Articles de yugcib

  • Terre inconnue

         "Rendez-vous en terre inconnue", le 1 er novembre sur France 2.

    Pourquoi Frédéric Lopez accompagne-t-il dans ses expéditions, seulement des vedettes, des gens "importants", des célébrités ? Et non pas des gens tels que vous ou moi, pouvant se porter volontaires ?

    Nous sommes bien là dans un genre de tourisme qui n' a rien à voir le tourisme "dollar" (ou Euro) en avion, bus climatisé, hôtel 4 étoiles-piscine, circuits formatés et boutiques et galeries commerciales, porteurs de bagages et guides chevronnés, camescope, appareil de photos, internet GPS et je ne sais quels autres équipements à la mode...

     

    ... "Rendez-vous en terre inconnue" est une émission "grand public" et à ce titre, l'on y retrouve le côté "émotion forte à effets spéciaux" -avec quelques embrassades et quelques larmes- et de surcroît des scènes et des situations pour le moins "un peu surdimensionnées" par rapport à une vraie (et brute) réalité humaine... Certes, il y a dans ces aventures hors du commun (et dans ces expériences vécues) "beaucoup de vrai", du réconfortant en ce qui concerne la qualité et la profondeur et la sensibilité dans certaines relations humaines... Mais il n'en demeure pas moins que des millions de gens regardent cette émission bien calés dans leurs fauteuils, et immergés dans le confort et les aisances d'une civilisation développée avec eau chaude, salle de bain, WC et cuisine intégrée, chambres séparées pour les gosses ; facebook, internet, smartphone, GPS, télé câblée, compte en banque, maison avec véranda et j'en passe et j'en passe...

    Soit dit en passant "par les temps qui courent" (avec notamment cette crise de l'Euro et cette croissance économique qui bat de l'aile, ce chômage galopant et ce nombre impressionnant de gens à la rue) il n'est pas sûr que cet "état plus ou moins heureux des choses" puisse perdurer...

     

    ... Je suggère à Frédéric Lopez pour l'une de ses expéditions futures (il a bien un blog, un forum et une boîte mail) qu'il propose une rubrique sur son blog dans laquelle des volontaires pourraient s'inscrire... Je ne pense pas qu'il y ait "grand monde" : sur les quelques centaines de milliers de nos concitoyens qui vivent comme je le dis plus haut, il s'en trouve assurément un bon nombre d'entre eux, qui pour rien au monde, accepteraient de vivre quinze jours dans des conditions inconfortables , c'est à dire en allant faire caca dans un fossé, en se lavant au seau près d'une pompe à eau ou au ruisseau, en dormant par terre dans une couverture... Et surtout en travaillant "dur" avec les gens du pays et en participant à leurs activités... Sans compter les kilomètres à pied en haute montagne, sur un haut plateau de Mongolie, dans un désert Bolivien, ou des trajets en bicyclette sur plus de cent kilomètres chargé comme un bourricot dans les mêmes lieux "géographiquement impossibles"...

    C'est bien beau facebook, internet, GPS, piscine, véranda, cuisine intégrée, salle de bain, beaux Vécés, belle baraque, bagnole, camping-car, résidence secondaire, vacances aux Antilles, hôtels 4 étoiles et chambres d'hôtes... Mais sur le milliard "d'Occidentalisés" de cette planète, 90 % d'entre eux sont incapables de faire pousser une tomate ou une salade (et à plus forte raison se nourrir pour survivre perdu dans la nature)...

     

    ... Oui, c'est bien tout cela que j'ai, juste le temps d'une réflexion, pensé à dire à Frédéric Lopez sur son blog ou dans un mail... Mais "autant pisser dans un violon"... Il se trouve assez de gens "célèbres" et déja bien médiatisés, pour se prêter à ce genre d'expérience - de préférence pas des gens de soixante ans- d'autant plus que "tout est prévu" car en cas de gros pépin, une assistance médicale héliportée arrive dans l'heure même)...

     

    ... Je ne dis pas, cependant, qu'il faut systématiquement se gausser de cette culture et de cette civilisation "occidentalisée et développée", s'insurger avec fanatisme et parti pris contre elle.. Car elle participe en fait à l'évolution générale du monde en fonction des découvertes scientifiques et technologiques, ainsi que d'une aspiration d'un toujours plus grand nombre d'humains à "vivre mieux"... Je dis seulement que nous pouvons parfois nous interroger...

     

  • La crise grecque

         En fait, pour dire la vérité : je n'y comprends rien. Ces mécanismes financiers, cet "effet domino" que l'on évoque, font l'objet de toutes sortes de débats, d'émissions télévisées (C dans l'air, Mots croisés, par exemple) ... et l'on en parle chaque jour depuis deux semaines dans les journaux télévisés... Et ce sont toujours les mêmes propos que l'on entend (qui laissent entendre d'ailleurs que c'est "très grave")... MAIS, jamais l'on ne dit avec des mots simples et bien concrets, comment cela va se traduire dans notre vie quotidienne : pour acheter notre baguette de pain le matin, pour faire nos courses, pour payer nos factures, rembourser le crédit mensuel de la voiture et de la maison, payer le loyer, le gaz, l'électricité, l'eau, etc. ... Sans compter tous les prélèvements qu'on a dans le mois : internet, téléphone, impôts sur le revenu, impôts fonciers et taxe d'habitation...

    On dit "l'Euro va être attaqué, l'Euro ne vaudra plus rien, il faudra sortir de l'euro, l'euro va exploser..." Est-ce que par exemple cela veut dire que quand tu achèteras une baguette de pain avec tes 0,87 euro, ce sera comme si tu donnais des cailloux à la boulangère ? Si on remet des Francs, est-ce que tes 1500 euros de retraite ou de salaire deviendront tout bêtement 1500 Francs... mais (horreur) avec une baguette de pain qui vaudra, non pas 87 centimes de franc, mais CINQ Francs ?

    ... ça, ce que je dis là, les questions que je pose, personne n'en parle dans les émissions télé C dans l'air et mots croisés, ni dans les journaux télévisés ! (Ils emploient tous un langage dans lequel entrent seulement des termes abstraits, un langage qu'ils s'efforcent de rendre compréhensible pour le commun des mortels, mais tout cela demeure opaque)... Comme si la "vraie/vraie vérité" c'était en fait quelque chose de si terrible que l'on ne peut en aucun cas la dire tout net !

     

  • 2012...

         Ce rat -ce l’année de la souris… Ou du cochon à plumes ?

    Les poules boulimiques aux ailes d’aluminium et aux pattes de pie trempées dans le vinaigre de prune, becteront-elles sans les percer, les coccyx de moineaux à écailles ?

    Y aura-t-il des Papes et des Muphtis en surnombre dans le kaléïdo-trombinoscope des Politicologues , et les Vases Sacrés déborderont-ils de cœurs de pigeon et de ballons dégonflés ?

    Qui peut aimer sans aucun sens ni culte à bascule ? La poule qui pète ses tripes en pondant un oeuf de pierre ou le gavial à museau long qui baille devant un bébé tigre ?

    Sudoku, le petit bossu descendu de l’arbre à Zidé en même temps que le patamacaque cendré huppé des Cloches Bannies m’a dit… et même redit : « Remballe tes petits anchois sans chercher le sens de leur queue ou de leur tête, non pas dans le Moralemballage taché de suie et de pipijoui des Moralcavalcadeurs, mais dans les barquettes trouées à coups de bec de moineaux, du grand Shopi-la-peau-du-pis dévasté par la révolte des Plouques »…

    Et chez Champion-la-peau-du-croupion, et chez Super-U-la-peau-du-cul, ton porte-monnaie accordéone en sol majeur à chaque musique nouvelette...

    Elles sont truquées les barquettes sous vide, et déguisées en clownettes les caissières au jour des dix ans de tonton Champion !

    Il faut zieuter, mirer, s’y crever la rétine dans l’œil’ton du microscope électronique version Explorer Myn dow rain…

    Toutes fasdebouquées, les visagettes en quête d'après Saint Sylvestre sont pleines de touïts dans leurs regards et se disent qu'au 31 décembre s'il faut que Téterre se craquèle, eh bien qu'on fasse un carton avant...

    Infestées de mouchettes , les bouses caquent sous quarante pas de plantigrades ventripotents balançant au bout de leur patte droite de devant, une petite serviette en cuir de chevreau...

    Se-rat-ce l'année du rat qu'on teint, ou du la peint en bleu sur la sixième ligne de la portée ?

    Bon bourricot-à-versaire, pour tes dix ans de saccage, Eurolyn ! Good-bye Lénine, et hello miss Austerity Général !

     

    ... Essayez de traduire ça en Inglish, en Patahouète ou en Chintok !

    ... En attendant et suant et soufflant, on te dit, "Ils" te disent et te répètent et te fracassent la caboche : "daube moi ça, y'a rien d'autre dans la boutique, daube moi ça ou crève!"

     

    ... Ce qu'ils appellent "la Croissance", c'est rien d'autre que des croissants toujours et encore recouverts de couches de sucre glacé : plus il y a de sucre glacé, plus on met sur la nouvelle couche, de jolies punaises gominées... Et plus on croit croître ! D'autant plus que sur l'ardoise, la craie dit qu'elle fera de plus longues traces en forme d'épines !... Et tu y passes la langue sur les épines !

    A-t-on idée de vouloir faire des croissants, sans se préoccuper de savoir si l'on a le four et la farine !

     

    ... Que ce soit en 2012 – sinon même en 2011- ou quelques années plus tard, ou bien des années plus tard...

    Je mourrai avant Audrey Pulvar...

    Et à plus forte raison, avant la petite Sarkozette...

    Je ne verrai donc pas ce qui sera et que verront Audrey Pulvar et la petite Sarkozette...

    À ma mort, Audrey Pulvar sera-t-elle encore la compagne d'Arnaud Mondebourg ? (Montebourg, mais pardonnez moi l'orthographe inexacte)...

    Le monde bouge certes, mais il se fige en tressautements de lombric sectionné en plusieurs morceaux dont on réalise seulement l'existence d'un seul morceau, le dernier coupé...

    Bah, la petite Sarkozette à l'âge de six ans sera première à la meilleure école de Neuilly sur Seine...

     

    ... Deux mil' tous, tout est faussé dans le jeu de la danse où l'on embrasse qui l'on veut !

     

     

  • Le fil de la bobine

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         Tant que l'on n'aura pas déroulé complètement le fil de la bobine, ce sera seulement sous la pression des doigts ne tirant qu'une partie du fil, que l'on envisagera d'utiliser le fil...

    Et le fil de la bobine est si entremêlé, si inextricable, et si empli de noeuds, que le dérouler s'avère d'une grande difficulté : déjà, à seulement le tirer de dix centimètres, il casse... Et s'il ne casse pas encore, il y a tous ces noeuds à défaire, et à continuer de tirer jusqu'à ce que des noeuds plus serrés encore, apparaissent...

    C'est si difficile que presque personne ne se risque au delà de ces premiers noeuds que l'on a défaits, à démêler et dérouler davantage... D'autant plus que la partie déroulée du fil semble toujours suffire.

    Mais l'on n'a pas idée de tout ce qu'il faudrait relier, l'on n' a pas idée de la longueur du fil de la bobine...

     

  • Une première neige dans les Vosges

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    ... Mercredi 19 octobre 2011 vers 10h le matin, à La Chapelle devant Bruyères, au lieu dit "Le pré Galé", 460 mètres d'altitude...

    Et cette autre image, même lieu :

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    La température était de 3 degrés, normalement cela aurait du être de la pluie, mais en altitude l'air était plus froid et chargé d'humidité...

  • Le Hollande est plus prisé que le Brie

    ... Ainsi le Brie fut-il jugé au final, un peu moins conforme aux senteurs de bon aloi des marchés à fromages, et opta-t-on pour le Hollande...

    Et maintenant, gare au jeune félin qui bondit de son antre, saute sur les fromages et marque de son urine autant le Hollande que le Brie ou le Cantal ou le Munster...

    Et que dire de cette panthère qui rode, embusquée mais bien visible, partant en chasse, feulant aux tours de queue du jeune félin, foudroyant de ses yeux le Hollande et le Brie ?

    Et le Général Guignolet, montant en scène, esquivant les tomates jetées des rangs, ses centurions en tortue derrière lui ? Parviendra-t-il à se positionner lors de la bataille finale en seconde formation de choc ?

     

     

  • Les mots

         Les mots ne sont rien par eux mêmes, si bien assemblés qu'ils soient et quelque effet qu'ils produisent... Et il en est de même des phrases, des paragraphes, d'un texte tout entier, d'un livre... Et aussi d'un discours.

    Ce qui compte c'est ce que les mots, et les phrases, et les livres, et les discours, contiennent... Ce que les mots veulent dire, l'énergie qui les anime, la force et le pouvoir qu'ils ont, et ce qu'ils donnent à partager, à vivre ensemble, ce qu'ils font faire, ce qu'ils font penser, concevoir, regarder, toucher, entendre, respirer... Ce qu'ils font exister, se renouveler, se souvenir, l'élan qu'ils donnent pour agir, la vibration qui est la leur lorsqu'ils sont prononcés et qui incite au sursaut contre l'immobilisme, contre le sens ordinaire et commun, confortable mais réducteur, contre la fatalité, contre la banalité, ou contre la désespérance...

    ... Il n'y a rien de plus triste en littérature ou en expression écrite, qu'un texte "dans les règles de l'art", c'est à dire sans fautes d'orthographe et d'un Français "niveau correct", mais creux, insipide, d'une brève ou interminable suite de mots assemblés produisant quelque effet ; qu'une histoire d'une banalité à mourir d'ennui ou que des pages exténuantes, même si cette histoire ou ces pages sont d'une facture parfaite...

    Si les mots disparaissaient de la circulation humaine, il faudrait bien alors à la littérature et à la poésie d'autres véhicules pour transporter les gens et les faire se rencontrer...

    Au moins si j'ose dire, un texte qui n'est qu'un bel assemblage de mots, est d'une beauté purement technique, et à ce titre il vaut bien n'importe quel objet de décoration d'une bonne facture... Mais en vérité, de très nombreux textes, surtout depuis que les gens publient et diffusent eux-mêmes les écrits qu'ils produisent sur des blogs, ne sont même pas "un bel assemblage de mots", et les mots de surcroît, sont mal orthographiés ou employés dans un sens incorrect.

    Pour les discours, ou dans l'expression orale, c'est encore pire... En particulier les discours politiques des leaders ou des chefs de parti : les mots sont assemblés sur les mêmes "canevas à discours", puis scandés sur les mêmes rythmes, et leur vibration fait seulement trembler de la peau déjà sensibilisée par le souffle de l'air ambiant du terroir où l'on demeure de préférence...

     

  • "Vicky Cristina Barcelona", de Woody Allen

         Dimanche 16 octobre sur France 2 " Vicky Cristina Barcelona ", de Woody Allen...

     

    J'ai vu jusqu'à la fin, mais dès la première minute et jusqu'à la dernière scène, je me suis trouvé pour ainsi dire en face d'un univers et d'une culture "totalement autres" que les miens !

     

    Un côté "libre penseur" dans cette oeuvre, mais dans une culture "libre pensée" qui n'est pas du tout celle du "libre penseur" que pourtant je suis !

     

    Deux touristes américaines "intellectuement piquées" pour ne pas dire "complètement givrées", un artiste Espagnol à la beauté insolente et provocante, complètement déjanté, dragueur compliqué, des relations amoureuses et complexes (l'une des 2 filles, Vicky vient juste de se marier et elle est séduite puis tombe amoureuse de l'artiste (dont soit dit en passant personnellement je n'apprécie pas du tout du tout la peinture), l'autre fille, Cristina, "belle à crever" qui se fait aussi draguer par l'artiste, lequel artiste est encore en relation avec Maria Elena sa femme, puis cette relation à trois entre Cristina, Maria Elena et l'artiste...

    Les protagonistes de cette comédie dramatique si enlevée et déjantée, ne cessent de surprendre (je ne dirais pas de choquer mais d'indisposer)...

    Oui, ce film m'a indisposé et mis mal à l'aise : je me suis senti projeté dans un univers et dans une culture qui me sont totalement opposés, et où je me sens étranger, réfractaire...

    Certes je reconnais la qualité du film, le talent de Woody Allen... Mais si Woody Allen c'est "ça" dans ses films, dans ce qu'il veut exprimer de la vie, du monde et des gens, alors c'est "contraire à ma culture" et ça heurte ma sensibilité... (une sensibilité d'anarchiste et de libre penseur pourtant) !

    Et de surcroît dans ce film, on ne voit que des bagnoles "qui en jettent", des décors et des demeures de riches (style riche intellectuel piqué) ... Et j'ai pensé (inévitablement) à cette Espagne d'aujourd'hui qui souffre, avec 1 jeune sur 2 de moins de 30 ans au chômage, et j'ai trouvé "insultant et provoquant", tout ça, dans le contexte économique et social actuel...

    Par certains aspects, dans ce film, ça me rappelle un peu cet esprit "post soixante-huitard" qui avait "le vent en poupe" dans les années 70 (ces années déjantées de baise à couilles rabattues, où l'on voyait des intellos givrés se livrer à toutes sortes d'expériences relationnelles et autres, qui se prenaient pour des génies et s'affichaient dans des tenues vestimentaires ahurissantes, produisaient de la poésie impossible et de la peinture "à la Picasso" -soit dit en passant Picasso lui, était le vrai créateur, et non pas tous ces "pseudos artistes" qui se sont réclamés par la suite de son école-)...

    Vous ne pouvez pas savoir à quel point, lorsque j'avais 22/24 ans dans ces années là, j'ai détesté, haï, combattu cet esprit "tordu", malsain, nauséabond, et si "culturellement inculturel" !

     

    ... Toute la question est de savoir si Woody Allen "prône" cet univers relationnel (et si il y adhère) ... Ou s'il le met exprès en scène pour le dénoncer ?

     

    .....Ce qu'il a de sûr c'est que moi, je le dénonce cet univers relationnel (de surcroît lorsqu'il a pour toile de fond et pour environnement ces bagnoles, ces baraques, ces fringues, ce luxe insolent et ces lubies de riche)...

     

    ... Soit dit en passant... Lorsqu'on voit à la Télé (la "tu-es-laid") toutes ces séries à la con qui "singent"-sans que leurs concepteurs réalisateurs s'en rendent compte d'ailleurs- si mal, si bassement mal, le réel talent d'un Woody Allen... On ne peut que se dire (même si ça fait mal parce que contre sa sensibilité et sa culture) ... que ce film est tout de même "d'une certaine facture"...

     

    ... Peut-être, je dis bien "peut-être"... Faut-il voir dans les films de Woody Allen comme dans les films de Claude Lelouch... Une sorte de "satyre" de la société ou d'une partie de la société dans laquelle on est immergé (souvent contre notre gré et contre notre culture, contre notre sensibilité)... C'est du moins ce que j'espère, ce que j'ose essayer de croire...

    Mais le problème réside dans la méprise (méprise bien sûr dans le "mauvais sens") : voyant cela, ce genre de films, les gens n'y perçoivent plus une "satyre" (ou une critique) mais ils prennent "au pied de la lettre" et même, (et c'est là que ça devient dramatique et quasi désespérant) : ils s'identifient aux personnages qui jouent dans le film, ils les vénèrent ces personnages, ils aspirent à avoir le même genre de vie qu'eux, ils sont séduits par ce côté "people" et ostentatoire d'une certaine aisance... Et il en résulte (alors contrairement à ce qu'aurait voulu "dénoncer" le réalisateur du film)... toute cette médiocrité relationnelle, tout ce falbala de modes et de tendances, tous ces comportements déjantés...

    L'ambiguité c'est bien beau, dans l'art (la littérature, la peinture notamment) - et l'ambiguité personnellement j'en use- ... Mais à un certain moment, il faut sortir de l'ambiguité... en sortir vraiment/vraiment, et dire de quel bord on est, de quelle sensibilité on est, finalement !

    J'ai l'impression, en ce qui concerne les films de Woody Allen (ou les films de Claude Lelouch) tout comme chez bon nombre d'artistes, d'écrivains, d'intellectuels... que l'on demeure dans cette ambiguité et dans une sorte d'accord plus ou moins tacite avec le "sens du monde" dans ses formes et modes du temps..

    Personnellement, j'accorde plus de crédit à un engagement dans le sens d'une certaine culture, d'une certaine dimension d'humanité et de sensibilité (ou le faux et le "bling/bling" n'auraient plus cours)...

     

  • Un scénario fou !

         L'on cessa de se nourrir trois ou quatre fois par jour de toutes sortes de plats, de denrées venues du monde entier et de passer du temps, un temps fou, dans les Grandes Surfaces...

    L'on mangea désormais des bouillies de céréales, des légumes simples, des fruits de la région, du pain « gris ». L'on n'acheta presque plus de beurre, de fromages, de sauces toutes prêtes en pots de verre, de charcuterie, de cervelles d'agneau de Nouvelle Zélande, de fruits exotiques venus de l'autre bout de la planète. L'on cessa d'élever par milliards, des porcs, des vaches, des veaux, des moutons... L'on continua cependant à élever par an vingt cinq milliards de poulets ( et à faire se multiplier larves et insectes comestibles dans d'immenses élevages )...

    L'on cessa de partir en voyage organisé dans des pays formatés au tourisme de masse : les palaces et les hôtels 3 ou 4 étoiles fermèrent faute de clients. ( Les porteurs chargés de plus de quarante kilogs de bagages à 4000 m d'altitude sur les chemins rocailleux du Kilimandjaro au Kenya, durent se reconvertir en éleveurs de poulets)...

    L'on n'acheta plus de bijoux fantaisie, ni tous ces gadgets de plage et de station estivale ni tous ces objets de décoration ou autres, inutiles et fabriqués à la chaîne et venus de pays Africains ou Asiatiques par centaines de containers sur des cargos géants...

    Les téléphones portables ne servirent plus qu'à se donner entre amis, parents, connaissances; des nouvelles ou des informations précises, en général pour se rencontrer, se réunir...

    L'on n'utilisa Internet que pour les besoins pratiques de la vie, la culture et l'expression littéraire et artistique...

    Plus personne se déplaçant en voiture ne prit d'autoroute... D'ailleurs le vélo supplanta la voiture pour les petits trajets de quelques kilomètres.

    L'on construisit des maisons plus simples, moins spacieuses, voire même des « cubes à habiter » en bois généralement. L'on n'installa plus de piscine dans son jardin.

    Un jour l'on fit une « Saint Barthélémy » des télés : on cassa à coup de masse dans son jardin ou au pied de son immeuble sa télé!

    Dans les kiosques à journaux et les « maison de la presse » d'innombrables revues people, sport, auto, sexe, magazines de mode, sudoku et autres, tant d'autres, disparurent des rayons.

    La Bourse ferma : palais Brongniart, Wall Street...

    Les gens se réunirent le soir sur les places publiques, pour lire des livres à voix haute, réciter des poèmes, jouer des scènes, produire des blogs oraux...

    Les géants de la finance et de l'économie mondiale de marchés, qui autrefois percevaient de gros dividendes d'actions, étaient à la tête de groupes industriels, de chaînes d' hôtels, propriétaires de centaines d'immeubles ou PDG de sociétés internationales, n'eurent plus rien à prédater...

    Il n'y eut plus de ces grands festiveaux d'été mobilisant des foules ni de salon du livre, de la Bagnole, de l'agriculture, de l'aéronautique, du chat de race ou du toutou de luxe...

    Tous les WC publics furent gratuits...

    L'on ne mit plus 2 euro dans aucun « dada »...

    À Paris l'on ne se déplaça plus qu'en vélo ou en patin à roulettes... ou à trottinette...

    L'on n'acheta plus de salon/salle à manger en merisier, ni de « beaux meubles », on mit des étagères et des placards à la place ; les brocanteurs et les antiquaires firent faillite et fermèrent boutique...

    Les vide grenier disparurent des dimanches car tout désormais cessait d'être bon à jeter (et puis les gens en avaient marre de devoir tout remballer le soir après avoir vendu un demi euro un vase de Petite Mémé ou un grille pain dans la journée)...

    ... Mais pour conclure je ne conclue pas et je vous laisse imaginer toute la suite de ce scénario fou, fou, fou...

    ... De toute manière, ce scénario risque bien de nous "tomber sur le cul" (il paraît que dans les 3 semaines qui viennent, l'Europe éclate)...

    L'on ne cessait de boucher les trous de la baignoire avec du papier alu et de la colle d'écolier, faute d'enduit de rebouchage... Et d'ouvrir en grand le robinet afin que la baignoire soit toujours pleine... Mais la flotte va cesser de couler pour de bon !

    Pourquoi 4 milliards de vaches et presque autant de cochons et d'agneaux et de veaux... Pour six milliards d'humains, si un milliard d'humains ne bouffe de la viande qu'une fois par semaine ou jamais ?

    Les abonnements à Canal Satellite, SFR ou Orange, le crédit de la bagnole et de la baraque, la piscine dans le jardin, la véranda chauffée l'hiver, les vacances aux bahamas ou en thailande, les joujoux de Noël à gogo, les poules de Pâques grosses comme des dindons et bourrées de bonbons ... Tout ça d'un côté...

    Et de l'autre côté, du "mauvais côté de la barrière", les bidonvilles, les fouilleurs de poubelles...

    C'est bien là, oui, un "scénario fou" ! ... Qui en préfigure peut-être un autre, encore plus fou, devenu celui là, totalement informel, anarchique, encore plus éclaté : celui des bandes, des "milieux", des maffias de toutes envergures, du petit chef du coin assisté de ses lieutenants, de la défonce, de la débrouille, de la puanteur des égoûts et des catacombes, des diamants et des bordels dans les bidonvilles, aux frontières virtuelles mais plus séparatistes que des clôtures avec des gardes armés... (l'Europe, l'Amérique, L'Afrique et l'Asie de demain, partout, dans les villes comme dans les campagnes)...

     

     

  • Pavé dans la mare

         Un pavé qui tombe dans une mare à l'eau agitée et trouble ; et dont le choc brutal et insolite sur la surface miroitante, éclabousse de paillettes piquantes les visages des promeneurs arrêtés, sans salir de boue leurs vêtements... Tel est le pavé qu'il serait souhaitable à mon sens de voir tomber dans la mare...

    ... Mais parfois, il le faut lancer fort sur la surface de la mare, le pavé ! Afin que jaillissent à la surface miroitante et lisse comme une nappe d'huile, les excréments enfouis dans la vase, les bulles de boue putride et les racines épineuses qui déchirent... Alors sont vitrifiées les belles et rassurantes, et confortables certitudes et les illusions... Alors devrait venir le sursaut, plutôt que le désespoir...

     

  • Fromages décents, ou qui fleurent et marchent ?

         Martine au Brie, et François au Hollande, ça fleure bien dans l'air du temps sous la cloche à fromages... Mais il fut un temps où Martine, au Brie, et avant l'omelette Norvégienne affaissée, avait dit qu'elle règlerait ses pas sur ceux de trois canes...

    Certes, le Hollande, ce n'est point du Cantal et encore moins du Munster ! Mais ça se vend bien sur les petits marchés aux fromages décents...

    À l' Huhèmepé, on hume et rehume les fromtoms dans l'air du temps, et l'on se dit que le Brie et le Hollande ne font point bon ménage sous la cloche...

    Et les valises, et les enveloppes, qui puent l'oseille emmouscaillée, et valsent sous la table ?

    Un jeune félin se voit déjà capitaine de la table à l'heure où les fromages auront triste mine (peut-être mais rien n'est moins sûr)...

    De décent, le Brie ou le Hollande, ne passera-t-il pas "un peu fait" et donnant des brûlures d'estomac ? (c'est ce qu'espère le jeune félin)...

    Ah, ces fromages qui sont censés faire fleurer bon la France! Ils se révèlent souvent bien coulants, odorants à souhait et rendent les becs quelque peu puants dans les salons de gastronomie à la mode !

     

  • "Vers l'âge d'homme", suite (voir billet qui précède)

    ... Quand on sait quel destin fut en réalité celui de JM Coetzee, (il poursuivit ses études, d evint professeur de littérature américaine, écrivain et prix Nobel)... l'on peut en effet s'étonner de lire (dernière page de "vers l'âge d'homme") :

     

    "Un jour ou l'autre une ambulance va arriver devant l'immeuble de Ganapathy, et les ambulanciers le sortiront de son appartement sur une civière, avec un drap qui lui couvrira le visage. Quand ils seront venus chercher Ganapathy, ils n'auront plus qu'à venir le chercher aussi."...

     

    Phrase effectivement, d'une noirceur absolue... Car c'est ainsi que le "John" du livre, le personnage central, ("il") entrevoit son destin... (il vient de passer trois années en Angleterre, en jeune homme pris dans un système , un "ordre des choses", dont il est à la fois victime et complice... Et sans cependant s'être trouvé dans le dénuement, n'en a pas moins "mangé de la vache enragée"-surtout sur le plan relationnel et environnemental et moral- jusqu'au jour où il fut confronté au dénuement de son ami Ganapathy, un "exilé" comme lui, mais venu du continent Indien alors que lui, John, venait d'Afrique du Sud)...

     

    Toute la "problématique" si je puis dire, d'une "vision pessimiste" et d'une lucidité aussi tragique... réside peut-être dans le questionnement sur la nécessité (comme dans l'instinct de survie) et sur la difficulté qu'il y a, à se libérer peu à peu, de cette "vision aussi pessimiste et aussi empreinte de réalité tragique"...

     

    Il y a là, à mon sens, un pessimisme absolument "moteur" (et d'autant plus "moteur" qu'il se révèle soutenu par une forme d'humilité, de "remise en question de soi"... et, au fond, de cette lucidité pure et dure comme les parois métalliques et rugueuses d'un creuset avant le travail de l'alchimiste...

    Il ne manquerait peut-être là, dans cette dernière phrase du livre, qu'une petite note d'humour (il y a déjà une petite note de dérision)... Mais, à bien "creuser" tout au long du livre, elle s'y trouve bel et bien, la petite note d'humour)...

     

    ... Un "très grand livre" donc, que "Vers l'âge d'homme" de JM Coetzee...

     

    ... Sans doute oui, sans doute... Peut-on y voir là, dans ce que je viens de dire au sujet de l'auteur et de son livre, un regard tout à fait personnel, c'est à dire "une vision Yugcibienne"... qui n'engagerait que moi, même si éventuellement partagée par d'autres lecteurs de JM Coetzee...

    Mais... ce regard que l'on porte (que je porte)... Il faut assurément le bien connaître, en être bien conscient... Afin peut-être de s'en affranchir si besoin est, ou de le faire évoluer, ou de le traverser, ou d'en avoir un autre...

     

  • "Vers l'âge d'homme", de John Maxwell Coetzee

         John Maxwell Coetzee est un écrivain Sud Africain né le 9 février 1940 au Cap...

    Un écrivain sans parti pris qui ne suit pas de courant idéologique ni de mode, et ne verse pas dans le manichéisme (opposition entre le bien et le mal)...

    Le cadre historique et l'environnement où évoluent personnages et situations, n'apparaissent dans ses récits qu'en toile de fond et ne constituent pas l'élément fondamental ou principal... Et encore moins, la réflexion dialectique...

    L'auteur transpose les problèmes qu'il traite, à la manière d'un artiste peintre composant un tableau. Mais un tableau réaliste, dont les images sont pures, dures et d'une cruelle ou tragique lucidité... Et en même temps l'on perçoit bien dans l'écriture de l'auteur, de la candeur et de la pudeur, et de la discrétion...

    "Vers l'âge d'homme" c'est l'histoire d'un homme alors âgé de vingt à vingt-quatre ans (en fait l'auteur lui-même) pris dans les engrenages d'un système dont il est en même temps victime et complice... Un homme fébrile, questionnant et au destin particulier...

     

    ... Voici quelques extraits de "Vers l'âge d'homme"... qui ont particulièrement retenu mon attention :

     

    ..."La poésie ne consiste pas à lâcher la bonde aux émotions, mais à échapper à l'émotion", dit Eliot dans une phrase qu'il a recopiée dans son journal. "La poésie n'est pas l'expression de la personnalité, mais un moyen d'échapper à la personnalité". Puis après coup, Eliot ajoute amèrement : "Mais seuls ceux qui ont de la personnalité et des émotions savent ce que c'est que d'y échapper".

    Il a horreur de déverser sur la page un simple flot d'émotions. Une fois ce flot lâché, il ne saurait comment l'arrêter. Cela serait comme si l'on sectionnait une artère et qu'on regarderait le sang jaillir et couler. La prose, heureusement, n'exige pas d'émotions : il faut lui reconnaître ça. La prose est comme une étendue d'eau calme et plate sur laquelle on peut tirer des bords à loisir, en laissant le dessin du sillage sur la surface.

     

    ... Danser n'a de sens que lorsque l'on peut l'interpréter comme symbole d'autre chose, fait que les gens préfèrent ne pas admettre. C'est l'autre chose qui est réelle : la danse n'est qu'un camouflage. Inviter une fille à danser, cela veut dire qu'on l'invite à coucher ; accepter l'invitation, cela veut dire qu'on accepte de coucher ; danser, c'est mimer l'acte sexuel, l'anticiper. Ces correspondances sont si évidentes qu'il s'étonne qu'on prenne même la peine de danser. Pourquoi tout le harnachement, pourquoi les mouvements rituels, pourquoi cette comédie ?

     

    ... Pourtant, avant de pouvoir oublier, il faudra qu'il sache quoi oublier ; avant d'en savoir moins, il faudra qu'il en sache plus. Où va-t-il trouver ce qu'il lui faut savoir? Il n'a aucune formation d'historien, et de toute façon ce qu'il cherche ne se trouvera pas dans les livres d'histoire, puisque cela appartient au quotidien banal, aussi banal que l'air qu'on respire. Où va-t-il trouver ce savoir ordinaire d'un monde disparu, un savoir trop humble pour même savoir que c'est un savoir ?

     

    ... Lui et Ganapathy sont les deux faces d'une même pièce : Ganapathy qui meurt de faim, non parcequ'il est coupé de sa mère patrie, l'Inde, mais parce qu'il ne mange pas comme il faut, parce que, malgré son diplôme de maîtrise en informatique, il ne sait rien des vitamines, des sels minéraux et autres acides aminés ; et lui, pris dans une fin de partie débilitante, où chaque coup l'accule davantage et le rapproche de la défaite. Un jour ou l'autre une ambulance va arriver devant l'immeuble de Ganapathy, et les ambulanciers le sortiront de son appartement sur une civière, avec un drap qui lui couvrira le visage. Quand ils seront venus chercher Ganapathy, ils n'auront plus qu'à venir le chercher aussi.

     

     

    John Maxwell Coetzee a reçu pour l'ensemble de son oeuvre, le prix Nobel de littérature en 2003...

    De tous les prix littéraires qui existent et sont chaque année décernés en France et dans le monde, le Nobel de littérature est le seul pour lequel j'ai, disons, "une certaine considération" (et qui pour moi a du sens)... Car il qualifie l'ensemble de l'oeuvre de l'écrivain, et non pas seulement, comme par exemple pour le prix Goncourt ou le prix Renaudot, un ouvrage de l'auteur...

    D'ailleurs, il y a à mon sens, beaucoup trop de prix littéraires... Cela va des plus "prestigieux" (en fait des tous premiers qui ont existé dans le passé) jusqu'aux plus "impossibles" (comme par exemple ces si nombreux "petits prix" de diverses associations d'écriture ou clubs ou différentes sociétés d'édition et de littérature/poésie)...

    C'est au salon du livre du Festival International de Géographie à Saint Dié dans les Vosges, que j'ai acheté ce livre "Vers l'âge d'homme", de JM Coetzee... J'avais déjà lu "Scènes de la vie d'un jeune garçon" ... Et après coup, ayant lu dans les deux jours qui suivirent le festival, "Vers l'âge d'homme", j'ai regretté de ne pas avoir aussi acheté les autres livres (dans la collection poche "Points") de JM Coetzee...

    Je peux dire que "Vers l'âge d'homme" m'a vraiment bouleversé, marqué, et que tout ce qu' exprime l'auteur dans ce livre, rejoint d'une certaine manière le regard que je porte moi-même sur tout ce que j'observe des gens, du monde, des évènements, des situations... Tout cela, oui, n'est bien que "le fond général du tableau" (et non pas l'essentiel, et encore moins le "définitif" du tableau)... L'essentiel est dans ce qui ne se voit pas, dans ce qui n'est pas exprimé, dans ce qui se fait à l'intérieur d'un être, dans ce qui surgit sous la forme d'un questionnement (j'ai aimé toutes ces phrases en questionnement, dans le livre de JM Coetzee)...

     

  • Une trace de pas dans le sable

         Neuf personnages sur dix, hommes ou femmes, sont sur le Net des avatars. Et un avatar c'est encore plus vain qu'un homme ou une femme au vrai en chair et en os... Et je me demande alors quelle peut bien être la raison d'une certaine consistance et d'une certaine dimension que peuvent prendre les mots parfois, lorsqu'ils sont exprimés sous un avatar ?

    La consistance, la dimension et la portée des mots, tout cela sous un avatar (derrière lequel il y a tout de même - c'est une réalité- un personnage)... Cela me semble aberrant !

    Les architectes et bâtisseurs de cathédrales en 1150 ou 1230, étaient-ils des "avatars" ? Et les compagnons, et les ouvriers, et les hommes de peine qui sont tombés sur les chantiers de construction de ces cathédrales ou autres grands édifices, étaient-ils des "avatars"?

    Les architectes et bâtisseurs de littérature de tous temps, sont-ils des "avatars"? Et les "commun des mortels" de tous temps qui oeuvrent ensemble ou isolément à la culture d'un pays tout entier voire d'une civilisation tout entière, sont-ils des "avatars" ?

    S'ils sont, oui, des "avatars" comme il y a tant d'avatars sur le Net, quelle est la raison d'autant de consistance, de dimension et de portée dans les oeuvres réalisées, alors ?

    L'avatar c'est la signature illisible et donc sans intérêt parce qu'illisible, de ce qui est produit et devient visible comme des traces de pas sur le sable d'une plage... Et si ce qui est produit et devient visible a de l'intérêt, alors doit apparaître le signataire, l'architecte, le bâtisseur, le créateur...

    La trace de pas sur le sable, anonyme, même parfaite dans son dessin et suggestive quant à la manière dont elle empreint le sable, est "neutre" : elle est alors celle d'une "entité" sous laquelle il y a réellement un visage, une personne, puisqu'il a bien fallu que cette trace apparaisse sur le sable, une trace qui n'est pas "quelque chose qui te prend par la main et te fait devenir, toi, signataire... ou architecte, ou bâtisseur ou créateur... "

    La même trace de pas, mais avec une signature lisible et authentique, la signature de celui ou celle qui a fait cette trace de pas... est, oui, "quelque chose qui te prend par la main"...

     

  • Ce public que l'artiste, l'écrivain ou le poète ne voit pas

    ... Parce qu'il n'a pas devant lui comme s'il se trouvait sur la scène d'un cinéma ou d'un théâtre, ou encore sur une place publique ou dans la rue, des spectateurs ou des visiteurs ... C'est à dire des gens en face de lui, qui le regardent, l'écoutent, et avec lesquels il pourrait s'entretenir directement, de visage à visage, de regard à regard, de voix à voix...

    Il faut imaginer l'artiste, l'écrivain, le poète, devant un public qu'il ne voit pas...

    Il se tient devant un espace que l'on pourrait définir comme une sorte d'écran, mais un écran "dans l'air"... Et sur cet "espace écran" n'apparaît en fait rien d'autre que de l'image, ou que du texte, tout comme sur l'écran d'un ordinateur ou d'un téléphone portable...

    Disons que nous sommes là dans un avenir relativement proche de nous mais qui déjà pourrait être ... avec ce genre de nouvelle génération de mobiles et d'ordinateurs dont on pourrait se servir n'importe où et qui n'auraient plus d'écran matérialisé puisque l'image apparaîtrait comme en hologramme dans l'air ambiant...

    L'artiste, l'écrivain, le poète, diffuse ce qu'il produit ; et lit, regarde, ce que produisent ses interlocuteurs en réponses ou en commentaires...

    Que demeure-t-il avec les jours et les saisons qui passent au rythme des fils de discussion, de toutes ces émotions et de tous ces propos échangés, de tous ces personnages que l'on ne voit jamais autrement que sous la forme animée d'une silhouette-avatar ; et de cette écume de signes, d'images et d'écriture, bondissant en crêtes et vaguelettes sur l'immense océan en mouvement continuel ?

    Que demeure-t-il de tout cela? De l'artiste et de son oeuvre devant ce public virtuel?

    Une écume, aussi... Confondue dans l'immensité de l'écume de tous les lieux de l'océan...

    Et au pire – ou au final – des émerveillements décolorés, une sorte de fatigue comme la fatigue des yeux et du regard lorsque le soleil a brillé trop longtemps au travers d'un ciel inventé en rêve...

    En salle des fêtes, au café littéraire, dans une salle de cinéma ou de théâtre, dans la rue ou sur la place publique ; en face de vrais spectateurs formant un auditoire – et comme un réceptacle – peut-être ne demeure-t-il aussi, que de l'écume au delà des soirs heureux... Et que viennent aussi comme la vieillesse ou la dilution des jours dans le “glouglou” du trou de la baignoire, les émerveillements décolorés, la fatigue...

    Mais il y a eu l'orgasme! L'orgasme à ces regards et ces visages reçus ; l'orgasme venu sur les bancs, les chaises ou les fauteuils de la salle...

    Il faut imaginer l'artiste devant un public qu'il ne voit pas... Et son orgasme comme une fusée mouillée de feu d'artifice qui lui pète en plein ciel et lui fait tous les feux qu'il veut ; alors que, des autres feux du ciel au dessus de sa tête, il n'en a qu'au mieux, que l'impression -ou l'intuition- d'un fil de lumière...