Articles de yugcib
-
Les gens "ordinaires"
- Par guy sembic
- Le 21/11/2015
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
- 0 commentaire
... Il me vient, "des gens ordinaires", cette conscience aiguë de ce que ces "gens ordinaires" ont en eux d'unique, d'exceptionnel, d'intime, d'intemporel en eux...
Car je vois toujours dans ces visages de "gens ordinaires", des paysages, des "univers", des "mondes" qui ont une histoire...
N'ayant point la connaissance de cette histoire dont je n'ai pas la moindre idée de l'immense livre que peut faire cette histoire... Il me vient cependant l'histoire que ce visage inconnu ou méconnu, m'inspire...
Et c'est toujours une histoire comme un vêtement imaginaire dont je revêts une femme, mais parfois aussi je l'avoue... Comme un déguisement de carnaval ou d'halloween auquel très vite je ne crois plus tout à fait, bien que l'ayant dessiné sur un mur devant lequel passent des gens... Alors je voudrais modifier, arranger le dessin... Et, quelquefois, l'effacer...
-
Visages de Paris... et de Beyrouth !
- Par guy sembic
- Le 19/11/2015
- Dans Articles
- 0 commentaire
J'aurais souhaité que le monde entier réagisse avec la même émotion, le même soutien, la même solidarité pour Paris, pour la France, pour les morts et pour les blessés des attentats du 13 novembre à Paris... Que pour les victimes, 44 tués et 240 blessés, du jeudi 12 novembre dans un double attentat suicide revendiqué par l'Etat Islamique au Liban, dans un quartier populaire de la Dahyé en banlieue sud de Beyrouth...
A Beyrouth comme à Paris, ce sont les mêmes visages ravagés, les mêmes blessures de guerre, les mêmes souffrances, les mêmes vies brisées... Les mêmes "gens ordinaires" aussi, les mêmes gens qui peuvent être des artistes, des intellectuels, des musiciens, des penseurs, des poètes, des jeunes femmes et hommes aux terrasses des cafés...
Aucune déclaration, non plus, de la part des personnages les plus puissants du monde, au sujet de cet attentat à Beyrouth, ville dans laquelle depuis 2014 il y a eu une vingtaine d'attaques et d'explosions ayant pour l'essentiel tué des civils...
Visages de Beyrouth et du Liban, visages comme ceux que l'on rencontre à Paris et en France, visages que soit dit en passant l'on croise dans la rue et dans les lieux publics sans jamais leur accorder le moindre regard si préoccupés que nous sommes de nous mêmes... Visages de Beyrouth et de Paris et d'ailleurs, je vous aime, je vous aime...
-
"ça"
- Par guy sembic
- Le 17/11/2015
- Dans Articles
- 0 commentaire
Toi, tu n'aimes pas ça
Tu n'aimes pas ça parce que dans ça personne ne te donne la parole, personne ne t'écoute, personne ne fait jamais rien pour toi...
Tu n'aimes pas ça parce dans ça il n'y a aucune place ni au soleil ni sous le moindre lampion pour toi que l'on traite comme un chien galeux auquel on ne cesse de donner des coups de pied...
Toi, tu n'aimes pas ça en tant qu'exclu de ça...
Toi, tu n'aimes pas ça et donc ça tu le contestes, tu le rejettes, tu le combats...
Et toi aussi en tant qu'être ou citoyen ordinaire, qui n'adhère pas à ça tout en y étant dedans dans ça et en y vivant tant bien que mal dans ça, tu le contestes, ça...
Et toi encore, l'intellectuel, le poète, l'artiste, l'écrivain, le penseur, celui qui écrit des livres, celui qui joue de la guitare ou du saxophone sur la scène devant un public, celui qui expose ses oeuvres de peinture dans une galerie, celui qui joue un personnage dans un film ou dans une pièce de théâtre... Avec tes mots, tes images, ta musique, avec tout ce qui, de toi, entre en résistance, en contestation, en dénonciation de ça... Et rejoint la résistance de tout un chacun... Tu fais un grand procès de ça ...
Mais nous sommes aujourd'hui dans un monde où toi, l'exclu de ça, où toi le citoyen ordinaire qui vit dans ça tout en n'y adhérant point, où toi l'intellectuel, le poète et l'artiste qui dénonce ça ... Nous ne sommes plus les seuls à ne point aimer ça...
Parce que... Eux aussi n'aiment pas ça...
Et la différence qu'il y a entre toi et eux c'est que eux ils veulent mettre ça à la place de ça...
Alors, dans cette rage, dans cette détermination, dans cette conviction que nous mettons chacun de nous à notre façon, à dénoncer ça, à combattre ça... On laisse se mettre en place ça, on contribue à ce que ça s'installe...
"Ni ça ni ça" n'est pas le chemin à suivre...
"Ni ça ni ça" c'est le chemin pour ça...
Si vraiment/vraiment tu ne veux pas ça, change -au moins pour le temps qu'il faudra- le regard que tu as de ça.
Ils sont déjà trop nombreux à être dans ça... parce que déjà, avant même de s'y trouver entraînés, ils portaint ça en eux d'une manière ou d'une autre et avec tout ce qui en eux compose ce qui fait partie de ça...
-
Puissent ces mots ...
- Par guy sembic
- Le 13/11/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
- 0 commentaire
Puissent ces mots que j'écris là, se poser, telles de douces lèvres de femme, sur ce qui leur fait mal, sur leurs blessures, sur leurs cicatrices encore vives, sur leurs attentes si fortes et parfois si désespérées, à tous ces visages que je connais et dont je ne cesse de me souvenir, pour les avoir une seule fois rencontés ou si souvent vus...
Puissent ces mots venus de mon âme, de ma pensée, telles de douces lèvres de femme, ôter ce qui leur fait mal, répondre à leurs attentes si fortes, guérir même de ces maux les plus graves lorsque la médecine ne fait que retarder la progression d'un mal ou mutile ; puissent ces mots ouvrir le passage vers cet espace en un point de l'horizon dont la lumière se laisse percevoir au travers d'une brume incandescente mais aussi intraversable qu'un mur de pierre...
Puissent ces mots se poser sur ces visages dont je sais si peu au fond, d'eux, de ce qu'ils sont quand on est tous chacun, toute sa vie durant tout seul dans sa peau...
Puisse s'exercer le pouvoir de mon écriture de poète qui n'est pas sortie des grandes écoles, qui n'a commencé que par des images, des rêves éveillés, et de tout ce que j'ai observé avant que je sorte de mon enfance sans pour autant la quitter...
Puisse s'exercer le pouvoir de mon écriture non pas pour monter le rocher jusqu'en haut de la montagne et le maintenir tout en haut sans que jamais il ne retombe, non pas pour que m'illuminent et me grisent les éclairages de scène ; mais pour que le mal, pour que la peine, pour que la souffrance, pour que la solitude de tous ces êtres sur lesquels mon regard s'est porté, et qui sont au fond, très nombreux, pour que le mal, la peine, la souffrance, la solitude puissent s'envoler, quitter leur peau, leur chair, leur esprit, à tous ces êtres, ne laissant plus même de cicatrice nulle part sur leur peau, ni dans leur regard ni dans leur âme...
... Toutes ces taches noires et sales que l'on parvient toujours à extraire et à porter aux regards de tous tout autour, ne parviennent pas pour autant à ôter de ma vue, ce qui, dans la page toute entière, de la première à la dernière ligne, demeure tel un paysage de tableau de peinture devant lequel on n'a pas fait que passer, ou tel un récit que l'on est parvenu à lire jusqu'entre les lignes...
... Le tableau est raté mais une part de ce qui le compose est à ce point sublime que cette part de sublime nous le fait aimer, ce tableau raté...
... Ces mots je les jette comme si je jetais un sort mais un sort heureux qui troue le cul à toutes les chiennes du monde. Je pense à tous ces visages qui me sont chers et que la chienne du monde visite, je pense aussi à tous ces visages qui me sont moins chers, moins chers parce que je les méconnais ou que leur regard me griffe...
-
La dureté du monde
- Par guy sembic
- Le 12/11/2015
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
- 0 commentaire
Il y a dans la dureté du monde en dépit de sa cruauté et de tout le poids dont elle pèse sur nos existences, une certaine beauté. Cette beauté réside dans la faculté qu’ont les êtres vivants à survivre, s’adapter, évoluer, établir entre eux une relation durable dans un environnement hostile. Qu’elle soit une fatalité ou non, la dureté du monde dans toute sa réalité est une nécessité. Sans elle, il n’y aurait jamais cette espérance si belle et si enthousiasmante d’un avenir meilleur, ni cette capacité qu’ont les êtres vivants à évoluer et à se perpétuer.
-
Un passage tout aussi invisible qu'inconcevable
- Par guy sembic
- Le 11/11/2015
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
- 0 commentaire
Une conscience aiguë de l’existence de l’Autre ouvre un espace relationnel différent de celui dans lequel nous vivons habituellement.
Mais cette conscience de l’existence de l’autre n’est pas innée en nous : elle ne l’est pour ainsi dire jamais…
Il est plus difficile de l'acquérir, que de réussir ou de construire sa vie.
Je ne dis pas que la conscience de l’existence de l’Autre fait cette relation meilleure et plus profonde et plus durable à laquelle nous aspirons, mais je suis certain que cette conscience là, serait comme un point lumineux que notre regard parviendrait à percevoir quelque part sur une ligne d'horizon si connue de nous, parcourue de mille cimes et de brumes incandescentes...
Peut-être, oui peut-être ce point lumineux que notre regard parviendrait à percevoir, révèlerait-il l'existence d'un passage vers un espace que nous n'avons jamais exploré parce que la ligne d'horizon nous le rendait, ce passage, non seulement invisible mais inconcevable...
-
Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre
- Par guy sembic
- Le 09/11/2015
- Dans Livres et littérature
- 0 commentaire
Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre
Prix Concourt 2013
Livre de poche, roman, éditions Albin Michel
620 pages
L'auteur
Pierre Lemaitre est un romancier et un scénariste français né le 19 avril 1951, de parents employés, autant dire "de condition modeste", ce qui déjà à notre époque, le différencie de tant d'autres écrivains issus de milieux aisés...
Après une formation de psychologue, il accomplit une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, par un enseignement qui s'articule sur la communication et sur la culture générale.
Puis il se consacre à l'écriture en tant que romancier et scénariste et vit de son travail d'écrivain depuis 2006.
Dans un premier roman "Travail soigné", il rend hommage à ses maîtres.
Dans un deuxième roman "Robe de marié", il raconte l'histoire de Sophie, une trentenaire démente qui devient une criminelle en série ne se souvenant jamais de ses meurtres. Ce roman est un exercice d'admiration de l'art Hitchcockien...
Au revoir là haut
Publié en Août 2013, marque un important changement dans son oeuvre, en ce sens que Pierre Lemaitre délaisse le genre policier pour signer cette fois un roman "picaresque" (récit sur le mode autobiographique de l'histoire d'un personnage qui vit en marge de la société et à ses dépens).
Rescapés du premier conflit mondial, détruits par une guerre vaine et barbare, Albert et Edouard comprennent rapidement que le pays ne pourra rien faire pour eux. Car la France, qui glorifie ses morts, est impuissante à aider les survivants.
Abandonnés, condamnés à l'exclusion, les deux amis refusent pourtant de céder à l'amertume ou au découragement. Défiant la société, l'Etat et la morale patriotique, ils imaginent une arnaque d'envergure nationale, d'une audace inouïe et d'un cynisme absolu.
... Tel est le résumé du livre en 4ème de couverture.
Extraits
Page 40 :
Le lieutenant d'Aulnay-Pradelle, homme décidé, sauvage et primitif, courait sur le champ de bataille en direction des lignes ennemies avec une détermination de taureau. .../...
Ce n'était pas qu'il fût spécialement héroïque, mais il avait acquis très vite la conviction qu'il ne mourrait pas ici. Il en était certain, cette guerre n'étant pas destinée à le tuer, mais à lui offrir des opportunités.
Page 248 :
Pour Henri (d'Aulnay-Pradelle), le monde se partageait en deux catégories : les bêtes de somme, condamnées à travailler dur, aveuglément, jusqu'au bout, à vivre au jour le jour, et les créatures d'élite à qui tout était dû. A cause de leur "coefficient personnel". Henri adorait cette expression qu'il avait lue un jour dans un rapport militaire, et il l'avait adoptée.
... Petite reflexion personnelle de ma part : "c'est cette vision du monde que partagent -soit dit en passant- dans une concurrence féroce, bien des gens à notre époque".
Page 419 :
.../... On inhumait des milliers de soldats français dans des cercueils trop petits. .../... Pour les faire entrer, il fallait briser des nuques, scier des pieds, casser des chevilles.../... le personnel en était réduit à fracasser les os du tranchant de la pelle.../... il n'était pas rare qu'on ne puisse faire tenir les restes des hommes trop grands dans ces cercueils trop petits, qu'on y entassait alors ce qu'on pouvait et qu'on déversait les surplus dans un cercueil servant de poubelle, qu'une fois plein on refermait avec la mention "soldat non identifié"...
Page 519 :
.../... Les cercueils trop petits, le personnel incompétant, avide.../... Et la difficulté de la tache aussi ! .../... Des Boches dans des sépultures françaises, des cercueils remplis de terre, des petits trafics sur place, il y avait eu des rapports, il avait cru bien faire en proposant un peu d'argent au fonctionnaire, une maladresse bien sûr, mais enfin...
Mon avis
Il ne nous vient pas à l'idée lors de la visite d'un cimetière des morts de la Grande Guerre, qu'en dessous de la croix blanche sur laquelle est gravé le nom du soldat mort pour la France, avec son année de naissance, l'année de sa mort et son numéro matricule... Qu'en dessous dans la terre, il n'y a... rien d'autre que de la terre, ou des restes qui ne sont pas ceux du soldat dont on lit le nom sur la plaque...
Cette arnaque d'une envergure nationale, d'une audace inouïe et d'un cynisme absolu, qui consiste en gros, en la vente sur catalogue de monuments aux morts, des monuments dessinés par Edouard, un type défiguré sans mâchoire inférieure, sans langue et dont on voit la gorge ouverte et béante bordée de bourrelets de chair, qui fume des cigarettes par une narine et ne peut absorber que de la nourriture liquéfiée par un tuyau enfoncé dans l'oesophage... Et qui porte des masques qu'il se fabrique lui-même... Cette arnaque donc, imaginée par Edouard et par son ami Albert, n'est pas plus scandaleuse, plus cynique, que tous ces trafics de sépultures organisés par des gens tels que ce lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle et que ces personnages haut placés dans les ministères, impliqués dans ces trafics et ayant gagné beaucoup d'argent...
Nous sommes là, avec ce livre, dans un récit cruel et sombre mais surtout dans une réalité qui a été méconnue...
Une réalité soit dit en passant, que la société, que l'Etat, de nos jours comme il y a cent ans juste après cette guerre de 14-18, recouvrent d'une chape d'hypocrisie, de mensonges et de morale consensuelle.
Cette réalité c'est bien, encore et toujours, celle de tous ces trafics, de toutes ces arnaques qui s'organisent à grande échelle autour de nos besoins, de nos rêves, de nos aspirations, dans les domaines de l'alimentation, de la culture, des loisirs, autour de tout ce qui fait partie de notre vie, auquel on tient, auquel on est attaché et qui est exploité avec le plus grand cynisme, par des personnages qui profitent et décident...
-
"Tout bon livre est un attentat" (Marcel Jouhandeau)
- Par guy sembic
- Le 04/11/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
- 0 commentaire
Quand on pense à tous les livres qui ne sont pas forcément des "mauvais livres" (mais qui n'en sont pas non plus des "bons" selon Marcel Jouhandeau), il y a vraiment très peu d' "attentats" en ce monde ! Et cela est d'autant plus paradoxal quand on pense à la violence du monde, à tout ce qui est perpétré, commis, contre l'Homme, contre la Nature... et qui constitue une suite ininterrompue d'attentats...
Si les "attentats" que sont les "bons livres" avaient un peu plus de répercussion, davantage de retombées et d'effets collatéraux heureux... Est ce que le monde se porterait mieux ? Oui, mais sans pour autant être meilleur...
Si un monde meilleur est à rêver, à imaginer, à souhaiter... Il n'est pas pour autant un "monde modèle", tel par exemple, que ce jardin d'Eden de la Bible, dans lequel nous serions tous béats sous le sourire de Dieu dans une félicité dont nous n'aurions aucunement conscience. C'est pour cela que je dis que le "Péché" aurait été qu'Eve ne croquât point la pomme... Il a donc "mieux valu" qu'Eve croquât la pomme, c'est d'ailleurs (et cela devrait être) ce que selon les Croyants, Dieu dans sa sagesse avait prévu... Ou que la Nature, "l'ordre du cosmos" pour ainsi dire, a conçu par les lois et par les principes qui gouvernent l'univers...
Un "bon livre" en définitive, c'est un "attentat" au même titre que le coup de dent d'Eve dans la pomme...
Un livre qui raconte une jolie et émouvante histoire dans une langue savoureuse, c'est comme un billet de la française des jeux qui fait gagner un moment de rêve, mais n'attente en aucune façon à ce qui en soi et autour de soi perpètre déjà un attentat d'indifférence, un attentat d'hypocrisie, un attentat d'attentisme, un attentat de contentement de soi et des choses, un attentat d'égoïsme... Enfin toutes sortes d'attentats que seuls, les livres-attentats sont capables de réduire.
-
Le rocher de Sisiphe
- Par guy sembic
- Le 28/10/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
- 0 commentaire
“Les dieux avaient condamné Sisiphe à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu'il n'est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir”...
[ Albert Camus ]
... Je pense à ce rocher de Sisiphe, sans doute quelque énorme bloc de pierre plus ou moins sphérique, qui sans cesse poussé tout au long d'une pente abrupte n'en finit pas, chaque mètre gagné, de glisser en arrière, retenu par les bras tendus de ce Sisiphe qu'au fond nous sommes tous, chacun de nous, d'une manière ou d'une autre en fonction de nos aspirations et des moyens que nous nous donnons...
Et par une sorte de "miracle" -mais le "miracle" en fait n'en est point un, puisque c'est nous qui le faisons le miracle, par la volonté et l'énergie qui nous animent- après tant et tant de "reculades" du rocher, mètre après mètre, pas après pas, voilà-t-il pas que le rocher parvient à s'immobiliser au sommet de la montagne... (Enfin c'est ce qui parfois arrive, finit par arriver...)
Mais... Peine perdue, le rocher oscille, et, ayant de justesse évité l'écrasement en nous écartant, le rocher dégringole le long de la pente, jusqu'en bas... Et tout est à recommencer.
Je ne suis pas Sisiphe... Je ne sais pas si mon "travail" est inutile et sans espoir. Je sais seulement que je roule le rocher et que je ne considère pas comme une "punition" ni comme une "vocation", le fait de voir sans arrêt le rocher reculer de deux mètres chaque fois que je l'avance d'un mètre... Simplement, si d'aventure par cette sorte de "miracle", de "miracle qui n'en est point un", je parviens à hisser le rocher au sommet, ou en quelque lieu élevé que je crois être le sommet... Et que, d'un seul coup le rocher se met à dégringoler jusqu'en bas, alors je suis comme on dit "sonné"!... Et un moment sans force...
Ce serait, en somme, cette histoire de "rocher de Sisiphe", non pas une "punition" qui nous serait imposée, non pas, non plus, une "vocation" à porter au devant de soi ce meilleur de nous-mêmes dans l'énergie et dans la volonté qui nous anime... Quelle est, soit dit en passant, la "finalité", quel est le "sens", de toute "vocation" ?... Ce serait, en somme, cette histoire de "rocher de Sisiphe", ce qu'il y a, au fond, de "plus heureux" qu'il ait été donné à l'Homme, et, sans doute, à tous les êtres vivants...
Au sommet, si la vie s'immobilise, il n'y a au dessus, que le ciel, mais la vie s'arrête...
Tout au long de la pente abrupte, la vie a aussi le ciel au dessus d'elle, mais la vie ne s'arrête jamais puisqu'elle est mouvement dans l'un ou l'autre des deux sens de la pente ; atteignant parfois quelque sommet soit dit en passant "toujours hypothétique", et dégringolant d'un seul coup alors, entraînée brutalement dans sa chute mais ce n'est point la fin pour autant...
-
Que dire d'une oeuvre littéraire ?
- Par guy sembic
- Le 26/10/2015
- Dans Livres et littérature
- 0 commentaire
Une "oeuvre littéraire" à mon sens, n'est pas un espace d'expression, même de très libre, de très authentique expression, dans lequel on "se met en avant et s'expose" tout comme on le fait par exemple sur Facebook, sur un blog où l'on se produit...
Tout ce que l'on écrit et qui s'apparente à une "exposition de soi à tout vent", n'a pas vocation à porter l'étiquette d' "oeuvre littéraire", tel tout ce qui est produit, diffusé "dans le détail" au vu et au su de tout le monde, dans sa propre famille, parmi ses proches, ses amis, ses connaissances... Certaines anecdotes peut-être, mais pas d'autres...
Je pense que dans "une oeuvre littéraire" il y entre autant de "du fond de ses tripes" (pardonnez moi ce "vocable" assez vulgaire) que... de la gravité, du sens, une part d'humilité, une part de discrétion, une part de sobriété, une part d'engagement aussi, et si possible une part d'humour, et encore une part de dérision, tout cela, oui tout cela en même temps et d'un seul bloc, d'un seul tenant...
Verser dans "l'auto fiction plus ou moins sinon nettement autobiographique" oui, cela me semble "faisable" (Houellebecq, Duteurtre, Clavel, Gide, Proust, Mauriac, et quelque autres écrivains contemporains s'y sont employés avec beaucoup de talent et ont eu mille fois raison de le faire)... Mais à mon avis le genre littéraire autobiographique (fictif ou franchement autobiographique) est assurément le genre le plus difficile en littérature... Car, dès que l'on commence -sciemment ou "à son insu/c'est plus fort que soi" – à "se mettre en avant et à s'exposer" (en usant de petites anecdotes avec détails particuliers tout à fait personnels et en en rajoutant encore)... alors on dérive, on fait dans le voyeurisme voire dans une certaine satisfaction de soi, un "cocorico" qui indispose il faut le reconnaître, à juste titre)...
... C'est vrai que dès fois, on a tendance -si l'on "s'écoute"- à "se lâcher" ! (rire)... Reste à savoir où et quand et comment et avec qui, on peut "se lâcher" !
... Mais comme je dis "Un jour tu verras... "
"Un jour tu verras"... Ce qui pouvait être compris, reconnu, mais ne l'avait point été sans doute à cause de la manière dans laquelle cela avait été formulé... Sans doute aussi à cause de quelque malentendu... Apparaîtra enfin sous son vrai jour, dans une autre résonance...
-
Les champignons et les palombières ne font pas bon ménage
- Par guy sembic
- Le 24/10/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
- 0 commentaire
... Honte à ces deux chasseurs qui, vendredi dernier le 16 octobre, dans la forêt d'Ustaritz, ont agressé, molesté à coups de bâton sur la tête, une femme à terre renversée par l'un de ces deux chasseurs. Cette femme recherchait des champignons et n'a point vu un panneau indiquant la proximité d'une palombière...
Cet acte odieux, car cette femme a été littéralement tabassée à terre, comme bien d'autres agressions autres que seulement verbales devenues habituelles, de plus en plus fréquentes de nos jours où l'on ne respecte plus rien, où l'on s'énerve, bouscule, agresse pour un rien, un "pèt de travers" on va dire... Cet acte odieux s'inscrit bien, hélas, dans "l'air du temps", un "air" devenu irrespirable, puant la haine, puant la violence, puant l'outrecuidance, puant d'un égoïsme forcené... Plus personne ou presque ne supporte quoi que ce soit qui le dérange, cela devient hallucinant et surtout angoissant, et l'on ne sait plus comment porter un regard, un simple regard sur une personne qui passe à proximité... D'ailleurs en vérité on ne regarde plus personne nulle part, dans la rue, dans un lieu public...
Je suis atterré de vivre dans ce monde quotidien de violence, de haine, de rejet de l'Autre, ou au moins pire, d'indifférence absolue (quoique l'indifférence soit aussi, plus ou moins exprimée consciemment, une forme de violence)...
Cependant -et c'est en fait là où je veux en venir- il existe bel et bien, dans ce monde quotidien où l'on vit, où l'on va chercher son pain le matin, où l'on mène ses enfants à l'école, où l'on parle avec son voisin, enfin partout dans la rue, dans un lieu public où l'on rencontre et parle avec des gens... Il existe bel et bien le contraire de cette violence, le contraire de tous ces comportements, paroles et gestes agressifs ! Eh oui, la gentillesse, ça existe et ça se manifeste, et ça n'a pas d'âge, pas de "catégorie sociale" ! Seulement voilà, on n'en parle jamais ou si peu, ça fait pas la Une des Médias autant que tout ce qui pue, autant que tout ce qu'on dénonce à juste titre, autant que tous ces faits divers de violence, d'agressions, de comportements odieux !
... Ce qui "ne fait pas bon ménage" non plus -il faut le reconnaître- c'est :
-Son petit univers (son petit monde) personnel (culture, sensibilité, engouements, attirances, valeurs auxquelles on est attaché ou bien auxquelles on est conditionné par l'environnement social, familial dont on dépend) soit dit en passant ce "petit univers" on le voit toujours "très grand" ...
-Et... l'univers, le "petit univers" (qui lui aussi s'affirme "très grand") de l'Autre lorsque notamment cet "Autre" est bien différent de nous sur bien des domaines (dont les domaines évidemment, "les plus sensibles" -sur les "sujets qui fâchent ou séparent-)...
Or dans le monde présent, tout est exacerbé, le moindre fait divers faisant débat difficile et houleux et générant des antagonismes est mis en avant médiatiquement, comme si c'était un grand fait d'actualité ; tout le monde s'étripe pour un oui pour un non, ça devient invivable, ingérable quand ça ne te pète pas, en plus, la santé ! Avec toutes ces susceptibilités qu'il faut essayer de ménager et qu'on a justement pas envie du tout de ménager, avec toutes ces frustrations, ces jalousies, ces petites haines couvées en soi...
Tout ça m'interroge et me suscite, m'inspire des réflexions graves... J'entrevois bien "une philosophie" (une pensée) en réponse à tout ça... Mais c'est comme une sorte d'ailleurs qui s'ouvrirait très loin au delà d'un horizon, l'horizon d'un paysage dans lequel il faut habiter, vivre, se déplacer... "Faire en fonction de ce paysage" c'est bien là la contrainte, l'indépassable ! Bien sûr il y a la possibilité du "message" à transmettre, à exprimer (c'est ce que j'essaye de faire)... Mais quelle est au fond la "vraie valeur du message"? Le message lui-même a-t-il une valeur ? Pour qui, pour quoi, dans quelle finalité ? ... Puisque déjà, il faut "accepter l'Autre tel qu'il est"... à défaut de l'aimer... Accepter, oui, mais sans se compromettre ni "baisser le pantalon" ! Accepter et être fort, avoir la bonté mais l'intransigeance, l'intégrité, aussi, en soi...
... Il y aurait à mon sens, dans le monde, dans la société, dans notre mode de vie actuels ; un lien entre la violence de ce monde, de cette société ; et la violence des faits divers et des accidents qui se produisent, une violence qui serait la résultante d'un nombre indéterminé de toutes sortes de comportements tous plus ou moins autant les uns que les autres, "accidentogènes".
Il n'y a que cette "paix des hommes de bonne volonté" (et d'une "certaine sagesse") qui, lorsqu'elle irradie autour d'elle et se fait "créatrice d'une atmosphère de relation heureuse", peut réduire cette violence du monde si présente, si générale au quotidien, si "accidentogène"...
-
Le jardin des âmes
- Par guy sembic
- Le 20/10/2015
- Dans Anecdotes et divers
- 0 commentaire
... S'il en était ainsi de nos cimetières de France, comme dans ce jardin des âmes d'un village Norvégien, alors opterais-je pour une pierre fichée en terre venue du ciel telle une météorite...
Je vois dans tous les cimetières de France et de la plupart des pays d'Europe de tradition catholique (sans doute moins dans les pays de tradition protestante)... Ces fiers monuments, ces sortes de "grands lits de marbre" ou de "grandes demeures ouvragées", qu'une fois l'an l'on fleurit de chrysanthèmes... mais aussi ces familles déchirées à cause de ce qu'il reste du patrimoine du défunt, ces familles dispersées aux quatre coins de la Terre, ces familles interrompues devenues des troncs d'arbre dépourvus de branches... Et ces monuments d'un siècle précédent tels de gros livres de pierre à la couverture brisée, à demi enfoncés dans la terre...
Je vois cependant aussi et surtout dans tous les cimetières de France et d'ailleurs, non plus les fiers monuments, non plus les familles déchirées, non plus les familles dispersées, non plus les familles interrompues... Mais ces êtres dont j'imagine la vie qui fut la leur, pour la plupart d'entre eux que je n'ai jamais rencontrés, ces êtres qui furent "tout seuls dans leur peau jusqu'à la fin de leurs jours", dont on a dit "ah il était ceci/il était cela..."
-
Téterre
- Par guy sembic
- Le 19/10/2015
- Dans Anecdotes et divers
- 0 commentaire
... Téterre, je te vois petit oiseau dans le grand ciel de l'univers
-
Le paysage de la France envahi par les ZAC et les ZI
- Par guy sembic
- Le 18/10/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
- 0 commentaire
Traversant trois fois dans l'année, aller retour, la France de la région Lorraine jusqu'en région aquitaine, je constate que depuis quelques années les ZAC, ZI et autres zones péri-urbaines des grandes villes mais aussi des villes "moyennes" voire "gros bourgs" ; prennent de plus en plus d'extension. L'on voit, de mois en mois, sans cesse, de nouvelles enseignes, Grandes Surfaces alimentation, loisirs, électro ménager, bricolage, ameublement, grands garages de voitures, jardinage, restauration (fast food, chinois, indien etc. ), vêtements, chaussures, Leroy Merlin, et autres "Géants" de la "Consommation de masse" ...
C'est "assez impressionnant" tout cela, dans le paysage Français, sur des kilomètres, à perte de vue, avec je ne sais combien de voies d'accés, de ronds points, de parkings, à tel point que malgré la profusion de panneaux indicateurs, l'on s'y perd dans ces enchevêtrements, ces passages, ces contournements...
Ce vendredi 16 octobre 2015, me rendant des Vosges jusque dans les Landes, empruntant le même trajet de près de mille kilomètres que les autres fois précédentes ; à la vue de toutes ces ZAC, ZI etc., je me disais qu'un pays tel que la France, en complète désindustrialisation, avec pas loin de 4 millions de chômeurs, où l'emploi salarié à temps complet (et durable) tend à disparaître puisque dans l'artisanat, les PME, les petites entreprises, la fonction publique, les administrations, la police, l'armée, l'école, l'hôpital... L'embauche est en perte de vitesse... Je me disais donc qu'un pays tel que la France "embauche" en fait pour plus de 50% si ce n'est 60%, dans les emplois générés par la consommation de masse... En effet, le plus "gros bataillon"de salariés dans ce pays, la France, est constitué de tous ces gens qui travaillent à temps partiel, une vingtaine d'heures par semaine, parfois beaucoup moins (juste un week end, certains soirs, certains jours) avec des contrats quelquefois de 3 heures par semaine, des contrats de très courte durée... De gens qui travaillent donc, dans ces secteurs marchands, de services, de boutiques, de grandes enseignes, de restauration, dans cet "univers" de la "consommation de masse"...
Le seul "univers" en France, à employer autant de monde, mais à temps partiel et avec des contrats de courte durée... Cela représente des millions de gens ! Comme s'il n'y avait que dans "ça" (la consommation de masse) qu'on pouvait trouver encore du travail ! Un travail bien sûr précaire pour ne pas dire ultra précaire et qui fait les millions de pauvres, qui eux, ne participent que très peu (parfois pas du tout), à la consommation ! Autant dire des millions de "sous-emplois" à moins de 600 euro par mois !
La "consommation de masse" tous produits et services marchands confondus, c'est -pour appeler un chat un chat- "on bouffe de la merde/on vit avec du toc" d'une part ; "on est payé au lance-pierre quand on bosse là dedans" d'autre part !
-
Il m'est venu en songe ...
- Par guy sembic
- Le 14/10/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
- 0 commentaire
Il m’est venu en songe une Bible et un Coran qui disaient par la voix de quelque prophète :
"Tu laisseras parler les poètes, les écrivains et les penseurs ; tu ne tueras que si tu es directement menacé dans ta vie et dans ta liberté »…
Mais les poètes, les écrivains, les penseurs, les artistes ; dans une Bible et dans un Coran que les soldats de la Foi portent comme un étendard, seraient des imposteurs, des illusionistes, des déformateurs de la Vérité Eternelle... Ils seraient donc "la voix du Malin " qui cherche à perdre les hommes et les femmes de ce monde...
Et les soldats de la Foi tuent alors qu'il est écrit "tu ne tueras point"...
Je me suis éveillé et j’ai aimé ce Coran, cette Bible, qui disaient "tu laisseras parler les poètes…"
Je me suis éveillé et j'ai détesté ce Coran, cette Bible qui parlaient d'un Dieu vengeur et tueur...
Ce « Malin » dont parlent les Chrétiens et les Musulmans, ne serait-il pas Celui qui, par la violence de toute forme de persuasion et de contrainte, par la peur qu’il inspire d’un enfer ; ou par la douceur angélique d’un visage ouvert sur un monde « meilleur » ; par d’incessantes dîmes ou une adhésion à quelque communauté rejetant le Monde ; voudrait à tout prix « faire le bonheur de l’homme » contre la volonté de l’homme?
Je suis éveillé et je n’aime pas l’Ecriture qui brandit le Salut tel un étendard derrière lequel il faut courir, suer, saigner et souffrir tous en chœur et enchaînés… Si je suis « sauvé » par la persuasion, la force, la crainte, l’observance de rites et de modes et la contrainte, alors je sais déjà que je suis perdu…
... Il est certain que pour des soldats de la Foi éradiqueurs de toute forme d'Art, d'écriture et de pensée, niant, rejetant, détruisant, effaçant toute trace de forme d'Art, d'écriture et de pensée qui n'est pas une œuvre à la gloire de Dieu, qui ne célèbre pas Dieu et sa seule et unique vérité... Il est certain que pour ces soldats de la Foi, de la Charia ou de la Loi de Dieu, nos kilomètres de blogs et de pages de facebook d'internautes, participent avec tous les écrivains et les poètes... Et avec Michel Houellebecq, Albert Camus, Benoît Duteurtre, Frédéric Beigbeder, Michel Onfray, Louis Ferdinand Céline, John Fante, Pablo Picasso, les peintres impressionnistes, Arthur Rimbaud- pour ne citer que ceux là parmi tant d'autres artistes et créateurs- à la "voix du Malin" qui éloigne les hommes et les femmes de ce monde en les détournant du seul vrai Dieu qui est tout l'Art, toute l'Ecriture, toute l'Oeuvre à lui tout seul...
Mais n'oublions pas non plus, prenons en conscience... Que les soldats de la Foi de tous temps passés et présents, ont aussi sur toutes les terres, sur tous les lieux où ils sont implantés, des hordes de gens qui les accompagnent, des hordes de suiveurs qui pensent comme eux, que Dieu Tout Puissant est la seule Œuvre sur Terre et qui sont prêts à "autodafer" sur la place publique des millions de livres, à piétiner des œuvres d'art (cela s'est déjà fait, cela se fera encore, on immolera des Galilée, on jettera au feu des livres déclarés impies)...
Et les soldats de la Foi et leurs hordes à leurs semelles, qui n'ont rien compris à Dieu ; les œuvres des hommes en cendres et en poussières, les centaines de millions de morts des guerres de religion qui furent aussi et surtout des guerres de domination, de conquêtes, de vols de terres et de richesses... C'est tout cela que Dieu voit, et l'étendard du Salut brandi par les chefs de guerre sainte, l'étendard du Salut derrière lequel il faut courir, suer, saigner, souffrir et être enchaînés...
"Sauvés" que nous serions par la force, par la crainte, par l'observance des rites et des contraintes, par la censure, par toute forme de charia ou de Loi Divine se substituant aux tribunaux et aux lois civiles, nous serions à vrai dire tous perdus à jamais...