Articles de yugcib

  • L'anarchie

         L'anarchie c'est un "ordre" qui n'a rien à voir avec tout ce que l'on peut définir en tant qu'ordre...

    L'anarchie est, dirais-je... "un ordre inclassable".

    Assimiler l'anarchie à un désordre contestataire cela revient au même que d'établir un ordre, un ordre dans le sens de ce que l'on entend par "ordre".

    Car le désordre contestataire conduit inévitablement à un ordre qui ne vaut guère mieux que l'ordre que l'on a renversé.

    Il y aurait une "analogie" entre l'anarchie et... l'ordre du cosmos, l'ordre naturel des choses et des êtres vivants, si tant est que l'on peut appeler "ordre" un tel ordre qui, soit dit en passant, échappe à l'entendement humain parce qu'il nous est pour ainsi dire quasiment inconnu...

    Ce que nous voyons, ce que nous savons, de l'univers, et même de ce qui est de notre monde, ne représente en effet qu'une toute petite partie d'un ensemble, d'un "tout"...

    Comme le disait Arthur Rimbaud, "nous sommes accablés d'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères"... Alors, l'anarchie, vous pensez... dans ces conditions de méconnaissance, de fantasmes de "Grand Soir", et de toutes ces vues que l'on s'en fait... Cela me fait rire !

     

  • Bernard Clavel

    ... A l'attention de ceux et celles qui "n'aiment pas Bernard Clavel" je leur dis qu'en 2070 ou en 2150, il y en aura d'autres qui viendront après Bernard Clavel et qui "continueront à porter le flambeau" à leur façon, autant dire qu'ils en écriront autant sinon plus encore et même mieux...

    ça fera peut-être pas "avancer le schmilblic", mais y'aura toujours ce qu'il faudra sur cette planète, d'un tel, d'une telle multiplié par un certain nombre, pour se lever contre l'hypocrisie, contre l'orgueil, contre la haine, contre tout ce consensualisme troudebalesque, ces inégalités phénoménales entre une minorité de très riches et une majorité de très pauvres, contre les assassins, les donneurs de leçon de morale, les prédateurs en tout genre, les bourgeoisies aisées qui vont à la messe et gueulent comme des putois contre les gens qui "marchent pas dans les clous" !

     

    "Clavel ne donne ni dans la bourgeoisie aisée ni dans l'aristocratie mélancolique. Ceux qui redoutent de se trouver confrontés avec la misère des gens de peu évitent sans doute de le lire. Et ils auront tort. Quel ami des lettres n'a pas été secoué à un moment ou un autre par l'ouragan Clavel?"

    (Edmonde Charles-Roux, de l'Académie Goncourt)

     

    "C'est l'écrivain prolétarien français qui a le mieux réussi ; c'est à dire qu'il a réussi la difficile équation d'être lu par des lecteurs qui appartiennent au même monde de la quotidienneté que les personnages de ses romans".

    (Michel Ragon)

     

    "Dans la belle langue simple et dure qui est la sienne, Clavel ne ménage personne. Parce qu'il respecte ses personnages, ces gens du peuple sans défense, il raconte sans fioritures. Sans trahir".

    (Dominique Mobailly, La Vie)

     

    ... Je ne conteste pas que l'on puisse "ne pas aimer Bernard Clavel" : on a le droit de ne pas aimer Bernard Clavel, comme on a le droit de ne pas aimer Victor Hugo, par exemple...

    D'autant plus si l'on exprime son désamour pour Bernard Clavel avec l'humour qui sied au propos que l'on tient sur son oeuvre en général...

    En revanche ce qui me dérange c'est la "vision du monde" que l'on porte en soi dans le fait de ne pas aimer Bernard Clavel, quand il y a dans cette "vision du monde" tout ce que je combats, tout ce qui me révolte, tout ce que je dénonce depuis mon enfance.

    Or, il se trouve que Bernard Clavel défend, par les romans qu'il écrit, dans l'intégralité de son oeuvre d'ailleurs, toutes ces "valeurs" que je défends moi-même et que j'illustre si je puis dire, dans mes écrits, à travers les histoires que je raconte à ma façon...

    De même que l'on fustige, que l'on critique, que l'on "enterre" Bernard Clavel -ou un autre écrivain- pour "telle ou telle raison, raison argumentée"- (parce qu'on le trouve triste, pessimiste)... Je conçois que l'on puisse à l'égard de l'auteur que je suis, me trouver "emmerdant", pessimiste, tragique, hyroglyphique, brouillon etc. ... Et si en plus on y met de l'humour, pour "m'enterrer"... ça m'intéresse !

    Je concède à mes détracteurs le droit de m'enterrer, de ne pas du tout aimer ma manière d'écrire, de dire les choses comme je les dis... Mais je ne leur concède plus ce même droit lorsqu'ils s'attaquent à ce que je défends "bec et ongles", à ces "valeurs" qui me sont chères et que je place au dessus de tout, en particulier du succès, de la gloire, et des avantages que procurent le succès et la gloire...

    Quand ce qui est exprimé (même si "quelque part ça fait mal") l'est avec l'humour qui sied au propos, je me dis (c'est ce que je ressens) que, par l'humour, cet humour là en l'occurrence, je me sens proche de mon prochain si différent de moi dans sa "vision du monde" : c'est la même chose par exemple, que cet officier Nazi, dans le film "le pianiste" qui se trouve dans une église complètement détruite, en Pologne en 1945, en face du Juif résistant pianiste. Les deux personnages que tout sépare et oppose dans une violence qui est la violence réaliste et totale de la guerre, vont alors "se rejoindre" dans une sorte de communion autour d'un morceau de musique! Quel "message" en effet ! Quand du tragique, de l'indicible, de l'insoutenable, du plus inacceptable, du désespoir le plus absolu, du plus absurde, du plus injuste, du plus dramatique de ce qu'il y a dans le "sens du monde", dans une "vision du monde" qui peut être (et qui effectivement est) celle de tant et de tant de gens dans le monde toutes cultures et religions confondues... Se lève cette espérance magnifique, vient cet optimisme, autour du seul fait de "partager quelquechose ensemble".

     

     

  • A nous deux Paris, de Benoît Duteurtre

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         Un tableau assez sombre, dans ce livre, mais réaliste, de ce que furent à Paris ces années 80 du 20ème siècle, dans une atmosphère "gauche bobo" de cocaïne, de "new wave", de musique funky, de sexualité indécise, de sida ; avec notamment le forum des halles et ses alentours, ses bars branchés, ses noctambules, ses boîtes de nuit, tout cela dans un tourbillon de futilité...

    "Le monde est devenu cet antre infâme et pur, envahi de normes qui donnent l'impression de fréquenter partout le même motel texan, la même chaîne hôtelière suédoise...

    .../... Cette proximité du plaisir, de la gratuité, de l'inconscience, faisait pour une part la valeur de telles aventures, avant que ne s'impose l'idée du danger, de la punition et de la mort. Notre époque anxieuse rêve de sécurité ; mais j'ai quelque peine à goûter ce genre de vie nocturne, trop parfaitement hygiénique et dépourvu d'excès .../...

    Place des Innocents, les établissements à la mode qui s'implantèrent dans les années 1980.../... ont mis la clé sous la porte. Le Café Costes a disparu, remplacé par cet alignement de McDonald's, Häagen-Dazs, KFC, qu'on trouve dans toutes les villes du monde. .../... Je me demande pourquoi il a fallu un jour détruire les pavillons de Baltard et l'acien quartier des Halles pour édifier une architecture en toc, faite de matière plastique, de plexiglas et de ferraille. .../... Jamais l'on ne vit construction humaine se dégrader aussi rapidement, pour devenir sale, jaunâtre, pisseuse et bancale. Elle n'a pas tenu trente ans avant qu'on ne décide de la raser à son tour. En 2010, la Ville de Paris a lancé son nouveau chantier des Halles..." ... Peut-on lire, page 329, 330 et 331...

     

    ... C'est fou, fou et... désolant... Ce que les villes se ressemblent toutes, d'une région à l'autre en France, avec ces mêmes ZAC et ZI où à perte de vue se succèdent les grandes surfaces commerciales, les chaînes de d'hôtels et de restaurants... Tout est formaté aseptisé normalisé avec des rond-points, des voies de circulation et des parkings dont les entrées soit dit en passant, par leurs barrières indiquant 2,10 m voire 1,90 m de hauteur, interdisent l'accès à tout véhicule surrélevé ou avec une galerie, des barres à vélo...

     

    ... Au moins, dans ces années 80 "post soixante-huitardes", d'inconscience, de futilité, de looks et de modes, de recherche de plaisir... N'y avait-il pas, aussi lourd de menace, tout ce dont on a si peur aujourd'hui avec l'explosion de la violence et de l'insécurité au quotidien ... Et, si "castrant", tous ces interdits, toutes ces restrictions, avec les punitions et les exclusions assorties...

    Le lien de cause à effet me semble à mon sens, beaucoup plus évident entre d'une part les différentes politiques gouvernementales et économiques de marché au niveau de l'Europe et de la France en particulier, de la montée en puissance de la religion, du communautarisme et des fanatismes ; et d'autre part l'explosion de la violence et de l'insécurité... Plutôt qu'entre la futilité, les modes, les apparences, l'insouciance, la recherche du plaisir immédiat et leurs dérives comportementales d'une part ; et la même explosion de la violence et de l'insécurité...

    Ce n'est pas "une casquette mise visière en arrière" ni un foulard sur une tête de femme, ni encore une console de jeux vidéos dans les mains d'un gosse de trois ans, ni l'utilisation d'un smartphone pour prendre force photos et vidéos à envoyer sur le Net... Qui va faire, plus que ne le font les politiques gouvernementales et économiques de marché, davantage de violence, davantage d'insécurité...

    ... Ce qui fait la violence et l'insécurité, c'est la montée en puissance du religieux, du communautarisme et du fanatisme, tout cela sur fond de politique gouvernementale, européenne, d'économie de marché, d'obscurantisme planifié en matière de culture, et d'un écart de plus en plus considérable entre une minorité de très riches et un nombre grandissant de très pauvres...

     

  • Madame Roland, une femme en révolution

    Mme roland

    Par Pierre Cornut-Gentille

     

    Collection tempus, éditions PERRIN, dépôt légal mars 2015

     

    L'auteur :

     

    Pierre Cornut-Gentille est un homme politique Français né le 26 juillet 1909 à Brest, et décédé le 21 janvier 1992 à Paris.

    Il a été licencié en droit et ès lettres, diplômé de l'Ecole Libre des Sciences Politiques, diplomate, préfet et haut commissaire.

    Avocat, il a publié chez PERRIN L'Honneur perdu de Marie de Morell, La Baronne de Feuchères et Un scandale d'Etat. L'affaire Prince.

    Dans ce livre "Madame Roland", il dresse le portrait d'une femme, d'une aventure intellectuelle, mais le livre est aussi celui d'une analyse vivante de la Révolution française.

     

    Quatrième de couverture :

     

    Etre une femme engagée dans l'action politique, telle fut, en un temps où le gouvernement n'était pas l'affaire des femmes, la profonde originalité de Marie-Jeanne Phlipon, épouse Roland, guillotinée pour ses idées et son action le 8 novembre 1793, à 39 ans.

    Ecrivain au talent éclatant, collaboratrice de son mari deux fois ministre de l'Intérieur, encyclopédiste, amie et conseillère de plusieurs hommes jeunes qui firent la Révolution, comme Pétion, Brissot, Louvet, et amoureuse passionnée de l'un d'entre eux, Buzot, Madame Roland a tenu tous les rôles que l'accélération foudroyante de l'histoire lui présenta.

    Emportée dans la chute de ses amis girondins, elle fit preuve, face à la mort, d'un stupéfiant courage. Sa correspondance et ses Mémoires offrent un prodigieux exemple des enchaînements du coeur et de la raison chez une femme habitée par la passion du bien public.

     

    Un extrait, page 196 :

     

    "Des rumeurs alarmistes circulent. La Fayette déploie ostensiblement la Garde Nationale. Dans la matinée du 17 juillet 1791, Marie Roland écrit à Bancal : "les matériaux de l'insurrection et de la guerre civile s'amassent... Le feu éclatera au premier instant"... /...

    Vers 7 h du soir, profitant de cette belle soirée d'été, plusieurs milliers de Parisiens se promènent en famille parmi les pétitionnaires quand surgit, drapeau rouge en tête, la garde nationale commandée par La Fayette. Que s'est-il passé? Quelques pierres lancées vers la troupe ? Un coup de fusil parti dans la foule ? Toujours est-il que la garde nationale ouvre le feu sans les sommations réglementaires. La fusillade nourrie (six à sept décharges selon Mme Roland) laisse sur le sol plusieurs dizaines de morts et de blessés.

    "Le deuil et la mort sont dans nos murs", écrit Marie, "la tyrannie s'est assise sur un trône souillée de sang".

     

    Mon avis :

     

    Quand on pense à tout ce qui se pratique de nos jours, dans l'arène qui est celle de la politique, de l'actualité, des milieux journalistiques, artistiques... En matière de diffamation, d'injures, de rumeurs, de campagnes de dénigrement... Ce qui se passait dans ces mêmes arènes durant l'époque révolutionnaire entre 1789 et 1795 ; était aussi cruel, aussi violent, aussi ordurier, sinon davantage encore puisque l'on en venait à se présenter dans les salles d'assemblée, avec un poignard ou un pistolet sur soi...

    Le "Père Duschesne" par exemple, était une feuille bien plus "incendiaire" que le "Canard Enchaîné" ou que "Charlie Hebdo"...

    J'ai déjà dit que la Constituante, que la Législative et que la Convention, étaient "des paniers de crabes". Condorcet et Madame Roland durant le temps de ces assemblées et de tous ces débats agités, furent on peut dire "des esprits éclairés" parmi quelques autres "dans le tas"...

    Mais il faut cependant se mettre dans le contexte de cette époque de la Révolution et de la Terreur, pour comprendre si l'on veut, même si elles nous horrifient, toutes ces violences...

    Il n'est pas sûr, pas sûr du tout, que de nos jours, ou dans un avenir plus ou moins proche, que tout cela ne se reproduirait pas...

    L'orgueil et la haine, ça pue autant en 1793 qu'en 2015. Il n'y a que l'environnement qui a évolué : en 1793, il y avait "Le Père Duchesne" et en 2015, il y a Internet...

    Mais c'est vrai, en France en 2015 il n'y a plus la guillotine comme en 1793... On va dire que "c'est un progrès"... Mais... que d'armes en circulation... Et tous ces silences, tous ces murmures, qui sont de véritables bombes à retardement ! (Ou même des sortes de guillotines prêtes à surgir sur la place publique )...

     

     

  • Le canot des naufrageurs à la dérive

    Ce bat10

         Ne verriez vous point, cette clique de naufrageurs, de naufrageurs tous très bien payés et aux confortables retraites assurées, entassés dans un canot pneumatique sans moteur, au milieu de la Méditerranée, et promis à une baignade certaine et fatale ?

  • Au Pue-Haut des Gugnoles Gruses (petite "errance littératoque")

         Tout en haut, en haut/en haut... C'est là que ça sentoit le plus môvu, môvu/môvu...

    A vrai dire cela puehoit, plus encore que cela sentoit...

    Elles étaient là, carapaçonnées, harnachées, coiffées architecturées en pièces montées, piercinguées ferraillées, outrageantes, ostentatoires, en futals moulants et petits bustiers... Les grandes Gugnoles Gruses accompagnées de leurs lieutenants rutilants et arrogants, tenant en laisse des petits toutous exotiques aussi capricieux que des gamins gâtés pourris accros de petites consoles de jeux...

    Et tout ce beau monde se la pétoit, lorsque l'ascenceur s'arrêtoit au Pue-Haut, ouvrant sa porte sur de petites hordes de followers béats qui se pressaient, à qui péteroit le plus tonitrant, à qui sentiroit le plus moutarde vinaigrée, le plus corniflard, le plus crevette à la mayonaise...

    Un grand Totem sculpté des douze signes du zodiaque en faux merisier -ou bois de Teck- se dressait tel un phallus en érection, et les followers agglutinés autour de ce Totem, se récitaient leurs horoscopes...

    Cré-dieu que cela puehoit en ce lieu d'en haut tout en haut, que cela chicpuehoit la crevette sexe sale, que cela brayoit/vociféroit, que cela tonitruoit, que cela mitrailloit de petits éclairs arc-en-cieloyés... Et qu'ils étaient féroces ces petits toutous empanachés enrubannés, et qu'ils étaient "impossibles" ces petits moutards capricieux aux laides colères !

    Les grandes Gugnoles Gruses distribuèrent des cornets de biboules, de triboules de crème glacées de toutes les couleurs, de petits drapeaux et de médaillons en forme de petits queucoeurs rourouges... Un grand perroquet juché sur l'épaule de la grande Gugnole Gruse en chef, cacahuètajacoïsoit " A bas la société des cons qu'sont en Sion"...

    Et la Gugnole Gruse d'expliquoire à ce follower qui pigeait pas la réflec du perrok " Sion c'est la Nouvelle Jérusalem de la Société de Consommation"...

    Un pépère à casquette tyrolienne et à petite sacoche en cuir de vache accompagné de sa mémère à permanente de chez Françoise la coiffeuse de son village, s'enquerru de savoir où se trouvoit (peut-être au bout de l'allée centrale) le dancing des seniors, car il avait envie -peut-être pas avec sa vieille- de se tortiller le derrière en compagnie d'une jeune et affriolante mémère en robe chic...

    Un gosse de dix ans pianotait sur son téléphone portable et un pétard explosa devant la porte de l'ascenseur (on n'arrête pas le progrès, maintenant les pétards sont télécommandés avec une application téléchargeable depuis un téléphone portable)...

     

    ... Au Luit-Bas, tout en bas, en bas/en bas... S'articuloit tout un échafaudage qui, peu à peu, alloit assaillir le Pue-Haut des Gugnoles Gruses et de leurs lieutenants arrogants rutilants, et saper les fondements du Pue-Haut...

     

     

  • J'irai jamais, jamais/jamais...

    ... Aux Etats Unis d'Amérique...

     

    ... À vrai dire, c'est "par mes propres moyens" (en achetant un billet d'avion aller retour, en me procurant un visa de tourisme de trois mois, en logeant soit dans des hôtels, des chambres d'hôtes ou autres ; en louant un véhicule ou en utilisant des moyens de transport -autobus, train) que je n'irai jamais aux Etats Unis d'Amérique...

    À la seule idée de devoir tout seul préparer, organiser, un voyage "par mes propres moyens" aux Etats Unis d'Amérique, cela m'emplit d'effroi et je ne m'y risquerai point ! Cela me paraît en effet très compliqué...

    Déjà, pour une première (et quasi essentielle) raison : le risque encouru de me trouver un jour pris par hasard dans une situation difficile et délicate, comme par exemple, une affaire de meurtre, être impliqué tout à fait involontairement dans une manifestation violente, une attaque, un vol, enfin le genre d'affaire où un ou plusieurs témoins "de bonne foi et jurant sur la bible" me prenant pour le meurtrier, l'attaquant, par ressemblance physique, soutiendrait que c'est moi, bien moi l'auteur du méfait ou du meurtre, et que je ne puisse pas me défendre, étranger que je serai, avec un avocat commis d'office, ne pouvant rien prouver pour m'innocenter, être enfermé dans une prison, devoir choisir entre "plaider coupable" (accepter donc une condamnation) et "plaider non coupable" mais dans ce cas devoir affronter un procès dans lequel je pourrais être condamné à mort par des jurés, puis passer 18 ou 20 ans dans le "couloir de la mort" avant d'être finalement exécuté par injection létale...

    Je suis âgé aujourd'hui de 67 ans, j'imagine... vingt ans dans le couloir de la mort, et pour finir je suis exécuté à l'âge de 87 ans ! (Mais sans doute mourrais-je dans ma cellule, de vieillesse et de maladie, avant le jour de mon exécution)...

    ... De toute manière, dans un pays tel que celui des Etats Unis d'Amérique au début du 21 ème siècle, "voyager tout seul par ses propres moyens" est "hyper/hyper compliqué, très cher, très risqué, et à coup sûr être obligé de se plier à des tas de contraintes, d'interdits, de limites, de règles, au niveau de la vie quotidienne... C'est être exposé sans cesse à un contrôle de police où il faudrait pouvoir justifier en permanence de l'endroit où tu vas dormir ce soir, où tu vas exactement, etc. (une vraie galère!)...

    ... En revanche, en "voyage organisé" (quinze jours dans le Grand Ouest Américain en touropérator) par exemple... Ou, à la limite, pouvoir aller chez un ami qui vient t'accueillir à l'aéroport, et qui t'héberge, te sort, te promène, te "prend en quelque sorte par la main", qui est très gentil et qui s'occuppe de tout, tout/tout/tout archi tout... Alors là, oui, oui/oui/oui, je veux bien aller aux Etats Unis d'Amérique !

    ... Ah, les Etats Unis d'Amérique... qu'ils soient d'Obama ou de n'importe quel autre président, en ce début du 21 ème (je pense en particulier à ce Mitt Romney", qui a été candidat en 2012, un mormon ultra capitaliste milliardaire actionnaire principal du fond de pension "Bain Capital" naufrageur de tas de boîtes sur la planète toute entière... Ces Etats Unis d'Amérique où "Dieu est présent partout", où quand tu te fais une clope dans la rue t'es un pestiféré-grand pécheur, vite repéré par un flic, mais où t'as le droit de porter un flingue à décapiter un dinosaure géant cependant... Ces Etats Unis d'Amérique... J'irai donc jamais sauf si un ami "très gentil très accueillant et s'occuppant de tout et venant me chercher à l'aéroport, me prend en charge.

     

  • Célestine (petit conte Yugcibien)

         Madame Basile, Célestine de son prénom, est une vieille, très vieille dame agée de 94 ans, née en 1921 (nous sommes en l'an de grâce 2015)...

    Elle ne se déplace plus en dehors de sa petite maison sans étage (et donc sans escalier) ; se transporte comme elle peut, à petits pas traînants, d'une pièce à l'autre, ne pouvant guère lever l'un ou l'autre de ses pieds douloureux et déformés ; sans déambulateur cependant mais avec deux cannes sur lesquelles elle s'appuie, courbée, très courbée...

    Trois fois dans la semaine, une jeune femme Roumaine recrutée par une association d'aide aux personnes âgées, vient faire son ménage, ses courses (il y a encore dans le bourg de deux mille habitants, un "Proxi"), la conduit dans sa voiture à la Poste (Banque Postale)...

    Il n' y a guère encore si longtemps, Célestine, à peine passé son 90 ème anniversaire, se déplaçait dans le bourg (et même jusqu'à la ville voisine distante de 20 km) dans sa petite voiture, une Peugeot 104... Mais depuis deux ans la Peugeot 104 demeure dans le garage, et de temps à autre, la jeune femme Roumaine l'utilise pour véhiculer Célestine sur de très courtes distances. Il faut en effet, trois coussins superposés sur le siège, deux autres coussins derrière le dos, pour que Célestine puisse supporter en voiture la position assise soumise aux "à coups", aux cahots de la conduite sur une chaussée parfois irrégulière...

    Perclue de douleurs, arthrose, rhumatisme, maux de tête incessants, digestion difficile... Célestine depuis deux ans mais surtout depuis l'an dernier, n'est plus du tout la "jeune vieille dame bien pimpante et enjouée et alerte" qu'elle était encore voici trois ans, dans les années 2010/2011... Les conversations, les longues conversations téléphoniques que ses amis et connaissances pouvaient avoir avec elle (Célestine était "intarissable") se sont singulièrement raccourcies...

    Elle fait encore elle même sa vaisselle, prépare son petit déjeûner, mais c'est, cela devient "un véritable parcours du combattant"...

    Mais elle tient encore debout (pas longtemps mais elle tient), elle n'utilise pas de déambulateur, elle n'est pas sur un fauteuil roulant...

     

    Célestine a un neveu, Jacques, qui est né en 1978, âgé donc, de 37 ans en l'an de grâce 2015... Et qui une fois l'an au moins, lui rend visite durant les vacances d'été.

    Ce Jacques est un "farceur dans son genre", souvent inconscient des conséquences de ses frasques, un "rigolo", qui a bien sûr une page Facebook sur laquelle il publie des photos un peu "Olé/Olé" accompagnées de propos assez lestes...

    Jacques cependant, est aussi un poète dans son genre qui écrit des textes surréalistes dans une modernité d'actualité et de mode, et qui a même publié il y a dix ans, un livre de science fiction intitulé "Au pue-haut des Gugnoles Gruses" (un drôle de titre en effet)...

    Il avait à l'époque, au moment de la parution de son livre par les Editions Amalthée, dédicacé et offert à Célestine un exemplaire de son livre.

    Célestine en fait n'a jamais lu ce livre... En revanche elle a lu et relu "de fond en comble" tout Harry Potter...

     

    Jacques en ce début d'été 2015, décide de "faire un cadeau", un beau cadeau, à Célestine pour son anniversaire le 20 juillet...

    Il consulte des sites de ventes de chiens, de "petits toutous exotiques", et commande sur Internet un caniche nain tout blanc tout frisé tout guilleret tout juste sevré âgé d'à peine deux mois...

    Le chien est expédié par le train depuis Hellesmes-Lille dans une cage d'un mètre sur un mètre, bourrée de paille. Et c'est un facteur du centre courrier voisin qui vient déposer la cage devant la maison de Célestine.

    En principe, durant le trajet en train, ce "colis" avec mention "animal vivant" a fait l'objet d'attentions et de soins particuliers, le chien a été nourri, désaltéré...

    Le facteur a sonné, puis toqué à la porte de Célestine, mais Célestine sans doute occupée dans sa salle de bains ou encore couchée dans son lit, tous les volets fermés (il fait déjà à 9h du matin plus de 30 degrés à l'ombre), n'a pas réagi...

    Après trois ou quatre essais infructueux de sonnette et de tambourinement sur la porte, le facteur dépose finalement le colis, à ce moment là en plein soleil sur la petite terrasse surélevée devant la porte d'entrée...

    Ce n'est que vers trois heures de l'après midi, lorsque la jeune femme Roumaine arrive pour faire le ménage (jamais avant trois heures parce que Célestine fait sa sieste) que l'on découvre enfin le colis contenant le petit caniche blanc étendu sur le flanc et respirant avec peine, la langue pendante et immobile...

    Sur le colis, il y a une carte d'anniversaire dans une enveloppe, accompagnée d'une rose en papier fixée entre deux barreaux de la cage.

    La paille est maculée de déjections essentiellement liquides et la jolie robe blanche du caniche n'est plus "très présentable"...

    "Bon anniversaire chère Célestine, tous mes voeux de bonheur et de santé pour cette 95ème année de ta vie qui je l'espère te fera faire un pas de plus vers tes cent ans ; et puisse ce petit toutou exotique meubler ta solitude tout au long des journées que tu passes sans plus voir si dehors il fait froid ou chaud, s'il y a du soleil ou de la pluie" [Jacques]... Voilà ce qu'il y avait d'écrit sur la carte...

    "Mais, mon dieu, qu'est-ce que je vais faire de ce petit toutou ?" s'exclame la pauvre Célestine, complètement médusée et au bord de la crise cardiaque, à la vue de ce malheureux chien tout souffreteux !

    C'est alors que la jeune femme Roumaine offre de reprendre le petit chien chez elle...

    "Seulement mon mari il va pas être très content", dit la jeune femme... "mais ça fait rien, si vous voulez bien, madame Célestine, je le prends quand même."

     

    ... Un mois plus tard, Célestine demande des nouvelles du chien...

    Il a été vendu à un laboratoire d'expérimentation de nouveaux médicaments, enfin, plus exactement à la sous-filiale d'un très grand laboratoire de renommée mondiale, basée en Corée du Sud.

    L'on imagine le "destin" du petit chien : déclaré après de multiples "expériences", inexploitable, il est vendu à une ferme d'élevage de crocodiles au Viet nam, jeté vivant et dévoré par un jeune crocodile dont la peau servira à la confection de sacs à main pour dames et... Transexuels au "look d'enfer"...

    Jacques, qui se doutait bien que Célestine ne garderait pas le chien et que sans doute la jeune Roumaine s'offrirait pour le reprendre (et dont le mari vendrait par la suite le chien) ; se mettra à suivre par recherche sur internet, le "tracing" c'est à dire les différentes et successives étapes du "tracing"... En effet, dans la "culture de la consommation de masse" tous produits confondus, il est désormais possible -et avéré- d'avoir accès à l' "historique détaillé" de tel ou tel produit...

    C'est ainsi que Jacques parviendra à identifier le crocodile de la ferme d'élevage au Viet nam (entreprise mondialisée aux produits traçables) qui a "bouffé" le chien et dont la peau a servi à fabriquer le sac à main pour dame... Sac à main que Jacques a prévu d'offrir à Célestine, sa vieille tante, pour son 96ème anniversaire l'année prochaine le 20 juillet 2016... Un sac à main ainsi d'ailleurs que bon nombre d'objets personnels et valeurs mobilières dont Jacques héritera de sa tante après son décès... avant que sa tante ne devienne centenaire...

     

     

  • La vieille dame en fauteuil roulant (petit conte anecdotique)

         C'était une vieille dame seule, handicapée, sur son fauteuil roulant, à peine âgée de 75 ans, demeurant au Home des Cerisiers, une résidence pour personnes âgées...

    Elle se préparait à manger dans son coin cuisine, des repas très simples, passait ses après-midi et ses soirées devant son poste de télévision, ou lisant des revues (Paris Match, Point de vue, Modes et Travaux...)

    Jamais elle ne descendait dans la salle commune qui servait de salle à manger et de salon, dans laquelle les autres "pensionnaires" pour la plupart grabataires, se tenaient là, du matin jusqu'au soir... Elle disait qu'elle ne se sentait aucune affinité auprès de toutes ces personnes, n'aimait guère les conversations tournant toujours autour des mêmes sujets "bateau", en particulier sur les "petits et gros bobos" des uns et des autres, les médicaments qu'ils prenaient, ce qu'ils avaient vu hier à la Télé... Elle préférait rester dans son petit logement, et "se débrouiller toute seule"...

    Son grand plaisir, c'était de recevoir de temps à autre à intervalles plus ou moins réguliers de quinze jours/trois semaines, son conseiller financier de la Banque Postale qui, jamais comme tous ces autres banquiers et assureurs démarcheurs qu'elle appelait des vautours, ne lui proposait de ces "placements miraculeux" avec écrit tout petit au bas de la troisième page des conditions générales, des choses auxquelles elle ne comprenait rien...

    Elle avait avec son conseiller de la Banque Postale, un jeune homme très gentil et très cultivé mais pas fier du tout, de longues conversations plus ou moins "philosophiques" dans lesquelles il était question de relation humaine, par exemple...

    Elle sortait toujours, ouvrant les portes d'une petite commode près de son fauteuil roulant, une bouteille d'eau de vie de mirabelle, et en compagnie de son conseiller de la banque postale, "s'en jetait un petit verre sinon deux ou trois"...

    Jamais le conseiller de la banque postale n'avait goûté une eau de vie de mirabelle de cette qualité !

    Parfois, le conseiller arrivait avec dans sa sacoche, une bouteille de Monbaziliac, ce vin blanc liquoreux qui "plaît tant aux vieilles dames" au point qu'il leur délie la langue et les incite à souscrire le "fameux contrat d'assurance vie", contrat soit dit en passant, "très bien commissionné"...

    Mais le conseiller de la banque postale, un jeune homme sérieux et honnête, n'avait, en apportant la bouteille de Monbaziliac, "aucune idée derrière la tête"...

    Les confidences "allaient bon train"... ainsi la vieille dame disait-elle en parlant de ses enfants :

    "J'ai une fille très gentille qui vient me voir une ou deux fois par semaine, et qui habite à vingt kilomètres d'ici, dans un village. Mais j'ai aussi un fils qui habite à Draguignan dans le Var, qui est dentiste et dont la femme est clerc de notaire, mais mon fils ne vient me voir qu'une fois dans l'année au moment des vacances d'été au mois d'août. Il arrive le matin, ne passe auprès de moi qu'une heure, sa femme ne décroche pas un mot, et ils repartent le soir même dans leur grosse voiture aux vitres teintées bordées de métal argenté... Quant à mes petits enfants, les seuls que j'ai du côté de mon fils et de ma belle fille, je ne les vois jamais, je ne sais même pas à quoi ils ressemblent, n'ayant vu d'eux aucune photo...

     

    ... Ce personnage, cette "vieille dame en fauteuil roulant", a réellement existé...

    Il fallait voir, lorsqu'elle sortait de sa petite commode-buffet, cette bouteille d'eau de vie de mirabelle, l'air, le "petit air" malicieux, mais si authentique, si sincère, si "parlant", qu'elle avait, en remplissant "à ras bord" les petits verres... que pour sa part, elle buvait "cul sec"! Et pour le Monbaziliac, elle "y crachait pas dessus" non plus ! Elle buvait ça comme si ç'avait été un verre de citronnade !

    En dépit de sa solitude, de son handicap, cette femme "avait du caractère" et elle était "une grande âme" ! A la Télé, elle suivait presque essentiellement, des émissions de découverte de la nature, de reportages, et elle lisait des livres...

     

  • Hectorion et Ernestine (conte yugcibien)

         Hectorion Champion et sa femme Ernestine, dans leur Fiat Panda, qui demeurent dans la Meuse, à l'écart d'un village perdu dans la campagne, et qui "ne sont pas bien riches" mais ont cependant "une ambition voyagesque démesurée" de jeunes retraités modestes à mille euro par mois... Décident, juste avant le "rush des grands départs en vacances" de fin juillet, de "passer quelques jours" au Grand Duché du Luxembourg...

    Ils ont emporté et rangé dans le coffre de leur Fiat Panda, tout le matériel de camping dont ils ont besoin, une petite tente Queshua, deux sièges pliants (qu'Hectorion appelle des "sissires"), un mini gaz avec deux cartouches de rechange, deux tapis de sol et deux sacs de couchage...

    Ils se sont procuré le guide des campings en Europe, et ont repéré un camping "quatre étoiles" en périphérie de Luxembourg.

    Après avoir "galéré" avec leur Fiat Panda dans le centre ville de Luxembourg (ils n'ont pas trouvé de place pour se garer bien que tous les parkings et places de stationnement soient payants), ils arrivent au camping vers 18 heures, mais à l'entrée le camping affiche "complet"...

    Ils repartent mais pour aller où ? Tous les autres campings dans les environs sont complets.

    Dans le moindre village, en fait au Luxembourg même la campagne ressemble partout à une banlieue riche de résidences et de maisons individuelles, Hectorion et Ernestine constatent que, chaque fois qu'ils veulent s'arrêter quelque part, en un lieu leur paraissant être un lieu de halte possible, le stationnement est règlementé, limité, payant, et, de toute manière encore trop proche de quelque habitation...

    Ils ont essayé de retirer de l'argent dans un distributeur automatique mais leur carte "Mastercard" du Crédit Mutuel a été refoulée... Ils ne disposent en matière de "liquidités" que d'une cinquantaine d'euros...

    Il est 21 heures, bientôt il fera nuit et il faut trouver un endroit pour dormir. L'une des "solutions" qui vient à l'esprit d'Hectorion, c'est de s'engager sur l'autoroute et de se rendre sur une aire de repos et de dormir dans la voiture. Mais pour cela, il faut passer par le péage et prendre un ticket qui coûte une vingtaine d'euro...

    En définitive Hectorion décide de poursuivre plus loin, sur une route "un peu moins fréquentée", jusqu'au moment où il pourra trouver un endroit "relativement discret" (un peu à l'écart) afin de passer la nuit dans la Fiat Panda avec Ernestine (mais ça sera dur pour Ernestine qui a mal au dos)...

    Enfin vers 23heures, l'endroit est trouvé : c'est ce qui reste d'un ancien chantier du service d'équipement ou de voirie, partiellement entouré de barrières métalliques, et jonché de gravats concassés... Et d'une télé déglinguée abandonnée...

    Hectorion et Ernestine s'endorment, assis dans la Fiat, Hectorion la tête sur le volant...

    Dans le milieu de la nuit, arrive une voiture de police, un agent tape sur la vitre et demande "que faites vous en cet endroit? Il est interdit de stationner ainsi"...

    Un procès verbal est dressé, la Fiat Panda est immobilisée, Hectorion et Ernestine sont invités à quitter les lieux par leurs propres moyens, c'est à dire à pied...

    Mais ils sont un peu plus tard, de nouveau interpellés par une autre patrouille de police, lors de la traversée d'un village... Ils expliquent ce qui s'est passé, ils sont conduits jusqu'au poste de police, interrogés... Et pour finir, on leur explique que pour récupérer leur véhicule, revenir chez eux, il leur faudra assumer tous les frais que cela entraînera, et en plus payer une amende...

    Ils n'ont que très peu de "liquidités" sur eux (tout juste une cinquantaine d'euro), leur carte Mastercard du Crédit Mutuel "ne veut rien chiquer", ils n'ont ni chéquier ni "traveller's chèque"...

    Avec les cinquante euro qu'il leur reste, ils prennent un car de passage qui les transporte jusqu'à Longwy... Où ils errent dans les rues puis se rendent dans un jardin public, s'installent sur un banc... La nuit tombe (nous sommes au soir du lendemain de la journée passée au Grand Duché du Luxembourg).

    La nuit étant maintenant tombée depuis deux heures de temps, voilà-t-il pas que s'approchent d'Hectorion et d'Ernestine, trois gaillards d'allure inquiétante.

    Le lendemain matin un employé municipal chargé de l'entretien des parcs publics, découvre un homme et une femme gisant le crâne ouvert devant un banc. D'après ce qui ressort des premiers éléments de constat, il s'agit d'une agression, l'homme et la femme ont été violemment frappés à la tête, le portefeuille de l'homme est ouvert près de lui sur le sol, il y a bien sa carte d'identité mais rien d'autre, pas d'argent, pas de carte bleue...

     

    ... Le fils d'Hectorion et d'Ernestine Champion, Brice, qui vit à Beijing (Pékin) où il est professeur de Physique au Lycée Français de Beijing, et la compagne de Brice, Gwladys, ne sont prévenus du décès d'Hectorion et d'Ernestine que le surlendemain, dans un palace quatre étoiles des Seychelles où ils sont en vacances pour une semaine... Des Seychelles, Brice et Gwladys avaient prévu ensuite de passer trois semaines aux Caraïbes où ils ont loué un bateau, un petit yacht... Le billet d'avion, des Seychelles jusqu'à Paris, et de Paris juqu'aux Caraïbes, avait été acheté "à l'arrache" sur Internet, sans aucune assurance en cas de "non départ"...

    "Bon sang, quelle idée ils ont eu, les vieux, eux qui d'ordinaire ne vont qu'à la campagne et restent en France et ne partent que hors vacances scolaires, d'aller "bailler leur fesses" au Luxembourg en camping! Maintenant ça va être la galère pour trouver un vol pour Paris, pour dès demain voire aujourd'hui même si possible... Et, pour l'annulation de la location du bateau aux Caraïbes, pour le remplacement du vol Seychelles Paris initialement prévu le 25 juillet par un autre vol le 23 ou le 24, bonjour!" ... Gueule comme un putois, Brice, professeur de Physique au Lycée Français de Beijing (Pékin)...

     

     

  • Tout se lie et s'enchaîne

         "Tout se lie et s'enchaîne. Véritablement la vie de chaque individu est un poème dans lequel un certain nombre de personnages ont leur place dès l'origine et dont le sort ne peut être connu qu'en suivant l'histoire de celui qui fait le principal rôle".

     

    Madame Roland, lettre à Jany (octobre 1793)

     

     

     

    C'est ce qu'écrivait Marie-Jeanne Phlipon, épouse Roland, avant d'être guillotinée pour ses idées et son action, le 8 novembre 1793 à l'âge de 39 ans...

     

    "Celui qui fait le rôle principal" n'est autre que le narrateur qui, dans son oeuvre écrite à travers laquelle il nous livre son histoire, fait des personnages qu'il évoque et décrit, des personnages centraux comme dans un tableau où apparaissent aussi d'autres personnages. Tous ces personnages sont pour ainsi dire "comme immortalisés" et la vie de chacun d'entre eux, en relation avec d'autres personnages et avec le narrateur, est ce poème, ce "poème tableau"...

    Il importe que ce "poème tableau" soit réalisé de telle manière qu'il fasse ressortir de chaque personnage ce qui de lui, entrera en nos esprits... Car même dans le personnage le plus vil, le plus obscur, le plus "ordinaire dans sa manière d'être", le moins "enchanteur", le moins "attachant"... et parfois le plus "noir"... il y a ce qui de lui, doit demeurer pour nous, davantage un sujet de réflexion qu'une image épouvantail même si cette image épouvantail est fondée sur une réalité qui fut...

     

  • Un public de "followers" ou un public de spectateurs et de lecteurs ?

         Il y a ce paradoxe hallucinant sur le Net, entre d'une part le fait évident de la possibilité pour tout un chacun d'être visible et donc, d'être lu ; et d'autre part ce qu'il y a d'aléatoire à être découvert, à être lu en dépit de l'immensité de ce que l'on peut diffuser...

    Avant le Net, avant les réseaux sociaux, avant les blogs et les sites, pour être visible et pour être lu, il fallait nécessairement passer par une maison d'édition (livre, roman, essai, poésie...) ou exposer dans une galerie, une salle d'exposition (peinture, photographie, dessin...) ou trouver un producteur, un réalisateur (film, cinéma...)... Ce qui pouvait assurer dans une certaine mesure, une reconnaissance, une visibilité, une audience, un public, tout cela bien réel...

    Depuis qu'Internet permet à tout un chacun de se produire et de diffuser (littérature, écrits, peinture, dessin, photographie, cinéma, vidéo, tout cela avec la technologie, le numérique), rien n'est moins assuré en fait, que cette reconnaissance, que cette visibilité, que cette audience, que ce public, qui, avant le Net, pouvait être, certes limité mais réel... Du fait qu'il fallait passer par une porte dont il convenait qu'elle s'ouvre...

    Dans le meilleur des cas sur le Net - je pense là aux personnages, à tous les personnages, auteurs, musiciens, artistes, écrivains, journalistes, personnalités du monde politique, économique, du monde du spectacle – qui ont tous des blogs avec des milliers de visiteurs, des comptes Facebook et Twitter... Il y a plus, bien plus à mon sens, sur le Net, pour tous ces personnages bien plus visibles et plus lus que le commun des mortels... Un public de "followers" qu'un public de spectateurs et de lecteurs...

     

    ... Gustave Flaubert, Marcel Proust et Jean Gabin (entre tant d'autres d'avant le Net et d'avant le Numérique et du monde d'avant 1989) n'avaient pas de "followers"mais un public, un vrai public... Et ce public là, soit dit en passant, existe toujours même s'il n'est plus du tout celui de ces générations contemporaines de Gustave Flaubert, de Marcel Proust, de Jean Gabin...

     

  • La barbarie

         La barbarie des uns en réponse à la barbarie des autres, est actuellement en l'état de la "civilisation" humaine présente (présente depuis l'origine de l'humanité) cette réponse qui se fait d'elle-même lorsqu'aucun autre langage que celui des armes et de la brutalité ne peut être entendu du côté à partir duquel la barbarie s'est manifestée (mais en vérité de quel côté avant un affrontement devenu inévitable ?)

    Une "autre réponse" qui serait celle des philosophes, des sages, des "gens évolués", de certains intellectuels, artistes, écrivains, penseurs... Au mieux est entendue mais jamais ou très rarement n'est prise à la lettre et encore moins appliquée, du fait, souvent, de son "illisibilité"...

    Nous devons, nous ne pouvons donc, "être et faire", que dans la réalité existente telle qu'elle est... Au mieux, l'idée de "dépasser cette réalité" (c'est à dire s'en affranchir, s'en libérer) c'est déjà un "progrès" (si cette idée se fait)...

    Je pense que l'Homme (l'être humain - Mensch comme on dit en Allemand-) dans mille, dix mille ans (s'il survit) ne sera pas "forcément meilleur" (comme on "conçoit" de le croire) que l'Homme d'aujourd'hui... Mais ce qui est sûr c'est qu'il sera différent... Différent dans son apparence, dans son mode de vie, dans ses cultures, et cela la "science fiction" est impuissante à nous montrer ce que sera cet Homme, autrement que par des fantasmes...

     

  • Le Bien et le Mal

    Le Bien est un corps qui porte en son sein le Mal que le Bien combat, et qui prend pour béquille afin de marcher comme sans béquille devant le Mal à abattre, ce dont le Mal est fait et sur lequel il s'appuie.

     

    Le Mal est un corps qui porte en son sein du Bien dont il se sert pour investir des corps qui souffrent en appelant ce Bien dont ils espèrent un soulagement du Mal qui les ronge.

     

    Les Anti-Barbares ne valent pas mieux que les Barbares parce qu'ils ont dans leurs troupes autant de Barbares que les Barbares.

     

  • La grande histoire du monde arabe

    Histoire monde arabe

    D'Alexandre le Grand à l'islamisme radical, par François Reynaert, diplômé de de l'Institut d'études politiques de Paris, journaliste au Nouvel Observateur.

     

    Le résumé que je fais, du livre :

     

    Du début du 16 ème siècle jusqu'à la fin du 20 ème siècle, l'Europe avec tout d'abord le Portugal et l'Espagne, puis l'Angleterre, la France, les Pays bas, la Prusse, l'Autriche Hongrie, l'Italie et la Russie ; et à partir de la fin du 19 ème siècle les Etats Unis d'Amérique occupés depuis le 17 ème siècle par les Européens en majorité des Anglais... Constitue un ensemble de pays qui a dominé la planète et dont la civilisation, la technologie, les modes de vie, la culture, la politique ont "fait les livres d'Histoire" comme si l'Histoire n'était "que l'Histoire du monde vue par les seuls Européens"... Laissant de côté, du moins en partie, le "moment arabe" du 7 ème au 13 ème siècle, le temps de l'Empire Mongol avec Gengis Khan et ses successeurs aux 13ème 14ème siècles ( 33 millions de kilomètres carrés, alors que la Russie dans sa plus grande expansion n'en faisait que 17 millions de km carrés); et le "moment Ottoman" de 1453 avec la prise de Contantinople jusqu'à la fin de la première guerre mondiale en 1918...

    ... Sans parler des autres grandes civilisations anciennes d'Amérique du Sud, d'avant l'arrivée des Espagnols au début du 16 ème siècle, et des civilisations de l'Inde, de l'Asie du Sud Est, de l'Indonésie, de l'Afrique (empires du Mali, du Congo, bien avant l'arrivée des Européens)...

    Ce sont en fait les historiens, géographes et chroniqueurs Européens, qui, au fil des conquêtes et des découvertes de lointains pays, ont écrit (et surtout interprété en conquérants, en découvreurs, en "porteurs de la civilisation Chrétienne") l'Histoire des peuples de ces pays éloignés de l'Europe, peuples qu'ils ont dominé et asservi en fonction de leurs intérêts stratégiques, économiques, tout cela dans une compétition guerrière entre grandes nations ou empires...

    Les historiens européens et les peuples européens -et c'est d'ailleurs ce que l'on apprend à l'école- se réclament de l'héritage Gréco Romain, du temps où tous les pays autour de la Méditerranée constituaient le vaste empire Romain...

    De l'Orient à partir de la séparation en 395, de l'empire romain en deux parties distinctes jusqu'à nos jours, nous n'avons de cet Orient pour bon nombre d'entre nous, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Espagnols, Européens, que quelques connaissances encombrées de clichés... Alors que Bagdad en l'an 800, avait un million d'habitants et était le centre d'un vaste ensemble économique, de marché, de culture, de savoirs, d'art et de culture.

    Tout bascule (les équilibres géo politiques qui arrivaient à se maintenir notamment avec l'empire Ottoman, grand ensemble de peuples et de religions coexistant sous l'administration Ottomane) dans les premières années suivant la fin de la première guerre mondiale, avec les mandats, les protectorats Anglais, Français, sur le Liban, la Syrie, l'Egypte, la Palestine, l'Irak... Les grands vainqueurs de la guerre ont décidé, arbitré en fonction de leurs seuls intérêts en promettant la liberté, l'indépendance, à des peuples qui avaient jadis subi la domination Ottomane... Les promesses n'ont pas été tenues, les traités ont été bafoués, et les richesses de ces pays libérés de la domination Ottomane ont été pillées, ont fait l'objet de tensions et de conflits entre grandes puissances Européennes... Et la seconde guerre mondiale "n'a pas arrangé les choses"...

    En somme, tout ce qui se passe aujourd'hui au début du 21 ème siècle dans cette zone géographique que l'on appelle "le croissant fertile", l'un des berceaux des grandes civilisations de la planète, est le résultat de la politique désastreuse, inconséquente et prédatrice menée depuis la fin de la première guerre mondiale par les vainqueurs de cette guerre...

    L'Europe, avec ses 500 millions d'habitants en 2015, ne représente plus que 1/14 ème à peine de l'ensemble de la population de la planète, alors qu'au début du 16 ème siècle avec 100 millions d'habitants elle en représentait 1/5 ème... L'avenir est donc aujourd'hui désormais, davantage du côté des 13/14 ème que du côté du 1/14 ème, autant sur le plan économique, technologique, scientifique, que culturel...

     

    Extraits :

     

    Page 318 et 319 :

     

    Au tournant des XVIII e et XIX e siècles, le monde ottoman sent virer le vent de l'histoire. Il ne va pas rester sans réagir. De nos jours encore, la plupart des Occidentaux n'ont aucune conscience de cet aspect des choses. L'orientalisme vu par les Européens, continue à sévir. Dans les esprits Européens, l'Empire Ottoman du XIX ème siècle et ses provinces arabes sont toujours ces pays sortis de l'histoire, des fruits secs tombés de la branche depuis si longtemps que l'Occident, fort de son progrès, n'a eu qu'à se pencher pour les ramasser. Cette idée est fausse. L'arbre a toujours de la sève. Les défaites militaires de l'empire, son démenbrement progressif ou encore le débarquement des Français à Alexandrie sont autants de chocs qui le réveillent et le stimulent. Le XIX ème siècle de l'Orient n'est pas un siècle mort, bien au contraire. D'Istanbul au Caire, de Tunis à Salonique, on assiste à un bouillonnement à tous les échelons des sociétés, du plus haut au plus modeste.

     

    Page 439 :

     

    Si surprenant que cela nous paraisse aujourd'hui, l'idée même d'une identité arabe est presque neuve. Pendant des siècles, explique Eugène Rogan, un Egyptien, pas plus qu'un habitant de la Syrie, de Tripoli ou d'Alger, ne se considérait comme "arabe" et aurait plutôt mal pris qu'on le désigne ainsi. Chacun se définissait par rapport à sa famille, son clan, son village d'origine ou son appartenance religieuse. Un Arabe, c'était un habitant de la péninsule Arabique...

    ... Et c'est là, à mon sens, cette réalité encore d'actualité, l'idée d'une "identité arabe" même embryonnaire et toute neuve, qui, même encore pouvant se constituer à partir de l'Islam et de ce qu'il y a de "fondamentaliste dans l'Islam", et de la langue arabe , de la culture arabe...Qui fera que l'Etat Islamique en tant qu'état constitué, administré, régi et pouvant s'étendre aussi loin autour de lui qu'il le pourra ; échouera finalement, comme a fini par éclater l'empire Ottoman, en fait, tous les grands empires qui ont régné sur des peuples se définissant par rapport à une famille, un clan, une appartenance religieuse... Parce que le clan, le groupe social, la famille, le village, la tribu, tout cela constitue la seule réalité naturelle, la seule réalité "durable", vraiment durable... La preuve : jusqu'au Néolithique, c'est ainsi qu'a fonctionné la société humaine d'un bout à l'autre de la planète durant des dizaines de milliers d'années, selon un principe de relation, de relation avec les autres humains et êtres vivants, avec les choses "du ciel et de la terre"...