Articles de yugcib

  • L'écho

    J'écrivais de ma voix dans un paysage aride et tourmenté

    Un paysage de forteresses rocheuses et de fleurs minérales

    Barré à l'horizon de flancs abrupts et ciselés

    De crêtes et de lignes sombres et déchiquetées

    Ce paysage était peuplé de petits renards des sables

    De pauvres gens cheminant sur des pistes au tracé incertain

    Et de cavaliers noirs aux visages encagoulés

    Fendant à coups de sabre les rangs des pauvres gens

    Lorsque les pauvres gens parvenaient à former des rangs

    J'écrivais de ma voix du plus profond de mes entrailles

    Ce que me disait le paysage

    J'avais pour amis les petits renards des sables

    Et les pauvres gens

    Je n'écoutais pas ces prophètes de malheur ou de bonheur

    Qui sur leurs grands chevaux

    Surgissaient parmi les cavaliers noirs

    Ou dans les rangs des pauvres gens

    J'écrivais de ma voix j'avais du rire et des larmes

    Du rire avec de l'insolence et de la lucidité tragique

    Des larmes pouvant encore sécher cependant

    A la clarté d'une toute petite flamme vacillante

    Je savais que le paysage ne serait plus le même

    Qu'il y a seulement trois lieues avant

    Parce qu'un ciel désormais traversé de nuages illisibles

    Mais tous plus sombres ou plus illuminés d'éclairs les uns que les autres

    Pesait de toute son emprise sur le paysage

    Et incitait toutes les têtes à se tourner d'un côté ou de l'autre

    En un balancement aussi rapide qu'arithmique

    J'écrivais de ma voix à vrai dire j'essayais d'écrire de ma voix

    Ce que me disait le nouveau paysage apparu

    Et j'entendais l'écho-écriture renvoyé par le flanc rocheux de la montagne proche

    Cet écho encore plus amplifié et plus explicite que l'écriture voix venue de mes entrailles

    Et cet écho c'était comme la voix de ...

    L'écrivain dont je me sens le plus proche en ce début de troisième millénaire

  • Pensée du jour, ce jeudi 15 janvier

    Au mieux, la liberté d'expression c'est un regard encore à inventer, un regard à traduire par le verbe ou par le dessin. Il y a juste, au mieux -et c'est déjà heureux- ce regard que l'on a, que l'on traduit par le verbe ou par le dessin, et qui rend la relation possible quoique difficile...

    Au pire, la liberté d'expression c'est un fusil avec le doigt sur la gachette. Il y a alors peu, entre le doigt sur la gachette et l'appui sur la gachette. C'est ce qui rend la relation impossible... Et la liberté d'expression problématique.

                                                                                                                   ... La liberté d'expression :

                                                                                      Image du haut "la liberté d'expression en un peu plus compliqué, que l'image du bas"Dsc00006

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  • L'autodérision, une "denrée rare"

          Rares, très rares, sont les personnages qui, toutes formes d'expression confondues, ont cette capacité d'autodérision de ce qu'ils sentent être au fond d'eux-mêmes, des idées qu'ils défendent, de leurs réalisations, de ce qu'ils disent et écrivent, produisent, diffusent...

    Presque tout le monde, à partir du moment où il est convaincu, passionné, où il porte en lui un "message", fait de ce qu'il exprime, comme une "religion"; et en ce sens, il s'apparente à l'un ou l'autre de ces intégristes religieux, de ces intégristes d'une pensée qui selon lui, devrait être partagée par le plus grand nombre autour de lui... Ainsi, décrète-t-il le Beau, le Vrai, le Pur, l'Impur... Et condamne-t-il, voudrait-il réduire au silence, tout ce qui est contraire à ses idées, tout ce qui le dérange...

    Mais l'autodérision, l'autodérision comme un dessin en traits de caca sur l'image de soi dans une glace ; ce n'est point pour autant, s'auto-flageller, ce n'est point "faire profil bas" les yeux dans les chaussures, ce n'est point "ne rien dire ne rien être ne rien faire et laisser dire laisser être et laisser faire"...

    Les totalitarismes les plus exacerbés, sévissent là où il y a le moins de capacité à l'autodérision et à l'humour qui découle de l'autodérision... Autant dire que les totalitarismes font la loi sur la Terre et que de surcroît, ils sont tous en concurrence les uns les autres, ce qui pourrit la vie des gens et des peuples, car quoi de plus "légitime", de plus "dramatiquement légitime", que de s'allier par opportunisme à un totalitarisme contre un autre totalitarisme ?

  • Questions

          Le livre d'Eric Zemmour "Le suicide français", va-t-il encore être acheté et lu par autant de gens ?

    Quel "devenir", à présent, pour ce livre, après ce dimanche 11 janvier 2015 d'une France debout et dans un tel élan d'esprit et de coeur, de près de quatre millions de gens dans les rues ?

    Ne faut-il voir là, dans ce mouvement de foule à nul autre pareil depuis la libération de Paris en août 1944, qu'un événement social de grande ampleur et de forte charge émotionnelle, dans lequel ont pris part les médias, le gouvernement et les partis ? Un événement tel celui, par exemple, du premier pas d'un homme sur la Lune le 21 juillet 1969 ? Un événement ressenti par des millions de gens en France, en Europe, et en divers lieux sur les 5 continents de la planète, comme étant de nature à "changer le monde", autant dire notre vie au quotidien, dans notre quotidien de relation humaine ?

    Soit dit en passant, il y a bien aujourd'hui en 2015 en France, quelque soixante-six millions d'habitants... Et donc, autant au moins -et plus- forcément, de gens, de millions de gens, qui ne se sont point rendus dans les manifestations de ces derniers jours, du 8 au 11 janvier 2015...

    Quel regard, désormais, les Intellectuels, les artistes, les écrivains, les penseurs, pour l'essentiel ceux qui sont dans la contestation d'un ordre politique, économique, culturel ; dans la critique sinon dans le rejet d'une "pensée unique", du refus de la culture de la consommation, de l'individualisme, de l'économie de marché... Vont-ils porter sur le monde, à présent, en tant que témoins de leur époque, en tant qu'observateurs critiques ; comment von-t-ils désormais s'exprimer ? Comment sera-t-il possible d'user des mêmes mots, des mêmes images, qu'avant le 7 janvier 2015 ?

    Comment pourra-t-on -et devra-t-on- cependant (je souligne le "devra-t-on") être Eric Zemmour, être Dieudonné, être Michel Houellebecq, être Christophe Alévêque... et tant d'autres de ce regard "qui n'est pas dans le sens du conformisme" ou dans le sens de la "pensée consensuelle"... Au lendemain du 11 janvier 2015 ?

    Comment moi-même je vais désormais, au lendemain du 11 janvier 2015, "faire du Yugcib" ?

    L'insolence, le refus, la désobéïssance, l'humour décapant, la poésie, la caricature, l'impertinence, la liberté de dire, d'écrire, de dessiner ; la liberté de la création, de mettre en scène devant un public au théâtre et au cinéma... Tout cela continue, continue plus que jamais, se renouvelle, se perpétue, se transmet, se diffuse...

    Mais il y a maintenant, à mon sens, comme "quelque chose à inventer" désormais, dans l'insolence, dans le refus, dans la désobéïssance, dans le verbe, dans le dessin... et par extension, dans la relation même... Quelque chose qui existe déjà -et qui a fait ses preuves- contre la haine, contre l'exclusion, contre l'indifférence, contre les fanatismes et les parti-pris... Quelque chose qui existe déjà mais qui doit se lever encore plus debout et en avant !

    Et ce "quelque chose là" tient en un regard qui regarde à l'intérieur de l'être que l'on est, en un regard qui s'interroge sur la manière dont il va regarder, et donc, témoigner par le verbe et par le dessin...

  • "Je suis Charlie"

          Tout comme Willem, un dessinateur de Charlie Hebdo, je m'interroge...

    https://fr.news.yahoo.com/dessinateurs-charlie-hebdo-d%C3%A9noncent-r%C3%A9cup%C3%A9rations-142345907.html?nc=0

    Quel est en effet, l'avenir de ce "grand élan" quasiment planétaire, qui porte une charge émotionnelle d'une telle envergure et qui voit même un Poutine, et jusqu'à la monarchie Saoudienne... Et au Hezbollah dénoncer la barbarie des assassins ?

    Qu'était, en vérité, le journal Charlie Hebdo, au regard du monde, sur la scène internationale des grands et des moins grands, sinon un "fanzine" ?... Avant le 7 janvier 2015 ?

    ... Ce qui me déroute (en fait je ne suis pas étonné) c'est que, à l'époque de certaines publications (dessins) de Charlie Hebdo, qui heurtaient la sensibilité de Catholiques, de Musulmans, d'associations, de gens même comme vous et moi, chrétiens, musulmans, juifs, homosexuels, handicapés ; enfin d'une assez grande majorité de gens en somme (n'appartenant pas forcément à l'une ou l'autre de ces minorités se sentant offensées)... Beaucoup de gens alors criaient au scandale ! Et "auraient trouvé normal" qu'on interdise ou censure Charlie Hebdo !

    Et aujourd'hui, que le drame est là, bien présent, que les dessinateurs sont morts assassinés, le même Tout-le-Monde se déclare et s'affiche, par millions dans toutes les villes de France, ulcéré, blessé... Tout le monde brandit "JE SUIS CHARLIE" et chante la Marseillaise et lève un crayon à bout de bras ; et, jeudi prochain, le 15 janvier, tout le monde va acheter Charlie Hebdo tiré à 1 million d'exemplaires (ce qui ne suffira pas)... J'imagine déjà les queues impressionnantes aux kiosques de journaux !

    Certes, tout au fond de moi, du plus profond de mon coeur et de mon esprtit, je ne puis qu'adhérer à ce mouvement, à cette levée en masse de tout le peuple de France, d'Europe et d'une grande partie du monde à ce mot qui pour une fois me semble dépasser le cadre d'un "mot d'ordre" "Je suis Charlie"...

    Oui je suis certain de la sincérité, de l'immense sincérité qu'il y a dans cet élan de soutien et de sympathie à Charlie Hebdo... Seulement voilà... Je m'interroge au sujet de ce qu'il y aura réellement de durable, de fort et d'une conscience aussi aiguë que constante d'une telle sincérité, lorsque vont passer les jours, les semaines, les mois ; et que vont survenir de nouveau les différends, les crispations, et toutes les violences en propos et en actes, au quotidien... Et cela d'un bout à l'autre de la société toute entière...

    Tout le monde brandit haut et fort, crie "liberté d'expression" mais dès demain, on va continuer à gueuler comme des putois pour un article de Zemmour, un mot de Marine Le Pen ou de Jean Luc Mélenchon ! Ou encore, en quelque blog, forum, sur le Net, qualifiera-t-on de pestiféré un posteur qui aura publié une phrase, un passage jugé "hors de propos et scandaleux" ou d'un humour "n'ayant pas sa place ici"...

    Bien sûr, la liberté d'expression implique forcément et naturellement, que l'on dise, que l'on écrive que l'on soit choqué, que l'on combatte l'auteur de tel ou tel propos... Mais entre une Kalachnikov et le banc d'accusation dans une salle de tribunal, il y a tout de même une différence! Entre une "levée de boucliers" assimilable à une exclusion et à une vague de haine et de rejet, et une résistance par le verbe ou par le dessin, il y a tout de même une différence...

    ... J'imagine le jour anniversaire de ses cent ans, un humoriste dans le genre d'un Coluche, ou un caricaturiste dans le genre d'un Wolinski, ou quelque écrivain anarchiste, drôle et déjanté, invitant à prendre un verre à la terrasse d'un bar des Champs Elysées... Zemmour, Caron, Mélenchon, Marine Le Pen, Dieudonné, le Grand Gourou du Vaudou, la passionaria des Femen, Nicolas Sarkozy et Manuel Valls... Et une flopée de journalistes venus prendre des photos, leur micro à la main, interwievant l'humoriste ou le caricaturiste ou l'écrivain centenaire...

    J'imagine, sur le toit du célèbre bistrot des Champs Elysées, une troupe de matous et de minettes menant une sarabande débridée ; et sur le trottoir en face du bistrot, une volée de moineaux s'égaillant et piaillant...

    Il ne s'écoule pas un quart d'heure de cette scène, que l'un des journalistes levant les yeux au ciel, aperçoit comme un deuxième soleil surgissant d'une nuée sombre, un deuxième soleil qui très vite envahit le ciel tout entier, éteint le premier soleil, et fond sur le monde...

    ... L'éclat de rire des Elohim...

    Mais le regard de l'un des Elohim, figeant en un rictus d'incrédulité, le rire de tous les autres Elohim, au moment où il prend au fond de ses yeux l'image du monde en son dernier instant...

    "Pourquoi, Elohim 103293, prends-tu l'image du monde dans tes yeux?"

    "Pour que le monde, que je vais retirer de cette image, puisse devenir ce que vous ne le laissez pas devenir...

    ... Défendre notre civilisation, la civilisation de nos valeurs, la civilisation dite "occidentale" (en fait "l'occident élargi") contre ce qui nie et veut détruire cette civilisation, c'est plus que jamais de nos jours, s'attacher à ne donner aucune prise à nos ennemis, et donc, à demeurer toujours, avec la même constance au quotidien, dans cette conscience aiguë, durable et forte, de ce que nous avons éprouvé avec autant de sincérité lors de ces immenses manifestations dans toute la France et ailleurs dans le monde, en ces jours de janvier 2015...

    Ainsi s'éclairciront leurs rangs, ainsi ne gagneront-ils plus à leur "cause" de nouveaux adeptes, ainsi finiront-ils par disparaître...

    Nos différends, nos haines, nos rejets, nos exclusions, nos violences... C'est bien de cela qu'ils se servent, et de tout ce que l'on expose de ces différends, de ces haines, en images, en propos diffusés...

  • La possibilité d'une île, de Michel Houellebecq

    La possibilite d une ile

    Un roman d'anticipation qui met en scène le personnage principal, Daniel, chargé d'écrire un « récit de vie » qui fournira l'essentiel -et le détail- de ce qui alimentera la mémoire des clones qui vont lui succéder...

    C'est l'effondrement, précédé de la déliquescence d'une civilisation, que constate Michel Houellebecq, avec le culte de l'argent roi, l'individualisme forcené et l'irresponsabilité.

    La jeunesse, les apparences dans ce qu'elles représentent de plus séduisant pour le plus grand nombre de gens, font des « vieux » des personnages délaissés et exclus, du fait de la dégradation de leur corps...

    Toutefois, par la dimension d'une quête mystique (peut-être dégagée des idéologies et des religions, autant que des systèmes de pensée, de morale et de philosophie) l'auteur nous fait entrevoir une infime espérance  : un monde restreint certes, mais dans lequel l'amour est possible. (la « possibilité d'une île)...

    Pour ma part, je dirais plutôt l'impossibilité d'une non-île … Ce qui me semble « plus réaliste » et par là même, « plus optimiste »...

    Page 420, ce passage :

    « Rien ne subsistait aujourd'hui de ces productions littéraires et artistiques dont l'humanité avait été si fière ; les thèmes qui leur avaient donné naissance avaient perdu toute pertinence, leur pouvoir d'émotion s'était évaporé. Rien ne subsistait non plus de ces systèmes philosophiques ou théologiques pour lesquels les hommes s'étaient battus, étaient morts parfois, avaient tué plus souvent encore ; tout cela n'éveillait plus chez un néo-humain le moindre écho, nous n'y voyions plus que les divagations arbitraires d'esprits limités, confus, incapables de produire le moindre concept précis ou simplement utilisable. »

    Le 7 janvier 2015, jour de l'attentat sanglant contre Charlie Hebdo, paraît le sixième roman de Michel Houellebecq « Soumission » https://fr.news.yahoo.com/après-buzz-polémique-soumission-arrive-librairie-061219181.html

    Soumission

    Si j'avais eu moi-même l'idée d'un roman ou d'un récit, ou plutôt d'une nouvelle sur exactement le même thème, dans la même « politique fiction » j'aurais dépeint une France de 2022, dominée par un Parti Musulman « un peu plus engagé dans l'Islam » que « Fraternité Musulmane »... et donc, « un peu moins modéré » on va dire... Mais je ne me serais guère étendu, cependant, sur la « radicalité » de la doctrine, sur l' « engagement » par lui-même, des croyants dans les aspects, dans le détail de leurs pratiques, de leur mode de vie... Je me serais attaché plutôt à donner à mon récit, une forme ironique, j'aurais décrit ces galeries marchandes des grandes surfaces de consommation de masse , désormais sans boutiques de « fringues féminines », sans boutiques d'Yves Rocher … Mais peut-être avec cependant quelques boutiques de « petits dessous » et de « lingeries fines » aux vitrines recouvertes de l'intérieur par des tissus épais et opaques, afin que seuls, les maris accompagnés de leurs femmes entièrement voilées, aient envie d'entrer dans ces boutiques surmontées d'enseignes discrètes... Et ces cantines scolaires, ces restaurants, sans porc évidemment, mais où le moindre poireau, le moindre nugget de poulet, serait halal...

    Du fait qu'il y aurait à mon avis, au moins autant de chômage en 2022 qu'en 2015, l'arrivée de ce Parti Musulman au pouvoir, aurait contribué à augmenter le chômage, du fait de l'arrêt de l'industrie d'élevage du porc et de la mise hors service d'un certain nombre d'abattoirs... A moins que les éleveurs et les industriels ne se soient reconvertis dans le mouton, l'agneau, le bœuf, l'âne, la chèvre...

    Cinq ans plus tard en 2027, imaginerais-je, c'est le Parti Végétarien qui prendrait le pouvoir, avec cette fois, pour hôte de l'Elysée... Aymeric Caron. Et de nouveau, l'on reverrait les gambettes des femmes, et les foulards auraient raccourci, seraient devenus de jolies écharpes fines chiquement nouées autour du cou...

  • La liberté d'expression

          Déjà, lors de la disparition d'humoristes, d'artistes, chacun à leur manière des personnages "qui ont marqué leur époque", dont la trace demeure indélébile, intemporelle, que je savais tout aussi mortels que le commun des mortels mais dont je n'imaginais pas un seul instant qu'ils puissent cesser d'être tant ils emplissaient de leur présence mon quotidien, le quotidien à vrai dire de millions de gens... Dès le lendemain de leur disparition, et encore bien des années plus tard, je me disais à chaque fois "le monde ne sera plus comme avant" et je sentais un grand vide, comme dans un paysage qui, bien qu'aride et difficile à traverser, mais avec des oasis, venait de voir disparaître ses oasis dans un séisme...

    Je pense -entre autres- à Jacques Brel, à Georges Brassens, à Coluche, à Serge Gainsbourg, à Jean Ferrat...

    Au lendemain du mercredi 7 janvier 2015, c'est encore un autre séisme qui vient de briser le paysage, le paysage dessiné par les artistes du journal Charlie Hebdo... Et de nouveau "le monde n'est plus comme avant, il y a ce vide, ce vide immense, ce désespoir et ces douloureux points d'interrogation...

    Mais je me dis aussi, en même temps "il faut que le monde puisse devenir ce qu'il n'a encore jamais été mais seulement rêvé, même si ce monde ne serait pas forcément meilleur, vraiment meilleur, que celui dans lequel on vit, que l'on doit continuer à vivre sans Charb, sans Cabu, sans Bernard Maris, sans Tignous, sans Honoré, sans George Wolinski...

    ... La liberté d'expression devient plus que jamais, depuis le mercredi 7 janvier 2015, non seulement une obligation morale et de principe républicain mais aussi et surtout, s'impose encore davantage en tant que valeur naturelle et universelle dans la relation humaine...

    La littérature, le dessin et toute forme de réalisation artistique, permettent de tout exprimer, y compris ce qui dérange ou ce qui déconcerte...

    Sans la littérature, sans la poésie, sans le dessin, en l'absence de toute forme d'art, il reste cependant la parole qui ne se fait pas écriture et encore moins poésie, il reste l'écrit en le seul état de parole de tous les jours, ce qui est tout de même un moyen d'expression...

    Sans la liberté d'expression l'on se sent réduit au silence par la peur...

    Sans la liberté d'expression il n'y a plus de littérature ni d'art...

    Sans la liberté d'expression il n'y a même plus de parole ni d'écrit ordinaire voire vulgaire ni quoi que ce soit que l'on puisse exprimer, il ne reste que la soumission à ce qui s'impose par la force et par la violence...

    De toute manière, dans l'absence de la liberté d'expression, vient la nécessité de la liberté d'expression, la liberté d'expression qui parvient contre tout ce qui l'empêche, à se frayer un passage...

    ... Lorsqu'en mai 2002 je rédigeai Grand Hôtel du Merdier, ce livre que je devais publier en 2007, et qui, en 2002 n'était encore qu'une ébauche ; je déplorais le fait que le journal Charlie Hebdo n'ait point réagi à un courrier que j'avais adressé à son rédacteur en chef de l'époque, vraisemblablement en 2001... Dans ce courrier je présentais quelques uns de mes dessins, car j'avais pensé que, chez Charlie Hebdo, ces dessins auraient pu être appréciés...

    Je rédigeai donc un passage, dans Grand Hôtel du Merdier, dans lequel j'exprimais à ma manière, ma déception de ne pas avoir eu de réponse...

    Je n'imaginais pas, à l'époque, bien sûr, ce qui allait arriver à Charlie Hebdo le mercredi 7 janvier 2015...

    Lorsqu'un livre est écrit -et publié- "il l'est bel et bien"... Tel qu'il fut rédigé, et publié...

    Un livre ce n'est pas comme un nuage qui, d'une heure à l'autre, d'un moment à l'autre, change de forme tout en demeurant le nuage qu'il est dans son type de nuage (un stratus, un cumulus...)

    Il est certain que, si je devais publier mon livre, le même livre, en 2015, ce passage dans lequel j'exprimais à ma manière ma déception, ne figurerait pas.

    Ainsi la liberté que je pris à m'exprimer, avec les mots que je dis, le ton de ces mots -et éventuellement leur portée- est-elle, demeure-t-elle ma liberté du moment...

    Il devrait y avoir à mon sens "quelque chose d'intemporel" dans la manière dont on s'exprime. Et c'est bien là le sens que j'attache, que je m'efforce désormais d'attacher, à la liberté d'expression...

    L'on peut, cependant "avoir et prendre sa liberté du moment" (du moment vécu en tant que témoin, observateur critique ou acteur)... Mais essayer de suggérer dans la formulation même ou dans une autre formulation quelques pages plus loin, que la liberté que l'on prend à s'exprimer "de cette manière là" peut être ré-exprimée différemment... Parce que, de toute évidence, rien n'est à jamais figé.

    Si tout ce que nous croyons, si ce qui procède de la culture, de l'art, de la connaissance, de la relation, de ce que l'on ressent, de ce que l'on exprime ; devait demeuré figé, figé comme la surface d'une mer gelée qu'un coup de hache ne pourrait briser... Alors, il n'y aurait plus de culture, plus de connaissance, plus de relation, plus de ressenti, plus d'émotion, plus d'expression, plus de vie possible même... Il y aurait seulement cette surface plane, infinie, désespérante, sans passé, sans avenir, entièrement gelée à perte de vue, et d'une intemporalité celle là, inacceptable, à l'opposé de l'intemporalité du coup de hache sur la mer gelée, ou du regard qui voit par delà l'horizon qui cerne la mer gelée...

    ... Il est de ces idéologies, de ces idéologies "totalitaires", qui sont comme des mers à jamais gelées, d'une infinie et désespérante étendue...

    Et dans ces idéologies là, il n'y a plus de culture autre que celle de la présence d'un énorme totem prenant la place du ciel tout entier...

    Par exemple, du temps du III ème Reich et du nazisme, les hauts dignitaires du Reich se ralliaient à la conception du monde et de l'univers, élaborée par Hans Hörbiger (théorie de la glace éternelle, selon laquelle la Voie Lactée serait composée de blocs de glace). Cette théorie rejoignait ce que pensaient alors les hauts dignitaires du nazisme au sujet de l'astronomie moderne jugée décadente et abstraite, ainsi d'ailleurs que de la culture et que de la littérature de l'époque jugées tout aussi décadentes et perverses... Et combattues, détruites lors d'autodafés où l'on brûlait des milliers de livres sur les places publiques...

    ... Toutes les idéologies totalitaires et donc porteuses et diffuseuses d'un "ordre du monde" censé être le seul et unique pour l'ensemble des peuples du monde... Sont négationnistes et destructrices de toute existence et expression de culture et d'art, différentes de ce que le seul "ordre du monde et de vérité" impose par la force, par le meurtre des intellectuels, des poètes, des artistes toujours jugés décadents et impies...

    Les conquistadores et colonisateurs Portugais, Espagnols, Anglais, Hollandais, Français, Allemands du 15 ème au 20 ème siècle ont tous, d'une manière ou d'une autre, nié les cultures des peuples avec lesquels ils sont entrés en contact, et ont imposé leur religion, leur mode de vie, leurs lois, partout sur la planète, et cela même sous couvert des "bienfaits" que leur ordre "de civilisation" apportait à ces peuples...

    Dans les nouvelles idéologies totalitaires d'aujourd'hui, depuis la fin du 20 ème siècle, les "bienfaits" deviennent en fait, inexistants, et ce qui remplace les "bienfaits", c'est la condition de soumission absolue d'un peuple sinon de tous les peuples du monde si possible, à l'idéologie dominante ou combattante par la violence pour dominer. Les vecteurs de ce combat étant la haine entretenue et attisée entre les hommes, les partis, les clans, les ethnies, les "communautarismes", dont la résultante principale est l'adhésion du plus grand nombre possible à l'idéologie en ordre de marche laminant tout sur son passage autour de l'énorme totem prenant la place du ciel tout entier.

  • "On ne subit pas l'avenir, on le fait" (Georges Bernanos)

    ... On fait l'avenir dans le présent, donc...

    Mais le présent c'est aussi le résultat de ce qui a précédé ce présent. Nous vivons actuellement le présent comme si ce qui l'a précédé ne nous concernait plus... Ou alors, nous avons, du moins certains d'entre nous qui avons connu ce qui précède, la nostalgie (le regret) de ce qui fut et n'est plus... Ce qui rend le présent que nous vivons, aussi peu apte à faire l'avenir, dans la mesure où nous subissons un présent dont on déplore les maux, un présent dans lequel nous ne nous efforçons pas à devenir les acteurs d'un changement que l'on espère, un présent dans lequel nous demeurons essentiellement passifs et critiques, et qui forcément fera un avenir que nous subirons aussi...

    Pour ne pas subir l'avenir il faut donc déjà ne pas subir le présent. L'on cesse de subir le présent en se sentant relié à ce qui a précédé, mais sans la nostalgie (le regret) de ce qui a précédé.

    Mais il y a encore le souvenir, le souvenir de ce qui fut, lors de la traversée des paysages, lors du parcours de tous ces chemins ; le souvenir d'une expérience difficile et douloureuse, ce souvenir dont on jalonne de bornes de pierre et de stèles, le paysage, le chemin présent... Comme pour "conjurer" un avenir que nous ne voulons pas de nouveau subir.

    Il faut donc, ne pas avoir la nostalgie (le regret) mais à la place la connaissance (connaissance de la vérité historique et événementielle)... Et en même temps, ne pas avoir le culte (ou la culture) de la "pensée comme il se doit en vertu de..."

    La nostalgie et le culte de la "pensée comme il se doit" , autant que l'oubli dans le sens où l'on ne se sent plus concerné, autant que l'abandon de ces assises fermes sur lesquelles on ne construit plus, autant que ces racines enfouies dans le sol profond, que l'on a coupées à la "hache de la modernité et des modes nouvelles" ... Tout cela élargit les fossés, creuse les abîmes et fait un présent qui fera un avenir que l'on devra subir... Avec encore plus de radicalités, de fanatismes, de rejets, de violences, d'insécurités...

    Il est encore temps de ne pas subir le présent, même si nous sommes déjà entrés dans un avenir que l'on commence à subir, du moins pour une très grande majorité d'humains... (une très petite minorité soit dit en passant, ne subit pas mais fait subir jusqu'au jour où elle aussi subira... Mais ce jour là y'aura plus d'avenir)...

  • L'Intelligentsia de la Pensée Consensuelle

          L'Intelligentsia de la pensée consensuelle progressiste depuis 30 ans s'évertue à nous prêcher le respect et l'écoute de l'Autre, la tolérance, la prise en compte de la diversité culturelle, des opinions et idées différentes... Elle s'en gargarise même jusqu'à l'excès, jusqu'à la provocation, de tout ce dont elle nous assomme, cette Intelligentsia autant de Droite que de Gauche d'ailleurs... Droite et Gauches libérales faut-il préciser soit dit en passant...

    À force d'officialiser, de légaliser, de permettre au nom de la liberté individuelle ce qui jadis était inaccepté voire réprouvé par la loi ; à force de sans cesse élargir et de "nouveautéïser"... L'on en arrive à ce que les gens ne se supportent plus, et que vivre les uns à côté des autres devient un épuisant et dramatique parcours du combattant...

    Eriger en Vertu Sacrée la tolérance, l'écoute et le respect de l'autre, en faire un credo, une école obligatoire pour tous, et de surcroît, barder tout cela de lois, de dispositions appropriées, de règlements... Ce n'est absolument pas cela qui ouvre la voie à l'amour du prochain, bien au contraire!

    Il faut le dire, il y a des modes de vie, des sensibilités et des cultures qui ne peuvent pas coexister sans réels problèmes...

    Dans la différence, dans l'opposition, tout, en particulier la relation, ne peut commencer que dans la confrontation.

    Et c'est seulement de la confrontation que peut venir une évolution... s'il doit y avoir une évolution possible... Et dans cette évolution possible, alors même que l'environnement demeure hostile, peut s'ouvrir un passage inattendu, dans lequel tout ce qui procédait auparavant, de la morale ou des religions ou des conventions, cède la place à un principe naturel de la relation entre les êtres, qui vaut peut-être mieux, qui a plus de sens, de réalité, que cet "amour du prochain" des religions et de la morale.

    Le jour où l'Intelligentsia comprendra ça... Et cessera donc de s'évertuer à refuser l'existence et la réalité de la confrontation, laissant ainsi se développer ce qui est pire que la confrontation, à savoir le radicalisme et le fanatisme associé des parties opposées en présence, alors le monde des humains aura fait un pas en avant.

  • Ma petite chronique du Jour de l'An

    Ah, pis, nouilles eh, ça vous changerait du caviar, à l'apéro de l'Elysée !

    J'ai complètement loupé/loupé, les vœux pieux du Président Sans Dents sur TF1 ou TF2 le soir du 31 décembre...

    D'ailleurs, je loupe/loupe avec autant de je-m'en-foutisme et d'insolence, toute forme verbale, écrite ou dessinée ou encore facedeboucquisée/mitraillée, ou courriérisée ou de bonaloi... De veu-pieu bien consensuaux/bien dan-le-Sousthème... Qu'au deu-de-l'an l'on enterre déjà en klaxomerdant dans les rond-points à la toto qui lambadade pas bien...

    Ah, pis, nouilles eh, o -deu-de-l'an c'est même plus des nouilles c'est du vermicelle et toute la sauce y était dans le vermicelle trempé dans le potage aigre dévitalisé !

    Je loupe/loupe aussi les vœux pieux du Kamarad' Leu-Pâ-On...

    Et pour aller plus vite quand il faut quand même/quand même se fendre de deux ou trois bonvoeux de ci de là, j'écris "moeilleurs veux" parce que comme je suis pressé, je fais déjà l'eu dans l'o tou'd'suite après meuh... Mais... je veux pas !

    Je me souviens, la nuit du réveillon de la Saint Sylvestre en 1967, que je passais au centre de tri postal PLM à Paris... On nous faisait tous les quarts d'heure, redresser bien serré bien droit bien en brassées, sur une grande table en fer, des milliers de mignonettes vomies de grands sacs postaux. C'était le Préposé à l'Acheminement qui ramenait d'autour de la gare PLM le contenu des boîtes aux lettres publiques... En ce temps là, la Poste Pététique (et télégraphique) supprimait tous les congés entre Noël et Jour de l'An (en fait jusqu'au 15 janvier) afin d'assurer le service de distribution des centaines de milliers de cartes de vœux que l'on envoyait alors par douzaines et par familles entières... Aujourd'hui y'a Internet et Facebook, et ça se fait par smartphone et appel vidéo (dans un certain sens c'est mieux parce que ça t'évite de devoir te creuser la cervelle pour aligner autre chose que trois mots sur une carte pourtant toute petite, et ça t'évite aussi de prendre ton téléphone-pas-internet et de devoir discuter trois heures de banalités consensuelles avec le vieux tonton la vieille tata la vieille mamy le vieux pépé en maison de retraite, ou même quelqu'un de ta famille très loin, quelque cousin que tu vois qu'une fois tous les cinq ans)...

    Au PLM en 67, y'avait ce qu'on appelait les "califs" (heures supplémentaires payées double voire triple en nuit)... Ces "califs" pour les jeunes '"trou-du-cul aux dents longues" que nous étions moi compris, c'était une aubaine : le grand chef qu'on surnommait Eichmann (le Grand Inspecteur Central chef de la brigade de nuit) nous disait, à huit heures du soir début de la vacation "vous voyez ce chariot? quand vous avez fini, vous partez!"

    Ah putain, le chariot il fallait voir! Plein comme un wagon de marchandises de huit chevaux (ou 40 hommes) !

    Eh bien, à 4 plomb'du mat, le chariot il était curé ! La vacation normalement se terminait à 6 h, et à 4 h on était dehors...

  • La lambada des autototos ...

    ... Menant aux stations de ski (loisirs-vacances-société de consommation loisiresque de masse) de Haute Savoie et des Alpes du Nord... L'on faisait état de 60 000 véhicules bloqués dans les deux sens sur les autoroutes -à péage Vinci- desservant les stations de ski alpines...

    Ainsi, les uns au ski Alpin, et les autres en Thaïlande ou au Vietnam ou aux Seychelles ou aux Bahamas ou à Bali... La grand'messe des Touropérators avec des propositions de séjours de rêve au prix le plus bas possible...

    C'est bien là, dans ces monstrueux embouteillages pour cause de neige et de verglas, dans cette lambada des autototos, avec dedans Bébé, Toutou, Papa cadre ou agent de maîtrise dans quelque grosse boîte d'Ile de France non encore menacée par la rapacité des Jacquetionnaires, Maman ou Petite Amie Esthéticienne ou chef de rayon à la Samaritaine (mais pas grand'maman 90 ans en fauteuil roulant en maison de retraite médicalisée ni le jeune grand fils de 16 ans qui a préféré se faire un treking dans le Sud Marocain ou en Crète avec ses copains)... Que l'on voit la diversité des comportements "individuaux", les uns "très cool" les autres "gueulant comme des putois"...

    Certes, ce n'est point là -pas tout à fait (comme le prétendent les Médias inféodés à la pensée critique et caricaturale)- la "France profonde" autant celle des HLM de Sarcelles que celle du fin fond de la Creuse... Mais c'est la France, la France, notre France tout de même, avec un Hollande, un Valls, une Morano, une Marine Le Pen, un Sarkozy en réenvol, un Bernard Henry Lévy, un Michel Onfray et tous les Patrick Sébastien possibles et imaginables... Et toute la clique de nos animateurs Télé...

    La "France profonde" qui autototo-lambadade sur les autoroutes enneigées mais qui aussi se fait une cuisse de poulet froid mayonnaise et avocat crevette paquet de chips devant sa télé tout seul le soir du réveillon une revue à une plombe du mat' de bonnes femmes à poil avec des plumes au cul...

    Que voulez-vous, on fait ce qu'on peut avec ça qu'on a ! Et y'aura bien quelque part dans une maison de retraite médicalisée ni vu ni connu une jeune aide soignante au cœur grand comme un cosmos qui fera "quelque chose d'un peu spécial" à un pauvre vieux encore un peu vert et surtout très esseulé... (eh oui, la charité, ne vous en déplaise braves gens bouffis de morale chrétienne ou de morale consensuelle toute prête à penser... ça va jusque là ! )

    La France profonde, elle est faite de tous ces gens de partout, de tout milieu social, de toutes origines, qui montent jamais sur les tables pour amuser la galerie, qui font jamais la révolution, qui disent jamais rien (mais qui pensent) mais qui pratiquent à leur manière ce qu'on appelle la charité chrétienne, et dont les petits gestes et actes de la vie quotidienne à l'égard de leurs proches ou moins proches sont de véritables monuments d'amour dont peu de grands écrivains ne font un roman, dont peu de cinéastes ne font un film culte...

    Quand je pense à cette France là, et que je sais qu'elle existe (mais que l'on ne fait pas exister parce qu'elle ne fait pas recette ou qu'elle dérange ou gêne) eh bien je suis fier d'être Français et, par extension, fier de mon espèce, l'espèce humaine, en dépit de ces quelques coups de gueule intempestifs et épidermiques qui me viennent lorsque précisément, parfois trop souvent à mon gré, certains représentants de mon espèce, de mon pays ou d'ailleurs, ont des comportements exécrables...

  • Je me fais l'avocat de la défense ...

          Je me fais l'avocat de la défense de cette société humaine contemporaine que trente ans de terrorisme intellectuel, d'autoflagellation et de nihilisme perpétrés par nos dirigeants, nos penseurs, de la droite et gauche bobo, et en règle générale par des millions de crieurs de tous les mots à propos de tous les maux, condamne à se faire écorcher vive, à se faire saborder, détruire par tous les fadas possibles et imaginables dont les Islamistes de Daech ne sont qu'une mouvance parmi tant d'autres de terroristes, de révolutionnaires, de contestataires, d'intégristes de tout poil, tous vengeurs et graines de dictateurs autoproclamés, et négationistes de culture, de religion et d'histoire...

    Je me fais l'avocat de la défense de cette société humaine contemporaine en réalité -mais on l'oublie- composée en grande majorité de femmes, d'enfants, de familles, de "citoyens lambda" qui sont nos voisins du quartier où l'on habite, tous ces gens que l'on croise dans la rue sans jamais leur parler ne serait-ce que d'un regard ; cette majorité dont chacun des êtres qui la compose est à lui seul une histoire, une culture, un passé, un présent et un avenir, une intimité, une vérité, une épopée, un immense poème... Et tout y est dans l'épopée, dans l'histoire, dans la culture, dans le poème : les joies, les peines, les émotions, les fidélités, les trahisons, la solitude...

    Je me fais l'avocat de la défense de cette société humaine contemporaine dite "société de consommation de masse" de l'internet, du smartphone et des écrans tactiles, des lotissements pavillonnaires et des barres d'HLM, des tonnes de joujoux de noël pour gosses de riches et gosses de moins riches, des séries télévisées et des galeries marchandes...

    Est-ce que cette société là, celle dans laquelle nous vivons depuis trente ans, est pire ou moins meilleure, ou moins préférable à une autre, d'une autre époque ? Peut-on, est-il "vivable" de sans cesse déplorer, de sans cesse condamner, de sans cesse fustiger, de sans cesse dire et écrire tous ces mots de tous les maux, même s'il faut être lucide et sans complaisance et sans angélisme... Et de ne jamais dire et écrire les mots qu'il faudrait dire, que tant et tant d'entre nous aimeraient entendre ; de ne jamais regarder ces visages autour de nous qui passent, de ne jamais tendre une main...

    Non, ce n'est pas vivable, c'est se saborder, c'est une immense négation de l'être humain...

    ... La pensée négationiste de Daech et de tous les fous de dieu et de tous les vengeurs révolutionnaires assassins du monde, ne disparaîtra pas par la violence que l'on lui opposera et qui se manifeste elle aussi par toutes formes d'intégrisme... Et de surcroît de consensualisme et de "normalisation-banalisation" autoritaires... La pensée négationiste disparaîtra lorsqu'elle n'aura plus ses raisons d'être, raisons qui sont martelées dans la tête des gens par la télévision, l'internet et les images violentes diffusées...

    ... Cet article publié le 24 décembre 2014 (Causeur.fr) dans "Politique Société" : "La langue de bois est devenue une oeuvre d'art contemporaine"... qui m'a inspiré pour rédiger le billet ci dessus...

    http://www.causeur.fr/zemmour-daech-djihad-30769.html#

  • Crèches de Noël (suite billet précédent)

          Je disais dans mon précédent billet sur les crèches de Noël en exposition à Castelmoron d'Albret :

    "C'est dire de l'universalité du thème de la Nativité, partout dans le monde"...

    En effet, de l'Indonésie au Guatemala ; du pays des Inuits du Grand Nord Arctique à la Nouvelle Zélande, partout l'on voit dans les églises, dans bon nombre de maisons ou de lieux de vie chez les gens, au temps de Noël, des crèches diversement arrangées, dont les personnages en bois, en carton, en terre cuite, sont toujours les mêmes, mais dans un décor local...

    Dans l'universalité du thème de la Nativité, le message qui ressort de ce thème, est à peu près le même sous un angle différent, que celui qui ressort du Petit Prince de Saint Exupéry...

    C'est bien là le paradoxe : la violence du monde mais aussi la beauté du monde avec l'espérance, l'amour, la paix, le rêve, l'imaginaire...

    Je résume cette petite histoire, lue derrière la fenêtre d'une maison dans une rue de Castelmoron d'Albret :

    Un roi devait choisir entre deux tableaux, les meilleurs réalisés par des artistes peintres chargés par le roi de représenter le monde... Le premier tableau montrait un lac d'eau calme avec un ciel très lumineux et très bleu ; et le deuxième tableau montrait un paysage tourmenté, de montagnes déchiquetées, avec un ciel sombre et menaçant et des éclairs d'orage, et quelque part dans un trou de roche, un buisson verdoyant abritant un nid, et dans le nid une maman oiseau nourrissant ses oisillons...

    Un personnage de l'entourage du roi demande au roi lequel de ces deux tableaux il choisit, et le roi dit qu'il choisissait le paysage tourmenté avec le trou de roche tout petit contenant le nid... pour représenter le monde, la réalité du monde...

    C'est bien ce monde là dans lequel nous vivons, un monde violent et dur, mais très beau aussi si l'on regarde dans le détail, dans les "trous de roche"...

  • Crèches de Noël à Castelmoron d'Albret ...

    ... La plus petite commune de France, par sa superficie de 3,54 hectares soit l'équivalent de la place Charles De Gaulle (place de l'Etoile) à Paris...

    Exposition de crèches de Noël, de partout dans le monde : c'est dire de l'universalité du thème de la Nativité dans le monde...

                                                   http://www.ipernity.com/doc/1199372/album/742680

  • Ravage, de René Barjavel

    Ravage

                             Livre publié en 1943

          René Barjavel est un écrivain, journaliste Français, né le 24 janvier 1911 à Nyons (Drôme) et décédé le 24 novembre 1985 à Paris.

    Il est l'auteur de quelques romans d'anticipation, science-fiction et fantastique, dont l'un des plus connus, outre RAVAGE, publié en 1943 ; est LA NUIT DES TEMPS, publié en 1968.

    Dans RAVAGE, nous sommes en l'an 2052, une panne énergétique brutale, généralisée à toute la planète, survient dans une société robotisée où l'Homme est devenu dépendant d'une technologie qui le libère de tout effort physique, et surtout, répond à tous ses besoins.

    De la cage d'un escalier de grand immeuble de cent étages en passant par des voitures bloquées sur l'autoroute et par des avions qui chutent et s'écrasent au sol, les situations décrites sont variées, et cela dans un contexte d'extrême violence.

    L'auteur laisse le lecteur interpréter ou imaginer à sa manière, la ou les causes de cette gigantesque panne énergétique. A priori, il semble que cette panne soit liée au déclenchement d'une guerre menée par un dictateur d'Amérique du Sud contre les états du nord de l'Amérique, sinon du reste du monde.

    Mon interprétation serait la suivante :

    Le monde civilisé et technologique de l'époque, constitué d'une part de toutes les nations et pays de populations d'origine européenne ayant dominé le monde du 16ème au 20 ème siècle ; et d'autre part des pays d'Amérique de populations d'origine Africaine ayant subi la domination des européens jusqu'au 20 ème siècle ; ce monde de 2052 donc, voit surgir en Amérique du Sud, à Rio de Janeiro, un dictateur très puissant à la tête d'une population qui le suit, très avancée technologiquement, et qui s'est préparée durant 20 ans à une guerre de revanche contre ces états du Nord, en fait contre les autres nations de la planète aux populations d'origine européenne... Les armes utilisées sont terrifiantes, le plan d'invasion et d'occupation des territoires « nettoyés » est gigantesque, de telle sorte qu'il n'y a aucun moyen, aucune possibilité de se défendre, de résister, pour les états du nord de l'Amérique et du reste du monde...

    C'est alors que survient, à la veille de l'invasion et que des dizaines de milliers de « torpilles » et d'avions de combat, fondent vers les territoires visés ; une gigantesque panne énergétique. Tout s'arrête puisque tout fonctionne à l'électricité.

    En fait je pense pour ma part que cette panne énergétique est provoquée, intentionnelle, et vue comme étant le seul moyen, par le monde menacé, de stopper net l'invasion, l'arrivée des torpilles, des armées du dictateur Sud Américain... Au risque bien sûr, de dysfonctionnements catastrophiques causés par la panne d'électricité, et donc, d'un grand nombre de victimes. Ainsi, au prix d'un mal « un peu moins pire », y aura-t-il des survivants en assez grand nombre pour faire repartir par la suite, la civilisation...

    ... Il est intéressant de voir comment, avant l'électronique, avant les nanotechnologies, avant internet, avant tout ce qui fait notre monde technologique d'aujourd'hui (et qui fonde pour ainsi dire, à la base, tout l'imaginaire des temps futurs, la science -fiction actuelle -dans la mesure cependant où ce qui est imaginé demeure relativement crédible-) ... Les auteurs, écrivains, romanciers de science-fiction pouvaient imaginer, décrire le monde de demain, en 1943, en 1925 ou encore même, au 18 ème siècle !

    ... Je précise -car je tiens à le souligner- ce qui pour moi, me paraît le plus important, en matière de romans ou de récits de science-fiction :

    "Il faut que cela reste relativement crédible"... C'est à dire que le récit, ce qui est imaginé, décrit, doit nécessairement s'appuyer sur des éléments scientifiques, même si les technologies évoquées sont encore du domaine de l'utopie, autrement dit encore incréées...

    Parce que... lorsqu'intervient trop de fantastique (en vérité de la "sorcellerie" ou de la "diablerie") c'est à dire du "totalement non crédible", là, pour moi "ce n'est plus sérieux", "j'arrive pas à m'y faire", par exemple lorsque les auteurs évoquent des êtres s'apparentant plutôt à des démons dotés de pouvoirs surnaturels plutôt qu'à des êtres "différents" de par leur seule nature en fonction de l'environnement dans lequel évoluent ces êtres...

    C'est la raison pour laquelle je ne lis que fort peu voire même pas du tout, des livres de genre "fantastique" ou "fantasy" ... Ayant depuis mon enfance un esprit formé à ce qui est d'essence scientifique, réaliste, et en même temps si possible poétique ou invitant à une réflexion non manichéenne (d'opposition à mon sens banale et éternelle entre le Bien et le Mal)...