantes, d'un autre côté...

    Ne sont-ils pas, eux, tous autant qu'ils sont, des deux côtés que je viens de dire... D'une autre violence tout aussi affligeante que la violence abjecte des terroristes et des maudits de tout poil ?

    Tous autant qu'ils sont, avec leurs marches et leurs manifs pour des causes "nobles", eux-mêmes qui ont depuis des dizaines d'années après 1945, "enfanté" jusqu'à même les armer, ceux qui aujourd'hui nous assassinent!

    Oui, je vous le demande : la violence, la vraie/vraie violence, elle est de quel côté? Ou plutôt : la violence elle était et elle est encore de quel côté avant d'être du côté de là où on la condamne ?

     

    .. Je suis bien plus solidaire de l'humanité qui souffre, de l'humanité des humbles, de l'humanité de ceux et celles de mes semblables qui n'ont pas été ou pas pu aller à l'école, de l'humanité des pelés qui reçoivent des coups de bâton de partout, de l'humanité des exclus, des moqués, des "moins-que-rien"... Que je ne le suis, solidaire, de l'humanité de ceux et celles que l'on voit se rassembler en foules au nom d'une "noble cause"...

     

     

  • 2016

    Chaises vides

         Deux mille seize ma langue fourche mon esprit fourche mon imagination fourche ma pensée fourche... Je vois deux mille chaises en perspective comme sur cette photo... Deux mille chaises à perte de vue sans personne assis dessus, comme si les gens les spectateurs conviés, s'étaient sans s'être donné le mot sans s'être organisés, refusés à aller s'asseoir sur les deux mille chaises en face de l'écran géant pour voir le Grand Spectacle offert...

    Chargées d'absence et de silence sont les deux mille chaises sans personne assis dessus, à perte de vue...

    Deux mille chaises installées pour le Grand Ballet la Grande Truanderie la Grande Braderie la Grande Menterie en consomascope 3D mais sans personne assis sur aucune chaise ça paraît incroyable mais c'est pourtant la vérité possible contre la vérité et l'arrogance des faiseurs de vérité...

     

  • Je ne suis pas solidaire de ...

         Je ne suis pas solidaire de cet humain automobiliste trentenaire ou sexagénaire à qui il arrive quelque chose de pas très heureux voire de malheureux, qui m'a klaxomerdé dans un rond point où j'ai traîné ma caisse hésitant sur la sortie à prendre...

    Mais je suis solidaire du minou errant qui élit domicile dans un recoin du cabanon au fond de mon jardin et je laisse une assiette de croquettes près d'un tas de bois dans le cabanon, pour ce minou errant...

    Je ne suis pas solidaire de cet humain à qui il arrive quelque chose de pas très heureux voire de malheureux, qui, mine de rien, a avancé le coin avant droit ou gauche de son chariot par le travers ayant espéré ainsi me devancer dans la queue à Intermarché si je rêvais ou pensai à un paysage, à un visage...

    Mais je suis solidaire du bousier gisant sur le dos comme une tortue retournée au milieu du chemin, et je me baisse pour prendre dans mes doigts le bousier et le remettre sur ses pattes...

    Je ne suis pas solidaire de cet humain à qui il arrive quelquechose de pas heureux voire de malheureux, qui, dans sa bagnole par la vitre avant droite, a jeté sur le bord de la route devant chez moi, un carton vide de pizza ou un paquet vide de clopes...

    Mais je suis solidaire de l'araignée qui tisse sa toile en travers de l'espace par lequel je passe pour aller jeter mes épluchures de légumes dans le composteur au fond de mon jardin sous des branches d'arbres faisant voûte ; et je me baisse pour ne pas déchirer la toile de l'araignée...

    Je ne suis pas solidaire de Loana l'héroïne de Loft Story d'il y a 15 ans et dont je me fous des malheurs qu'elle a eus et qui font la Une des infos actualités yahoo...

    Mais je suis solidaire de la salamandre qui met cinq minutes pour traverser une route étroite sur laquelle va passer bientôt une voiture ; et je prends entre mes doigts la salamandre pour la poser sur l'herbe du talus de l'autre côté de la route...

    Je ne suis pas solidaire de cet humain vacancier à l'île de Ré, du genre pull sur les épaules et lunettes de soleil dans les cheveux, attablé en terrasse de restaurant devant un plateau de fruits de mer, bardé de toutes ses certitudes culturelles dominantes et confortables, à qui il arrive quelque chose de pas très heureux voire de malheureux...

    Mais je suis solidaire du jeune trisomique ou du jeune autiste qui n'arrivera pas à vivre jusqu'à 40 ans et que l'on peut voir accompagné avec d'autres jeunes handicapés, accompagné par un éducateur, dans une fête en plein air et qui rit très fort on ne sait pourquoi...

    ... Si vous n'êtes pas solidaire de moi parce que je prends la liberté de dire tout cela et d'autres choses que vous pouvez trouver inconvenantes ou iconoclastes, je vous comprends... Mais je m'en fous complètement parce que quand je serai plus là le monde continuera de tourner sans moi...

    J'espère seulement qu'il y aura encore du monde pour retourner les bousiers, pour passer sous la toile de l'araignée, pour ne pas donner un coup de tatane ou de balai au minou errant, pour poser la salamandre au bord de la route, pour regarder un trisomique ou un autiste sans se foutre de sa poire !

     

     

  • Trois silhouettes

    Parasols

         Deux intellectuels progressistes, genre bobo pull sur les épaules et lunettes de soleil dans les cheveux, un soir un peu frais de juillet, assis à la terrasse d'un café de plage à Ars-en-Ré, tous deux "très à cheval" sur le principe de la reconnaissance des "cultures différentes", apercevant à moins de dix pas de leur table ces trois silhouettes immobiles vues de dos et semblant admirer un magnifique coucher de soleil ; se décident à entreprendre une conversation amicale "à bâtons rompus" avec ces trois silhouettes...

    Ils ne se sont pas demandé, les deux intellectuels, pourquoi chacune de ces trois silhouettes avait... non pas deux pieds... mais trois... En effet l'on voit bien qu'il y a trois pieds !... A condition bien sûr, de bien regarder...

    La serveuse, une jolie blonde, s'approche pour prendre la commande...

    -Vous voyez, mademoiselle, ces femmes ne nous répondent pas, elles contemplent le coucher du soleil, ce qui prouve qu'elles sont beaucoup plus sensibles à la beauté de la nature plutôt qu'à notre discours...

    -Mais, messieurs... Ce sont des parasols !

     

  • Pensée unique contre pensée unique, regard qui éructe contre regard qui parle...

    ... Le gros problème avec les intellectuels, je veux dire les intellectuels auxquels on reproche à juste titre tant de choses, c'est que par extension, on "met dans le même sac" les intellectuels qu'il faudrait lire et écouter, ceux, moins nombreux que les "imbuvables" ; qui ne sont pas "dans la pensée unique", pas "dans le système"... Non seulement ces intellectuels là, sincères, authentiques, purs.-et rares... Mais d'une manière générale, tous les gens qui pensent, réfléchissent, s'expriment et ne font pas dans l'émotion, dans le sensationnel, dans le paraître...

    "Dans le même sac", c'est à dire que "par les temps qui courent", par réaction épidermique de type "anti/anti-rejet total", toute pensée exprimée et diffusée que ce soit sur un réseau social, dans un forum, sur un blog, dans un lieu public... toute pensée qui "pointe le bout de son nez" quelque part, est soit mal accueillie, soit rejetée, soit suscite de l'indifférence, du dédain...

    Plus rien ne compte que de l'information immédiate, émotionelle, épidermique, souvent erronée ou dénaturée, ou même fausse, que l'on va chercher sur le Net, sur le petit écran de son smartphone, et que l'on va "partager" en boucle c'est à dire expédier à tous ses "amis" (amis qui ne sont pas des amis mais des "followers")... Et tout ce qui contrevient à cette "anti culture" de l'immédiateté, du sensationnel, du paraître ; tout ce qui s'oppose à cette frénésie dans la recherche de l'évènement ou du "scoop"... Tout ce qui "pense contre tout cela", qui ose le dire et l'écrire, est traité de la même manière dont on traite tout ce dont les intellectuels "imbuvables" nous gavent...

    C'est comme si, écoeurés en tant que jeunes, de l'école en général, des profs, du système, de tout ce qui est essayé et qui échoue... L'on en arrive à ne plus vouloir rien apprendre, à ne plus rien trouver d'intéréssant, de motivant, d'utile... Et à déclarer -ou plutôt à éructer- que tout ce qui "montre tant soit peu le bout de son nez" question réflexion et pensée, n' a plus le moindre sens, n'est que du "caca nerveux", de la foutaise, de la daube...

    Et cela va jusque dans le regard que l'on porte sur l'Autre, cet Autre qui pourtant te regarde lui, comme si tu étais un ami, quelqu'un de digne d'intérêt... Mais que tu prends pour un "putain d'intello", encore un, un de plus !

    Oui, le quotidien à vivre, aujourd'hui c'est "ça" : tu ne peux plus rien dire d'autre que ce qui se dit, se répète à l'infini, se crache, se vomit, s'éructe à longueur de journée et de nuit, partout...

    A la pensée, à la réflexion, à la poésie, se substituent et se généralisent l'éructation, l'injure, le vulgaire, la violence, l'apparence, le sensationnel, l'émotion primaire... Le dégôut, le rejet, l'indifférence à tout ce qui est pensée, réflexion, beauté, poésie... Quand ce n'est pas une immense hypocrisie qui masque toute cette indifférence et ce rejet par une bienséance bizounoursique qui d'ailleurs s'effondre comme un château de cartes au moindre claquement de porte...

    Vivre dans un monde pareil aussi écoeurant, aussi désespérant, aussi "anti culturel" au point de nier même la "culture de résistance"... En demeurant un résistant, un poète, un penseur, un "qui ose dire", c'est être plus seul, plus "sans avenir", que jamais, jamais auparavant... Seul, et sans la moindre chance "d'être existé" parce que "n'est existé" que ce qui éructe, clignote de feux rouge-vert-bleu-jaune-violet sur la tête les pattes le ventre la poitrine métalliques le tout articulé gesticulant tel ces goldoraks pour gosses nés en 2010 accros de consoles de jeux vidéo guerre des étoiles... Ou fourmille de mille applis sur smartphone, de nouveaux programmes électroniques sur le tableau de bord du nouveau modèle de bagnole pour trentenaires à-la-coule...

     

    ... Je vous bassine, avec mon "langage" ?

     

    ... Eh bien je vous emmerde !

     

     

  • Ce regard que l'on porte, de soi et de l'autre

         Lorsque l'on porte son regard sur sa propre obscurité, on ne devient pas lumineux pour autant...

    La conscience de cette obscurité en soi, exprimée tout autour de soi, n'est , le plus souvent, qu' un éclairage de scène...

    Quant au regard que l'on porte sur l'obscurité des autres, de tel ou tel autre autour de nous, c'est un regard qui, à force d'être projeté autour de soi et d'occuper l'espace public, nous rend toute lumière en l'autre, invisible...

     

  • Regard en burqa

    Grosses lunettes

         Les lunettes de soleil, surtout quand elles sont grosses comme des soucoupes volantes, sont des burqas qui couvrent le regard...

    Quand on a la foi en son regard, on ne craint pas la cataracte...

     

  • Un monde figé

    "T'es un ancien si...

    Ainsi fut mon enfance : je n'avais pas de Blackberry, ni de Wii, ni de Playstation, ni Xbox, ni MP3 et encore moins de PC portable... Je jouais à cache cache, aux billes, aux pogs, des cabanes dans les arbres, au ballon, à l'avion. L'heure de rentrer c'était quand ma mère criait "rentre maintenant !" Quand je me comportais mal, on m'envoyait pas chez le psy, on me bottait le cul!!! On faisait du roller ou du vélo au lieu de "tchatcher" sur internet. Et quand on voulait se voir, on allait sonner les uns chez les autres, on ne s'envoyait pas de SMS. Les gels antibactériens n'existaient pas et on jouait avec la terre! Quelle enfance super"

     

                          [Facebook.com/tesunanciensi]

     

         Ce que j'en dis : "Blackberry, Wii, Playstation, Xbox, MP3, PC portable... Smartphone, 4G, Internet, facebook, les blogs, les SMS, tchatcher sur internet... Tout cela dans un monde qui serait demeuré tel celui des Anciens mais dans lequel on se verrait en allant sonner les uns chez les autres, en se regardant dans les yeux et en inventant des histoires en voyant passer des visages, dans une philosophie de la Relation... ça serait ce monde qui n' a pas encore existé, qui ne serait pas forcément meilleur, mais qui serait différent dans le sens où ce monde là, ne serait plus figé comme il l'était et comme on en a la nostalgie, ou figé comme il l'est aujourd'hui en un bouillonnement qui fait de chaque éclat qu'il projette, une goutte de gel suspendue tel un cocon déchiré sur un fil de clôture... Toutes ces technologies que sont Blackberry, Wii, Playstation, Xbox, ¨MP3, Internet, SMS... ont figé le monde en une mer gelée qui s'est fracturée de partout, qui a évelé des cathédrales de glace, ou des igloos pour nains de jardin, qui a ouvert des failles au fond desquelles on ne voit rien, rien d'autre qu'un trou noir... Alors qu'elles auraient dû, toutes ces technologies, nous laisser entrevoir et ce ciel et ces abysses dont nous ne savons toujours rien...

    Dans ce ciel et dans ces abysses dont nous ne savons toujours rien ou si peu, je sais, je "vois", au moins une chose : nous y sommes tous reliés, les êtres humains, les êtres de et des ailleurs, les fins et les commencements, les avant et les après, les années lumière et les nano secondes...

     

  • Alternative (s)

         Ce qui manque aujourd'hui dans le monde, aussi bien "occidental" que "occidentalisé", c'est une transcendance dans une pensée, dans une foi, dans un idéal, enfin quelque chose qui puisse offrir, proposer une alternative à une désespérance consciente ou non, une désespérance qui n'est pas forcément ressentie comme une désespérance à proprement parler, en somme une désespérance liée à l'évolution d'une civilisation dans laquelle "on ne voit rien pointer à l'horizon qui change vraiment notre vie à tous" (alors même qu'on jouit de tout le confort possible -mais un confort essentiellement matériel)... Cette désespérance à laquelle je pense n'est autre que celle, en général, d'une "non espérance" en un monde, en une civilisation qui parviendrait à se différencier de la civilisation matérialiste consumériste présente partout sur la planète, et dont les effets et les dérives s'accentuent depuis le début des années 2000...

    Cette alternative au sens -ou plutôt au non sens- du monde actuel, n'est proposée ou plus exactement insufflée dans nos sociétés en décomposition, que par des fondamentalistes religieux tels que Daesh, précédé par Ben Laden et Al Qaïda depuis 1979 avec à l'origine l'attentat prise d'otages à la Mecque... Mais qui, dans des conditions de violence extrême et de brutalité, font le pari risqué de fédérer tout le monde contre eux, un monde divisé, un monde qui dans un premier temps effectivement en partie et même en quasi totalité se fédèrera, mais se délitera... Ce qu'attendent Daesh et les fondamentalistes...

    Outre Daesh, Al Qaïda et les fondamentalistes musulmans, il y a aussi, pour proposer une alternative, chacun de ces groupes ou organisations contestataires dans une mouvance d'actions violentes menées contre l'ordre établi, contre les assises, les bases, les valeurs contestées de la civilisation... L'on y trouve par exemple, dans cette mouvance, des écologistes radicaux, toutes sortes d'anti ceci/anti cela, des intégristes catholiques, des minorités revendiquant leurs droits d'une manière ostentatoire et violente...

    Mais il y a aussi, cependant -et ça ne l'oublions surtout pas- une autre "alternative" (dans une transcendance dans la pensée et de la foi en un autre monde possible) -que par Daesh, que par les fondamentalistes, que par chacun de tous ces groupes et organisations contestataires, c'est celle qui est proposée par certains philosophes, penseurs, intellectuels, scientifiques, chercheurs (mais aucun homme politique), et qui conteste le "sens du monde" (mais pas de la même manière et avec les mêmes armes que Daesh, les fondamentalistes et les contestataires violents)...

     

    ... La force de l'alternative proposée et insufflée par Daesh (et avant par Ben Laden et Al Qaïda) réside dans le fait que la plupart des êtres humains du monde présent (en gros depuis la fin des années 70) sont dans une forme ou plusieurs formes de désespérance, désespérance liée à une civilisation matérialiste de progrès et de consommation qui fait mourir d'ennui et de lassitude et d'absence de perspective, la société dans son ensemble...

    Il est assez significatif (c'est ce que disent les études menées) que seulement 16% des "qui rejoignent Daesh" sont issus des classes sociales dites "défavorisées" (les pauvres, les exclus, les laissés pour compte, etc.)

    Depuis les temps préhistoriques (homo sapiens entre autres) l'Homme (femme et homme) a toujours eu besoin de penser, de croire en quelque chose qui le "transcende"... Les religions, les cultes, les croyances, tout cela a joué un rôle déterminant (mais hélas souvent avec les dérives et les abus que l'on connaît)... Mais il demeurait de tout cela, abstraction faite des dérives et des abus, comme un "ciment", un "ciment" qui "tenait" à travers les siècles...

    Or ce "ciment" aujourd'hui, disparaît (a disparu peu à peu en partie, en grande partie dans notre civilisation "occidentale" et "occidentalisée"...

    Le "ciment" disparaissant, voilà des "maçons de l'apocalypse" qui refont le ciment ! ... Mais il y a aussi les "maçons compagnons" qui en font, du "ciment" !

     

    ... Le "discours" qui s'impose (et comment ce discours ne s'imposerait-il pas) dans le monde occidental et occidentalisé, est : "Il faut les éliminer, les éradiquer, leur livrer une guerre totale"...

    Exactement le même "discours" qu'EUX !

    Au mieux, le "bras de fer" sera celui de deux bras avec chacun le poing serré, deux poings juste au dessus du milieu de la largeur de la table, avec tour à tour, d'un côté ou de l'autre, un bras qui va faire un peu baisser l'autre...

    Mais ni l'un ni l'autre des deux bras ne parviendra à faire jamais tomber l'autre. A ce "jeu", les combattants ne survivront pas, les deux bras et les deux poings se gangrèneront et finiront en poussière... Est-ce cela, qui a été prévu par Dieu ou par Allah ? La poussière ? ... Mais c'est vrai, de la poussière peut renaître la vie...

     

    ... Erdogan veut faire de la Turquie une grande puissance économique et financière, avec pour future capitale et place boursière Istanboul et ses 17 millions d'habitants et son gigantesque marché, au carrefour de l'Europe et de l'Asie. Une Turquie en somme, qui restaurerait en partie l'ancien empire Ottoman. Erdogan entend également islamiser l'ensemble de la société turque... Son cauchemar absolu, c'est que les Kurdes de l'est de la Turquie parviennent à se séparer de la Turquie et à constituer un état indépendant... Il n'a donc pas loin s'en faut pour priorité, de combattre l'état islamique, et n'est pas en ce sens, un allié pour les pays de l'OTAN.

    Il y a dans un certain sens on va dire, derrière ce personnage qu'est Erdogan et de ce qu'il incarne, et par quoi il rayonne dans la société turque qui adhère à ses vues... Il y a aussi, tout comme d'ailleurs derrière Vladimir Poutine, une alternative à l'ordre actuel du monde. Or il se trouve que l'Europe et que l'Amérique, en face de la Russie, de la Turquie, de l'Iran et de la Chine, n'ont pas d'alternative à proposer autre que celle d'un développement illusoire, d'une "cour des droits de l'homme" (de façade soit dit en passant) ... et d'un "ventre mou"...

    Si l'on regarde l'Histoire, on s'aperçoit que, derrière l'Iran, derrière la Russie, derrière la Chine, derrière la Turquie, il y a de grands empires qui ont duré des siècles, avant et durant l'histoire de l'Europe jusqu'au début du 20 ème siècle.

     

    ... L'empire ottoman, de 1453 jusqu'en 1918, fut incontestablement une grande puissance. Une grande puissance qui a cependant donné "du fil à retordre" aux autres puissances de l'époque entre autres pour ne citer que 2 de ces puissances l'empire des Habsbourg austro hongrois, et la Russie des Tsars.

    C'est la bataille navale (l'une des plus importantes bataille navale de toute l'Histoire) de Lépante, le 7 octobre 1571, dans le golfe de Patras en Grèce, qui "scella" le destin de l'empire ottoman, dans le sens ou l'empire ottoman, sur le point, en 1571, d'avoir le dessus sur les autres puissances chrétiennes de l'Europe, ne put alors ni s'étendre ni s'imposer au delà de ses frontières dont l'une se trouvait proche de Vienne, capitale de l'empire austro hongrois... A noter qu'en 1529, Vienne fut assiégée par une armée de 120 000 hommes de l'empire ottoman, mais qu'elle ne fut pas prise (la météo y est pour beaucoup dans cette affaire)...

    La marine ottomane était encore en 1571 la marine de guerre la plus puissante du monde d'alors, et régnait sur la Méditerranée... Ce fut une flotte chrétienne fédérée en une ligue, composée d'escadres vénitiennes et espagnoles, renforcée de galères génoises, pontificales, maltaises et savoyardes, qui lui infligea une défaite totale...

    A partir de 1571, l'empire ottoman, qui fut à plusieurs reprises en guerre contre les austro hongrois et les russes, demeura cette grande puissance dominante dont nous connaissons les limites et les frontières, et les marches les plus éloignées.

    Durant le temps de cette grande puissance, à l'intérieur de ses frontières, donc dans tout le moyen orient, régna -si l'on peut dire- une "paix relative", un peu comme un couvercle posé sur une marmite dans laquelle chauffaient depuis les premiers temps de l'Islam, plusieurs eaux séparées dans de plus petits récipients...

    Dans l'organisation à l'ottomane de cet empire de peuples et de courants religieux diversifiés, le pouvoir des sultans, des élites, des cours régnantes et des privilégiés de la société, y gagnait autant sur le plan économique et financier que sur le plan de la "paix sociale" (une "sorte" de paix sociale)...

    Lorsque les Anglais et les Français et leurs alliés défirent en 1918 cet empire qui, à ce moment là, était "au bout du rouleau" (mais aurait pu encore tenir), alors ce fut le début de la catastrophe : plus de couvercle sur la marmite...

    Je n'imagine pas, pour ma part, qu'un type tel qu'Erdogan, pourtant "d'une certaine trempe à sa manière", parviendrait à restaurer l'empire ottoman d'avant 1918, ou quelque chose qui lui ressemblerait d'à peu près équivalent... Le contexte mondial a changé, c'est encore plus complexe qu'avant 1918...