Articles de yugcib

  • Ceci est deux visages

    Pommes10

    Je suis double pomme verte

    Avec dedans en ma chair ferme un ver brun

    Je ne veux point paraître pomme à vos yeux

    Et encore moins pomme avec un ver dedans

    Vous me voyez visage

    Double visage

    Visage chic

    Visage à vous lécher l'âme

    Vous me mordez dedans

    Vous bouffez le ver

    Le ver brun dans ma chair ferme de pomme verte

    Et le ver s'incruste entre deux plis

    De votre cervelle grise

    Sur votre nez vous mettez

    Lunettes à la Bernard Pivot

    Et ça vous fait

    Comme un masque devant une pomme

    Un visage

    Ou vous entrez dans le bal

    Du samedi soir

    La pomme bien en avant

    Bien masquée

    Mais avec son vert et son luisant apparents cependant

    Soit disant pour ne point tromper son monde



  • L'écrivain et ses lecteurs

    "Tout écrivain, pour écrire nettement, doit se mettre à la place de ses lecteurs"...

    [ Jean De La Bruyère ]

    ... C'est justement ce que bon nombre d'écrivains de nos jours, font, et cela des plus et des mieux connus, des plus lus ; autant d'ailleurs, que des aspirants à être connus et lus... Car ils savent bien tous autant qu'ils sont, les écrivains, ce qu'attendent les lecteurs en général : du sensationnel, de l'émotion, de l'intrigue, du suspense... Aussi en est-il si peu, d'écrivains, produisant des livres "coup de hache sur la mer gelée"... Vous savez, ces livres que personne n'achète, ces livres qui dérangent, ces livres "non aseptisés" que l'on ne trouve pas chez le Tabac Journaux du coin, ou sur les étals des Leclerc Culturel ou de France Loisirs...

  • L'innocence

         L'innocence avec ses yeux tout ronds devant les acteurs obscènes et violents jouant une tragédie imbécile et cruelle sur la scène du monde, en face de la réalité crue et nue qui déchire les rêves les plus beaux... C'est bien, encore de nos jours, encore en ces jours qui ne sont plus les jours d'avant, le privilège de l'enfance et de ce qui demeure de l'enfance tout au long de la vie...

    Et il y a dans cette innocence là une connaissance qui n'est pas la connaissance à laquelle on accède à partir du moment où l'on va à l'école maternelle puis à l'école des grands, où l'on voit ce qui est montré à la télévision et sur internet...

    Il est toujours trop tôt, bien trop tôt, pour apprendre à devenir ce que les maîtres du monde, ce que tout le monde même, nous force à devenir...

    L'innocence blessée a dans les yeux qu'elle lève lorsqu'elle reçoit les coups de bâton de la réalité crue et nue, la même interrogation tant et tant de fois répétée : pourquoi?

  • Dans un grand champ d'iris

    Iris

         Dans un grand champ d'iris s'ouvrant à ma vue un bref instant de ma vie, se rejoignent comme en un point-univers, toutes les pensées de toute ma vie...

    Et c'est bien cela, une vie d'humain : un point-univers...

    Et si tout ce que l'on avait à dire et à être, pouvait tenir exprimé dans l'instantanéité, dans la profondeur, dans l'immensité, dans le dire et l'être, d'un regard? Un regard contenant alors plus que toute une oeuvre autobiographique de mille pages, plus que des kilomètres de blog, plus que toute une oeuvre d'écriture de plusieurs livres?

    Et si un visage pouvait se lire comme on lit un livre, le livre d'une vie tout entière où l'on y lit aussi d'autres vies?

  • Une oeuvre d'homme ...

    D'homme au sens d'humain, d'être humain, me parait-il nécessaire -et essentiel- de préciser cependant...

    En 1958, Albert Camus préface une réédition de L'Envers et l'Endroit. Il conclut “Je sais cela de science certaine, qu'une oeuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le coeur, une première fois, s'est ouvert”...

    Albert Camus confesse savoir où se trouve l'essentiel : une mère silencieuse, la pauvreté, la lumière sur les oliviers d'Italie.

    La mère silencieuse, représente tous ces êtres effacés, humbles, dont on ne demande jamais l'avis, auxquels on ne donne jamais la parole, et qui d'ailleurs ne prennent jamais la parole eux-mêmes, et qui traversent la vie sans laisser de traces autres que celles, pour un très petit nombre d'humains, qui ont pu entrevoir la trace de ces traces...

    La pauvreté, c'est la pauvreté des êtres humbles mais dignes, d'une dignité qui force le respect, et qui n'a rien à voir avec la pauvreté de ceux et celles d'entre nous, partout sur la Terre, qui “attendent que ça tombe du ciel” ou qui vivent en “tombant sur le paletot de l'Autre”...

    La lumière sur les oliviers d'Italie, c'est cet espace en soi et autour de soi, où la grisaille, la pluie, le froid, la solitude, l'indifférence ne parviennent pas à prendre le pouvoir autrement qu'en des moments particuliers d'une durée indéterminée mais limitée lorsque tout semble en effet s'écrouler ou sombrer... Car cet espace en soi et autour de soi s'emplit naturellement d'un ciel qui est comme un ciel de pays méditerranéen ou d'Afrique... Et les paysages y ont, dans cet espace, toujours des oliviers et des cyprès...

    Une oeuvre d'homme (d'être humain) ne se construit pas par des reconnaissances littéraires ou autres, par de la vie mondaine de salons et de représentations devant des publics de festivals, par des premières de théâtre ou de cinéma, par des succès de librairie et de scène, par les pouvoirs de la critique des journalistes...

    Une oeuvre d'homme n'est rien d'autre que ce “long cheminement” de soi vers les autres, ou par les autres qui te font devenir ce que tu parviens à être et qui en toi existait sans être existé... Et, dans ce long, très long cheminement, l'oeuvre d'homme passe par les détours de l'art, comme le forgeron dans sa forge qui passe par ce qu'il façonne pour que cela serve, pour que cela soit utile, pour que cela change la vie de l'Autre, des autres autour de lui... Le plus souvent d'ailleurs, dans un avenir qu'il ne verra point mais dont il pressent la venue puisque c'est le ciel qu'il a en lui qui le lui dit...

  • Le porte-monnaie à deux pattes qui descend de l'avion

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    ... Le touriste occidental ou... "occidental apparenté" on va dire, puisque de nos jours, le mode de vie et de consommation produits équipements loisirs, a "colonisé" la planète toute entière y compris dans des pays ou des régions jadis "vivant comme au temps du Néolithique"... Le touriste occidental donc, n'est plus qu'un porte-monnaie à deux pattes...

    Toi, touriste Lambda de Touropérator, qui descend de l'avion à Dakar, à Bangkok, à Dzaoudzi, à Capetown, à Johannesbourg, à Mexico, à Rio... Tu es "zieuté" par l'habitant local (l'indigène comme on dit), pauvre bougre dans la misère, dans la crasse parfois, dans le dénuement le plus absolu et de surcroît malade, handicapé, vivant "en sursis"... Par l'une ou l'autre de ces hordes de gosses aux yeux assaillis par les mouches, par toutes sortes de gens déambulant et mendiant... Tu es "zieuté" comme un porte-monnaie à deux pattes, autrement dit un "richard", un "plein aux as", une opportunité à saisir pour obtenir une pièce, un billet, un stylo, enfin n'importe quoi qui ait "quelque valeur marchande" si insignifiante qu'elle soit... Sans compter que si tu es un homme, un "vieux monsieur" par exemple, alors là, ce sont des fillettes, des très jeunes femmes, qui te regardent en se disant que pour une baise, une gâterie sexuelle, c'est huit jours peut-être même un mois de survie assurés, et, pourquoi pas, l'opulence à perpète tant rêvée, pour toute la famille...

    Ne nous leurrons pas, les "gauchisants", les romantiques, les sensibles, les gens d'âme et de culture et de pensée et de réflexion et d'humanisme... La réalité du monde, de ce monde totalement inégalitaire d'une inégalité que l'Homme a ajouté à l'inégalité naturelle, la réalité est brutale, laminante, crue et nue, sans emberlificotements et sans aucune "philosophie" de quoi que ce soit!

    Ne nous leurrons pas, en pensant (oui il y en a encore qui pensent ça) qu'il va être possible (et comme "miraculeux" et soit-disant pas si rare que ça) d'inviter l'un de ces êtres de "là bas", dans le plus grand dénuement, à la terrasse d'un bistrot, de lui payer un verre et de "discufilofer" sur "le sens du monde" pendant trois heures et de faire de lui un ami, un "ami pour toujours" (rire)!

    Il s'en tape, le mec, de ta culture, de ton âme, de ton discours, de ton humanisme, de ta vision du monde, de ta pensée, de ta réflexion sur le pourquoi et le comment ! Ce qu'il veut, le mec, c'est ton pognon, ton appareil photo, tout ce que tu as sur toi qu'il pourrait revendre vite fait même pour presque rien... Et pour ça, il est prêt à te larder, à te cogner, ou au mieux, ou au "moins pire", il va t'arnaquer de première que t'y verras que du feu!

    Honnêtement, mon pote ma potesse... Tu ferais comment toi, si au lieu d'être touriste de touropérator, occidental même à 1500 euro par mois... Tu serais comme lui aussi pauvre, aussi crevant de faim, aussi dénudé, aussi préoccupé de savoir comment tu vas réussir à survivre au moins une saison de plus?

    Et si encore y'avait que ça : la pauvreté, la misère, la maladie, le dénuement, l'injustice, le pouvoir des caïds et des gangsters... On pourrait cependant espérer, "y croire un peu quand même en un autre monde une autre vie possible"... On ferait alors la révolution, la révolution tout seul, la révolution à plusieurs, la révolution de tout un peuple, de tous les peuples, la révolution chacun à sa manière...

    Mais non... La réalité, la vraie réalité c'est pas ça, c'est pas QUE la misère, la maladie, la pauvreté, la précarité, le pouvoir des caïds et des gangsters... La réalité c'est quand tu vois des millions, des centaines de millions de gens, sur cette planète "mondialisée formatée socialement culturellement économiquement", riches ou pauvres, ayant un boulot ou n'ayant pas de boulot... qui considèrent l'Autre comme, rien que comme...  un porte-monnaie à deux pattes... ou un adversaire, parfois un type ou une typesse à flinguer... Et jamais un humain, un visage sur lequel tu vas t'interroger, que tu vas regarder, qui va te faire rêver (je rêve-rire-)...

    Le rêve est devenu un "non sens", une "erreur", une ineptie, un truc de fou, d'illuminé, "d'anarchiste de mes couilles", le rêve est suspect, il prête à sourire, à condescendre, il est la nourriture des tarés, des jobards, il est foulé aux pieds...

    Nous sommes entrés dans l'ère de post-humanité, dans l'ère de l'Humanuscule... Dans un monde mondialisé de porte-monnaies à deux pattes (porte-monnaies pleins évidemment)... et de calebasses à deux pattes (calebasses vides évidemment)...

    Bienvenue dans les années 2020/2030/2040 du 21ème siècle ! ... Entre ceux et celles qui courent après un boulot... Et ceux et celles qui "attendent que ça tombe du ciel" ou vivent en "tombant sur le paletot de l'Autre" ; entre des Humains qui ne sont plus des humains et des Humains qui se croient et se voient et s'outrecuisent plus Humains que les autres humains... Qu'être et que faire et pour qui et pourquoi ?

    ... Si t'es "Gauche non caviar", ou chrétien idéaliste, ou "Droite avec des valeurs fondamentales", ou romantique penseur poète humaniste et tout ce que tu voudras de pur, d'authentique de sincère... Alors, les voyages de touropérator en hôtel 5 étoiles piscine jaccuzi circuits en car climatisé bouffe exotique et soirées disco, c'est pas fait pour toi mon pote! Si t'as 30 ans, ou si t'es "vieux mais en bonne santé", alors, fais toi toubib sans frontières ou participe à un projet humanitaire avec des gens sur place déterminés, courageux, qui veulent réussir ; creuse par exemple un puits dans un pays d'Afrique, construis des baraques, des écoles, défriche un bout de terrain broussailleux pour y planter quelque chose qui se bouffe, se vend, se troque s'échange... Pour autant faut-il préciser, que tu aies la capacité et les moyens d'agir concrètement,  et tant de choses qu'on peut faire là où l'on ne  fait rien, là où l'on ne  tire que du fric en pillant les richesses naturelles et en laissant du désert à la place, là où l'on ne  vend que des scooters, des télés et des téléphones portables, là où l'on baise des fillettes, là où l'on crève de ne rien jamais faire autre que de voler ou d'arnaquer, d'attendre des subventions, des milliards qui vont dans les poches des mafieux, des gangsters et des caïds!

    Merde, ça vaut encore le coup c'est pas vain... de crever, oui de crever, pour des valeurs fondamentales, de se battre pour ces valeurs, pour pas laisser un bourbier bourré de déchets atomiques et autres, aux générations futures, ni toutes sortes de champs de bataille et de guerres dispersés aux quatre coins de la planète, et des cartels de mafieux et de gangsters qui font la loi et s'accaparent 99% des richesses, de toutes les richesses de la planète et du produit du travail le plus souvent forcé de centaines de millions de gens...

    Non à la nazi-société de consommation de luxure d'ignominie faussement aseptisée formatée réglementée véritable usine à gaz avec des brûlots à retardement où les êtres humains se déshumanisent et deviennent des porte-monnaies pleins ou des calebasses vides à deux pattes !

  • La Réunion, autour du piton de la fournaise

    ... Des paysages d'une grande beauté, et tout à fait particuliers sur cette île volcanique de La Réunion.

    Voici un diaporama :

    https://s.joomeo.com/5344370d49828

    ... Dans ces paysages, il en est un, dans la zone du cratère, qui ressemble à un paysage tel qu'on en peut voir sur la planète Mars, mais avec cependant un ciel bien de la Terre notre planète...

    Ici, nous sommes à environ 2400 mètres d'altitude, par 21° de latitude Sud, sur le site du piton de la fournaise qui domine la partie sud de l'île... Au delà, l'océan Indien, immense, et tout droit devant plein sud, à quelque 5000 km, le cercle polaire et le continent Antarctique...

  • La plus grande religion du monde

         La tyrannie technologique, l'emprise du numérique, les multiples aspects d'une technolâtrie omniprésente et de plus en plus envahissante ; et tout cela avec les modes, les tendances, les engouements, les automatismes et la pensée unique générée et planétarisée qui en découle, c'est bien là une nouvelle barbarie différente certes, des barbaries précédentes, mais plus monstrueuse encore, car elle tue l'âme et l'esprit. 
    Nous sommes devenus à notre insu, ou même assez souvent délibérément, les esclaves dociles, anesthésiés, drogués, de toutes les technologies, de tous ces appareils sophistiqués et diversifiés, de communication, de traitement et de diffusion de l'image et de l'information... Appareils évidemment sans cesse à portée de main et présents à tout instant, en tout lieu, dans notre vie quotidienne. 
    Tout cela réduit la relation humaine en un espace virtuellement immense voire infini, mais cet espace n'a en fait pas de réalité concrète. C'est un espace dans lequel nous nous mouvons tels des points de lumière confondus en taches, et n'éclairant plus rien autour d'eux. 
    Prostitués que nous sommes -pour le plus grand nombre d'entre nous- aux nouvelles technologies, nous ne connaissons plus qu'un seul langage dont le mot d'ordre est : "il faut vivre avec son temps". 
    Ainsi nous écartons nous de la voie naturelle mais étroite (et la seule et la plus sûre) qui est celle qui nous invite à ne pas méconnaître notre talent, notre capacité à imaginer, à créer, à agir... Car la voie de la technologie toujours plus diversifiée et surtout plus performante est une voie large, d'autant plus large selon les avancées et le développement de la technologie, une voie élargie mais incertaine, aléatoire ; et cette voie ne nous invite pas bien au contraire, à nous faire évoluer en utilisant le meilleur, le plus vrai, le plus authentique, le plus naturel de nous-mêmes. 
    Devenus idolâtres même en tant que croyants en Dieu et en une religion, nous "évangélisons" dans le sens du "toujours plus et mieux" par la technologie ; mais les lumières en nous se sont éteintes sous les feux aveuglants des puissants projecteurs disposés en rampes aux abords de la grande scène médiatique. 
    Sans cesse harcelés et éblouis, nous tournons en rond dans un espace qui, illusoirement, nous paraît immense mais qui en réalité est de plus en plus étroit, comme au fond d'un seau aux parois inconsistantes. 
    Ajoutez "tout est permis" à "il faut vivre avec son temps", et mettez au beau milieu "Technalkoal" assorti de toute sa panoplie de gadgets numériques, informatiques et ludiques, et voici que cela donne une monstrueuse trinité, la plus grande religion du monde contemporain. 
    Cependant, dans "tout est permis", il y a un paradoxe : "tout est permis" est en effet associé à un système extrêmement complexe de toutes sortes d'interdictions, de codifications, de restrictions... "Tout est permis" certes, mais tout est formaté, règlementé, aseptisé... 
    "Il faut vivre avec son temps" est, tout aussi paradoxalement, assorti d'un certain nombre de restrictions, de conservatismes, d'archaïsmes, de peurs, qui entrent dans notre vie quotidienne. 
    L'offre, en produits de technologie, en gadgets et équipements numériques, informatiques et ludiques, est si diversifiée, si changeante, si immense, si envahissante, qu'il en résulte une insatisfaction permanente, un "mal-être" chronique, du fait de tout ce qui capte notre attention et s'impose à notre regard, alors même que l'on ne peut à la fois, "avoir envie de tout" mais que vient  cette "envie de tout" cependant... 
    Contrairement aux civilisations anciennes d'avant le Néolithique et aux civilisations qui se sont succédées jusqu'au 19ème siècle ; la civilisation technologique mondialisée du 21ème siècle a perdu de vue le caractère purement et seulement utilitaire de l'outil technologique qui jadis, faisait que l'homme demeurait un humain, un humain cependant, un peu plus évolué et en partie libéré de certaines contingences matérielles. 
    Aujourd'hui nous entrons dans une ère que je qualifie de "post humaine", peuplée de moins en moins d'humains mais de plus en plus d'humanuscules. (C'est le terme que j'ai trouvé pour qualifier cet "humain du 21ème siècle, technolâtre et conditionné").

  • Traverser la vie ...

         Traverser la vie sans jamais ressentir de réelle interrogation sur la condition humaine, sur la condition humaine, déjà en général ; sur la condition humaine de l'Autre, des autres plus particulièrement ; et, qui plus est sur sa propre condition ... C'est comme traverser un immense marché de produits de consommation, de services et de loisirs "à la carte", et sans se poser la question, ne serait-ce qu'un seul instant, de la provenance, de la finalité, de la nécessité, de la composition de ces produits...

    La condition humaine et même notre propre condition dans la traversée de la vie, si elle nous apparaît cependant, n'est autre alors, que l'enveloppe (ou l'emballage) qui contient ce que l'on y met dedans, que l' on achète, ou dont on bénéficie ou qui nous est offert dans tel ou tel but... Mais contenant aussi ce dont on se sent privé, qui n'est pas à notre portée immédiate.

    En somme la condition humaine serait, dans le monde d'aujourd'hui devenu ce qu'il est et surtout ce que l'on nous fait croire qu'il est et ne peut qu'être, la condition humaine serait une idée dont il faudrait se débarrasser si on la porte encore en soi, une question qu'il faut éviter de se poser.

    Traverser la vie sans jamais ressentir de réelle interrogation sur la condition humaine, sur le devenir, sur la finalité, sur la réalité de cette condition, sur son possible dépassement... Et ne vivre, ne traverser la vie qu'en consommateur de produits et de services, en consommateur heureux ou malheureux, privé ou pourvu selon le cas... Cela me semble peu enthousiasmant et vide de sens, mais c'est pourtant ce que bon nombre d'humains sur cette planète sont disposés à accepter, parce que c'est confortable, du moins pour ceux d'entre tous ces humains qui peuvent être des consommateurs et s'identifient, se reconnaissent, se définissent, et existent -ou plutôt "s'existent"- par ce qu'ils consomment, possèdent, et dont ils profitent...

  • La philosophie

          Durant des millénaires, avant les religions et avant l'université, même s'il y avait des écoles, même s'il y avait des cultes et des croyances ; depuis avant les premières civilisations d'Amérique centrale, du Moyen Orient et d'Asie, puis durant le temps de ces premières civilisations, et ensuite durant le temps de l'antiquité Egyptienne, Grecque, Romaine... Et jusqu'à -peut-on dire- la venue des religions du livre que sont le Christianisme (par le catholiscisme romain et par l'orthodoxie) et l'Islam ; et jusqu'à, un peu plus tard vers le 13ème siècle en Europe avec l'apparition de l'Université... La philosophie était existentielle, la philosophie était une philosophie de la pensée, de la relation avec les êtres et les choses, la construction d'une identité et d'une existence... La philosophie était proche de la vie, et elle pouvait faire de la vie que l'on vivait, de la manière dont on vivait cette vie, une oeuvre...

    Depuis des millénaires donc, ainsi avait fonctionné la philosophie : en découvrant une pensée, une manière différente de penser et de réfléchir, de se poser telle ou telle question, elle donnait à la vie un sens, ou plus exactement une orientation, un peu comme une boussolle... Il s'opérait alors entre l'élève et le maître, ou même plus généralement et au quotidien, entre l'être ordinaire et ce "quelquechose comme une essence en l'intérieur de l'être", une sorte d'alchimie... Alors, du "creuset" même, dans "l'atelier" (ou dans la "forge") s'élaborait ce qui devait être produit, puis diffusé, partagé, enseigné, légué, transmis...

    Mais depuis la venue des religions du livre que sont le Christianisme et l'Islam, et depuis l'Université, la philosophie ce "n'est plus tout à fait ce qu'elle avait toujours été avant"...

    La philosphie a été d'une part réduite par les religions à une croyance et à un modèle tout prêt de "pensée unique", en ne fournissant qu'une seule "explication possible", ce qui bien sûr "rassure" et "oriente" (ou plus précisément "dicte") et évite en conséquence de se poser les questions qui inquiètent ou dérangent ou "conduisent à l'abîme"...

    La philosophie a été comme en partie sinon quasi totalement vidée de son contenu, de son sens, de tout ce qu'elle contenait, par l'Université, qui, à partir du 13 ème siècle en Europe, l'a peu à peu transformée en sommes et en modalités de connaissances, en concepts intégrés dans une architecture, un système...

    En somme, la Religion et la Faculté ont transformé depuis huit cent ans, les philosophes en thélogiens et en professeurs, en illuminés, en pontifes...

    ... Je ne reconnais pas pour ma part, la philosophie comme une somme et comme des modalités de connaissances, ni comme une architecture ou un système de concepts...

    Quant à la religion, je souhaiterais "qu'elle s'efface" devant Dieu... Ou devant "quelquechose qui ressemble à Dieu"... Car n'y-a-t-il pas "quelquechose qui ressemble à Dieu" dans la philosophie sans les religions et sans l'université?

  • L'aléatoire

         Le côté aléatoire de la vie, des choses, de tout ce qui arrive -ou n'arrive pas- c'est peut-être la seule et vraie justice en ce monde... Même si cette justice, cette "sorte de justice" si je puis dire, se révèle parfois "assez injuste"...

    Dans ce qu'il y a de plus courant, de plus habituel, en fait, ce n'est ni le bon ni le mauvais qui survient, mais du rien, et c'est comme un espace d'indifférence dans lequel on se sent immobile, que l'on ne cesse de devoir traverser ; et cette absence de réponse en face de nous, autour de nous, d' interlocuteurs... Ou alors, tous ces interlocuteurs qui sont bien là, présents, proches ou lointains tout autour de nous, mais comme invisibles, indifférents...

    Mais il y a aussi la possibilité réelle de ce qu'il y a de bon, qui peut survenir à tout moment ; de l'espace d'indifférence qui se déchire aussi vite qu'une couche de nuages, du rayon de soleil qui illumine soudainement notre vie, voire même change notre vie...

    Seulement voilà : il faut y mettre tous les jours des petits cailloux, sur le chemin de l'aléatoire.... Parce que... Si tu n'y mets pas des petits cailloux, c'est comme si tu ne jetais jamais de bouteille dans la mer avec un message dedans...

  • Retour de Mayotte

         Depuis un mois je n'avais point publié de nouveau billet, puisque je me trouvais, entre le 28 janvier et le 25 février à Mayotte, archipel des Comores, dans l'océan Indien, là où vit et travaille mon fils... 

    Voici déjà le récit que je fais, de mon voyage de retour : 

                                                                         2eme-copie-modifiee-retour-de-mayotte.pdf 2eme-copie-modifiee-retour-de-mayotte.pdf

    Et quelques photos, images, accompagnées de notes, de commentaires, lors de ce séjour à Mayotte : 

     

                                              http://notabene.forumactif.com/t14047-photos-sejour-a-mayotte

  • Le rapport de force

    Le vrai rapport de force, c'est le mur des peuples...

    Des peuples non pas en armes mais partout debout dans le monde, les yeux regardant droit devant et jamais un seul instant baissés, les bras jamais croisés dans l'attente de ce qui peut tomber du ciel -soleil pluie grêle ou vent- mais tendus et les mains pétrissant la pâte ; exerçant une pression croissante vers l'espace central du cercle infernal où se tiennent retranchés ceux qui tiennent les fusils, l'argent, les marchés, les dividendes d'actions, les promesses scélérates et ce pouvoir de domination qu'ils ont sur le monde.

  • L'écrit, la parole

    L'écrit devrait se faire parole et la parole devrait se faire écriture.

    L'écrit qui n'est point parole ou la parole qui ne se fait pas écriture, c'est comme une flûte à laquelle il manque les trous : il n'en peut sortir, tout au bout de la flûte, que le son produit par la bouche du souffleur, un son se frayant un passage à l'intérieur d'un tuyau, ce tuyau qu'est alors la flûte sans trous...

    Mais, soit dit en passant, sur la flûte avec des trous, encore faut-il poser ses doigts sur tel et tel trou pour faire de la musique, sinon les trous ne servent guère à grand chose...

  • Le pot de chambre au dessus de l'armoire

         Bousculer l'ordre établi en soi, c'est encore plus difficile, et moins "courant" on va dire, que de bousculer l'ordre établi autour de soi...

    C'est pourquoi, il n'y a jamais de véritable et durable révolution...

    En général, pour ne pas dire quasiment sans exception, bousculer l'ordre établi en soi, lorsque toutefois cela se pratique (et cela ne se pratique pas souvent), c'est une forme de supercherie...

    Mais l'on ne voit pas que c'est une supercherie, et l'on n'imagine pas soi-même un seul instant, d'ailleurs, que c'est une supercherie...

    En politique, en économie, en société, en relation, en communication, en tout ce que l'on dit, écrit, en tout ce que l'on fait ; en "regard sur les gens et sur le monde", en regard sur telle ou telle personne en particulier, en engagement ou en désengagement... Autant de fois que l'on fait sauter et se retourner la crêpe, il y a toujours quelque part, une chiotte dont la chasse ne fonctionne plus, un oeuf éclaté comme un soleil ou la naissance d'une étoile, un étrange petit toutou à barbiche qui pisse en l'air en faisant croire que c'est sa queue qu'il lève, un pot de chambre au dessus d'une armoire donnant envie au visiteur de déféquer toute sa vie dedans... Mais alors le pot de chambre au dessus de l'armoire, tout empli de la vie du visiteur, ne trône que pour péter à la vue des autres visiteurs de passage, son ventre bien rebondi et couvert de tatouages...