Articles de yugcib

  • "To pérokète/to pérokète" ...

    Les réveillons de Noël et du Jour de l'An, les « pendaisons de crémaillères », les mariages, les anniversaires et les fêtes, et généralement la plupart des réunions festives entre familles, amis et connaissances pour « célébrer » tel ou tel événement heureux... C'est bien beau, bien sympa mais... Bonané, bonané, bonané !... Bonaniversair/bonefète... Perroquette-t-on le verre de champ’ou de Martini à la main !

    Et que j’te bizuque, et que tu me bizuques… ça tue pas la solitude, on se regarde on se plaît, ah que c’est bon, ah que c’est chouette, de se serrer très fort… Mais qu’en sera-t-il demain de nos émois de ce soir, toi en petite robe chic, et moi en turlututu chapeau pointu me retenant de roter ?

    Ton vieux voisin passe la soirée tout seul devant sa télé et le SDF d’Intermarché s’est tapé un magnum de Blanc avec les sous des « Bonnes Ames »…

    Bonané, bonané, bonané… Bonaniversair/bonefète... Beau Kaka oui ! Beaux glaouis, beaux soussous, bon couscous, beau manteau belle et longue écharpe blanche et bajoues députaines…

    Sylvie, Irène, Isabelle, Sophie, Géraldine, Marie Céline, Fleur, Aline, Ingrid, Edith, Marine, Delphine, Elisabeth... Bien trop jolis prénoms féminins pour être tout seul un soir de fête ! Et dire qu’il y a des mecs qui, fête ou pas fête, rotent à table à côté de leur nana !

    To pérokète/to pérokète, to festoi, to congratule, to amuze, to cocoricohète, to bizuque-et peutèt' to bèzera... T'en fé pa, le Sirien/l'Irakien/l'Afgan cé pa ché toi qui viendra ni ché ton pote... Tu peu la fère ta crémayère... trankil/jouax/shootang... La p'tit' fatma le pt'it Ali qu'avè un boulo la ba en Siri/en Irak y sav'bien k'sé pa ché toua dan ton bled malgré les alocs ki von pouvoir refèr leur vi, y von alé pluto là où y'a mieu à fèr pour eu !

    To peu la fèr trankil ta créma, ton bourico-à-versèr, ta méga fète, ta soiré pot'/potesses... y viendra pas te fèr chié le SdF d'intermarché, la vielle Célestine de 95 balé k'a glissé sur son chosson é s'è kacé le col du fémur dans sa cahute à troi plomb' du mat ! Ni le Sirien ky viendra pas dan ton bled ! É tu poura zieuté le flop ten d'on é pa couché tiouté les mo ver de léa de Yan de Loran su ton smartfone, é te morfalé de pidza, te camé avec té pote, avan d'étindr' la Tu-es-laid paske l'écrivin invité de Loran k'a pondu un liv' iconoklast ça te bassine é t'en a rien à fout' ! Demin su fasbouc y'ora la vidéo de ta créma/ de ton bourico-à-versère ki pèt'ra deusssan foi su lé p'tit zécran de té pote !

    Mè putin... Je t'en veu pa, mon pote ma potesse de tou ça keu je di... O fon, t'a gobé tou ça de la sauce-y-était-des-kon-ki-son-en-sion, du soustème... Moi je di le poète, avec un keur gran come un cosmos mon vocabulère à la con mé idé de goche kon culbuté dan zun noman's land anarchiste...

    Je t'en veu pa coricotéheuheur su fasbouc, morfaleur de pidza ki pèt' on va dire pa expré devan ta nana en touitan lé mo ver de Yan... Je t'en veu pa Loran, léa, Yan, é toute la clique dé jan de Télé, de pipol et d'internèt... Je t'en veu pa Nadine é Marine é franssoi é Manuel... Je t'en veu pa keu t'è une caskète de traviole ou keu tu soi bardé de piercings... ou que tu soi un intelo inbuvable ou keu tu rote dan le couscous koikeu y'a oci dé intélo ki rote dan le couscous...

    Je t'en veu pa, je t'en veu pa... é même... o fon je vè te dire :

    Je t'ème...

    Si on se retrouvè sur une planète encore plu sélérate que Téterre, toi et moi, devan une sorte d'arigné jéante avec dé mandibule longue comme dé bra de gru... é k'on arivè a échapé a l'arigné, é bien o lieu de penser keu je pourè partir tou seul de mon coté, je tayerè la route avec toi é je te lèsserè pa tombé si une otre arigné (peutèt' un peu moin groce) venè te chatouillé lé couille (ou la mouyète si t'étè une fame).

     

  • ... Mais qu'est ce qu'un intellectuel qui s'ignore ?

    … Si j'étais punaise, je passerais ma journée à baiser entre deux rides sur une madeleine de Proust trempée dans une tasse de thé, avant que ne s'effacent les rides sur la madeleine...

    Tout le monde a entendu parler de la madeleine de Proust... Et de la princesse de Clèves...

    Chacun d'entre nous est donc un intellectuel qui s'ignore, à l'exception peut-être des intellectuels des Ecoles et des Feux de la Rampe lorsque ces intellectuels taisent en eux ce qui ferait d'eux des intellectuels qui s'ignorent...

     

     

    ... Mais qu'est ce qu'un "intellectuel qui s'ignore" ?

     

    ... Je pense que nos hommes (et femmes) politiques -et quelques autres, dont pas mal d'intellectuels des Ecoles et d'intellectuels des Feux de la Rampe- ne cherchent pas à "taire en eux l'intellectuel qui s'ignore qu'ils pourraient être"... En fait il n'y a pas en eux, un "intellectuel qui s'ignore" mais un "intellectuel" qui est un intellectuel au sens "du sens du monde" (et qui fait partie de la "caste des intellectuels" qui n'ont jamais eu en eux, ce qu'une personne "ordinaire" (qui n'est pas de l'Ecole ni des Feux de la Rampe) peut avoir d'intellectuel en elle depuis son enfance...

    D'où une "autre définition" de l'intellectuel : celle qui pour moi (et je ne suis pas le seul à le penser) prévaut et fait référence : l'intelligence du cœur, de l'esprit... Par exemple Fernande ou Raymonde femme de ménage à temps partiel, qui n'a pas le niveau d'un certificat d'études, qui a quitté l'école à 14 ans ou à 16 ans... et qui a un cœur "grand comme un cosmos", qui est une personne dévouée corps et âme vis à vis de ses proches, parents, enfants, voisins, amis etc. ... Et qui de surcroît "ne prend pas des vessies pour des lanternes" et s'exprime dans un langage simple mais empli de bon sens... Eh bien cette personne là est " d'une aristocratie du cœur et de l'esprit" (autrement dit un intellectuel qui s'ignore mais un intellectuel quand même)...

    En revanche, tous ces gens de télévision, tous ces cadors bardés de références et de culture du Temps, tous ces journalistes sortis des grandes écoles qui font la pluie et le beau temps sur les réseaux sociaux, qui formatent l'opinion... Ce sont des "Crétinibus Intellectibus" !

    Merde à eux! ... Mais comme je dis, sur une planète encore plus scélérate que Téterre, exilé que je me trouverais avec l'un d'entre eux, de ces gens, je ne "taillerais pas pour autant tout seul la route" car une solitude absolue et définitive serait pour moi "le dernier choix possible" à faire, exactement comme le cosmonaute naufragé tout seul dans sa capsule de survie... (le naufragé là, il n'a aucune chance de "transmettre" quelque chose)...

    Bien sûr, en face de "l'araignée géante avec des mandibules grandes comme des bras de grue", sur la planète scélérate, je n'ai, non plus, aucune, absolument aucune chance de transmettre quoi que ce soit... A part peut-être la possibilité d'être emporté puis dévoré ensuite... avant mon "compagnon d'exil" qui lui, "gagnerait" peut-être une heure ou deux de vie ou même seulement dix minutes... et, durant ce temps si bref, le "compagnon d'exil" découvrirait -peut-être- qu'il est "un intellectuel qui s'ignore" (dans le sens de ce que j'entends par "intellectuel")... Dans ce cas, "quelque chose aurait été transmis" par le fait que j'aurais fait le choix bien manifeste de me laisser prendre le premier par l'araignée géante... comme si j'espérais ainsi "sauver" mon compagnon d'exil (qui aurait été sur la planète d'où l'on vient, la Terre, un "intellectuel imbuvable et arrogant, que forcément j'aurais détesté)...

    Bien sûr... De ce que je dis là, rien n'est moins sûr...

    Mais si la certitude existait, de pouvoir "transmettre" (le message, ce que l'on porte en soi) s'il suffisait de faire l'effort qu'il faut pour réussir, "ça se saurait" depuis avant Néanderthal !

    Ainsi "Dieu" (ce que je désigne ou entend par "Dieu") "aurait bien fait les choses" au fond... De ne pas nous avoir donné la certitude, le "bon résultat bien mérité" ... Est ce que ça aurait eu du sens si "Dieu" avait fait les choses autrement, c'est à dire en mettant le "jak pot" au bout de mille, dix mille coups de manivelle ?

    Il y a "tout un sens" dans le caractère aléatoire des choses... Je crois que c'est le seul sens possible, dans "l'ordre du cosmos"...

     

     

  • La guerre de Syrie entre dans une phase critique

         Le seul point relativement "positif" -si l'on peut dire- (et remarquez les guillemets à positif)... C'est qu'avec l'intervention des armées Russes dans le nord de la Syrie, l'Etat Islamique va devoir céder du terrain, soit le terrain qu'il occupe en Syrie ; pour se replier en Irak... En Irak où les Russes n'interviennent pas... En Irak, où l'Etat Ismamique n'est combattu au sol sur des fronts et sur des positions, que par les Kurdes et par l'armée Irakienne...

    A noter cependant que l'Etat Islamique est et demeurera encore en dépit de l'intervention russe, toujours aussi difficile à faire sortir de Syrie puisqu'il maintient à l'heure actuelle ses positions en Syrie...

    Les Kurdes soit dit en passant, qui aspirent depuis des dizaines d'années, à un Etat, un vrai état avec des frontières, tout comme les Palestiniens qui aspirent à un Etat... Les Kurdes de Turquie, qui "causent tant de souci" au Gouvernement Turc d' Erdogan, et que Erdogan combat... Et, combattant les Kurdes dans son pays, ces Kurdes qui résistent, Erdogan combat donc des ennemis de l'Etat Islamique... (à se demander d'ailleurs si au fond, sans surtout le déclarer ouvertement) il ne souhaiterait pas, Erdogan, que l'armée de l'Etat Islamique inflige une défaite aux combattants Kurdes...

    L'intervention des armées Russes en Syrie, c'est la certitude qu'en peu de temps, tout ce qui, dans le territoire occupé par l'EI (mais pas seulement) – en gros dans la partie nord de la Syrie- tout ce qui "tenait encore à peu près debout" sera complètement rasé... Ces régions sont déjà un champ de ruines, alors, avec les bombardements russes en plus de ceux de l'aviation Syrienne de Bachar, tout sera vitrifié, lunaire, criblé de cratères et il ne restera plus rien de vivant ni être humain ni animal...

    Le résultat -à peu près certain à court terme- de l'entrée de l'armée Russe en Syrie, c'est que l'accès à la Méditerranée par une présence militaire Russe négociée avec Bachar El Hassad sera l'objectif atteint (et maintenable durablement) par la Russie de Poutine... Il faut dire à ce sujet que, depuis le 17 ème siècle, la Russie des Tsars, puis la Russie des Soviets et aujourd'hui la Russie de Poutine, ont toujours eu des vues sur un accès en Méditerranée orientale et cela non seulement pour des raisons stratégiques mais aussi et surtout pour des raisons économiques.

    Du temps de l'empire Ottoman, le seul accès maritime possible était la mer Noire, encore fallait-il avoir accès au détroit du Bosphore...

    Or un accès à la Méditerranée orientale pour la Russie, cela contrarie les USA et l'Europe de l'OTAN étant donné les intérêts économiques en jeu. Sans compter l'influence accrue, politiquement et stratégiquement parlant, de la Russie au Moyen Orient...

    D'autre part les marchands d'armes n'on jamais été si florissants, et les budgets militaires en particulier de la Russie et de la Chine, ne cessent de prendre de l'importance alors qu'en Europe ils sont en diminution sauf en France et en Angleterre...

    La guerre de Syrie, le désastre Lybien, le Sahel Africain avec les groupes Islamistes, les Sunnites contre les Chiites, le Yemen, l'Irak... Sans oublier les Talibans en Afghanistan, les camps de millions de réfugiés, les flots ininterrompus de migrants venus de toutes ces régions à feu et à sang, des alliances qui n'en sont pas vraiment entre puissances occidentales et ou autres... La déliquescence des sociétés, des systèmes politiques, les fanatismes religieux, les conflits entre populations et cultures dont les flux et les implantations se croisent mais ne peuvent coexister ensemble du fait soit du chômage, soit d'une concurrence féroce... Tout cela n'est -encore pour le moment- que le début de qui pourrait se généraliser sur la planète entière, par un conflit d'une ampleur et d'une complexité telle, que les précédentes guerres mondiales avec l'une 25 millions de morts, et l'autre 60 millions de morts, ne seront dans les livres d'histoire des siècles futurs, que des "accidents de civilisation dont la durée n'aura guère excédé quatre ou cinq ans"...

    Je pensai en écrivant cela, tout ce que je viens de dire, à ce livre de Pierre Bordage que j'ai lu récemment " L'ange de l'Abîme"...

     

  • Le quai de Ouistreham, de Florence Aubenas

    Quai de ouistreham

         Florence Aubenas -en tant que femme, journaliste et écrivain- est surtout connue du "grand public" pour avoir été otage en Irak du 5 janvier au 12 juin 2005...

    A l'époque de sa prise en otage elle a été soutenue par ses confrères journalistes qui dénonçaient pour bon nombre d'entre eux, ce qu'elle dénonce aujourd'hui, à savoir ce caractère "pyromane" et de "scoop" des médias...

    ... L'on peut s'interroger cependant, sur le caractère même (et sur la portée) de la dénonciation, de toute dénonciation aussi justifiée et argumentée soit-elle... Qu'y-a-t-il, que trouve -t-on en vérité, derrière la dénonciation?

    La sincérité du moment, dans ce qui est ressenti dans l'événement, dans ce que cette sincérité implique? Mais alors, pourquoi lorsque d'autres événements surviennent, lorsque plusieurs mois ou années ont passé... Ne dénonce-t-on plus ?

    Or plus que jamais aujourd'hui dans l'actualité dramatique du monde, guerre de Syrie entre autres, et flots ininterrompus de migrants... La plupart des journalistes de télévision, de magazines et de quotidiens nationaux et régionaux, n'ont de cesse de produire de ces "scoops", de ces "effets spéciaux de reportage", de ces "petites phrases", tout cela dans un "consensus" frisant l'indécence, l'outrecuidance dans une forme de "pensée unique" orchestrée par les politiques en place, en France et en Europe.

    Dans un Français souvent sommaire et peu respectueux de la grammaire et de l'orthographe, avec des articles à sensation d'un épidermisme consternant, donné "à avaler" à des millions de gens et qui "lamine", "nivelle par le bas", la puissance médiatique fabrique des opinions et de surcroît ment ou dénature...

    Florence Aubenas dénonce tout cela à sa façon, c'est à dire sans outrecuidance, avec lucidité, gravité et faisant part d'une dose d'optimisme malgré tout car elle sait bien "de quel bois, de quelle étoffe est fait le cœur, l'esprit des gens, des gens du peuple, des gens auxquels on ne donne jamais la parole, des gens qu'elle fait monter dans sa voiture pour parler avec eux, des gens qu'elle rencontre devant les portails des usines qui ferment, des gens "ordinaires" en somme, donc tous ces gens complètement oubliés de ces cliques de journalistes consensuels et d'intellectuels arrogants qui eux dans "leur monde à eux" se sentent bien !

     

    ... Le quai de Ouistreham" est un récit saisissant de cette plongée dans le monde de la précarité, un monde dans lequel on ne trouve plus un emploi mais "des heures" avec un contrat à "zéro temps" ! Ce monde là, les journalistes qui ont "pignon sur rue" et qu'on voit sur les plateaux télé, n'en parlent qu'à mots couverts, ou pour produire des images pyromanes...

     

  • Le festival international de géographie, Saint Dié Vosges 2015

    http://www.fig.saint-die-des-vosges.fr/le-festival/fig-2015

         26 ème édition du Festival International de Géographie (FIG en abrégé) de Saint Dié des Vosges, cette année 2015 du vendredi 2 octobre au dimancheLes Territoires de l'Imaginaire, utopie, représentation, prospective

     

    Pays invité : l' Australie

     

    Grand Témoin : Florence Aubenas...

     

    Je m'y trouvais présent, à ce festival, comme les années précédentes, depuis 2005.

    En effet je suis -et j'ai toujours été- depuis mon enfance, un passionné de géographie, d'Histoire aussi, et de sciences de la vie et de la Terre... et d'astronomie.

    ... Des films, des documentataires, des expositions, des spectacles, outre les nombreuses conférences, étaient également prévus tout au long de ces trois journées, sans compter le salon du Livre et... l' "Espace gourmand" produits régionaux... pour lequel je n'ai pas -je l'avoue- "une grande prédilection" (cela ne fut point ma priorité, pas plus d'ailleurs que les "boutiques de gadgets" de l'Espace Georges Sadoul, le lieu "mythique" (et d'accueil) du Festival...

     

    143 conférences réparties en une vingtaine de lieux dont les principaux sont l'espace Georges Sadoul, la salle de conférences du musée Pierre Noël, la Tour de la Liberté, la cathédrale...

    11 "tables rondes" notamment pour les trois les plus importantes et ayant eu le plus grand nombre d'assistants, dans la salle Yvan Goll de l'espace Georges Sadoul, à la Tour de la liberté et à la Cathédrale...

    17 documentaires projections de films vidéos, 6 films long métrage...

    39 séances ou conférences géomatiques (outils et méthodes permettant d'acquérir de représenter, d'analyser et d'intégrer des données géographiques, ateliers numériques)...

    9 cafés géographiques...

    27 manifestations littéraires...

    6 grands entretiens...

    21 expositions...

    ... Tout cela durant trois jours !

     

    ... Il faut dire que les intervenants, géographes, chercheurs, scientifiques, auteurs d'ouvrages, ainsi que leurs accompagnants pour l'organisation, la logistique, la présentation ; tout cela déjà représente pas mal de monde, venu de la France entière, d'Europe, d'un peu partout dans le monde...

    Et comme chaque année, l'espace de la Gastronomie (on dit à présent "espace gourmand") situé dans le grand bâtiment de l'espace François Mitterrand ; et le Salon du Livre (tous ouvrages de géographie et autres) ont "fait le plein" car c'est là en ces deux lieux que viennent plus de la moitié des visiteurs durant les trois jours (avant 2013 le festival durait quatre jours et commençait le jeudi)...

    Personnellement en ce qui concerne les "cafés géographiques" (le concept de "café géographique) je suis disons "un peu réticent" car en ces lieux je trouve que les gens sont "un peu trop serrés" les uns les autres autour des tables de café et que les images, les documents vidéo, projetés à partir d'un ordinateur sur un écran de petite dimension, sont peu lisibles, sans compter l'inconfort de la position assise ou debout avec son verre à la main, au milieu des participants agglutinés...

    L' "Espace Gourmand" à mon sens, "n'a pas grand'chose à voir" avec la géographie, d'autant plus que l'on y retrouve là, chaque année, quel que soit le pays invité (je pense aux "spécialités culinaires et gastronomiques" de ces pays invités) presque essentiellement des produits "locaux" (bien Vosgiens ou Lorrains) sinon des produits somme toute "de consommation de masse" tels que l'on en trouve sur bien des marchés dans toute la France...

    Il y avait cette l'année avec l'Australie pays invité, dans deux ou trois restaurants de Saint Dié, au menu... du kangourou ! Mais je n'ai guère senti la nécessité -ni l'envie- d'opter, question restauration ou "casse-croûte" à midi, pour un "steak de kangourou"... Cela dit, en France, en Europe, en Amérique ou ailleurs... "on mange bien du veau, de l'agneau, du boeuf, du porc, et même du cheval" ! Alors, du kangourou en Australie... ... ...

     

    ... La présence de Florence Aubenas lors de cette 26 ème édition du FIG, en tant que "Grand Témoin" ainsi que quelques "moments forts" de ce FIG 2015, tels celui de la présentation du thème "Les territoires de l'imaginaire" par David Valence maire de Saint Dié lors de la cérémonie d'ouverture à l'Espace Georges Sadoul ; celui du Grand Entretien entre Florence Aubenas et Antoine Spire à la cathédrale, et celui de la table ronde "rêves de migrants" à la Tour de la Liberté... Furent à mon sens, les événements les plus marquants de ce FIG 2015, de par le message transmis, de par la densité, de par la gravité de la réflexion suscitée...

     

    ... Selon Florence Aubenas, "le rôle des médias est terrible, ils donnent une représentation à tout le monde, un instantané permanent et ravageur"...

    Cependant Florence Aubenas se déclare optimiste quant à ce qui est perçu par un nombre de plus en plus important de gens, dans la mesure où les gens s'interrogent et ne suivent plus les courants qui sont sensés "porter" et contribuer ainsi à une sorte de "marché de l'information" (un marché uniforme et consensuel)...

    Exprimé d'une manière différente mais cela revient au même, ce que dit David Valence le maire de Saint Dié, procède d'un optimisme tout autant partagé. David Valence en effet se réjouit du fait que cette grande manifestation culturelle qu'est le FIG, puisse continuer chaque année à réunir autant de géographes, de chercheurs, de scientifiques, d'intellectuels d'une part... Et tous ces visiteurs, ces gens venus non seulement des Vosges et de la Lorraine mais aussi de la France entière et d'ailleurs, tous ces gens manifestant ainsi par leur présence l'intérêt qu'ils portent à ces questions de géographie, d'état du monde, de relation humaine...

    Le caractère d'accessibilité, de gratuité, d'ouverture à tous, de ce festival, ainsi que le rapport, la relation entre les conférenciers, les personnes invitées, et les visiteurs... les dialogues qui s'instaurent, les débats suscités dans un esprit dépouillé de toute passion exacerbée... Entretiennent c'est vrai, un optimisme, une espérance...

    Cependant pour ma part je m'interroge sur la portée d'un optimisme que je ne partage qu'en partie :

    Je me dis "qu'en est-il au vrai de cette capacité que l'on peut avoir en soi, de créer, d'"allumer" du contact ? Comment par exemple, une personne qui lit des livres, qui a poursuivi des études universitaires ou autres, qui a une formation intellectuelle, comment une personne qui a disons un certain niveau de culture, qui réfléchit, pense, s'interroge (par habitude et parce qu'elle a été formée ou s'est elle même formée) , comment une personne, encore, qui a un niveau de vie (confort, revenus, maison) suffisant ou relativement élevé...

    Comment cette personne là oui, peut-elle, va-t-elle pouvoir, souhaiter, envisager, accepter, s'y prendre (pour autant qu'elle le souhaite, l'envisage, l'accepte) ... créer, "allumer" du contact avec cette autre personne qui elle, vit dans un environnement culturel et social -et de revenus et de confort- si différent, si opposé même bien souvent ?

    L'on dit "se mettre à la portée"... Mais n'est ce point là, n'y-a-t-il point là comme une forme plus ou moins directe de condescendance, à "se mettre à la portée " ? Comment l'autre en effet, peut-il percevoir cette manière dont on s'y prend pour créer le contact ?

    Sans doute le regard que l'on porte a-t-il de l'importance, de l'impact... Déjà... Ce regard qu'à vrai dire, qu'à hélas dire, personne ne porte sur personne... Ou que l'on porte "noir"et sans le moindre accueil...

    Cette question de la capacité que l'on peut avoir en soi (que l'on a ou que l'on n'a pas parce que l'on ne conçoit pas de l'avoir), de créer, "d'allumer" du contact (et donc de la relation)...

    Est en quelque sorte la "clef de voûte" de ce qu'il s'avèrera nécessaire d'édifier pour qu'enfin commence comme on dit "un monde différent"... Car sans cette capacité, l'on "n'arrivera jamais à rien" et chacun demeurera sur ses "positions" c'est à dire sa culture, son genre de vie, son ressenti, ses émotions et tout cela dans le courant qui le porte...

    La part d'optimisme que je partage avec Florence Aubenas, ou avec David Valence, en fait, vient de cette réalité :

    Ce que je dis au sujet de la capacité qu'on a en soi d'allumer de la relation même là où cela paraît difficile voire inconcevable, dangereux ou impossible... L'on parvient bien à le faire avec un chien, un chat, un oiseau, presque n'importe quel animal, alors qu'on est pourtant un humain avec tout ce qu'il y a d'humain en nous ! (Certes ce n'est pas facile... Mais des humains y arrivent)...

    La question tient en fait pour l'essentiel dans la différence très grande qu'il y a entre d'une part, une ou des situations de confort pour un certain nombre de gens ; et d'autre part une ou des situations d'inconfort pour d'autres gens, en sachant bien que les situations d'inconfort sont hélas les plus nombreuses.

    Le confort qu'il y a à être d'un certain niveau culturel par exemple, ou dans un bon environnement familial, ou encore dans une condition d'aisance (revenu, maison, cadre de vie), implique le plus souvent que l'on ait du mal, beaucoup de mal à comprendre des gens autour de soi et partout dans le monde, qui eux, vivent dans l'inconfort de la pauvreté, de la misère, de l'ignorance ; dans l'inconfort d'un nivellement culturel par le bas "entré dans les moeurs"...

    Il y a vraiment de ce côté là, pour chacun d'entre nous dans la mesure de sa condition personnelle, un effort considérable à accomplir, une question à se poser sur la capacité qu'on a en soi à pouvoir communiquer, concevoir de la relation avec des gens d'une condition bien différente de la nôtre... Des gens qui "ne voient pas du tout pareil", qui, par exemple n'ont pas envie de lire des livres, et dont la "culture" n'est autre que celle dont ils ont été gavés, et dont les soucis, les préoccupations, les besoins, font les gens qu'ils sont, qu'ils paraissent aux yeux des autres...

    Le drame, l'un des drames de notre époque actuelle, ce sont ces intellectuels, ces politiques, ces gens que l'on voit sur les plateaux de télévision, ces "grosses têtes" ... et d'une manière générale tout ce qui de près ou de loin s'apparente à ces intellectuels, politiques et gens de télévision et de spectacle... Qui sont à des années lumière, dans leurs "sphères célestes", du monde du citoyen lambda, des gens que nous sommes pour la plupart d'entre nous...

    Cet effort, oui, déjà... il peut commencer par un regard, ce regard que l'on a sans doute eu dans ses yeux lorsqu'on était enfant, qui parfois peut nous venir, mais que nous n'avons plus, ou qui est devenu ce regard noir et inaccueillant avec lequel on pourfend celui ou celle qu'on ne comprend pas, qu'on refuse de comprendre, qu'on veut pas qu'il nous dérange...

     

     

  • Un jour tu verras...

    ... "Un jour tu verras on se rencontrera"... (Mouloudji)

     

    Nous ne nous sommes jamais vus

    Parce que nous ne nous sommes jamais rencontrés

    Mais je sais que tu existes

     

    Je ne te verrai et ne te rencontrerai jamais

    Parce que tu n'es pas né

    Mais je sais que tu existes (que tu existeras)

     

    Je ne pouvais pas te rencontrer et donc pas te voir

    Parce que tu vécus et disparus avant que je ne naisse

    Mais je sais que tu existes (que tu as existé)

     

    Je sais que tu existes

    Je sais que tu existeras

    Je sais que tu as existé

    Parcequ' une même pensée

    Une même affection

    Une même aspiration

    De mêmes rêves

    Sont

    Ont été

    Et seront

    Le lien qui fera qu'un jour on se rencontrera

     

    ...

     

    Dans cette vie où nous nous sommes cependant rencontrés

    Toi et moi

    Vous et moi

    Dans cette vie que nous avons vécue ensemble

    Un petit bout de chemin

    Un seul jour

    Un seul instant

    Ou tout un grand chemin traversant des paysages

    Jusqu'à ce que l'un disparaisse puis l'autre

     

    Nous sommes nous vraiment rencontrés ?

     

    Certes il y avait

    La même pensée

    La même affection

    La même aspiration

    Les mêmes rêves

     

    Mais nous sommes nous vraiment rencontrés ?

     

    ...

     

    Un jour tu verras

    On se rencontrera

    Bien qu'on s'était cependant rencontrés

    Tout ce qui n'a pas été dit sera dit

    Tout ce qui n'a pas été osé le sera

    Tout ce qui a été méconnu

    Qui était toi qui était moi

    Et qui n'a pas été existé

    Sera reconnu

    Et existé

    Et existera

     

    Tu ne seras plus là

    Je ne serai plus là

     

    Mais ce qui est toi

    Ce qui est moi

    C'est en quelque sorte

    Un copié/collé

    A l'infini reproduit

    Dans l'immensité du Temps

    Mais un copié/collé cependant

    Qui ne ressemble à aucun autre copié/collé

    Tout en étant bien un copié/collé

     

     

  • Isabelle et Yves, et leurs voisins Sophie et Claude

    Isabelle et Yves, et leurs voisins Sophie et Claude

     

    Nouvelle histoire Yugcibienne :

     

    La maison dans le lotissement Les Alouettes, de Sophie et de Claude et de leur quatre filles âgées de 11, 9, 6 et 3 ans, était en vente...

    Leurs voisins, Yves et sa femme Isabelle, venaient tout juste en ce début d’hiver semblable à tous les débuts d’hiver, de regagner les Alouettes. Yves et Isabelle revenaient du pays d'Yves où ils avaient séjourné depuis le milieu de l’été.

    Ce matin là, ce matin gris de début d’hiver, Yves en ouvrant les volets de la porte donnant sur le jardin, vit la maison de ses voisins. Le chien Rampono, un berger noir et feu, aboya et galopa le long de la clôture… Mais la grande fille, Christine, n’ouvrit pas la fenêtre de sa chambre, et le chien aboyait sans relâche. L’on ne voyait plus comme d’habitude, les deux voitures du couple, stationnées devant la terrasse de leur maison. Et le cabanon, au fond du jardin, semblait sens dessus dessous, encombré d’objets ménagers et de matériaux divers.

    C’était un matin d’école… Une voiture passa le portail d’entrée de la maison de Sophie et Claude, s’engagea sur la route et, dans cette voiture, Sophie fit un grand bonjour de la main à Yves, qui ne vit qu’une seule des quatre filles dans la voiture, et le sourire de Sophie en réponse à son salut.

    « C’est vrai », se dit Yves, « après une absence de quatre mois, on ne sait pas ce qui s’est passé dans la vie des gens, et ça fait drôle tout de même »…

    Yves observa encore un moment la maison de Sophie et de Claude, puis les alentours, le terrain qui, visiblement, n’avait pas été entretenu, jonché de caisses en plastique, de jouets d’enfant et de vélos rouillés, et le chien effectuant des rondes… Cette maison était un peu « tarabiscotée »… Yves jusqu’à ce matin là, le savait bien, mais ne s’en était pas vraiment rendu compte. Sophie et Claude avaient acheté cette maison six ans auparavant, en l’état où elle se trouvait alors, soit emplie du mobilier de l’ancien propriétaire et même de tout ce que ce dernier y avait abandonné pêle-mêle, dans un désordre et une crasse indéfinissables. Il leur avait fallu trois mois, à Sophie et à Claude, pour vider la maison, refaire les tapisseries et les peintures, puis entreprendre des travaux d’agrandissement, ouvrir de nouvelles fenêtres, nettoyer le terrain envahi de ronces où poussaient des arbres fous… Aujourd’hui encore, sur la façade, du côté de la route longeant le lotissement, l’on remarquait ces pans de murs non crépis, briques apparentes, et ces volets à la peinture noire ancienne et écaillée, dont plusieurs lamelles de bois étaient disjointes.

    Dans le temps des rires et des cris, des jeux et des galopades des enfants, des deux chats qui se poursuivaient, des barbecues de juillet, de la musique « à fond la caisse » jaillie de la chambre de Christine, la grande fille, et du bricolage en plein air de Claude, cette maison avait comme un air de fête, un air de conviviale atmosphère, un air qu’il faisait bon de se prendre dans « son monde à soi »… et qui « rassurait », réconfortait… D’autant plus qu’il y avait, les jours de vacances, les samedis, les dimanches, les jours d’été, ces « petites conversations »  de voisinage, et parfois quelques « confidences », à dire vrai, quelques petits morceaux de leur vie à eux, de leurs familles respectives, de leurs soucis, de leurs projets…

    Et ce matin là, ce matin du lendemain du retour du pays d'Yves, après le sourire de Sophie au volant de sa voiture, Yves eut ce souvenir, le tout premier, peut-être le plus émouvant : celui de cette barquette de cerises donnée par Isabelle, par-dessus la clôture mangée par une haute haie, à Sophie dont la tache brune sur son cou battait au rythme de sa respiration… Le  passage de la barquette n’était pas aisé, entre les branches de ces arbres fous qui, par la suite, ont été sciés. C’était au premier printemps, celui de la nouvelle vie de ces gens qui s’étaient installés depuis le dernier Noël. Et le cerisier n’avait jamais autant donné !

    Comment ne pas se souvenir du sourire de cette jeune femme, de son visage à ce moment là, de l’émotion qui paraissait, comment oublier la joie de la troisième fille, sautant sur ses petites jambes…

    « Il a dû se passer quelque chose dans cette maison, durant notre absence de quatre mois », se dit alors Yves… « On ne voit plus la voiture de Claude, et les filles ne sont pas toutes là ensemble ! »

    « Claude serait-il tombé malade ou bien aurait-il eu un accident ?... Mais ça n’explique pas l’absence de deux des filles »… « Et le visage de Sophie dans la voiture tout à l’heure paraissait accueillant »…

    Les autres voisins d'Yves et d’Isabelle, deux dames seules qui ne quittaient jamais leur maison, avaient aussi remarqué l’absence de Claude… L’une d’elles, même, avait dit à Isabelle que « les voisins divorçaient », enfin, avait entendu dire qu’ils divorçaient…

    Autant qu'Yves pouvait se souvenir, Claude et Sophie formaient ensemble ce que l’on appelle un couple « normal », sans histoire… Claude, salarié dans une entreprise de bâtiment, était un homme sérieux, bien avisé, aux propos modérés, avec lequel il était toujours agréable de parler. Un homme tout à fait sain d’esprit et de cœur… Une vraie famille, quoi ! Un « socle », un repère, une référence, de charmantes demoiselles enjouées, souriantes et bien élevées… Et tous ces animaux de compagnie ! Un lapin noir, un hamster, deux chats, un chien, trois perruches, des poules naines…

    A chaque printemps revenu, c’était un enchantement, ce voisinage, les allées et venues de cette jeune femme si agréable qu'était Sophie ; les interminables rondes en vélo, des filles, autour de la maison ; les grands feux de vieilles planches que faisait Claude dans un vieux fût de récupération ; les cocoricos  des poules ; et ces innombrables vêtements féminins séchant au soleil sur les cordes à linge…

    Yves aimait bien, lorsqu’il bêchait un coin de son jardin, ou qu’il désherbait, coupait des ronces, s’accompagner de musique par ces samedi et dimanche après midi de printemps. Il mettait son appareil à compact disc « à fond », choisissait toujours des compositions orchestrales « cosmiques » ou des musiques de films célèbres… Et, en été, ostensiblement, il s’asseyait par terre, près de la clôture, dans un coin d’ombre, écrivait dans un carnet…

    Sophie, Claude et leurs filles, avaient-ils su qu'Yves avait écrit un livre ? Et que ce livre avait été exposé durant toute une saison à la maison de la presse de la ville ? Yves n’en avait jamais parlé… Ni même de cet entretien qu’il avait eu avec deux jeunes journalistes de France Bleu et de son passage à la télévision au infos régionales.

    La musique, en quelque sorte, c’était comme une sorte de lien invisible qu'Yves tentait d'établir entre « son monde à lui » et ce « monde d’eux », le monde de cette famille qu’en son cœur et en son esprit il chérissait… Et c’est vrai que ces visages féminins, cette animation, ces cris et ces rires d’enfants, étaient « magiques »… Ils étaient, dans l’esprit d'Yves, le « vrai monde », le monde sûr, le monde « oasis »…

    Mais Isabelle semblait avoir une perception plus « mesurée » de ce « monde » : elle avait été comme on dit, « échaudée » par le passé, et le souvenir d’amitiés brisées était encore trop présent à son esprit. Aussi n’envisageait-elle pas, sans doute, avec ces voisins comme avec d’autres personnes, de relation plus « intime » ou plus profonde… Isabelle et Yves n’avaient donc avec leurs voisins que de « petites conversations ».

    Le cerisier n’a pas eu le même rendement, en d’autres années… Et même, au printemps dernier, alors que les volets de la maison d'Yves et d’Isabelle étaient fermés pour cause de voyage, ce sont les oiseaux qui ont mangé les cerises…

    C’est Sophie elle-même qui, le lendemain matin, un jeudi, son jour de congé, informa Isabelle…

    « Vous n’avez pas vu le panneau que j’ai affiché devant la maison ? Il va y avoir du changement ! Nous partons, nous vendons la maison… Claude est parti… »

    Parti… Parti depuis la fin de l’été dernier…

    Ainsi c’est vrai : ils divorcent. Ils se séparent. La communauté est rompue. La maison, achetée avec un prêt immobilier il y a de cela six ans, va être vendue, achetée par d’autres gens…

    Outre le bouleversement affectif, pour les enfants, la famille, outre le séisme de cette rupture brutale, c’est aussi, financièrement, une très mauvaise affaire. Il faudra sur le produit de la vente de la maison, rembourser les annuités du prêt, et ensuite, avec le peu d’argent restant, chercher pour l’un comme pour l’autre un nouveau logement… Supporter sans doute la charge d’un loyer en ville… Et les enfants, les filles, encore si jeunes !

    Il n’y aura plus, au printemps prochain, de rires et de cris d’enfants, ni de feux de planches, et Yves jardinera sans musique. La jolie et affectueuse chatte de Christine ne grimpera plus dans les branches du grand catalpa d'Yves et d’Isabelle…

    Ah, la barquette de cerises ! La petite tache brune sur le cou de Sophie, qui battait au rythme de sa respiration !

    Chers visages de ce petit bout de vie, six ans...  

    Si encore, avant les giboulées de mars, revenait le cri de Léo, le paon de Suzanne, la voisine du bout de l'allée ! Mais non ! Léo a fini sous la dent d’un renard, à la fin de l’été…

    Certes, Yves aurait bien, durant ces années de Sophie et de Claude, tenté le grand sourire, le regard total, la grande invitation… S’il n’avait tenu qu’à lui seul, il aurait conçu, à sa façon, ce « pont » entre les deux mondes… Et s’il y avait eu ce « pont » entre les deux mondes, peut-être que ce qu’il y avait dans l’esprit et dans le cœur d'Yves aurait éloigné la possibilité d’une fracture…

    Cette fracture relationnelle entre deux êtres, était-elle inéluctable ?

    Nos vies sont fragiles, et nous nous croyons parfois des géants très forts, mais nos œuvres, nos dires et nos rêves sont comme des traces de pas sur le sable…

    Cela ne suffit pas, d’avoir « un cœur grand comme un cosmos », d’être poète, artiste, écrivain, amoureux de visages… Et d'exprimer à sa façon, « quelque chose qui peut empêcher les fractures de s'ouvrir »...

    … Les « fractures »... se font... Les vies, les relations, sont fragiles... aussi fortes qu'elles nous paraissent, aussi « de longue date » qu'elles soient... Elles sont en vérité, sans cesse en jeu...

     

     

  • L'ange de l'abîme, de Pierre Bordage

    L ange de l abime

    L'auteur

     

    Né en 1955 en Vendée, Pierre Bordage est l'auteur des Guerriers du silence, Grand prix de l'imaginaire 1993, de Wang, Prix Tour Eiffel 1997 et des Fables de l'Humpur, Prix Paul Féval de Littérature Populaire 1999.

    Ecrivain visionnaire et conteur hors pair, il est l'un des grands romanciers français actuels.

    L'Ange de l'abîme et Les Chemins de Damas (Au diable vauvert) composent la trilogie des Prophéties.

     

    ... Ce que j'en pense

     

    J'avais déjà lu, de Pierre Bordage, dans une collection Librio, la série complète des Derniers hommes... Un récit "apocalyptique" dans un futur proche et possible...

    Selon l'idée que je me fais de la Science Fiction, qui s'articule autour d'une certaine crédibilité et sur une base scientifique, les livres de Pierre Bordage, qui me semblent appartenir à ce que l'on peut définir par Littérature populaire, sont bien dans la "ligne" de ces ouvrages de Science Fiction que je lis d'ordinaire, même si pour quelques uns de ces ouvrages, il y entre une part de fantastique et de mystère avec des personnages "surnaturels"...

     

    Résumé

     

    Dans une Europe d'apocalypse ruinée par la faillite des OGM, enlisée dans la guerre contre le Moyen-Orient, en proie au fanatisme religieux et au racisme, le voyage initiatique de Stef et Pibe, deux adolescents à la recherche de l'Archange Michel, le dictateur tout puissant qui gouverne le vieux continent depuis sa forteresse roumaine. Dans une ambiance crépusculaire fascinante car terriblement proche et crédible, un grand roman épique d'une actualité brûlante.

     

    Mon avis

     

    Ce livre est sorti en octobre 2005, alors que l'on ne parlait pas encore d'Etat Islamique et que les guerres de Lybie et surtout de Syrie ne devaient arriver qu'en 2011...

    Dans cette Europe en guerre contre les "ousamas" sur un front de plusieurs milliers de kilomètres, de tranchées, de fortins, du nord de la Pologne jusqu'à la Mer Noire ; les légions de centaines de milliers de combattants de l'Archange Michel avec leurs dirigeants, des Chrétiens Catholiques "purs et durs" sont en guerre contre la Grande Nation des Musulmans qui envoie elle aussi sur le front, des centaines de milliers de combattants, et cela depuis une quinzaine d'années... Il y a des millions et des millions de morts, toute l'Europe est dévastée par d'incessants bombardements... Fanatisme absolu de ces intégristes chrétiens catholiques dont les dirigeants imposent des lois aussi terribles, aussi réductrices que la Charia des Ousamas... Violences, tortures, massacres en masse, viols, perversion, mafias, trahisons, éliminations de supposés "faux convertis" et de prisonniers ousamas dans des incinérateurs géants... Tout cela, tout au long du livre...

    L'on voit où conduit le fanatisme religieux, de part et d'autre!

     

    Extraits

     

    "De part et d'autre, on avait enrayé la progression des blindés adverses et détruit la plupart des aéroports, porte-avions et avions de combat, puis on s'était installé dans un pilonnage mutuel et intensif égayé de temps à autre par des sorties suicidaires. Les rares bombardiers ayant échappé aux missiles à tête chercheuse se contentaient de dévaster les villes, les campagnes et les populations civiles."

     

    "C'est prévu pour quand?

    -D'après ce que j'ai cru comprendre, les opérations commenceront dans dix jours. Il y a environ huit millions de détenus dans l'ensembles des CERI de l'Europe.

    -Tant que ça?

    -Plus si on compte les camps de transition.

    -Et après? Je veux dire quand tu auras terminé le... nettoyage, qu'est ce que tu deviendras?

    -Il y aura toujours du travail. Si on ne trouve plus d'ousamas, le CERI du Centre se remplira d'opposants politiques, de prisonniers de droit commun, de clandestins. "

     

     

  • Il y a dans le pardon... Un sens...

         De plus en plus au fil des ans, de mes écrits, de ma réflexion sur bien des choses, il m'arrive de penser que l'avenir, le "vrai avenir" de la relation humaine ne se trouve point dans le ressentiment, le regret, le fait de déplorer ceci/cela d'un tel, d'une telle, d'une "certaine catégorie de gens"...

    Je pense de plus en plus à cette nécessité qu'il y a, à "dépasser" le ressentiment, le regret, le fait de déplorer, de faire de cette déploration et de ce ressentiment une sorte de "chant de l'incompris" ("incompris" convaincu de sa raison pensant au fond de lui que les autres n'ont eux rien compris et qu'il est le seul à comprendre)...

    ... Seulement voilà : l'effort à faire dans "ce sens là" est absolument considérable, me semble considérable ! J'en suis conscient !

    C'est le ressentiment, le vécu dans toute sa réalité avec tout ce que ce vécu implique dans notre manière de réagir, qui alors s'impose de lui-même et qui ne plaide pas en faveur de l'effort à faire pour "dépasser"...

    Certes, "pardonner", aller jusqu'au pardon... On ne peut pas... du moins "pas toujours" (notamment dans "certains cas")... Mais il y a dans le pardon, tout de même, à bien réfléchir... Un sens... Un sens qui nous échappe... Qui nous échappe parce que nous n'avons pas encore franchi ce "palier" entre l'immense plateau sur lequel nous sommes depuis le Paléolithique Supérieur, et le plateau qui lui fait suite, immédiatement suite... Le "palier" est encore très loin, et quand on regarde du côté de l'horizon là où il doit se situer, ce "palier" l'on n'aperçoit toujours... que la ligne d'horizon...

     

     

    Petite anecdote (Blida, Algérie, 1961)

     

    J'avais 13 ans, je demeurais avec mes parents au bâtiment R de la cité Montpensier de Blida, au 9ème et dernier étage de l'HLM, appartement 57... J'étais très copain avec Mireille, âgée de 12 ans, la fille de Monsieur et de Madame Champion, nos voisins du 58 même étage...

    Un samedi après midi, il y avait eu à Boufarik, 14 km de Blida sur la route d'Alger, dans un café "branché" lieu de rencontre des Européens de Boufarik, un café très fréquenté... Un attentat terroriste du FLN : un vélo piégé bourré de dynamite de partout, le guidon, le cadre, les pneus... garé contre un poteau à proximité de la terrasse de ce café... Une quinzaine de morts et 70 blessés environ, un carnage...

    Parmi les morts il y avait aussi deux ou trois lycéens arabes, du lycée Duveyrier de Blida dans lequel je me trouvais en classe de 6ème...

    Le dimanche, lendemain de ce samedi de l'attentat de Boufarik, Mireille et ses parents se rendent à la messe, à l'église de Montpensier, un quartier périphérique de Blida proche de la route d'Alger...

    Le curé dans son sermon, a dit ceci (C'est Mireille qui me l'a rapporté) : "Mes chers, très chers frères et soeurs, je ne vous demande pas de pardonner, je sais que vous ne le pouvez point, mais n'ajoutez pas la haine à la haine"... Parmi les gens qui se trouvaient à la messe ce dimanche matin, il y avait des endeuillés en effet...

    Ce curé là, c'était "un type"... Un "monument" on va dire... Le dimanche après midi en hiver et quand il pleuvait, il ouvrait une salle de cinéma dans laquelle on voyait, tous les gosses et les jeunes du quartier, de grands films d'aventure...

    La semaine d'avant cet attentat de Boufarik, en rentrant à 4h et demi comme tous les jours d'école, à pied trois kilomètres depuis le lycée Duveyrier jusqu'à Montpensier, le long d'une grande avenue bordée d'orangers je suis passé à côté d'un garage où travaillaient des mécaniciens ouvriers arabes... J'ai vu éclater dans le garage, une grenade lancée par un type... Un carnage aussi, trois morts... Je l'ai su par la suite : c'était une vengeance des caïds du FLN du coin, qui avaient décidé ce coup parce que l'un des ouvriers du garage n'avait pas voulu payer sa "cotisation" au FLN du coin...

    "Mes frères et soeurs je ne vous demande pas de pardonner... " Il y avait dans cette phrase de ce curé, ce curé que je connaissais très bien moi qui pourtant n'allais pas à l'église... il y avait dans cette phrase et dans la manière dont il l'a dite, tout ce sens qui est celui auquel je pense aujourd'hui... Et que sans doute quoique très confusément, je sentais en moi à 13 ans...

    J'en avais dans les jours qui suivirent, discuté avec ma copine Mireille, de cet attentat de Boufarik, et de l'explosion de la grenade dont j'avais été témoin ; j'en avais aussi discuté avec mon copain Ould Ruis du lycée Duveyrier (un très bon copain)... Et nous partagions, Mireille, mon copain et moi, le même sentiment, dans la même réflexion...

     

     

  • Ce regard d'enfant que nous n'avons plus, mais qui n'est pas perdu...

    ... Seulement enfoui et dont l'état de veille empli de questions, qui faisait voyant ce regard d'enfant, a évolué en un état de voyance où nous ne voyons plus, parce que des réponses nous sont venues qui ont effacé nos questions... Mais que ces réponses ne nous conviennent plus, alors reviennent les questions, et, avec les questions, ce regard d'enfant que nous avions...

     

    "Tout adulte est, je le répète, un enfant raté". (Voyage au centre de soi, Stephen Jourdain).

     

    Stephen Jourdain : http://stephenjourdain.com/

     

     

    ... Il y a dans cette pensée de Stephen Jourdain "tout adulte est, je le répète, un enfant raté"... à mon sens, une vérité intemporelle : en effet, l'être humain lorsqu'il vient au monde, tout comme tout être vivant d'ailleurs, est comme ce grain de blé qui contient en son cœur même, en sa chair, en son enveloppe, tout ce qui est nécessaire à son développement, à son "devenir"... et même tout ce qui est nécessaire en lui, afin de "remédier" à tout ce qui, durant son développement, pourra l'affecter (et l'affectera sûrement)... Il y a aussi ce rapport, cette relation avec ce qui l'entoure (environnement, êtres et choses), le "grain de blé" (l'enfant)... Un rapport dans lequel entre une "connaissance intuitive" qui disparaît avec la connaissance que l'on acquiert par les réponses qui nous sont données, et par ce que l'on nous fait apprendre (école, université, société)...

    L'adulte, alors, investi qu'il devient, de tout ce que le monde, le sens du monde, l'école, l'université, la société, lui inculque, le "formate", le "conditionne"... est bien, comme le dit Stephen Jourdain... un "enfant raté"...

    Mais dans "enfant raté" il y a "enfant" cependant... Cela veut dire que l'enfant est toujours là, en l'adulte... D'ailleurs, que vienne une grande souffrance, une terrible maladie, une grande détresse, et la personne humaine est "comme un tout petit enfant qui a mal, très mal"... Que les fameuses "réponses" qui nous ont été données, que le "prêt à penser" avec lequel on nous a conditionnés, que la science dans tous ses états et dans toutes ses disciplines et dans toutes ses nouveautés... que tout cela en plus ou moins grande partie, ne nous convienne plus (par quelque déception, "échaudement")... Alors reviennent les questions, et avec les questions, le regard d'enfant...

     

  • Créateur/créatrice d'atmosphère...

         "Créateur/créatrice d'atmosphère"... C'est ce que chacun est à sa manière, qu'il en soit conscient ou non, qu'il soit comme on dit "un personnage charismatique", influent, bien connu, un artiste, un écrivain, un homme ou une femme qui va de l'avant... Ou bien qu'il soit tout simplement un être "ordinaire" (ordinaire dans le sens de ce qu'il y a d'ordinaire en chacun de nous)...

    Le monde dans lequel nous vivons a toujours eu besoin de ces "créateurs d'atmosphère" qui le font être, ce monde... par ce qui émane d'eux, par ce qui sue de tout leur être intérieur par leurs yeux, par ce qu'ils expriment et réalisent et communiquent, et transmettent... Un monde "en devenir", un monde en un "devenir encore rêvé mais dont les traces sont déjà réelles et empreintes de lumière"...

     

  • Dans l'eau courante

         Par moments dans notre vie, dans la réalité de chacun de ces jours que nous vivons et nous apparaissent sans magie ; tous gris d'habitudes prises, d'automatismes, de petits plaisirs renouvelés qui n'ont rien à voir avec ce que l'on pourrait appeler le bonheur ; dilués que nos sommes dans l'eau courante de tout ce que nous procure la société de consommation en matière de loisirs et de culture télévisuelle ; isolés que nous sommes dans des aspirations qui nous dépassent, dévorés par des besoins accrus et toujours plus diversifiés, insatisfaits de notre condition présente... Il arrive que nous nous sentons dépossédés, coupés de nos racines, séparés du meilleur de nous-mêmes, vidés de notre substance, sans enthousiasme et comme éteints intérieurement.

    Nous ne sommes alors plus reliés aux êtres et aux choses qui nous entourent. Nous ne prononçons pas les mots qu'il faut dire et que pourtant nous sentons en nous. Nous n'avons plus les regards ni les gestes ni les signes qui devraient interpeller ou émouvoir.

    Dans ces moments là, les souvenirs se diluent, la mémoire de ce qui fut jadis, se perd.

    L'un des aspects les plus déstabilisants de cette "solitude viscérale" de l'être, est à mon avis, le fait de se sentir coupé de ce qui peut encore nous relier aux êtres qui nous entourent, dans un environnement cependant habituel voire familier, et alors même que nous vient la conscience, le ressenti, de cet isolement...

    Dépossédés que nous sommes alors du meilleur de nous-mêmes, éteints intérieurement, étouffés par des aspirations et par des doutes qui nous dépassent, enfermés dans notre "monde intérieur", nous ne pouvons plus rien traduire, plus rien donner, plus rien partager. Non seulement nous ne sommes plus reliés aux autres, mais ces autres sont devenus des étrangers, des inconnus, voire des intrus qui ne font pas partie de notre monde.

    ... L'inconscience, le "non ressenti", de cette dépossession, de cette solitude... S'apparente au bonheur, enfin à "une forme de bonheur" si je puis dire ; tout comme l'ennemour qui "singe l'amour à s'y méprendre"...

     

  • Ce poème d'Aref Hamzeh

    ... Lu dans "Quelques écritures de Syrie", publication par la Société Littéraire de la Poste et de France Télécom, revue trimestrielle Missives, juin 2015 numéro 277 :

     

    Ce poème de Aref Hamzeh, traduction Hala Omran et Wissam Arbache

     

    Je m'assieds sur la place publique de Buchholz

    Parmi les mutilés de guerre

    Comme eux j'observe la vie qui appartient aux autres

    Comme eux j'attends le coucher du soleil pour partir

    Sans que personne

    Ne s'aperçoive

    De notre solitude

     

    Je ne retournerai pas dans mon pays en tant que citoyen Syrien

    Si la guerre se terminait

    Ni kurde ni arabe

    J'y retournerai exilé

     

    On se parle tous les jours au téléphone ma mère et moi

    Comme deux veufs

    Les années de deuil

    Le téléphone pour ma mère

    Est comme un sérum

    Attaché à sa main

     

    27 janvier 2015

     

    AREF HAMZEH

     

    Né en 1974, diplômé de Droit de l'Université d'Alep en 1998. Il publie des poèmes et des critiques littéraires dans les journaux et magazines arabes. En 2004, il reçoit le Prix de poésie Mohammad Al-Maghout. Il est aussi nominé pour la Bourse Internationale Littéraire "Rolex" en Suisse en 2006.

    Beaucoup de ses textes ont été traduits vers l'Anglais, le Français, l'Allemand, le Turc, le Kurde et l'Espagnol.

     

     

    ... Je viens de me faire cette réflexion :

     

    "Que ce soit hier soir samedi 12 septembre 2015 sur France 2, sur les plateaux l'un de Patrick Sébastien avec Le plus Grand Cabaret du monde, et l'autre de Laurent Ruquier avec On n'est pas couché... Et, avec sur chacun de ces deux plateaux de télévision, les invités de ces deux émissions de grande écoute le samedi soir... Que ce soit tous les autres jours de cette année 2015 avec tous les écrivains, tous les artistes qui se produisent... (Je ne parle point des "politiques" et des "économistes ça serait "trop indécent")... Que ce soit aussi, plus généralement, tous les internautes qui postent sur les réseaux sociaux ou qui diffusent sur des blogs leur petit espace personnel...

    ... QUE VAUT, que représente tout cela ? QUEL EST LE SENS, la portée, la place... dans le monde de 2015, de tout cela ?

    Quelle crédibilité de tout cela...

    Que pèse tout cela... En face de ce chaos, de cette violence, de ces guerres, de ces millions de réfugiés dont la plupart vivent dans des camps ou fuient sur les routes de l'Europe ?

    Nord Mali, Soudan, Erythrée, Lybie, Nigeria, Yemen, Syrie, Irak, Afghanistan, Pakistan, Kurdistan... Tous ces pays dont l'Histoire, aujourd'hui s'arrête, et qui, comme tous les pays du monde, ont eux aussi leurs écrivains, leurs poètes, leurs artistes ?

    Il me semble... il me semble... Et je le dis avec une certaine gravité... Que le sens, que la portée, que la place, que la crédibilité... de tout ce que l'on peut produire, artiste, poète, écrivain... Et même simple internaute sur un réseau social... Se trouve en ces temps que nous vivons, davantage du côté d'un Aref Hamzeh, plutôt que du côté de l'un ou de l'autre des invités de Patrick Sébastien ou de Laurent Ruquier...

    Je crois qu'en ces temps graves que nous vivons depuis les révolutions arabes de 2011, que depuis les politiques menées par les Européens et les Américains dans le développement de ces révolutions ; que depuis les événements, les guerres qui découlent de ces révolutions, avec notamment les flux migratoires de plus en plus importants de ces derniers mois, flux migratoires qui sont l'une des principales conséquences des guerres... Je crois que par la voix et par les oeuvres des artistes, des intellectuels, des poètes et des écrivains de tous ces pays en guerre actuellement et plongés dans le chaos, que c'est bien là, bien plus que par la voix et par les oeuvres des gens qui "font la pluie et le beau temps" sur nos plateaux de télévision Européens... qu'il y a le plus d'espoir pour une "issue" (que l'Histoire, non seulement de ces pays en guerre mais aussi l'Histoire du monde tout entier, puisse "repartir")...

    Les uns, sur nos plateaux télé et dont les livres se vendent et se lisent, sont plus soucieux de leur destin personnel que de l'évolution et de la portée de la littérature,de l'art, dans la vie, dans la société...

    Les autres, persécutés, en exil, censurés, dans des pays de dictature et de guerre, sont au contraire bien plus motivés dans le sens de l'évolution et de la portée de la littérature et de l'art dans la vie, dans la société...

     

  • Les pieds dans l'eau, de Benoît Duteurtre

    Cvt les pieds dans leau 5060

    Les pieds dans l'eau, de Benoît Duteurtre

     

    Dépôt légal octobre 2008

     

    Gallimard

     

    Quatrième de couverture :

     

    "Le 29 septembre 1990, une vingtaine de descendants de René Coty se retrouvèrent à l'Elysée. Chez les petites filles du Président, d'ordinaire si ardentes à rompre avec le passé, l'opportunité sembla éveiller un brin d'amusement. Les années glorieuses s'éloignaient suffisamment pour prendre un arrière-goût folklorique. Tout le monde avait oublié le nom de Coty – sauf pour le confondre avec celui d'un parfumeur. L'époque présidentielle ne représentait plus une menace avec ses privilèges. Rien ne pouvait désormais entraver le triomphe de cette "vie normale" vers laquelle ma famille inclinait depuis trente ans."

     

    Avec ce roman familial, Benoît Duteurtre déploie son art d'humoriste social sur un mode plus intime. A l'ombre des falaises d'Etretat, il observe les transformations de la bourgeoisie en vacances, le catholiscisme revisité par mai 68 et sa propre évolution de jeune homme moderne à la découverte de la nostalgie.

     

    Prix Médicis pour "Le voyage en France", Benoît Duteurtre est notamment l'auteur de "Tout doit disparaître", "Gaité parisienne", "Service clientèle", "La petite fille et la cigarette".

     

     

    Extraits

     

    Page 114 :

     

    "Les aspirations artistiques m'occupèrent donc toujours davantage. Dans le train-train de cette vaste sous-préfecture, on pouvait encore faire semblant d'inventer ce que Paris découvrait un siècle avant. En première puis en terminale, j'avais formé avec mes amis un groupe moderniste à tendance délurée. Notre amour des élucubrations d'Alphonse Allais, des facéties d'Erik Satie et du dadaïsme de comptoir nous éloignait des intellectuels de gauche qui régnaient à la Maison de la culture, comme des femmes-poètes qui se réunissaient le samedi après-midi, pour lire à voix haute des textes de René Char."

     

    Page 222 :

     

    "Pour aggraver les choses, l'artisanat semblait partout sur le point de disparaître en tant qu'activité fourmillante et peu onéreuse, aves ses multiples corps de métiers. La notion même d'entretien devenait problématique dans une économie fondée sur le remplacement systématique de tout objet défectueux par de nouveaux matériaux normalisés. Cette organisation ne laissait guère de place au travail minutieux du bois, sauf sous forme d'activité luxueuse, facturée au prix fort et réservée aux clients fortunés."

     

     

    Mon avis

     

    Il y a dans les livres de cet auteur, Benoît Duteurtre, dirais-je du sens et de l'atmosphère.

    Avec Michel Houellebecq, Benoît Duteurtre est l'un de mes écrivains préférés -et les plus lus par moi- de cette période contemporaine que je situe en gros, depuis les années 70/80 du 20ème siècle.

    Sans doute y-a-t-il, depuis ces années 70/80, d'autres écrivains dont je lis les livres, et j'espère bien découvrir des auteurs qui, comme Houellebecq et Duteurtre, m'interpelleront autant et chez lesquels je trouverais du sens et de l'atmosphère.

     

  • 2077, "Chevaline" sur Facebook

    Un look d enfer

    ... Vous ne savez pas comme c'est dur d'être une femme qui a mon physique !

    C'est peut-être la raison pour laquelle sur cette photo l'on ne voit que mes jambes, la deuxième paire de jambes à partir de la gauche de la photo, avec les chaussures roses à talons hauts...

    Tout le monde autour de moi, à vrai dire mes amis de fraîche ou de plus ou moins longue date, me donnent environ 35 ans... J'avoue avoir quelque peu "forci" depuis deux ans bien que je ne sois guère une adepte de glaces "biboule ou triboule au lourd lait de vache" ni de grands seaux de pop corn au cinéma...

    Je suis, "en gros" -sans jeu de mot- ... de ces filles et femmes dont le "canon de beauté" correspond à ce que recherchent dans leurs relations féminines passagères ou durables, la plupart des hommes... C'est à dire, un corps bien en chair, de bonne taille, soit d'environ un mètre soixante quinze/un mètre quatre vingt... je vous fais grâce de l'aspect de mes fesses et de mon visage mais pas tout à fait de ma poitrine bien prohéminente sans cependant "être un comptoir de boucherie"...

    Une femme qui a mon physique est évidemment très souvent regardée et "accostée"... D'autant plus si elle s'habille court, voyant, échancré, de couleurs vives, jusqu'à "estivale en plein hiver un jour où il ne fait pas trop frisquet"...

    J'hésite à me montrer toute entière sur Facebook ou sur mon blog, c'est pourquoi ici l'on ne voit que mes jambes.

    Le "plus dur" on va dire... vais-je dire... et je le dis... C'est quand je dois remplir un formulaire... sur le Net ou en mairie ou dans quelque service administratif, lors d'un contrôle d'identité... Et qu'apparait mon année de naissance. Il est vrai que sur le Net, en l'occurrence pour m'inscrire sur un forum ou dans les réseaux sociaux, j'inscris toujours en année de naissance... 2040 plutôt que... 2030...

    Un jour je fus contactée par une femme journaliste d'une revue mensuelle pour "seniors" et invitée à poser pour la couverture du prochain numéro de ce magasine de "retraités" (un "canard de vieux" à mon sens)... J'avais déjà remarqué qu' "ils" présentaient toujours -à vrai dire de plus en plus- en page de couverture, "d'afriolantes jeunes mémés"... J'ai refusé.

    Un autre jour je me vis gratifiée sur Twitter par un jeune contestataire aux propos de voyou, qui me connaissait et qui savait que j'étais de 2030... de "vieux cheval ayant un look d'enfer".

    Une amie à laquelle je confiais avoir eu connaissance de ce tweet peu flatteur, me répondit : "mais que devrais-je dire, moi dont on dit que je suis une jeune pouliche ayant un look de bonhomme Michelin ?"

    ... Ah que c'est dur d'être femme de nos jours dans ce monde d'apparences !

     

    ... En 2077, l'image ne paraît pas sur un écran d'ordinateur ou de smartphone, mais en hologramme au dessus du clavier de l'ordinateur ou devant le smartphone.