Articles de yugcib

  • Dans l'eau courante

         Par moments dans notre vie, dans la réalité de chacun de ces jours que nous vivons et nous apparaissent sans magie ; tous gris d'habitudes prises, d'automatismes, de petits plaisirs renouvelés qui n'ont rien à voir avec ce que l'on pourrait appeler le bonheur ; dilués que nos sommes dans l'eau courante de tout ce que nous procure la société de consommation en matière de loisirs et de culture télévisuelle ; isolés que nous sommes dans des aspirations qui nous dépassent, dévorés par des besoins accrus et toujours plus diversifiés, insatisfaits de notre condition présente... Il arrive que nous nous sentons dépossédés, coupés de nos racines, séparés du meilleur de nous-mêmes, vidés de notre substance, sans enthousiasme et comme éteints intérieurement.

    Nous ne sommes alors plus reliés aux êtres et aux choses qui nous entourent. Nous ne prononçons pas les mots qu'il faut dire et que pourtant nous sentons en nous. Nous n'avons plus les regards ni les gestes ni les signes qui devraient interpeller ou émouvoir.

    Dans ces moments là, les souvenirs se diluent, la mémoire de ce qui fut jadis, se perd.

    L'un des aspects les plus déstabilisants de cette "solitude viscérale" de l'être, est à mon avis, le fait de se sentir coupé de ce qui peut encore nous relier aux êtres qui nous entourent, dans un environnement cependant habituel voire familier, et alors même que nous vient la conscience, le ressenti, de cet isolement...

    Dépossédés que nous sommes alors du meilleur de nous-mêmes, éteints intérieurement, étouffés par des aspirations et par des doutes qui nous dépassent, enfermés dans notre "monde intérieur", nous ne pouvons plus rien traduire, plus rien donner, plus rien partager. Non seulement nous ne sommes plus reliés aux autres, mais ces autres sont devenus des étrangers, des inconnus, voire des intrus qui ne font pas partie de notre monde.

    ... L'inconscience, le "non ressenti", de cette dépossession, de cette solitude... S'apparente au bonheur, enfin à "une forme de bonheur" si je puis dire ; tout comme l'ennemour qui "singe l'amour à s'y méprendre"...

     

  • Ce poème d'Aref Hamzeh

    ... Lu dans "Quelques écritures de Syrie", publication par la Société Littéraire de la Poste et de France Télécom, revue trimestrielle Missives, juin 2015 numéro 277 :

     

    Ce poème de Aref Hamzeh, traduction Hala Omran et Wissam Arbache

     

    Je m'assieds sur la place publique de Buchholz

    Parmi les mutilés de guerre

    Comme eux j'observe la vie qui appartient aux autres

    Comme eux j'attends le coucher du soleil pour partir

    Sans que personne

    Ne s'aperçoive

    De notre solitude

     

    Je ne retournerai pas dans mon pays en tant que citoyen Syrien

    Si la guerre se terminait

    Ni kurde ni arabe

    J'y retournerai exilé

     

    On se parle tous les jours au téléphone ma mère et moi

    Comme deux veufs

    Les années de deuil

    Le téléphone pour ma mère

    Est comme un sérum

    Attaché à sa main

     

    27 janvier 2015

     

    AREF HAMZEH

     

    Né en 1974, diplômé de Droit de l'Université d'Alep en 1998. Il publie des poèmes et des critiques littéraires dans les journaux et magazines arabes. En 2004, il reçoit le Prix de poésie Mohammad Al-Maghout. Il est aussi nominé pour la Bourse Internationale Littéraire "Rolex" en Suisse en 2006.

    Beaucoup de ses textes ont été traduits vers l'Anglais, le Français, l'Allemand, le Turc, le Kurde et l'Espagnol.

     

     

    ... Je viens de me faire cette réflexion :

     

    "Que ce soit hier soir samedi 12 septembre 2015 sur France 2, sur les plateaux l'un de Patrick Sébastien avec Le plus Grand Cabaret du monde, et l'autre de Laurent Ruquier avec On n'est pas couché... Et, avec sur chacun de ces deux plateaux de télévision, les invités de ces deux émissions de grande écoute le samedi soir... Que ce soit tous les autres jours de cette année 2015 avec tous les écrivains, tous les artistes qui se produisent... (Je ne parle point des "politiques" et des "économistes ça serait "trop indécent")... Que ce soit aussi, plus généralement, tous les internautes qui postent sur les réseaux sociaux ou qui diffusent sur des blogs leur petit espace personnel...

    ... QUE VAUT, que représente tout cela ? QUEL EST LE SENS, la portée, la place... dans le monde de 2015, de tout cela ?

    Quelle crédibilité de tout cela...

    Que pèse tout cela... En face de ce chaos, de cette violence, de ces guerres, de ces millions de réfugiés dont la plupart vivent dans des camps ou fuient sur les routes de l'Europe ?

    Nord Mali, Soudan, Erythrée, Lybie, Nigeria, Yemen, Syrie, Irak, Afghanistan, Pakistan, Kurdistan... Tous ces pays dont l'Histoire, aujourd'hui s'arrête, et qui, comme tous les pays du monde, ont eux aussi leurs écrivains, leurs poètes, leurs artistes ?

    Il me semble... il me semble... Et je le dis avec une certaine gravité... Que le sens, que la portée, que la place, que la crédibilité... de tout ce que l'on peut produire, artiste, poète, écrivain... Et même simple internaute sur un réseau social... Se trouve en ces temps que nous vivons, davantage du côté d'un Aref Hamzeh, plutôt que du côté de l'un ou de l'autre des invités de Patrick Sébastien ou de Laurent Ruquier...

    Je crois qu'en ces temps graves que nous vivons depuis les révolutions arabes de 2011, que depuis les politiques menées par les Européens et les Américains dans le développement de ces révolutions ; que depuis les événements, les guerres qui découlent de ces révolutions, avec notamment les flux migratoires de plus en plus importants de ces derniers mois, flux migratoires qui sont l'une des principales conséquences des guerres... Je crois que par la voix et par les oeuvres des artistes, des intellectuels, des poètes et des écrivains de tous ces pays en guerre actuellement et plongés dans le chaos, que c'est bien là, bien plus que par la voix et par les oeuvres des gens qui "font la pluie et le beau temps" sur nos plateaux de télévision Européens... qu'il y a le plus d'espoir pour une "issue" (que l'Histoire, non seulement de ces pays en guerre mais aussi l'Histoire du monde tout entier, puisse "repartir")...

    Les uns, sur nos plateaux télé et dont les livres se vendent et se lisent, sont plus soucieux de leur destin personnel que de l'évolution et de la portée de la littérature,de l'art, dans la vie, dans la société...

    Les autres, persécutés, en exil, censurés, dans des pays de dictature et de guerre, sont au contraire bien plus motivés dans le sens de l'évolution et de la portée de la littérature et de l'art dans la vie, dans la société...

     

  • Les pieds dans l'eau, de Benoît Duteurtre

    Cvt les pieds dans leau 5060

    Les pieds dans l'eau, de Benoît Duteurtre

     

    Dépôt légal octobre 2008

     

    Gallimard

     

    Quatrième de couverture :

     

    "Le 29 septembre 1990, une vingtaine de descendants de René Coty se retrouvèrent à l'Elysée. Chez les petites filles du Président, d'ordinaire si ardentes à rompre avec le passé, l'opportunité sembla éveiller un brin d'amusement. Les années glorieuses s'éloignaient suffisamment pour prendre un arrière-goût folklorique. Tout le monde avait oublié le nom de Coty – sauf pour le confondre avec celui d'un parfumeur. L'époque présidentielle ne représentait plus une menace avec ses privilèges. Rien ne pouvait désormais entraver le triomphe de cette "vie normale" vers laquelle ma famille inclinait depuis trente ans."

     

    Avec ce roman familial, Benoît Duteurtre déploie son art d'humoriste social sur un mode plus intime. A l'ombre des falaises d'Etretat, il observe les transformations de la bourgeoisie en vacances, le catholiscisme revisité par mai 68 et sa propre évolution de jeune homme moderne à la découverte de la nostalgie.

     

    Prix Médicis pour "Le voyage en France", Benoît Duteurtre est notamment l'auteur de "Tout doit disparaître", "Gaité parisienne", "Service clientèle", "La petite fille et la cigarette".

     

     

    Extraits

     

    Page 114 :

     

    "Les aspirations artistiques m'occupèrent donc toujours davantage. Dans le train-train de cette vaste sous-préfecture, on pouvait encore faire semblant d'inventer ce que Paris découvrait un siècle avant. En première puis en terminale, j'avais formé avec mes amis un groupe moderniste à tendance délurée. Notre amour des élucubrations d'Alphonse Allais, des facéties d'Erik Satie et du dadaïsme de comptoir nous éloignait des intellectuels de gauche qui régnaient à la Maison de la culture, comme des femmes-poètes qui se réunissaient le samedi après-midi, pour lire à voix haute des textes de René Char."

     

    Page 222 :

     

    "Pour aggraver les choses, l'artisanat semblait partout sur le point de disparaître en tant qu'activité fourmillante et peu onéreuse, aves ses multiples corps de métiers. La notion même d'entretien devenait problématique dans une économie fondée sur le remplacement systématique de tout objet défectueux par de nouveaux matériaux normalisés. Cette organisation ne laissait guère de place au travail minutieux du bois, sauf sous forme d'activité luxueuse, facturée au prix fort et réservée aux clients fortunés."

     

     

    Mon avis

     

    Il y a dans les livres de cet auteur, Benoît Duteurtre, dirais-je du sens et de l'atmosphère.

    Avec Michel Houellebecq, Benoît Duteurtre est l'un de mes écrivains préférés -et les plus lus par moi- de cette période contemporaine que je situe en gros, depuis les années 70/80 du 20ème siècle.

    Sans doute y-a-t-il, depuis ces années 70/80, d'autres écrivains dont je lis les livres, et j'espère bien découvrir des auteurs qui, comme Houellebecq et Duteurtre, m'interpelleront autant et chez lesquels je trouverais du sens et de l'atmosphère.

     

  • 2077, "Chevaline" sur Facebook

    Un look d enfer

    ... Vous ne savez pas comme c'est dur d'être une femme qui a mon physique !

    C'est peut-être la raison pour laquelle sur cette photo l'on ne voit que mes jambes, la deuxième paire de jambes à partir de la gauche de la photo, avec les chaussures roses à talons hauts...

    Tout le monde autour de moi, à vrai dire mes amis de fraîche ou de plus ou moins longue date, me donnent environ 35 ans... J'avoue avoir quelque peu "forci" depuis deux ans bien que je ne sois guère une adepte de glaces "biboule ou triboule au lourd lait de vache" ni de grands seaux de pop corn au cinéma...

    Je suis, "en gros" -sans jeu de mot- ... de ces filles et femmes dont le "canon de beauté" correspond à ce que recherchent dans leurs relations féminines passagères ou durables, la plupart des hommes... C'est à dire, un corps bien en chair, de bonne taille, soit d'environ un mètre soixante quinze/un mètre quatre vingt... je vous fais grâce de l'aspect de mes fesses et de mon visage mais pas tout à fait de ma poitrine bien prohéminente sans cependant "être un comptoir de boucherie"...

    Une femme qui a mon physique est évidemment très souvent regardée et "accostée"... D'autant plus si elle s'habille court, voyant, échancré, de couleurs vives, jusqu'à "estivale en plein hiver un jour où il ne fait pas trop frisquet"...

    J'hésite à me montrer toute entière sur Facebook ou sur mon blog, c'est pourquoi ici l'on ne voit que mes jambes.

    Le "plus dur" on va dire... vais-je dire... et je le dis... C'est quand je dois remplir un formulaire... sur le Net ou en mairie ou dans quelque service administratif, lors d'un contrôle d'identité... Et qu'apparait mon année de naissance. Il est vrai que sur le Net, en l'occurrence pour m'inscrire sur un forum ou dans les réseaux sociaux, j'inscris toujours en année de naissance... 2040 plutôt que... 2030...

    Un jour je fus contactée par une femme journaliste d'une revue mensuelle pour "seniors" et invitée à poser pour la couverture du prochain numéro de ce magasine de "retraités" (un "canard de vieux" à mon sens)... J'avais déjà remarqué qu' "ils" présentaient toujours -à vrai dire de plus en plus- en page de couverture, "d'afriolantes jeunes mémés"... J'ai refusé.

    Un autre jour je me vis gratifiée sur Twitter par un jeune contestataire aux propos de voyou, qui me connaissait et qui savait que j'étais de 2030... de "vieux cheval ayant un look d'enfer".

    Une amie à laquelle je confiais avoir eu connaissance de ce tweet peu flatteur, me répondit : "mais que devrais-je dire, moi dont on dit que je suis une jeune pouliche ayant un look de bonhomme Michelin ?"

    ... Ah que c'est dur d'être femme de nos jours dans ce monde d'apparences !

     

    ... En 2077, l'image ne paraît pas sur un écran d'ordinateur ou de smartphone, mais en hologramme au dessus du clavier de l'ordinateur ou devant le smartphone.

     

     

     

  • Comprendre les autres

         Comprendre les autres dans un monde où les uns et les autres ne se comprennent pas, ça fait pas beaucoup avancer le schmilblic !

    Ainsi, bien qu'aussi éloigné que je le suis, de culture, de pensée et de sensibilité, des religions, de toutes les religions... mais peut-être pas cependant, de Dieu ou plus "yugcibiennement parlant" de "quelque chose qui ressemble à Dieu"... Je comprends les Chrétiens (qu'ils soient des chrétiens pratiquants allant à l'église ou des chrétiens "de tradition faisant à peine leurs pâques, se mariant et s'enterrant à l'église) je comprends les Chrétiens quand ils disent à propos de tous ces migrants venus d'Irak et de Syrie par les Balkans, en majorité de religion musulmane, qu'ils se sentent "menacés" dans leur identité et dans leur culture de chrétiens...

    Et je comprends aussi les musulmans qui veulent pouvoir vivre dans leur foi, bien que je déplore que leurs femmes soient voilées et qu'il soit difficile de cohabiter avec eux du fait de leurs modes et règles de vie... Et surtout du fait que leurs femmes ne soient point considérées comme les égales des hommes en général...

    Oui, je comprends les uns et les autres mais je me rends compte en face de la réalité du monde actuel, de tout ce qui fait la réalité et le vécu au quotidien, que "comprendre les autres" c'est se mettre dans une position difficilement défendable lorsque cette "position" s'articule autour d'une pensée et d'une réflexion qui ne sont pas à vrai dire "dans le sens du monde"...

    Or le "sens du monde" est toujours à peu près le même en 2015 qu'en 1774 ou qu'en 1033 ou que du temps des Romains... Il n'y a que l'environnement, la technologie, les moyens de communication, qui ont changé... et qui changeront encore...

    Ce que je dis à propos de tous ces migrants actuels (Syriens, Irakiens, Afghans, etc.) comme de tous les autres migrants (Mexicains traversant la frontière du sud des USA, réfugiés climatiques ou économiques de partout dans le monde, et surtout d'Afrique) c'est qu'ils vont être de plus en plus nombreux et que c'est là un mouvement que rien ne pourra arrêter...

    Ce qui veut dire en clair, que le modèle de civilisation de consommation de masse (alimentaire, loisirs, équipements) que nous connaissons actuellement et qui se développe partout sur la planète (mais seulement au bénéfice de ceux qui peuvent en profiter ou qui y accèdent), ce modèle là ne pourra pas longtemps perdurer...

    Autrement dit, tout ce dont nous jouissons encore en matière de "protection sociale", de "confort", de maisons individuelles, de consommation abondante et si diverse en produits, en loisirs, en équipements de toutes sortes, tout cela, même si nous ne concevons pas pour certains (à vrai dire beaucoup) d'entre nous, de le "partager" ; il nous faudra bien nous habituer de gré ou de force, à "vivre différemment"... J'imagine les futures "Grandes Surfaces" de demain, sans doute aux rayons et aux étalages chargées de produits moins diversifiés qu'aujourd'hui et surtout, de davantage de nécessité...

    Il faudra bien d'une manière ou d'une autre, que les gens puissent travailler, se nourrir, s'habiller, élever leurs enfants, dans un monde où une population de quelque 8 milliards d'humains sera répartie ou concentrée en des régions de forte densité démographique... Les mouvements de population se font toujours vers les "bassins d'emploi" (là où il y a du travail), vers les villes, mais aussi vers les régions climatiques les moins exposées aux violences de la nature...

    ... Dans les années de la guerre d'Algérie, Albert Camus était déchiré entre deux partis qui ne pouvaient s'entendre et se combattaient. Il comprenait les uns, il comprenait les autres, menait un combat par ses écrits et par ses actes contre la violence... Et il est mort le 4 janvier 1960 à l'âge de 47 ans, sans avoir vécu le drame, l'épouvantable drame de la fin de la guerre d'Algérie.

    "Comprendre les autres" c'est à dire les uns ET les autres... C'est "pas facile", pas facile du tout... C'est "indéfendable" et c'est s'attirer, de tous côtés, de l'inimitié, voire parfois de la haine... "On te reprochera toujours, d'une manière ou d'une autre -en y mettant des formes, au mieux- de ne pas prendre ouvertement parti"... Car la réalité est là : à un certain moment il faut quand même faire un choix, décider, agir...

     

     

  • "Paix aux hommes de bonne volonté" ! ...

         La civilisation humaine dans toutes ses composantes et dans sa diversité culturelle, ne pourra avancer, évoluer, ou plus exactement "comme passer du vaste palier sur lequel elle se trouve depuis l'origine de l'humanité, sur le palier situé juste au dessus, et cela par quelques marches d'escalier"... Que par la bonne volonté de quelques uns de ces hommes.

    Le "vaste palier" dont le début se perd dans l'espace lorsque l'on regarde du côté d'où il peut commencer, est en fait comme un plateau, un paysage qui, de loin en loin, parfois de proche en proche, a des "rides", ou de "petits bourrelets" -mais aussi des creux, voire des fractures, des fossés... Comme dirait un cyclotouriste : "de longs faux plats ascendants ou descendants"...

    Mais le "seuil" (comme trois ou quatre marches brisées d'un escalier de pierre), un seuil menant au "palier" suivant... N'est pas encore visible... Le sera-t-il jamais d'ailleurs ?

    Mais qu'est-ce que la bonne volonté de quelques uns de ces hommes de bonne volonté ?

    Dans la réalité, dans le sens du monde d'aujourd'hui, du monde d'hier, et du monde encore de demain, les gens ne se comprennent pas parcequ'ils pensent, parce qu'ils ressentent, que leur mode de vie, que leur culture, que leur identité dans le sens de cette culture, se trouve menacé, agressé, maltraité, refusé... Et que tout ce qui s'oppose à cette identité culturelle dont on se réclame doit être combattu, voire éliminé... Que ne peut-on comprendre cet état des choses ?

    La bonne volonté de quelques uns des hommes de bonne volonté commence là où ces hommes parviennent à se rejoindre, à communiquer entre eux, autour de choses qui les unit dans un même ressenti, dans une même émotion, à vrai dire sur des "valeurs" (ne serait-ce que sur une seule de ces "valeurs") qu'ils ont en commun, aussi différents soient-ils, aussi "ennemis" qu'ils soient.

    Dans le sens du monde, dans la "logique" de la pensée humaine, dans la réalité de ce que ressentent les hommes... Il paraît "impensable" par exemple, qu'un Front National (de parti ou d'idée) puisse être l'ami d'un anarchiste ; qu'un musulman ou qu'un chrétien "pur et dur" (dans ses convictions, dans sa foi) puisse être l'ami d'un athée, d'un incroyant...

    A dire vrai, dans le sens du monde ; l'idée avancée, osée, déclarée publiquement, d'une telle amitié possible... Ne peut être perçue que comme suspecte, déraisonnablement utopique, dérangeante, inconvenante...

    Et pourtant... à bien, à difficilement, très difficilement réfléchir... La bonne volonté c'est cela...

    Nous ne sommes pas dans un monde -en particulier sur le Net où tout se dit/s'écrit/se diffuse sans aucune retenue dans l'exacerbation et dans la violence des passions, dans l'injure, dans la calomnie- dans un monde donc, où l'on peut sans risque, s'exposer, se déclarer ouvertement "de ceci, de cela"... Cependant le courage de dire, de dénoncer ou au contraire de louer et de "porter en avant", qui me semble être une nécessité -pour ne pas dire un devoir- doit aussi être associé à une forme de discrétion...

    Je suis persuadé qu'avec la plupart des gens de ce monde, pris "seul à seul les yeux dans les yeux sans témoins, l'on peut arriver à quelque chose"... Mais qu'avec ces mêmes gens pris dans le courant du monde et entourés d'autres gens pris eux aussi dans le courant du monde, il faut alors, lorsque il se révèle à peu près sûr que "cela ne va pas passer sans casse", que cela va être un frein pour ce que l'on veut "porter en avant", que cela peut discréditer ou nuire à ce que l'on veut "porter en avant"... Il faut alors avec ce "courage de dire", une "certaine discrétion"...

    Peut-être (c'est ce que je crois) que l'Art, que la Littérature, sont les meilleurs vecteurs pour ce que l'on tient, tout à fait personnellement et par conviction, à exprimer... que l'on n'exprimerait point dans un langage commun de la vie de tous les jours... L'impact de l'image par les mots? Les mots eux-mêmes ? Le ton qui transparaît ? La formulation ? La musique, le rythme qu'il y a dans la phrase écrite ou dite ? Et le "ciment" de tout cela qui en est "l'essence", le sens profond ?

    Mais l'Art, mais surtout la Littérature aujourd'hui... Ne semblent pas être "ces vecteurs" (ou ces "outils") d'accélération de la marche des hommes en direction du "seuil"... L'Art et la Littérature aujourd'hui seraient plutôt davantage des vecteurs pour une promotion, pour une exposition, de ce que l'on veut montrer, afficher, avec tout l'effet produit, et qui aura de l'audience (qui fera de l'audimat plus précisément). Car derrière l'audience, derrière l'audimat, il y a le Marché, de gros intérêts en jeu...

     

     

  • Etre ou ne pas être existé

         Il y a bien, à "ne pas être existé", un drame, un "désert à traverser", une solitude à vivre... Mais... Faut-il pour autant, à ne point être "existé", "s'exister" à n'importe quel prix? Par tout ce que l'on fait, par tout ce que l'on "porte en avant", de soi, afin de "s'exister" soi-même?

    Exister, tout simplement, tout naturellement, exister sans pour autant "s'exister"... Exister jusqu'à la fin de ses jours et chaque jour du même souffle, de la même respiration, du même pas, sans jamais s'arrêter en se disant qu'on est fatigué, sans violence et amertume associés contre tout ce qui ne nous existe pas... C'est cela, je crois, le vrai combat à mener...

     

    Il y a dans la solitude -de l'artiste, du créateur, de l'écrivain- lorsque cette solitude vient du fait que l'artiste, le créateur, l'écrivain ; n'est pas soutenu, "boosté", approuvé, aidé, promu, vraiment compris dans son besoin de produire et de publier ce qu'il produit... par certains de ses proches (parents, amis, connaissances, mari, épouse, frère ou soeur...) lesquels proches peuvent trouver "suspect" (ou vain, ou indiscret, ou "trop à se mettre en avant) ce besoin de produire... Il y a, dis-je, dans cette solitude là, "quelque chose qu'il ne faut pas considérer, ressentir, comme un "manque", un "manque" qui, effectivement ressenti comme tel, est difficile à gérer...

    Si l'artiste, le créateur, l'écrivain, était vraiment "soutenu" (et se sentait soutenu) par ses proches, l'un de ses proches au moins... Soutenu et promu on va dire... Et il l'est parfois lorsqu'il a cette chance... Parviendrait-il à être, à devenir ce "spécimen unique" dans la facture de son art, qui ne doit son talent, qui ne doit ce qu'il produit "du plus profond et du plus vrai de son coeur et de son esprit, qu'à lui-même, à lui seul ?

    La "traversée d'un désert", si elle est assurément une rude, très rude épreuve ; la solitude qui est celle de l'être qui traverse le désert, si elle rend l'épreuve encore plus difficile... jusqu'à même être un drame, un véritable drame pour le marcheur... Est davantage, bien davantage une bénédiction qu'une malédiction, car dans cette bénédiction, il y a le plus puissant des moteurs qui se met en marche et que rien ne peut arrêter...

    Si la chance n'est pas avec toi, ne te sourit pas comme elle le devrait... Elle est cependant, la chance, au dedans de toi...

     

     

  • 17 avril 2077, "Vachkiri" sur Facebook

         C'est vrai que ce "Vachkiri", y'en a des kilomètres sur Internet...

    Mais au fond qui le sait ? Qui le voit ? Et c'est peut-être mieux ainsi, que ce soit comme du plancton dans les flots de l'océan... Partout présent mais invisible quand on ne le cherche pas, ce plancton... ou l'une ou l'autre des particules qui le composent...

    "Vachkiri" il a une petite soeur Annette, une femme Isabelle et un cousin germain du même âge que lui, Paul... Qui ne sont pas, loin s'en faut, ses "impressarios", qui ne sont ni sur Facebook ni ne tiennent un blog ; et qui de temps à autre, rédigent de petites notes personnelles dans un carnet, de petites choses écrites de leur main avec un stylo à bille, que jamais ils ne diffusent ou propagent nulle part... Et qu'ils gardent pour eux tout simplement...

    S'ils avaient été vraiment des "impressarios" chacun d'eux, ou l'un d'entre eux, s'ils avaient "navigué" sur la Toile ou dans la Vie autour d'eux parmi leurs connaissances, leurs relations, afin que leur cousin, que leur mari, que leur grand frère ait pu être mieux connu, reconnu même... Est-ce que cela aurait été "une preuve d'amour" ?

    Un "impressario" ça "booste", ça assure, ça fait de la promo, ça aide, ça collabore, ça te fait exister... Mais un "impressario" c'est pas forcément une preuve d'amour et de fidélité... Cela peut, oui, c'est vrai... Mais ce n'est pas là l'essentiel...

    L'essentiel est dans la bonté, dans la gentillesse, dans le dévouement, dans le souci de la personne aimée, dans la fidélité dans la relation ; dans le fait que jamais au grand jamais, celui ou celle qui t'aime ainsi, "ne te fera un enfant dans le dos"...

    "Vachkiri", qui peut pas s'empêcher (c'est "plus fort que lui") de s'exprimer "à cru et à coeur et sans fioritures" sur Internet... Il a épousé sa femme Isabelle, précisément, pour son immense bonté, son immense gentillesse. Et il aime sa petite soeur Annette et son cousin Paul pour la même raison, pour cette bonté et pour cette gentillesse qui ne "montent pas debout sur les bancs devant des spectateurs", pour cette bonté et pour cette gentillesse que l'on ne rencontre quasiment nulle part dans ce monde dur, violent, orgueilleux où l'on ne pense qu'à sa pomme et à son fric...

    "Vachkiri" il dit qu'à Saint Justin-les-bains, là où il demeure une partie de l'année, s'il y revient le 30 août ou le 5 novembre, ça n'a aucune importance parce qu'à Saint Justin-les-bains, personne n'attend après lui... C'est pas là en effet qu'habitent sa petite soeur Annette ni son cousin Paul... qui sont de villages distants d'une trentaine de kilomètres...

    C'est ce qu'il pense "dur et ferme", Vachkiri... que personne n'attend après lui à Saint Justin-les-bains...

    Mais il faut dire aussi -pour être juste- que Vachkiri à Saint Justin-les-bains, n'a, depuis le temps qu'il y demeure, depuis 2067, "jamais levé le petit doigt" pour faire, réaliser, entreprendre quoi que ce soit dans le "milieu associatif" (d'utile pour ses concitoyens, avec tout le dévouement qui va avec)...

    Vachkiri, tout ce qu'il sait faire, c'est d'écrire sur Internet aussi long que Lisbonne Vladivostok par le train !

    C'est bien beau de dire (ou d'écrire en "y mettant des formes") que "les autres ce sont des cons ou des indifférents", de "bouffer le monde" dans ce qu'il a de plus contestable... MAIS... "Il faudrait peut-être se regarder en face" et se dire que ce silence, que cette indifférence autour de soi, ou ces critiques parfois (de celles que l'on n'aime pas s'entendre dire), c'est "bien fait pour sa pomme" après tout !

    Etre aussi sinon plus, dur avec soi-même, que l'on est dur pour les autres (quand on pense qu'ils méritent qu'on soit dur pour eux)... C'est là bel et bien une nécessité, car sans cette dureté envers soi-même, la "traversée" devient un enfer avant même l'enfer auquel on pourrait être promis...

    L'enfer est bel et bien dans le temps de la traversée de la vie, par toutes les guerres que l'on mène contre tout ce que l'on combat autour de soi sans s'opposer, sans résister, sans se battre aussi et surtout contre tout ce qu'il y a à combattre en soi...

     

    "Suspecte, suspecte, cette propension quasi viscérale à écrire à cru et à coeur et sans fioritures, des kilomètres de littérature sur Internet"... Mais bon... y'a pas tout de même, des douzaines de "selfies" sur Facebook, de ce Vachkiri !

    Finalement, c'est peut-être eux qui ont raison, ceux et celles que j'aime le plus au monde et qui ne sont pas mes "impressarios" ! ... Et qui n'écrivent que de toutes petites choses pour eux, dans un carnet de notes qui tient peu de place dans un sac à main !

     

    Vachkiri, ce 17 avril 2077

     

     

  • Les vieux (suite à mon conte intitulé "Célestine")

    ... Je souligne au passage, la profonde détresse d'un bon nombre de personnes âgées, très âgées à vrai dire ; détresse dont pas mal de monde se fout complètement, voire s'en moque ouvertement tant par leur comportement à l'égard de ces personnes que par les propos qu'ils tiennent entre eux, gens beaucoup plus jeunes trente à quarante ans bien pétants de santé, de footing, de randonnées cyclotouristes, de vacances sportives, de technologies nouvelles, de téléphonie mobile, d'internet et de réseaux sociaux, de télé réalité et autres émissions de "look" avec force spots lumineux et effets spéciaux... Et même de la part de ces "nouveaux vieux", "seniors et senioresses cultivant un look d'enfer, pleins aux as, qui jouent les jeunes, lisent les livres à la mode, font eux aussi de la randonnée et du cyclotourisme... qui se moquent bien de ces "vieux" très âgés très handicapés, dont ils attendent l'héritage -si héritage il y a- et qui sont souvent des fils des filles dotés de belles situations demeurant à l'autre bout de la France et ne rendant jamais visite au vieux grand père à la vieille mémé en fauteuil roulant dans sa maison de retraite médicalisée ou dans son logement ou dans sa maison avec une aide ménagère qui vient dix heures par semaine...

    Quelle détresse épouvantable, cruelle et injuste, et si tellement d'actualité, en ces temps de rallongement de la vie (mais dans quelles conditions?)... Pour tous ces pauvres vieux qui pourtant, ont eu "leur temps de gloire et de jeunesse" du temps jadis où quand on entrait dans leur maison, il y avait une grande table dans la salle principale lieu de convivialité et d'accueil permanent, avec les bouteilles d'apéritif, la cafetière sur la table, des assiettes de petits gâteaux et tout le voisinage, les connaissances venues là "discuter le coup"... Lorsque vient le temps des lourds handicaps et du fauteuil roulant, parfois pire du distributeur en forme de cylindre seringue sur le ventre pour de la chimiothérapie... là y'a plus personne qui vient, tout le monde a foutu le camp!

    Ecoeurant ! Révoltant!

    Comme si la très grande vieillesse ne peut être que vue comme une tare, une décrépitude du corps et de l'esprit, enfin quelque chose qui fait honte à voir, dont on se détourne et qui choque...

    Ah si vous voyez -vous avez pourtant vu mais ça vous semble surréaliste- la photo, certes en noir et blanc, de la jolie, fraîche, adorable et si bien vêtue demoiselle de 17 ans que cette vieille mémé de 95 ans aujourd'hui, était en 1938/1939... eh bien ne vous en déplaise, braves gens braves que devant un ordinateur, braves que pour se taper trente bornes à pattes sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, braves que pour que faire de la mitraille avec un appareil photo numérique... Cette jeune fille dont peut-être si vous êtes un homme vous auriez pu tomber amoureux en 1939 si vous étiez né en 1922... Cette jeune fille c'est la même personne que celle que vous ne voyiez plus même une seule fois dans l'année et dont vous vous moquez de ses "petites habitudes", de ses "bobos", de ce qu'elle arrive encore à faire, des marionnettes en papier et ficelle pour le carnaval des enfants de son village, en y passant de longues soirées d'hiver assise sur trois coussins sur son fauteuil dans sa salle à manger devenue atelier...

    Oui, c'est vrai, du temps de Zola, avec le roman "La Terre", les vieux, qui étaient déjà vieux et handicapés (on disait "il, elle perd la boule") à 65 ans, ils restaient à la maison mais fallait voir comment on les traitait... C'était "pas très beau"...

    ... Il en est de même pour les personnes atteintes d'une maladie grave et qui doivent subir de lourds traitements médicaux : l'on assiste, avec une sorte d'impuissance parfois mêlée d'indifférence, au mieux avec une "considération de façade" qui implique tout de même que l'on rende visite à deux ou trois reprises à la personne malade ; à une défection quasi générale des amis, de certains parents, de toutes ces connaissances de voisinage et de la ville où l'on demeure... Ce qui, en plus de l'isolement dont souffre la personne malade, rend la détresse encore plus profonde.

    J'ai dit, écrit, à plusieurs reprises -et je le redis, le réécris encore- "qu'il y a peu, très peu, de bonté en ce monde, ce monde dur et orgueilleux où l'on ne pense qu'à sa pomme et qu'à son pognon"...

    Et pourtant, la bonté, cette immense bonté qui est celle d'un si petit nombre de personnes autour de soi... Cette bonté qui ne "monte pas debout sur les bancs" devant des spectateurs, est une force, une énergie à "soulever des montagnes". Debout contre la dureté du monde et des gens, elle ne traite jamais avec Madame La Haine et avec Monsieur Lorgueil, à vrai dire elle est sans compromission, sans concession aucune. Elle n'est donc pas, la bonté, cette carpette sur laquelle on s'essuie les pieds, ce tapis que l'on piétine... Mais elle est méprisée, l'on sourit avec condescendance à sa manifestation, on la prend pour de la faiblesse, tout cela parce qu'elle n'est pas "dans le sens du monde"...

     

  • Deux mondes bien différents, celui des universités d'été et celui des migrants

         D'un côté les universités d'été du Parti Socialiste, du Médef, et d'autres partis politiques, en cette période de fin août début septembre... Tout ce "gratin de haute volée" dont les apparitions, la présence des uns et des autres devant les caméras et les propos qui font mouche sont médiatisés, et qui sont la clientèle privilégiée et riche-à-crever des grands hôtels et des restaurants gastronomiques...

    Et d'un autre côté en cette même époque de fin août début septembre, les milliers de migrants venus de pays en guerre qui essayent de passer en Europe par la Macédoine et les Balkans, dont la plupart sont des familles avec enfants, des gens qui dans leur pays d'origine avaient un travail, une activité, tous des "pauvres bougres" qui eux, se heurtent aux barrières, aux murs, aux contrôles et sont refoulés, ou au mieux filtrés... Ceux là, oui, tous ceux là, dans leurs bagages, leurs sacs, n'ont pas de kalachnikov, ni de bombes, et ne sont donc pas, aucun d'entre eux des terroristes, des gens qui vont perpétrer des attentats... Ils n'ont que leur leurs mains, leur savoir-faire pour travailler, et ils aspirent tout simplement à une vie meilleure c'est à dire pouvoir vivre là où ils ne risquent pas leur peau, et où on ne va pas s'emparer du peu qu'ils possèdent, et où on ne va pas les forcer à survivre ou à mourir dans un pays envahi par des fanatiques religieux qui détruisent tout sur leur passage, pillent et violent les femmes, imposent leurs règles et code de vie...

    Ecoeurant, indécent, ce contraste entre ces gens des universités d'été des partis politiques et du Médef, et ces milliers de migrants dépourvus de tout ! Comment ne pas être révolté et le crier, l'écrire, de toute la force de ce que l'on peut ressentir au fond de soi !

    Et "comme c'est curieux", absurde à vrai dire : les vrais assassins ou assassins en puissance, ceux qui vont quasiment à coup sûr être les auteurs d'attentats et de violences, ceux là n'ont pas à essayer de traverser des clôtures de barbelés, ceux là ne sont pas inquiétés ni contrôlés, ceux là passent comme ils veulent ! Ceux là ont du pognon, des moyens, des gens "dans la place déjà" sur lesquels ils comptent et qui, avec des complicités, les font passer facilement au nez et à la barbe des autorités ! En revanche, les milliers de "pauvres bougres" familles et enfants, ceux là, on les refoule, ceux là sont "indésirables", et ce sont ceux là qui essayent de passer sous les barbelés, et une fois passés, sont chassés comme des lapins sous l'éclairage des phares de voitures de police !

    Ecoeurant, révoltant !

    Un hélicoptère de boules puantes au dessus de toutes les universités d'été !

    A bas les marchands et les trafiquants d'armes ! A bas les mafias, les passeurs, les profiteurs de guerre, à bas les assassins !

     

  • Piqûre de rappel :

         Pardon pour cette "piqûre de rappel"... Personne, je sais bien, n'aime les piqûres : elles font mal aux fesses, elles sont emmerdantes, d'autant plus que l'infirmière (ou l'infirmier) est souvent "un peu leste" dans sa manière d'administrer la piqûre... Il y a même aussi, des "sorciers" qui font des piqûres...

    Alors la voici, la "piqûre de rappel" :

    En gros, le monde fonctionne selon trois univers :

    -Tout en haut, mettons une cinquantaine de millions de gens sur toute la planète, sont, soit multimilliardaires pour quelques milliers d'entre eux, soit très riches, "riches-à-crever" on va dire. Ce sont les plus gros consommateurs de ce qu'il y a de meilleur et de plus cher sur le Marché, en général quasi inaccessible aux autres qui ne font pas partie de ces cinquante millions.

    -Au milieu, mettons un bon milliard de gens dont le revenu annuel atteint au minimum 40 000 euros (ou dollars ou équivalent dans une autre monnaie) et jusqu'à un maximum indéterminé proche de ce que gagnent ceux qui sont tout en haut. Ce sont eux aussi (mais un "tout petit peu moins") les plus gros consommateurs de ce qu'il y a de meilleur, de plus cher, "ramené" si l'on peut dire, à des prix "relativement accessibles" pour des gens qui n'ont "à se priver de rien".

    -En bas, je vais dire que "sans se compliquer beaucoup", ça se divise en deux parties : la première étant celle où il y a toi, moi, "un peu tout le monde" sur cette planète, environ trois milliards de gens dont les revenus (pays dits "développés" plus pays dits "en voie de développement") sont compris entre 300 et 3000 euros (ou dollars) par mois. Là dedans, je compte les salariés, les retraités, les "bien assistés" selon les différents régimes de protection sociale, enfin les gens qui peuvent compter, régulièrement ou non, sur des revenus compris entre 300 et 3000 par mois... Ceux là, ces trois milliards de gens, peuvent -bien sûr dans une moindre mesure- s'ajouter aux "gros consommateurs" (c'est à dire qu'ils ont accès à une consommation de masse standardisée mondialisée tous produits confondus)...

    Reste -cette fois "sur le carreau"- dans cet "en bas", la deuxième partie étant celle de deux milliards de gens (dont un tiers soit dit en passant vit dans des pays dits "développés") qui eux, ont des revenus compris entre 1 et 2 euro ou dollar par jour et qui, peut-être à part le fait d'avoir un téléphone portable, n'ont pas accès à la consommation de masse (en particulier à la consommation de produits alimentaires)... Ceux là constituent le "cheptel" (pardon, quel mot affreux pour désigner des êtres humains) du travail bon marché/sous payé/esclavagisé... autant dire que tout ce que nous consommons, tout ce dont nous jouissons tous produits confondus sur cette planète y compris même des "produits de luxe", est fabriqué à la base (ce que j'appelle "travail-travail") par ces deux milliards de gens à revenu d'1 ou 2 euro par jour !

    Mais cela, tout ce que je dis là, tu le sais, tout le monde le sait... Voilà pour la "piqûre de rappel" ! Ah, ça vous fait mal aux fesses, vous en avez marre du plantage d'aiguille un peu leste de l'infirmière !

     

    Un hélicoptère chargé de boules puantes au dessus de toutes les universités d'été du Parti Socialiste, des intellectuels en vogue, des grands salons de rentrée littéraire, de tous les partis de droite et de gauche, de tous les économistes et politologues en congrès... Et que tombent sur les doctes assemblées toutes tendances en vue, bien pétantes de cocktails, de repas gastronomiques dans des hôtels Mercure, de costards cravate et de belles toilettes féminines... des caisses entières de boules puantes avec fracas et pestilences ! Et qu'empuantis tous autant qu'ils sont, tous ces cadors, tous ces guignols qu'on voit sur les télés, ils ne puissent plus respirer pour prononcer leurs "petites phrases" !

     

    ... A noter que le monde "non économique" (du Marché, des Affaires, du Travail) c'est à dire le monde de la pensée, de la création artistique et littéraire, de la scène, du spectacle (qui soit dit en passant est "poreux" dans la mesure ou il entre plus au moins dans le monde économique et du marché)... Fonctionne lui aussi en trois univers : l'en haut, le milieu, l'en bas... Et que dans "l'en bas" on y trouve les milliards d'anonymes en dépit de leurs kilomètres de propos sur les réseaux sociaux du Net... En haut, bien sûr, les gros cadors, les vedettes, dont on voit les portraits 4 mètres sur 4 sur des panneaux publicitaires pour de grandes marques ! (je pense à "optic 2000" avec la photo de Johnny Halliday)...

     

    ... Tout cela cependant est faussé parce qu'il existe une "économie prédatrice off shore" c'est à dire sans règles, sans aucune "éthique" ni morale, incontrôlable, et dont la porosité est manifeste entre cette économie "offshore" et l'économie de marché "normale".

    L'économie "offshore" est celle du trafic des armes, des stupéfiants, du marché clandestin des organes, de la prostitution, de tout ce qui se vole et se revend, de tous ces réseaux mafieux... Et cette économie là, en fait, pèse pour plus de 50 % de la masse monétaire toutes devises confondues. L'économie "normale" est gangrenée par l'économie "offshore", de telle sorte que d'en haut comme au milieu comme au plus bas, c'est la société humaine dans toutes ses composantes et dans sa totalité, qui est impliquée, directement ou non, dans une économie prédatrice confondue et liée à une économie "normale" ("normale" avec soit disant des règles, une "éthique", une "morale", des contrôles, des dispositions de principe)...

    Tous les gouvernements, tous les états, les plus puissants et les plus développés comme ceux qui sont "en voie de développement", et les pays "sous perfusion d'assistance financière" ; toutes les sociétés, toutes les économies, avec tout en haut leurs milliardaires, leurs actionnaires, leurs décideurs, sont mouillés, impliqués, le museau en plein dans la soupe, dans l'économie prédatrice dont ils tirent quasiment l'essentiel de leurs revenus et de leurs fortunes bien à l'abri dans les "paradis fiscaux"...

    Cette planète pue l'ordure, le sang et la merde !

     

     

    ... Et que ce soit au nom de Dieu ou d'Allah ou encore au cri de "vive je sais-pas-quoi entre autres cris vive l'anarchie"... Au nom de n'importe quelle idéologie religieuse ou autre avec de grands slogans en avant et des drapeaux, des fanions, des étendards... Tous ces révolutionnaires et ces religieux qui se réclament de ceci de cela, se financent en grande partie avec l'économie "offshore" de prédation !

    Cette planète pue l'ordure, le sang et la merde... Et la MORT, l'odeur de la souffrance, de la misère, de la sueur du travail forcé... Et l'on jette par dessus le fumier, un voile qui sent la rose, la mayonnaise, la crevette, l'encens et toutes sortes de senteurs qui font bander les consommateurs que nous sommes et qui peuvent encore consommer !

     

  • Ilouelle

    Peut importe comment il se nomme...

    Nous allons donc l'appeler Ilouelle.

    Dans la ville où Ilouelle demeure, lorsqu' Ilouelle se rend au Leader Price pour faire ses courses, ou au Tabac Journaux de l'Avenue de la République, ce n'est point écrit sur son front son nom et son prénom.

    Personne dans la ville, ou ailleurs lors de ses déplacements et séjours en tel ou tel endroit du pays, ne fait le rapprochement entre Ilouelle en vrai visage réglant sa note de restaurant avec sa carte Visa, et le même Ilouelle en photo sur sa page Facebook et sur son blog Bebook sous le pseudonyme de Vachkiri...

    Outre sa page de Facebook, son blog de Bebook et les différents "coins" qui lui sont dédiés dans trois forums du Net en lesquels Ilouelle produit ses oeuvres pour la plupart picturales et poétiques, Ilouelle envisage de créer un groupe sur Facebook ou un forum de type "forum actif". Mais quel nom, quel intitulé, quel titre, donner à cet univers centré autour de ses créations ?

    Un univers centré autour de ses créations ? Ilouelle hésite, réfléchit... Ne vaudrait-il pas mieux un univers qui, ayant pour "toile de fond" ses créations, s'ouvrirait en tiroirs de différents contenus d'un bureau de travail ? Un bureau de travail accessible à tous mais néanmoins un bureau de travail plus "spécifique" dans sa finalité car conçu et ouvert à l'origine, pour ces autres Ilouelle au nombre d'une dizaine on va dire, qui le connaissent de longue date cet Ilouelle?

    Le problème pour Ilouelle est de ne point être de la Citadelle. Et d'être du monde des "non reconnus" ou tout au plus, du monde de ces "microcosmes" pouvant être visibles par hasard, ou, au mieux, de l'un ou de l'autre de ces microcosmes en lesquels Ilouelle a "une certaine visibilité" comparable au rayonnement d'un "soleil lambda" jusqu'à une planète Oméga dans l'immensité de l'univers...

    Si Ilouelle crée un forum dédié et centré autour de ses créations, sans quelque "appui logistique" de quelqu'un qui lui, est de la Citadelle ; Ilouelle est "flambé à l'avance"...

    Selon la "terminologie" des Mormons il y a trois mondes :

    Le monde des Célestes, le monde des Terrestres, et le monde des Télestes.

    Le monde des Célestes, très brillant, dont l'éclat est le plus éblouissant, est constitué de "bulles de lumière" qui sont chacune un monde fermé, inaccessible, un monde d'élus dans lequel les règles de "cooptation" sont draconiennes, très spécifiques...

    Le monde des Terrestres, moins brillant, et dont l'éclat est moindre que l'éclat du monde des Célestes ; fonctionne à peu près selon les mêmes règles que le monde des Célestes.

    Ilouelle n'est même pas du monde des Terrestres...

    Et le monde des Télestes, c'est, dans le vaste, très vaste domaine de la littérature et de l'art sur la Toile, le monde de ces toutes petites étoiles, dispersées et si nombreuses, dont on discerne à peine l'éclat de chacune, un minuscule point de lumière...

    Le problème, aussi et surtout, d'Ilouelle c'est qu' Ilouelle n'accepte pas les règles de la Citadelle et que, même si d'aventure le monde des Célestes pouvait lui être ouvert, Ilouelle "y foutrait la merde" dans le monde des Célestes ! ... D'où son peu de chances d'être élu, dans une bulle de lumière du monde des Célestes ou du monde des Terrestres...

    Car il en serait de même dans le monde des Terrestres.

    L' "ambition" d' Ilouelle -si toutefois l'on peut prêter à Ilouelle ce terme d'ambition- ce serait de devenir trou noir dans le ciel des Télestes.

    L'on sait ce qui caractérise un trou noir : il aspire tout ce qui se trouve autour de lui, mais personne ne sait au juste ce que devient ce qui est aspiré...

    Ilouelle présuppose que dans le ciel des Célestes ou dans le ciel des Terrestres, un trou noir ne peut se former car ces ciels sont des ciels finis dont les règles qui les régissent sont immuables et les mêmes... et donc ne pouvant faire naître de trou noir...

    Cependant, sans le monde des Célestes et sans le monde des Terrestres, comme s'il n'y avait qu'un seul monde, ce monde serait un monde global et unique de Télestes.

    Ainsi les deux mondes des Célestes et des Terrestres, ne sont pas séparés, isolés, du monde des Télestes, le monde des Télestes étant "l'habitacle global"... "L'habitacle" dans lequel se forme le trou noir, le trou noir qui aspire tout se qui se trouve autour de lui, en particulier aussi, les bulles des mondes Céleste et Terrestre...

    Ilouelle a dans l'idée que ce qui aspiré dans le trou noir, devient des mondes qui n'ont plus rien à voir avec chacun des trois mondes des Mormons...

     

     

  • Bernard Clavel (suite)

         J'avais déjà lu, de Bernard Clavel : Malataverne, L'espagnol, La grande patience (4 volumes période 1939-1945 dans le Jura)... et une nouvelle qui fut adaptée pour un film de télévision dans les années 80 je crois... Une nouvelle qui à l'époque m'avait beaucoup marqué (le film de télévision en noir et blanc était à mon avis une excellente interprétation) : un ancien légionnaire, démobilisé à Marseille après la guerre d'Algérie, un baroudeur dur-à-cuire un peu anarchiste sur les bords, un type qui a fait des conneries dans sa jeunesse, un solitaire, un dur, un "solide", un aventurier, qui n'aime pas la routine, le petit confort, qui dort à la dure, qui a fait les colonies, la jungle, la forêt équatoriale, mais d'un tempérament fort et d'une certaine dimension d'humanité, un révolté, un sensible... parcourt à pied et en auto stop la route de Marseille jusque dans le Jura... Il dort dans des granges, il travaille "de tic et de toc" chez des paysans, il arrive dans un bled paumé au fin fond du Jura, un bled où la route s'arrête au bord d'une forêt impossible qui tombe sur un précipice. On ne sait à quel endroit la végétation et les arbres s'arrêtent, on ne voit pas le bord de la falaise abrupte qui tombe à pic... Le type rencontre la postière du bled, une femme déjà "bien en âge", une "vieille fille" au visage sec et sévère, le genre qu'on drague pas, très conformiste, qui va à la messe le dimanche, très attachée à des habitudes (de vieille fille), en somme une femme "impossible"... qu'on n'a pas envie pour tout l'or du monde de se mettre dans son pieu!...

    Eh bien entre la femme et ce type, une relation émouvante faite d'une infinie délicatesse et de discrétion de part et d'autre s'établit peu à peu et à la fin, le type, qui n'a jamais pu concevoir de sa vie une route qui s'arrête, s'enfonce dans l'enchevêtrement des broussailles, taillis, arbres, ronces, et tout à coup, tombe dans le piège mortel : il disparaît dans le précipice... Et la femme continue sa vie toute seule mais avec le rêve dans sa tête, le rêve de cette vie qu'elle aurait voulu avoir et partager avec le type...

    Par la suite j'ai beaucoup réfléchi à ce sens de la relation entre deux êtres si différents l'un de l'autre et qui pouvaient arriver à s'aimer et à envisager de "continuer la route ensemble"...

    ... Lire la suite à  Bernard clavelbernard-clavel.pdf (91.92 Ko)

     

     

  • Tout se lie et s'enchaîne

         "Tout se lie et s'enchaîne. Véritablement la vie de chaque individu est un poème dans lequel un certain nombre de personnages ont leur place dès l'origine et dont le sort ne peut être connu qu'en suivant l'histoire de celui qui fait le principal rôle".

     

    Madame Roland, lettre à Jany (octobre 1793)

     

     

     

    C'est ce qu'écrivait Marie-Jeanne Phlipon, épouse Roland, avant d'être guillotinée pour ses idées et son action, le 8 novembre 1793 à l'âge de 39 ans...

     

         "Celui qui fait le rôle principal" n'est autre que le narrateur qui, dans son oeuvre écrite à travers laquelle il nous livre son histoire, fait des personnages qu'il évoque et décrit, des personnages centraux comme dans un tableau où apparaissent aussi d'autres personnages. Tous ces personnages sont pour ainsi dire "comme immortalisés" et la vie de chacun d'entre eux, en relation avec d'autres personnages et avec le narrateur, est ce poème, ce "poème tableau"...

    Il importe que ce "poème tableau" soit réalisé de telle manière qu'il fasse ressortir de chaque personnage ce qui de lui, entrera en nos esprits... Car même dans le personnage le plus vil, le plus obscur, le plus "ordinaire dans sa manière d'être", le moins "enchanteur", le moins "attachant"... et parfois le plus "noir"... il y a ce qui de lui, doit demeurer pour nous, davantage un sujet de réflexion qu'une image épouvantail même si cette image épouvantail est fondée sur une réalité qui fut...

     

  • Qu'est ce qu'un écrivain ?

         On ne sait pas vraiment ce qu'est un écrivain, on se fait toutes sortes d'idées au sujet d'un écrivain... Et si l'écrivain c'est vous ou moi, qui n'est pas un écrivain au sens d'auteur connu et publié mais disons un écrivain comme on fait du tricot, du jardinage, du bricolage ; un écrivain comme on écrit ses mémoires ou qui se raconte sur des réseaux sociaux du Net, un écrivain sans éditeur autre que lui-même depuis l'arrivée d'internet et des blogs... Alors cet "écrivain" aux yeux du monde, aux yeux des gens autour de lui, de tous ces gens qui sont de sa famille et de ses connaissances... C'est une voix qui crie dans le vide, un frustré, un impuissant ; et l'on s'interroge sur la nécessité, sur la pertinence de tout ce qu'il peut produire, et l'on trouve suspecte sa propension à se produire, à diffuser, et l'on dit alors qu'il s'expose et se met en avant...

    Certains écrivains qui sont, eux, connus et publiés, ne sont guère pour autant mieux considérés, mieux compris que les "illustres inconnus" : ceux là passent en général pour des intellectuels qui discourent aux terrasses des cafés, des anarchistes, des "trouble-fête", des "empêcheurs de tourner en rond", et même s'ils ont du talent, autant de talent dans la forme que dans le fond ou dans le sens ou dans la portée de ce qu'ils produisent ; ils ne sont pas mieux accueillis, recherchés, reconnus, compris...

    Cependant, la France est encore pour eux, pour tous ces écrivains dont la voix donne sur le vide, l'un des pays au monde où ils sont le plus lus, du moins pour quelques uns d'entre eux.

    Si les écrivains ne sont pas ces voix qui crient dans le vide, alors ils sont ces "artisans" de l'écriture (des maîtres artisans parfois) qui font de jolies, d'émouvantes histoires, de l'aventure, du voyage, du thriller, du suspense, du terroir... Ces écrivains là sont les plus lus, et cela se comprend...

    ... Il en faudra encore, et encore... des "coups de hache sur la mer gelée", sur cette mer gelée sur laquelle cependant, on ne construit plus en pierres de glace mais en ces matériaux fragiles que l'air ambiant dégrade...