Articles de yugcib

  • Dassault blanchi, Dieudonné interdit

    Dassault blanchi, Dieudonné interdit...

    Cela m'inquiète au plus haut point pour l'avenir dans les années qui viennent et jusqu'à quand et jusqu'où ?

    L'avenir dans le climat social (qui n'évolue pas vers la paix sociale), pour la liberté d'expression, pour la démocratie (qui déjà n'existe pas vraiment et qui "en prend de plus en plus dans la gamelle")...

    D'un côté ce que l'on combat ou prétend combattre "haut et fort" avec force lois, force décisions judiciaires, administratives et le tout médiatisé et faisant l'objet de commémorations, de cérémonies, de discours officiels, de dispositions prises par des autorités gouvernementales et autres... Et d'un autre côté, ce qui, tout ce qui, précisément combattu, ne cesse d'occuper l'espace public, de radicaliser des sensibilités et en définitive finit malheureusement par s'imposer dans l'esprit d'un grand nombre de gens, et par "promouvoir" par contre coup, ces "fauteurs" que sont ceux qui "contreviennent" jusqu'à les élever au statut de martyr, de victime, de héros ! L'on en arrive à l'effet contraire, c'est à dire que ce qui est combattu et que l'on étouffe, se met à prospérer de plus belle, à se manifester au grand jour, à défier toute autorité, et même à séduire, à attirer encore plus de gens...

    ... Dassault blanchi, c'est penser, laisser penser que, pour peu ou beaucoup que l'on contribue à "développer l'économie" on a le droit de faire ce qu'on veut dans l'impunité totale, sans être le moins du monde inquiété par le fisc, par la justice... Autrement dit si tu es puissant et "incontournable" tu as tous les droits ! (Evidemment, Dassault comme chacun sait, ce sont d'immenses empires économiques industriels et financiers qui emploient des dizaines de milliers de gens en France et dans le monde, et qui contribuent pour un pourcentage non négligeable à faire tourner la boutique France)... Alors, vu les enjeux, on ferme les yeux et tant pis pour certaines choses pas très claires voire scandaleuses, on ne "poursuit pas", on "blanchit"... Et cela dans une solidarité de classe politique, au sénat et à l'assemblée nationale, droite et gauche confondus, sans le moindre "état d'âme" !

    ... Dieudonné interdit, c'est donner à penser, à forcer de penser (un peu comme autrefois le maître d'école tapait sur les doigts du mauvais élève avec une règle en fer) que, parce qu'il est proscrit par la loi de tenir des propos antisémites, ou racistes, ou homophobes (ce sont là les questions les plus sensibles de toute évidence) on peut alors interdire, jusqu'à interdire à vrai dire,  un spectacle n'ayant pas encore commencé, et qui a été prévu tel jour, organisé ! Interdire en invoquant, en l'occurrence pour le spectacle de Dieudonné, des propos de nature antisémite répétés et pour lesquels il y avait déjà eu des condamnations, des poursuites judiciaires...

    Autrement dit nous sommes en présence d'une autorité d'état qui se sert d'un fait avéré sur lequel on peut effectivement s'appuyer, pour "créer un précédent" (lequel "précédent" sera de toute évidence dans l'avenir, comme une "porte ouverte" à toutes sortes de dérives, d'abus, de justifications possibles, et donc, adieu à plus ou moins long terme la liberté d'expression !

    C'est cela qui m'inquiète, à vrai dire me fait peur, terriblement peur... (En ce sens, je suis sûr que tous les artistes, tous les écrivains, tous les créateurs, partagent mon inquiétude et ma peur)...

    Je suis persuadé que si Dieudonné, au lieu de s'en prendre aux Juifs et à Israël dans une optique pro palestienne, s'en prenait aux arabo-musulmans dans une optique celle là, pro sioniste (dans un  renversement d'opinion) alors les gouvernants actuels agiraient de même...

    En revanche, si Dieudonné s'en prenait aux athées, aux vrais laïcs, aux catholiques et aux protestants, là, le gouvernement actuel fermerait les yeux ( il est vrai que les athées, les laïcs, les catholiques et les protestants ne sont pas, ne sont jamais, un "sujet aussi sensible" ou considéré sensible, que l'homophobie, l'antisémitisme et le racisme)...

    Je déplore que, à travers puis ensuite au delà de cette "affaire là", l'on fasse d'un Dieudonné (ou d'un autre personnage controversé) un "martyr", un héros, une victime (qui passera à la postérité et dans le "panthéon des Grands", alors même que ce serait immérité et abusif - mais là, les juges seront les générations de demain dans un ou deux ou trois siècles)...

    ... La seule "satisfaction" -si je peux dire- (et là quand je dis "satisfaction" il s'agit là d'une réaction "purement épidermique") que j'ai eue en apprenant hier soir à 18h 45, la décision du Conseil d'Etat, c'est en pensant à tous ces gens agglutinés depuis des heures devant les grilles du Zénith, qui "en sont pour leurs frais", ont dû  poireauter inutilement (j'eus souhaité une pluie diluvienne, un froid féroce...)... "bien fait pour eux, à tous ces gens!" (en principe quand on va voir un spectacle d'un tel, c'est qu'on aime, qu'on adule, ce un tel )...

    ... Cela dit, tout cela dit, je me dois encore de préciser ceci :

    -L'humoriste Dieudonné, avant que l'on ne parle de lui comme on en parle depuis quinze jours, avant qu'il ne fasse la Une des médias, je ne le connaissais pas, déjà pour une bonne raison, c'est que je suis nul, archi nul en actualité people, et qu'à ce titre, je ne me suis jamais soucié de l'existence de ce personnage, que jamais ou très rarement je regarde à la télé une émission de divertissement variétés show... Je ne savais même pas à quoi il ressemblait (il a fallu que j'aille voir sa photo sur internet en recherche, wikipédia et autre)...

    -Je ne me sens guère qualifié (et encore moins autorisé) pour mettre en cause son talent, sa facture en tant qu'artiste s'il y a ou non, puisque je n'ai jamais assisté à aucune de ses représentations, puisque je n'ai aucune connaissance en vérité de tout ce qu'il produit sur la scène... À ce sujet, je pense que ce sont les générations futures, dans l'avenir, qui pourront peut-être juger, apprécier si oui ou non il doit être considéré comme un grand artiste ou au contraire un personnage de "seconde zone", et qui pourront donc lui donner la place qui devra être la sienne, ni plus ni moins, une grande importance ou non...

    -Ces gens dont je dis que "c'est bien fait pour eux" d'avoir dû poireauter des heures devant les grilles du Zénith (et c'est là ce que je ressens, je le souligne, "épidermiquement parlant") eh bien ces gens là, oui, je ne sais pas qui ils sont, et si le hasard faisait qu'un jour j'en rencontre, de ces gens, sans que je sache s'ils se trouvaient ce jour là devant les grilles du Zénith... S'il y a quelque chose dans leur regard, dans la réalité intime et profonde de leur être, dans leur comportement, dans leur visage, qui m'interpelle, m'émeut ou m'intéresse (et ferait que j'aurais envie de les connaître ou d'avoir avec eux un contact, une relation)... eh bien, je ne me demanderais pas si oui ou non, ils peuvent être des admirateurs de Dieudonné... Car au delà de tout ce qu'on peut ressentir, même très fortement, au delà de tout ce qu'on peut juger, critiquer, au delà de toute colère, de toute violence spontanément surgie... Il y a ce qui apparaît au delà du visible dans une dimension qui n'est plus celle dans laquelle nous pensons, nous agissons, nous sentons, nous percevons, nous nous comportons, nous regardons habituellement...

    Nous sommes en effet, quasiment en permanence dans notre vie, soumis naturellement à une force de gravitation, d'attraction, de laquelle on ne peut se soustraire ou se délivrer, et qui nous fait voir, sentir, penser, agir, nous comporter, rivés au "plancher des vaches"... Ou à la limite pourrais-je dire, sur le "plancher de la nacelle d'une montgolfière, à peine plus haut que le toit d'une maison, que la cime d'un arbre au dessous de nous...

  • Ces Grands Immortels, suite ...

    ... De tous ces "Grands Immortels" (écrivains, acteurs, chanteurs...) qui ont traversé le 20 ème siècle et dont certains, rares à vrai dire,  sont encore en vie en 2014 ; ceux qui m'ont le plus impressionné, pour lesquels j'ai toujours eu une prédilection, une préférence, et qui en moi ont fait vibrer une corde sensible (en général mais pas toujours forcément cependant) ; ce sont ceux qui sont "sortis de rien", qui furent des enfants de pauvres ou d'immigrés, et qui au début et durant une partie de leur vie, de leur jeunesse, ont mangé de la vache enragée, inconnus, rejetés qu'ils étaient, et sur lesquels aucun producteur, aucun éditeur, aucun réalisateur ne misait... Jusqu'au jour où enfin, ils ont réussi à émerger, de quelque cabaret parisien, de quelque scène, ou par quelque premier livre écrit, remarqués puis introduits dans le milieu par un personnage influent, un autre artiste, écrivain, homme de cinéma, de théâtre, producteur... Et que commençait pour eux, une plus ou moins longue ascension vers les sommets de la gloire...

    On ne peut pas dire que ceux là, de ces "Grands Immortels", soient légion ! Mais ce sont bien ceux là (et en ce sens je suis sûr que beaucoup de gens me rejoignent) pour lesquels j'ai, disons, une nette préférence, une plus grande admiration voire vénération...

    Mais je le répète : "pas forcément toujours", parce qu'en fait, la personnalité, la vision du monde, la dimension humaine, au delà et indépendamment du talent réel, tout cela entre pour partie dans cette prédilection, dans ce ressenti que je peux avoir...

    Cela dit, je pense à tous les "autres" : ceux qui sont ou furent des "fils et des filles de ... " et dont les parents sont du milieu, dont le père ou la mère est, était déjà un "Grand Immortel", un artiste, un acteur célèbre... Ceux là, sont nés dans la place on va dire, et d'emblée ils ont baigné durant leur enfance puis leur adolescence sous les feux de la rampe et leur environnement c'est celui dans lequel vivent leur père ou leur mère et parfois leurs deux parents ensemble. Ils ont fait forcément, comme un train sur des rails, l'école qui correspondait au mieux à la voie qu'ils cherchaient, que ce soit dans le cinéma, le théâtre, la scène, la chanson, l'humour ; et, même s'ils ne se sentaient pas destinés comme leur père ou leur mère à suivre le même chemin dans la même voie, ils ont pu "se faire" dans un autre domaine, différent de celui de leurs parents...

    Et là, en disant ce que je dis, il me vient une question, une question sensible on va dire :

    "Comment un fils de..., une fille de..., un né dans le milieu avec tout l'environnement favorable et pour... S'assume-t-il lui-même, conscient qu'il ne peut qu'être, de sa condition de fils de..., de fille de..." ?

    J'imagine (ou je pressens) que "cela ne doit pas être évident", d'être le fils ou la fille d'un "Grand Immortel", d'un grand artiste ou écrivain ! Pas évident de devoir s'assumer en tant que tel, conscient du fait que sans le succès du père ou de la mère, sans l'environnement pour, il en  aurait été tout autrement, sans doute rien de tout cela, une traversée de  désert, un "no man's land" d'anonymat, d'insuccès, de non reconnaissance, d'indifférence... Et j'essaye d'imaginer ce qui peut alors être ressenti par cet "héritier bénéficiaire" on va dire...

    Qu'en pensez-vous ? Y avez-vous déjà pensé ?

  • Un vent musiqué qui fouette le visage

    Il était une fois un trou du cul qui pensait...

    Et pour un trou du cul, aux dires des trous de bec bien dessinés... Penser c'est un péché, cela pue et dérange!

    Au lieu de vous péter un fa dièse bien naturel dans une réunion mondaine, ça vous fait un vent musiqué de prose qui vous fouette le visage.

    Peut-on étrangler un trou du cul qui pense? Le boucher d'un suppositoire afin qu'il ne fasse que des la mineur, le planter sur un vélo sans selle afin qu'il largue ses vérités dans le tube et n'empêche pas de pédaler?

    Un trou du cul qui pense ça fait perdre aux cervelles le sens des points cardinaux.

    Un trou du cul qui pense ça gêne les trous du cul ordinaires qui pètent avec le cul des autres...

    Un trou du cul qui pense ça se laisse pas forcément baiser sur des couchettes de première classe...

    Un trou du cul qui pense ça n'a pas de religion, ça pète sur la politique et sur la morale et c'est moins hémorroïdé qu'un trou du cul qui se prend pour une cervelle.

    Un trou du cul qui pense ne laisse souvent rien d'autre à son notaire que la peau dont il est fait... 

  • Ah, ces Grands Immortels !

    ... De la chanson, et de cette époque "mythique" du milieu du siècle dernier, en gros de 1950 à 1970... !

    J'ai regardé hier soir sur France 2, l'émission spéciale en hommage aux crooners des années 50, et en particulier dans la première partie de l'émission, à Paul Anka, aujourd'hui âgé de 72 ans, né le 30 juillet 1941.

    Paul Anka, dont je me souviens de la photo sur pochette de disque 45 tours en 1958 quand j'avais dix ans (et lui 16) : il débutait et déjà ses disques se vendaient "comme des petits pains" !

    À cette époque je vivais à Tunis avec mes parents, et ma mère toutes les semaines achetait le dernier "tube" à peine sorti, le dernier 45 tours à succès... C'est ainsi que la chanson "Diana", de Paul Anka... et que d'ailleurs bien d'autres, de cette époque "mythique" de tous ces "Grands Immortels" de la chanson, de la musique, du matin jusqu'au soir si ce n'était parfois du soir jusqu'au matin ; emplissait et embellissait les jours vécus, des jours qui passaient chacun d'entre eux comme  de petites vies entières, des vies qui avaient un sens, une profondeur, une continuité, une âme...

    ... Tous ces "Grands Immortels", de la chanson, de la littérature, de la musique, du cinéma, du théâtre... De ces années du milieu du siècle dernier, jusque vers 1970 (et par extension ou prolongement jusque vers 1980)... Plus de cinquante ans après pour ceux des années 1950/1960, on les écoute encore, on les "ressort", on produit des extraits, des passages de toutes ces émissions de radio et de télé dans lesquelles ils sont passés ; et les écrivains on continue de les lire, et les acteurs, les comédiens on voit encore leurs films que l'on ne cesse de repasser d'une année à l'autre...

    Et même dans les soirées de fêtes de mariage, d'évènements familiaux, dans les bals musette, les bals populaires, les soirées animées avec repas et danse des associations, partout dans toutes les bourgades de France et d'ailleurs, l'on repasse, rejoue, interprète et réinterprète tous les "grands succès" de cette époque mythique qui s'étend en gros, de l'après guerre jusqu'aux "années sida"...

    C'est dire, déjà seulement dans le monde de la chanson et de la musique, l'immense richesse, pour ne pas dire l'apogée, le "summum" dans le genre!

    Et il en est de même, dans le monde de la littérature, du cinéma...

    Je pense aux gens de ma génération (ou "à peu près", à dix ans près en plus ou en moins) qui ont vécu leur enfance et leur adolescence dans l'atmosphère et avec la présence virtuelle mais comme réelle, de ces "Grands Immortels" : nous avions là chaque jour dans nos petites vies ordinaires telles qu'elles étaient, avec les copains les copines, les parents la famille, l'école, les fêtes les vacances la colonie la plage le centre aéré, les bals du 14 juillet la fête du bled... Comme des repères, des repères "forts", inaltérables, et cela impulsait nos rêves, nous motivait dans ce que l'on entreprenait...

    Et, plus que ce désir inassouvi -et lancinant- de visibilité, de célébrité, de gloire, qui, il faut le dire, était plus ou moins en nous ; il y avait ces "repères", ces "valeurs sûres", ces "idoles", ces personnages mythiques dont on accrochait la photo dans nos chambres... et qui incarnaient à leur manière tout ce dont nous rêvions, que ne nous pourrions sans doute jamais atteindre mais qui entrait cependant dans nos vies, nos vies telles qu'elles étaient avec nos chagrins, nos enthousiasmes, nos passions, nos amours,  nos déboires, nos petits drames et parfois le succès que l'on parvenait à avoir en "s'existant" auprès des copains des copines ou de tout le village ou de tout le quartier...

    ... Peut-on "en dire autant", pour les générations nouvelles, celles de maintenant, des années 2000, des années 1990, qui vivent leur enfance, leur adolescence, et n'ont plus tout à fait les mêmes "repères" ?

    Est-ce que par exemple, ces jeunes auteurs et écrivains  trentenaires, ces jeunes chanteurs, rappeurs, musiciens dans quelque groupe ; et d'une manière générale tous ces personnages hommes ou femmes jeunes ou moins jeunes, artistes, comédiens, etc... que l'on voit le samedi soir à "on n'est pas couché" ou dans des émissions télé de divertissement ou de télé réalité... Est-ce que tous ces gens là, oui, aujourd'hui peuvent être des "repères" forts", inaltérables, représenter des choses en nous en lesquelles on croit, auxquelles on rêve?

    Il me semble aujourd'hui que c'est le désir de visibilité, de célébrité, de performance, qui l'emporte... Et cela le plus rapidement possible.

    Avoir par exemple, des centaines d'"amis" sur Facebook, un blog visité par mille personnes chaque jour, faire un bouquin comme on fait un gâteau pour un anniversaire entre copains...

    Tout cela me semble pauvre et me rend nostalgique, moi qui précisément et actuellement, ne veut pas se laisser envahir par la nostalgie, cette nostalgie que j'assimile plus ou moins à une sorte de "paradis perdu tant regretté" (et qui finit mine de rien par te rendre ennemi du présent, inaccessible à ce qui va émerger dans l'avenir)...

    En dépit de tout ce que je peux ressentir (et que je ressens vraiment très fort), j'ai quand même de l'espérance, à dire vrai une véritable foi en l'avenir, en les nouvelles générations, et, ces visages qui ne sont pas encore nés, je les aime déjà... Je les rêve, je les imagine, je voudrais être avec eux, leur parler, les voir, savoir ce qu'ils vont attendre de la vie...

  • Le pernohel

    Une bordée de flèches sur le renne de tête du Pernohel

    Le convoi part à la dérive dans les cieux glacés

    La hotte du Pernohel dégringole avec sa tonne de joujoux

    Le Pernohel ouvre son parachute

    Il descend lentement

    L’on ne voit qu'un gros derrière en chute libre

    Un gros derrière tout barbouillé de chocolat au lait

    Qui va puer le nez haut levé des enfants bien élevés assis sans bouger

    Un gros crachat véreux bien gras bien vert sur la motte de beurre d’escargot qui déborde d’un grand plat ovale au rayon charcuterie d'Intermarché

    Une mouche crevée sur le canard à l’orange en vitrine chez Madame la bouchère

    Des crevettes qui puent le sexe sale dans leurs barquettes au rayon poissonnerie de Shopi

    Des fromages démoniaques qui tremblotent sous leur cloche sur le buffet de tati

    Le gâteau affaissé dont la crème coule sur une nappe souillée au réfectoire de la Maison de Retraite

    Visages caramélisés et Grands Immortels de la littérature et de la peinture et du cinéma

    Joujoux déglingués empilés sur le trottoir à côté des poubelles renversées dès le lendemain de la fête des Rois

    Beurre d’escargot refroidi dans les assiettes de la veille au soir et Vérités Éternelles la gueule de bois et des gargouillis dans le bide

    Canard à l'orange fleurant le beurre rance dans le frigo qui ferme plus et Sérénades Sacralisées c'est reparti mon kiki pour un tour de téterre

    Ricomdiyou ouiv' cucuse de réception au deux de l'an du voisin tatillon

    Un tracteur de gosse sans ses roues de derrière et un nounours unijambiste aux Emaüs

    Adieu à la revoyure Monsieur le Pernohel

  • Dix millions de gens

    Dix millions de gens n'a pas de visage

    Dix millions de gens c'est comme la fin turbulente et fracassée d'un océan sur une côte un jour d'été ou d'hiver

    Dix millions de gens ce sont ces meutes blanches hurlantes de visages mêlés dans les vagues qui se jettent sur la plage un jour de tempête

    Dix millions de gens a-t-il une âme s'il n'a pas de visage

    Dix millions de gens n'a pas de visage

    Mais dix millions de gens ça peut bander à la vue d'un seul visage sur un écran de télé ou d'ordinateur ou de smartphone

    Mais la bandaison c'est comme un ballon de gosse qui se gonfle puis éclate

    Et ne demeure suspendu au bout de dix millions de gens

    Qu'un petit bout de caoutchouc fripé

  • La porte étroite

    La porte du bonheur est une porte étroite, chante Jean Ferrat

    Et cette porte si étroite est comme le film encore plus fin et plus transparent que le film de plastique qui recouvre un pot de confiture

    Et le film est un passage entre deux mondes

    Et comme ce film nous ne le voyons pas

    Nous croyons être dans le même et unique monde

    L'artiste le poète ou l'écrivain nous fait passer par les mots par l'image

    Ou encore par des figurines ou des objets confectionnés

    Dans l'existence du monde que l'on ne voit pas

    Mais cela ne veut pas dire que seul l'artiste le poète ou l'écrivain

    A ce pouvoir de nous faire passer de l'autre côté du film transparent

    L'artiste le poète ou l'écrivain n'est pas une exception culturelle

    Car tout être vivant a une lumière en lui

    À vrai dire des éclats de lumière

    Qui reconstituent le puzzle de la lumière

    Devenant le film transparent et traversable

  • Existence

    Exister

    S'exister

    Être existé

    Exister c'est être comme la fleur qui devient cerise sur la branche du cerisier

    S'exister c'est quand tu te mets une boule rouge sur le nez et que tu fais un numéro de clown sur la place publique devant cinquante spectateurs

    Être existé c'est être comme l'écolier dont le dessin a été accroché au mur de la classe par la maîtresse

    Mais en vérité

    Exister et s'exister sans être existé c'est ce qui arrive à beaucoup d'entre nous

  • Poison des mots

    Les mots vils

    Les mots acides

    les mots perfides

    Les mots sans vie

    Les mots amers

    Les mots qui crient et qui pètent

    Les mots inutiles

    Les mots pour arranger

    Les mots trompeurs

    Les mots menteurs

    Les mots en supernova

    Les mots en jolie pochette à la veste de son costume

    Les mots du sexe cru et nu

    Les mots crevettes qui puent

    Et tous ces mots à propos de tous les maux

    Et tous ces mots que l'on ne dit jamais

    Que l'on n'entend jamais.

    Ces mots qui claquent comme des coups de fouet sur le dos des ânes et des chevaux rétifs

    Ces mots de la guerre et des passions exacerbées

    Ces mots portés à bout de voix tels des étendards

    Ces mots en cortèges ou en processions

    Ces mots mille fois scandés et hurlés

    Ces mots d'ennemour

    Ces mots d'une si grande Une à la Une mais d'une si courte saison

    Ah qu'il s'en dit qu'il s'en écrit de ces mots

    Mais faut-il les bannir tous ces mots

    Faut-il en user de certains

    Inutiles

    Ou oeuvre d'écriture

    Mais ne blessant que les poisonneurs

  • Les mots

    Ces mots dont j’ai rêvé du pouvoir que je leur conférais...

    Ces mots qui, dans le monde où nous vivons, n’ont d’autre pouvoir que celui de nous faire rêver…

    Ces mots qui, des poètes Grecs aux rappeurs de nos cités actuelles en passant par Hugo, Prévert, Brel, Ferré et Brassens… n’ont pas changé le monde.

    Ces mots qui, parfois, ont été pensés sans être dits ou écrits…

    Ces mots devenus poussière ou épluchures…

    Ces mots qui ont été criés, adulés… Et si souvent trahis !

    Ces mots pour la seconde civilisation du feu… par les mots.

    Ces mots que les bêtes n’ont pas mais dont elles n’ont pas besoin pour se faire comprendre et aimer…

    Ces mots magiques, ces mots vertige…

    Comme des pluies d’étoiles dans les regards pour ne plus mourir de soif dans les grands déserts relationnels…

    J’ai une si haute idée des mots, qu’en face de leur grandeur, de leur force, de leur beauté et de l’énergie qui les anime...

    Je me sens comme un enfant...

    Je voudrais que les mots en effet, puissent allumer le feu qui n’a encore jamais existé…

    Je veux que les mots soient des visages traceurs d’empreintes sur les attentes blessées qui bordent les chemins d’infortune.

    Je veux que les mots portent leur regard plus loin que tout ce qu’ils disent.

    Je veux que les mots soient des mains et que leurs doigts effacent les cicatrices.

    Je ne demande pas aux mots le pouvoir de convaincre ou d’entraîner, ni la force d’atteindre les sommets d’une pensée qui reste encore à découvrir.

    Je veux que les mots soient libres.

    Je veux que les mots ne soient pas seulement les mots des gens que l’on aime écouter.

    Je veux que les mots changent la vie que nous vivons, en nous et autour de nous.

  • Un jour je m'envolerai

    One day I’ll fly away

    Comme dans cette très belle chanson de Randy Crawford

    Oui je m’envolerai au loin

    Mais je n’ai pas de programme de vol

    Je vole déjà

    Ma vie est toute petite pour un vol qui est trop grand pour moi

    Irais-je dans les étoiles

    Dans des rêves qui ne sont pas les miens

    Dans de l’espérance

    Dans des visages qui ne sont pas encore nés 

     

    One day I’ll fly away

    Ce serait presque un hymne

    Mais je n’ai pas de drapeau

    Même si je vole en rouge en blanc et en noir

    Je vole avec le rouge de la vie

    Le blanc de l’immaculé

    Le noir de la liberté

    One day I’ll fly away

    Et dans un envol que je ne verrai jamais

    J’aurai le souvenir de tous les visages que j’ai aimés

    Je ne savais pas ce qu’était mon vol

    Mais je volais pour ces yeux qui me voyaient voler

     One day I’ll fly away

    ... Pour écouter la chanson de Randy Crawford : http://www.youtube.com/watch?v=fDBwHLtRcgs

  • Iles de temps dans l'espace

    Certains moments de solitude semblent plus difficiles à traverser que d'autres

    Parce qu'ils sont accentués d'atmosphère

    Il suffit d'une légère brise d'après-midi d'été sur la place déserte d'un village

    D'un miaulement de tronçonneuse dans un bois tout proche

    De la lumière d'un ciel brouillé et floconneux où se mélangent les gris les blancs et les bleus

    Alors les visages absents

    Ceux de l'heure d'avant et tous les autres visages aussi

    N'étant plus à mes côtés sur ce banc où je viens de m'asseoir

    Semblent s'éloigner

    Se diluer dans le ciel brouillé

    Et la brise d'après-midi emplie de sons

    De couleurs et de senteurs

    Et d'ailes blanches de papillons

    Appelle et rappelle une femme un enfant un ami

    Ou tout aussi immensément

    Ces êtres que j'aurais aimé rencontrer

    Il y a comme une sorte de stérilité tragique

    Dans ces moments de solitude

    Et je n'aime pas ces îles de temps perdues dans l'espace

    Surtout avec ces élans et ces affections qui me traversent

    N'atteignant que le ciel de l'île

    Ce ciel de l'île où nuagent des écharpes en forme de visages

    De visages disparus

    De visages jamais atteints

  • La bibliothèque d'Alexandrie

         L'on ne peut comparer la bibliothèque d'Alexandrie détruite dans un incendie en 288 Av JC, avec tout ce qui se détruit ou disparaît sur le Net depuis plusieurs années, de sites, de blogs, de forums de discussion...

    Il faut, il faut, oui, certes... "faire la part des choses" entre ce qui fut, pour la bibliothèque d'Alexandrie avant -288, un temple d'érudition, de savoir, de culture, de pensée, de littérature ; et ce qui fut avant aujourd'hui avec les forums de discussion/échange, les sites et les blogs, un marché de l'expression publique à ciel ouvert...

    ... Si seulement, avant les disparitions d'aujourd'hui qui précipitent tout le contenu d'un forum, d'un site ou d'un blog au pilon de l'oubli, il y avait eu au moins, de ci de là, quelque explorateur (on va dire "quelque journaliste d'investigation témoin de son temps et de ce qui se produit sur la scène publique" pour "immortaliser" quelques séquences et conserver ces séquences comme l'on range des livres sur des étagères ?

    Ainsi est un marché de l'expression publique à ciel ouvert : un lieu, un espace immense que l'on ne peut même pas qualifier de "bibliothèque virtuelle" où foisonne tout ce qui peut se crier ou se chanter ou s'ébattre et voler d'un étal à l'autre ; un lieu où ne sont pas édifiées de vraies bibliothèques avec des murs de pierre et des étagères chargées de livres ; un lieu, un espace sans limite en lequel tour à tour s'emplit et se vide tout ce qui se dit, s'écrit à ciel ouvert...

    ... Bien sûr, c'est vrai : entre un petit chat des rues qui fait pipi dans un caniveau, et un orangoutang qui écoute du Mozart sur un phonographe dans une savane africaine... Qu'est-ce que le photographe préférera "immortaliser" ? ... quoique...

    ... On va dire que la bibliothèque d'Alexandrie du 21 ème siècle, c'est peut-être Internet Archives, cette sorte d' "oeil de l'oncle Sam" qui voit tout qui sait tout qui mémorise tout, "photographiant" une fois deux fois trois fois... C'est à dire "collectant" ce jour là, ou un autre jour, un site, un forum, un blog tel qu'il apparaît ce jour là...

    Mais je me demande si l'on peut réellement "faire un rapprochement" entre la bibliothèque d'Alexandrie et Internet Archives... J'en doute...

    Pour Internet Archives, je crois que l'incendie ce sera... des ères géologiques qui se superposeront l'une sur l'autre, ou... une géante gazeuse qui avalera Téterre...

  • Affreux jojo

    Faire le beau

    Faire le gentil

    Comme un joli toutou comme un joli minou

    Résultat ça pipe pas un mot dans la chaumière

    Ils ont vu mais ils s'en tapent

    Ou ils en pensent pas moins

    De la pirouette du toutou

    De la cabriole du minou

    Qui encore une fois fait un joli numéro

    Un joli numéro qui passe inaperçu

    Alors quoi quoi quoi faire

    Peut-être faire le vilain

    L'affreux jojo

    Le qui pue

    Le qui rote dans le cassoulet

    Ça au moins ça fait piper mot

    Et des clous qui rentrent dans le gras du panard

    Ça fait un peu momo mais tant pis tant pis

    S'il y a que ça pour que ça pipe mot

    Alors pourquoi pas

    Et après on reviendra au joli numéro

    Qui peut-être sera vu et fera piper mot

    On fera de nouveau le beau le gentil

    On cesse jamais d'être ce qu'on est

    Au fond au fond

    Au fond de son réacteur

  • Niveau scolaire en recul, en France (suite)

         Voici ce qu'écrit Christian Seguin, page 10 de Sud Ouest Dimanche, le 8 décembre 2013 (page actualité) au sujet de l'école en France :

    "La France, qui aspire par nature à éclairer le monde, n'a pas vocation à s'assoupir dans le ventre mou des classements internationaux. C'est donc avec une vive émotion teintée d'indignation qu'elle découvre sa position de pays petitement moyen, sans aucune performance, sinon celle d'être la puissance qui n'a pas la meilleure école du monde comme elle y prétendait, mais la plus inégalitaire. L'ascenseur social ne monte plus. Un quart de la jeunesse française reste assis au creux du fossé. Lorsque l'on appartient à un milieu défavorisé qui abuse de nouilles, on a beaucoup moins de chances d'intégrer la partie de la classe qui choisira son menu. Cette révélation quasi biblique nous dit combien s'impose le combat du siècle, qui s'ajoute aux chantiers pharaoniques prioritaires. Après avoir imaginé la notation traumatisante, l'apprentissage par coeur abêtissant, la diminution du travail scolaire, la suppression des notes, l'enseignement ludique, l'expression avant le savoir, le bac pour tous, on pourrait orienter le premier poste budgétaire de la nation vers l'échec scolaire et l'inadaptation des programmes, que l'on n'appellerait d'ailleurs plus programmes, un mot trop connoté au passé. Pour à peu près réussir sa vie, on pourrait même un jour se concentrer sur les fondamentaux, tels que lire, écrire et compter. C'est la réflexion profonde de 2013, en attendant de tricoter et détricoter tous ensemble les mesures phares des quinquennats à venir."

    ... À propos de "l'ascenseur social ne monte plus", je pense à ces "écoles prestigieuses parmi ou sinon les meilleures du monde" en France, à ces écoles dans lesquelles s'inscrivent des étudiants étrangers, asiatiques le plus souvent, à ces écoles qui n'arrivent pas en dépit de la qualité de leur enseignement et de la formation qu'elles dispensent, à "contrebalancer" la faiblesse, la médiocrité, de l'école "en général" en France... C'est bien là le drame : d'un côté ce qu'il a de meilleur mais demeure difficilement accessible du fait que "l'ascenseur social ne fonctionne plus", et d'un autre côté cette "philosophie" du "bac pour tous" et de " l'enseignement ludique" (en ce sens, l'article dans Sud Ouest Dimanche de Christian Seguin rejoint ce que je disais des livres de classe d'aujourd'hui axés sur l'image, la couleur, les exercices sous la forme de jeux)...