Articles de yugcib

  • Au nom de la modernité et de la liberté, tout deviendrait-il bon et normal ?

    ... À propos, par exemple, des familles recomposées, ou même "re-recomposées" et avec parfois deux papas ou deux mamans... Et de l'évolution de la science génétique avec toutes ces expériences nouvelles et manipulations et recherches...

    L'on entend dire par les fervents d'une "nouvelle tolérance consensuelle" vis à vis de toutes ces évolutions de la société, de la famille et de la génétique... "qu'il faudra bien désormais s'y faire, s'adapter, accepter de voir ces évolutions et ces mentalités nouvelles, autrement dit "barboter" dans ce bouillon de culture sociéto familial désormais complètement sans repères et sans règles" autres que toutes celles (ces règles) que l'on s'attribue en fonction de sa situation personnelle, de ses inclinations, préférences et sensibilités, et que l'on érige et porte sur la place publique !

    ... Voilà bien là, à mon sens, "une autre forme de pensée unique" qui ne vaut guère mieux que "l'ancienne forme de pensée unique" qui imposait des modèles, fixait des règles, des "marges" et rejetait ou mettait hors la loi ce qui était considéré comme "pervers" ou "anormal"!

    Au nom de la "modernité", de la liberté des uns et des autres, que n'accepte-t-on pas ! Que ne fait-on pas ! Et le pire c'est que des anarchistes, des poètes, des écrivains, des intellectuels, des artistes ; en plus des politiques et des philosophes et des "grands penseurs" de ce monde... tous s'en mêlent, pour promouvoir cet "état nouveau des choses" !

     

    ... Et l'on n'arrête pas maintenant, plus que jamais, de faire des lois et des lois en faveur de ceci ou de cela... Des lois qui avant d'être promulguées, sont précédées par toutes sortes de manifestations, de mouvements auxquels on donne une publicité tapageuse afin de promouvoir, de faire accepter tel état de choses "nouveau" au nom de la liberté, de la modernité... Et tout cela participe à un immense mouvement général de phénomènes de mode, s'expose sans mesure sur la place publique avec force références et en tant que "passages obligés"... Et toi si tu es contre ou pas "chaud" pour ceci ou cela, on te considère comme un réactionnaire, un "pas de son temps", un hurluberlu, un "à côté de ses pompes" etc...

    En tant qu'anarchiste, poète, écrivain et penseur, je dis que toutes ces modes et "état des choses" que l'on veut nous faire accepter, ne nous rendent ni plus libres ni plus heureux!

    Et je m'insurge contre toute forme de "pensée unique", de modes imposées, de modèles censés remplacer les anciens modèles, et contre toutes ces lois à la con que l'on promulgue au gré de tous ces mouvements sociétaux...

    Et même les églises autant catholiques que protestantes que de toutes sortes de courants, s'en mêlent et souscrivent et s'adaptent à toutes ces évolutions dont on parle à longueur de journées et de nuits dans les forums du Net, sur les blogs, sur Facebook, sur les réseaux sociaux... Et chacun y va de son idée, de ses émotions, de ses colères, de ses épidermismes ! Tout cela repris en choeur par les intellectuels, les marginaux de tout poil, les écrivains, les poètes, les artistes, les politiques de l'extrême droite à l'extrême gauche, puis par les philosophes, les journalistes et les médias !...

    Et comme c'est curieux, surréaliste même : toutes ces sensibilités si diverses qui ne cessent de s'exprimer à tout va, reprises en choeur par les intellectuels, les artistes, les écrivains et les médias et les politiques... finissent par se rejoindre dans un même et écoeurant consensus généralisé à toute la planète !

    Qu'on foute la paix aux gens, qu'on les laisse vivre comme ils veulent sans faire quelque référence ou publicité que ce soit de leurs choix ou du genre de vie qu'ils mènent... Pour autant que s'établisse entre eux une vraie, sincère, profonde, et même singulière relation et que cela ne fasse de mal à personne !

     

  • Etre soi-même

         "Être soi même" est sans doute un peu plus difficile (ou moins aisé) pour une femme que pour un homme... Parce que nous vivons en ce monde, dans des civilisations où l'homme domine, même si la femme est considérée et si elle devient "en principe" l'égale de l'homme...

    Pour ma part, je déplore cet "ordre des choses" aussi ancien que les premiers temps de l'humanité, et qui semble "couler de source" (et qui arrange bien les hommes)...

    Rares ou sporadiques et sans continuité significative dans le temps, ont été les sociétés de type matriarcal, où la femme détenait pouvoir et autorité... Mais cela ne veut pas dire que ces sociétés étaient "meilleures"...

    Cet "ordre des choses" aujourd'hui encore et depuis toujours, s'impose dans le monde sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures... À tel point qu'une femme, plus qu'un homme, lorsqu'elle réussit quelque chose dans sa vie alors que personne n'y croyait dans son entourage et que ses aspirations et ses efforts étaient jugés vains voire inopportuns par rapport à sa condition sociale et de femme, c'est toujours une grande surprise et enfin l'on cesse de la critiquer ou de la déconsidérer... Mais cela ne veut pas dire pour autant que cette femme soit davantage aimée de ses proches ou plus appréciée de ses connaissances ni mieux considérée en demeurant fidèle à elle-même...

    Comme je dis "la vie n'est pas un conte de fées" ! Et il y a cette inclination généralisée de la plupart des êtres humains à être plus souvent "autre chose que soi-même", c'est à dire "un personnage qui ressemble à un personnage dont on se fait un modèle"...

     

    ... Être soi-même... et rien d'autre que soi-même dans toute la vérité brute, intérieure et même d'apparence réelle de soi-même... est l'une de mes principales préoccupations dans ma vie depuis mon enfance... (J'aurais donc été, au théâtre ou au cinéma, sans doute un mauvais comédien... ou alors un comédien très proche, vraiment très proche de l'être que je suis...mais dans ce cas, je me serais très bien joué... )

    Le fait d'accepter d'être reconnu et même de souhaiter être reconnu tel que je suis au vrai en étant présent sur le Net (blog, site, forums, Facebook, Netlog) et autrement donc, que par un "avatar" c'est à dire par des photos et images de moi avec mes textes et articles, m'oblige ainsi en quelque sorte, à "tuer" ou enterrer ce personnage en moi qui me décrébilise... soit ce personnage "épidermique" qui par exemple fait un "bras d'honneur" lors d'une situation sensible, imprévue et subie...

    J'imagine cette réflexion d'un de mes lecteurs que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, et qui me reconnaitrait et me voyait faire "un bras d'honneur" dans une telle situation : "oh, mais c'est celui qui a écrit ceci ou cela et qu'on a aimé lire, et voyez comment il se comporte dans la réalité" !

    Donc, plus de bras d'honneur... enfin, presque ! Mais du regard, du visage, et du sourire... (Ma mère savait si bien faire...)

    De toute manière si je devais devenir muet et les deux mains coupées, et que je sois très maladroit pour écrire avec le pied, il me faudrait bien faire de l'écriture avec mes yeux... Et j'y arriverais...

    ... Par les barreaux serrés et gros comme des cigares de Jacques Dutronc, je voyais passer ces visages dans la rue proche du grand mur de ma prison. Et je savais que je ne pouvais être aucun de ces visages, même si je les avais aimés à en mourir, même si je les avais tous connus chacun d'entre eux comme l'intérieur de la poche de mon pantalon, comme ce mouchoir mouillé que dans ma poche je pétris de mes doigts, comme cette turgescence que je sens et qui gonfle ma poche...

    Mais en plus des barreaux serrés et gros comme des cigares de Jacques Dutronc, il y avait aussi du verre, du verre épais entre les barreaux...

    C'était moi dans cette prison, tout seul bien que tout empli de tous ces visages qui passaient dans la rue proche de la prison...

    Je me révoltais et tambourinais contre la paroi de verre entre les gros barreaux, mais seuls, des regards et des sourires parfois, venaient me toucher... Alors je demeurais sans cesse debout et mon visage collé aux barreaux...

    Un jour, je m'envolerai...Et je viendrai battre de mes ailes dans les prisons, toutes les prisons...

     

  • L'Artiste, suite...

         ... Voici un commentaire que je viens de recevoir à propos d'un de mes articles "L'Artiste", sur mon blog "Paroles et Visages" dans Sud Ouest...

     

    Tout ça part d'un bon sentiment sans doute, mais je crois que vous n'avez aucune idée de ce que peut être un(e) artiste ! " ( écrit par VVS )...

     

     

    Et ma réponse à ce commentaire :

     

     

    "Votre réponse est péremptoire et sans argumentation... Je vous pose donc, à vous, la question : "qu'est-ce qu'un artiste" ? En êtes vous un ? Et qui, d'ailleurs, peut prétendre expliquer, définir ce qu'est un artiste ? L'idée que j'exprime n'est qu'une approche, plus proche d'un questionnement que d'une affirmation... Cela part effectivement d'un sentiment, d'un "mouvement du coeur et de l'esprit" qui, en aucune façon, ne peut à lui seul, même argumenté, faire référence comme une définition précise et claire..."

    ... Sans doute, j'imagine... Encore l'un de ces intellectuels de formation universitaire ou d'études supérieures quelque peu accro des valeurs consensuelles du monde!... Et donc, de ce qui doit se croire et se savoir , et faire référence !

    Décidément j'ai toujours eu dans ma vie, vraiment du mal avec ces gens là ! ... Mais j'en ai tout de même rencontré, qui "avaient l'esprit et le coeur différemment tournés et avec lesquels j'ai pu m'entendre...

     

     

    ... J'ai cherché (tout bêtement) dans un dictionnaire Larousse, la définition pour le mot "artiste"... Et voici ce que je lis :

     

    "Personne qui pratique un des beaux arts. Personne qui exerce un métier avec goût. Personne qui interprète une oeuvre musicale, théâtrale, cinématographique, chorégraphique. Adj : qui a le goût des arts, le sentiment du beau.

     

    ... Bon, voilà la définition que donne le dictionnaire.

    À partir de là, nous pouvons donner ou exprimer notre sentiment ou notre pensée personnelle, ou notre "vision" de l'artiste...

     

    Le sentiment ou l'affect, à lui seul et emplissant tout l'espace (ou une grande partie de l'espace) de l'oeuvre... Soit l'oeuvre du représenté par l'image, par le dessin ou par l'écrit... Ne fait pas l'art.

     

    Mais l'on peut cependant parler d' émotion...

    L'artiste lui-même peut émouvoir par l'oeuvre qu'il réalise, et l'émotion naît de ce qui est vu ou lu ou écouté...

    Mais je n'entends pas par émotion, le genre d'émotions assez banales, ou surdimensionnées, qui sont les nôtres habituellement et que nous exprimons en des formes de langage et d'écriture communs voire vulgaires, notamment dans les forums du Net, sur les blogs...

    Il s'agit là, en l'occurrence, d'une émotion qui nous "éduque" et fait évoluer notre pensée...

    La sous-culture, la contre-culture, et surtout la vénération de l'inculture, sont des "plaies ouvertes et infectées" sur le "grand corps du monde"...

     

    ... La "contre-culture" (exemple Dada, Surréalisme) doit "faire ses preuves" si je puis dire... Afin de devenir "culture"... Et là, il y aurait beaucoup à dire (en risquant bien sûr, de "se foutre dedans en plein")...

     

    ... Pour Céline, en particulier... Frédéric Mitterand (et tous les contempteurs acharnés et sectaires, les "anti Céline", eux, se "foutent dedans en plein" en étant obnubilés par trois de ses oeuvres contre les Juifs)...

    Céline s'est d'ailleurs expliqué sur ses rapports avec les Juifs, dans une lettre adressée à Albert Paraz le 17 mars 1948 :

    "J'en voulais aux Juifs de nous lancer dans une guerre perdue d'avance. Je n'ai jamais désiré la mort du Juif. Je voulais simplement qu'ils freinent leur hystérie et ne nous poussent pas à l'abattoir"...

    Céline dès 1936 lors d'un voyage en Russie, avait pressenti l'échec du mouvement communiste. En 1941 il avait prévu aussi la crise de l'énergie... et les 35 heures, et la faillite de l'Education Nationale... Et dès 1942 il était l'un des seuls en France, à dire que l'Allemagne perdrait la guerre.

    Médecin, il soignait gratuitement les malades pauvres de son quartier...

     

     

  • L'Artiste

         L'artiste à mon sens, je veux dire "l'artiste plus que l'artisan de son oeuvre" ou même encore "l'artiste autant que l'artisan de son oeuvre"... N'est pas un "contempteur" ou un juge du monde dans lequel il vit, même si dans son oeuvre transparaît parfois son désespoir, son questionnement, son inquiétude...

    L'artiste n'est pas non plus le "client du monde" dans le sens où le monde s'apparente à un marché, le marché de tout ce qui se vend et s'achète au gré des modes et des besoins ou des aspirations et des rêves... Et s'il n'est pas le "client du monde", il n'en est pas non plus le "marchand aux mille merveilles" ni le téléspectateur ou l'internaute applaudissant au succès des uns ou des autres ( lequel succès dépend surtout, pour l'essentiel, de cette faculté que l'on a à se valoriser ou à se faire valoriser )...

     

    ... Je vous invite à découvrir le site de Flo-Gabrielle, une artiste peintre qui offre dans ses oeuvres, sérénité, douceur et tendresse... Les dernières photos de ses toiles sur sa page d'accueil, sont des visages et des silhouettes de femme aux couleurs délicates et d'une singulière beauté... Une définition de la Féminité! Mais quelle définition ! Et quelle femme de ce monde, de n'importe où, n'est pas, à elle seule, une définition de la Féminité ?

     

    http://www.flo-gabrielle.com/

     

    Dans cet univers de femme, qui est celui d'une artiste d'une sensibilité qui nous réconforte, nous repose et nous met dans notre ciel du bleu, et de la lumière qui n'aveugle pas ; je crois que l'on peut, le temps de la visite tout au moins, surseoir à toute forme de pensée grise, à tout regard sur ce qui nous afflige ou nous désespère...

     

    Car dans ces peintures là, nous ne sommes pas dans le "jugement", nous sommes dans une authenticité, dans une vérité, dans une pureté... Et sans le moindre "effet" qui "trompe"...

     

    ... J'exhorte tous les artistes, tous les créateurs, tous les "fous d'amour", tous les poètes, tous les peintres, tous les musiciens... Et d'une manière générale tous les artisans de leurs oeuvres et de leurs productions (et qui sont tous à leur manière des artistes)... À ne point se préoccuper outre mesure du jugement des autres, du jugement du monde ; des contempteurs

    et des critiques, des indifférents ou des moqueurs... Car quelque soit le nombre de tous ces gens là, qui passent et ne s'arrêtent pas ou donnent des coups de pied, il en est toujours un, deux, trois, de ci de là, qui lui ou elle, n'est pas indifférent, attend ce que tu as à dire, à faire, à exprimer, toi le poète, toi l'artiste, toi le musicien, toi le peintre, toi le créateur, toi le "fou d'amour"...

     

     

  • Vos premières lectures, et à quel âge ?

         ... Pierre Desproges aurait lu tous les livres de la Comtesse de Ségur dès l'âge de 8 ans...

    Et quand on sait le personnage que fut Pierre Desproges, que soit dit en passant j'adore... Et bien "il me bat" ! ... D'une "sacrée longueur", le bougre !

    En effet, c'est seulement à l'âge de 14 ans que je découvris, dans la bibliothèque de l'école communale d'Arengosse dans les Landes, où mon oncle et ma tante étaient tous deux instituteurs, ces deux collections pour la jeunesse qu'étaient "la bibliothèque rose" et "la bibliothèque verte"... Mon tout premier livre fut "Les petites filles modèles", de la comtesse de Ségur...

    Auparavant je n'avais jamais lu que Mickey, Tartine, Bibi Fricotin, Les pieds Nickelés, Pim-Pam-Poum, Tom et Jerry, Bunny...

    ... Alors je peux bien... outre mes textes "les plus présentables"... sortir de temps à autre "quelques textes pirate" !

    J'attaquai ensuite la "bibliothèque verte" avec L'île mystérieuse, de Jules Verne... Et à l'âge de 16 ans rédigeai dans un cahier de 192 pages à petits carreaux, ma première série de textes et d'anecdotes... Mais ce cahier, bien des années plus tard, je le mis au feu car je le trouvais "trop doudouille"...

     

    Ah, Pierre Desproges !... qui avait horreur des coiffeurs et se faisait couper les cheveux par sa femme ! Dont on voit sur la couverture d'un de ses livres, qu'il serre dans son poing un poussin (à moitié éclaté et en sang) ! Et la "gueule qu'il fait" en serrant le poing !

     

    Voilà un mec qui, au moins, n'a jamais fait dans la dentelle !

     

    Tiens, comme c'est curieux : maintenant qu'il est mort (depuis déjà un certain temps)... On le vénère ! (enfin, pas les "fous du sens du monde" tout de même, qui eux, quelque soit ton talent ou si tu as tout de même dit ou fait "des trucs bien" dans ta vie, t'écraseront de leur mépris et de leur indifférence pour tes pirateries, tes salaceries ou tes hyiéroglyphes)...

     

    Est-ce que vous savez qu'il y a -et qu'il y a toujours eu- ... des pessimistes enragés et emmerdants au possible, mais fous d'amour et parfois, délirants envers et contre tout d'un optimisme sorti d'un chapeau ?

     

    ... Dimanche 31 juillet sur France 5 à 22h 05, il y avait "maisons d'écrivains", Pierre Loti et sa maison de Rochefort... Rochefort, la ville portuaire où l'on construisait des bateaux depuis Louis 14... Un environnement donc, de marins, d'aventuriers...

    A une époque où personne (le commun des mortels) ne voyageait jamais, où l'on passait toute sa vie dans son village, dans sa campagne ; et encore à l'époque de Pierre Loti (1850-1923), où il n'y avait ni télé, ni magazines, peu de livres, pas d'internet ni de grandes encyclopédies vendues en milliers d'exemplaires... Où la photographie en était à ses premiers balbutiements... Il est certain qu'un auteur de cette "trempe littéraire" (comme d'ailleurs Balzac, Zola, Flaubert, George Sand et d'autres encore, tel Jules Verne)... Ne pouvait à cette époque où le monde était à découvrir et où même des continents étaient en grande partie inexplorés, ne pouvait donc que faire rêver par ses livres, des milliers de gens (souvent de modeste condition)...

    A cette époque, commençait la "vulgarisation" du livre, en collections "bon marché", parfois illustrés, au papier brut, couverture à peine renforcée et dont on devait couper les pages liées...

    Je pense à toutes ces "jeunes filles et jeunes femmes romantiques", à tous ces jeunes et moins jeunes gens des villes et des campagnes, qui, après avoir reçu une instruction "de base" (laquelle instruction d'ailleurs, "valait son pesant d'or")... lisaient ces livres, et rêvaient voyages, pays inconnus, aventures... Et ces grand'mères, ces pépés, ces femmes "au foyer"... oui, tous ces gens travaillant très dur, qui trouvaient le temps de lire !

    Il faut dire aussi qu'un auteur tel que Pierre Loti, marin, voyageur, ayant parcouru toutes les mers du monde, vu autant de pays et de peuples... Avait cette manière de raconter, de telle sorte que les images "sortaient directement des mots"...

    Au début du 20 ème siècle, il y avait aussi Henri Bordeaux, dont la production romanesque était prodigieuse, et dont les livres dans les collections populaires s'achetaient sur les marchés et étaient lus par des milliers de gens de toutes conditions sociales...

    L'on dit aujourd'hui que ces auteurs là, de la seconde moitié du 19 ème et du début du 20 ème, sont "complètement dépassés", "vieillots", d'un style suranné voire ampoulé ou baroque, et ne peuvent plus avoir le moindre succès tant les histoires qu'ils racontent ne sont plus "de notre temps"...

    Mais ce que l'on dit être "la littérature moderne" (c'est à dire celle d'aujourd'hui en l'occurrence et qui préfigure celle de demain en outre)... Est tout de même héritière de son passé, et tout ce qui la fait innovante autant dans ses formes que par sa portée, n'aurait jamais pu être sans ce qui depuis des millénaires, fut...

     

     

  • Le passé est un mort

         ... Il y a un proverbe Arabe, je crois, qui dit "le passé est un mort"... Mais l'Arabe étant une langue de scientifiques, de mathématiciens, de poètes et de littéraires et de philosophes (et oui, tout cela en même temps !)... Avant d'être la langue de l'Islam... (soit dit en passant la langue Arabe et ses "jumelles Araméennes" existaient bien avant l'Islam, bien avant le Judaïsme et le Christianisme)... Il ne faut pas déduire de cette citation "le passé est un mort"et "faire table rase du passé"... Lequel passé, est, oui, sans doute un mort dans la mesure où il ne peut jamais ressusciter tel qu'il fût... et en ce sens, la nostalgie lorsqu'elle devient trop prenante se révèle un frein ou une force qui nous immobilise, nous empêche d'aller de l'avant et nous enferme comme en un cocon (ou en une bulle) ...

    Mais le passé en fait, est "segment de temps" dans une longue ligne de temps, une ligne de temps qui, en réalité est intemporelle (tout comme une droite en géométrie plane ou un plan en géométrie dans l'espace)...

    Ainsi nomme-t-on passé ce qui se situe avant un point Zéro de la ligne... (lequel point Zéro symbolise le présent) et nomme-t-on avenir ce qui se situe au delà du point Zéro...

    Mais tous les "segments de temps" quelque soit la position qu'ils ont sur la droite, sont de la même droite et font la même droite... Autant dire qu'ils sont reliés, plus et mieux reliés encore, que des fils métalliques très fins réunis les uns à la suite des autres par un point de soudure si imperceptible soit-il...

    Rapporté au temps qui passe, rapporté à la vie, à la durée de notre vie, de chacune de nos vies, l'image d'une très longue ligne apparemment sans commencement ni fin, et qui est faite d'un nombre inimaginable de "segments" reliés... "éclairerait en quelque sorte ma lanterne" sur l'idée (ou sur la foi) en une vie éternelle...

    Le passé, le présent et l'avenir sont donc intimement reliés, les morts (les personnes disparues) et le passé en tant que mort... avant d'être morts, furent... Et furent d'une existence que l'on ne peut nier avoir été. Car s'ils n'avaient point été, nous ne serions point!

    ... Ainsi ne puis-je imaginer la "vie éternelle" tout comme l'imaginent -et y croient- les Chrétiens, les Musulmans, les Juifs, les croyants de toutes religions... Ni même comme l'on croit dans le "sens du monde" habituel ou traditionnel... Où les uns voient la résurrection du corps et de l'esprit et les autres voient une "immortalité" de l'âme...

    L'on ne se "refait" pas : ni en chair et en os tel que l'on fut (et d'ailleurs "reviendrait-on" jeune ou vieux ou tel qu'on était au moment de mourir?)... Ni en "esprit" qui se manifesterait dans le réel de l'existence d'un proche ou d'une connaissance en état de veille et de conscience... (Dans le sommeil, par les rêves je veux bien)...

    Par contre ce qui continue, ce qui se perpétue, c'est la vie... La vie actuelle des Autres, la vie de tout être, humain ou non humain... Et au delà de la vie actuelle des Autres, la vie des Autres qui viendront dans cent, mille, dix mille ans...

    La vie est donc cette longue ligne droite apparemment sans commencement ni fin. Et sur cette ligne, tout au long de cette ligne, nous sommes tous chacun de nous, un "segment"... Mais un "segment" qui lui, commence et finit bel et bien... Tout en étant relié à ce qui le précède et à ce qui le suivra...

    La "mort absolue, définitive et sans rien au delà", c'est la disparition de la vie, de toute la vie, humaine et autre...

    Le passé est un mort qui "existe" le présent... alors même que ce qui est dans le présent, n'était point dans le passé (par exemple Internet au Néolithique) !

     

  • Le Petiot ( 2 ème version un peu modifiée )

    Il a sept ans ce dimanche, le petiot...

    Sept ans... En fait il en paraît treize, le petiot...

    Il sait déja tout... Enfin... comme on peut “tout savoir” à l'école de la rue ou dans les grandes classes de la Maternelle... La Télé, les potes, la “shoote”, les filles, les combines et les petits trucs... la vie quoi !

    Il a sept ans ce dimanche, le petiot...

    Et en ce jour si beau, beau et chic comme une robe de maman, en ce jour doré tout empli des fragrances de toutes les feuilles à moitié mortes de l'automne... L'on a fait venir toute la famille à la maison pour un grand déjeûner dans le grand salon... Et l'on a mis les grandes rallonges à la table.

    Papa en costume, Maman dans sa robe chic, Mamy dans son tailleur de trente ans de mariage, Papé dans sa belle salopette de saltimbanque (Papé est un artiste), les grand'tantes engoncées dans leurs vestes étroitement boutonnées, Petite Mémé dans son éternel grand tablier noir fraîchement repassé, le Vieux Pépé dans sa veste de velours noir à grosses cotes (il a pris son accordéon), Tonton en knickers et bottes de cuir et de larges bretelles sur sa chemise... Et Tatie, la jeune et affriolante Tatie, la nouvelle amie de Tonton en ensemble pantalonnant...

    On n'a pas fait venir les petites cousines (les filles de Tonton)... Elles sont en convalescence de rougeole et toussent encore, et c'est Ursuline, la voisine de palier de l'HLM de Tonton, qui les garde... et leur fera des crêpes...

    Ah les petites cousines ! Le petiot, une fois, il les a troussées dans la cave !... Et doucement, longuement embrassées...

    La Tatie en ensemble pantalonnant, elle a peut-être un joli visage et des fesses qui tournicotent... mais qu'est-ce qu'elle est tarte !

    Au gâteau bien plantureux, architecturé comme une tour de Babel, rutilant de crème rose et violette surmonté de sept bougies bleues... Le petiot a soufflé très fort... Mais ce sont les yeux de sa maman qui ont donné de l'élan à son souffle... Jamais, jamais, il ne lui avait vu ces yeux là, à sa maman... C'étaient des yeux qui balayaient d'un seul coup toutes les sciences des potes, de la Télé et de l'école de la rue...Et ça faisait un bien fou, une fulgurance...

    Elle portait une très jolie robe,très bien coupée, maman...

    Au gâteau, il n'avait plus faim, le petiot... C'est que... après trois fois du rôti et des frites...

    À la cantine il donnait toujours sa part de gâteau à l'un de ses camarades. Mais il brandissait une pancarte “rabiot” quand venait le plat de petits pois ou de patates ou de pâtes ou de carottes...

    Au gâteau, une fois soufflé les bougies, il disparut sous la table, le petiot...

    Et personne ne s'inquiéta désormais de ce qu'il fit, le petiot, sous la table...

    Il se sentait un peu flou, le petiot...

    Et toutes ces grandes personnes qui discutaient sport, politique, actualités, événements de la ville...

    Par moments, de grands éclats de rire...

    Des rires qui ne le faisaient pas du tout rire, le petiot...

    C'était bien, sous la table, tout de même !

    Il lui vint un souvenir...

    Il avait trois ans passés... Papa et Maman suivaient à la télé une émission de variétés... Il était assis en tailleur en face d'un vieux train déglingué aux gros wagons cabossés et aux rails disjoints... C'était du plancher à l'époque, dans le salon...

    Il venait de faire pipi dans sa culotte et à portée de ses bras, il y avait un tas de vieux journaux... Il avait froissé les feuilles de papier journal et épongé tout autour de lui, le pipi répandu en étalant les feuilles mouillées jusqu'au plus loin possible... ça lui avait beaucoup plu... il en avait eu le zizi tout dur... À l'école maternelle, Mario son copain lui avait raconté que les grands quand leur zizi devenait dur, ça faisait du lait qui sentait une drôle d'odeur...

    Il avait fait pipi dans sa culotte, tout doucement, comme s'il essayait de se retenir mais que ça coulait quand même...

    Alors que les rires caracolaient au dessus, d'un bout à l'autre de la table, et que Tonton racontait une histoire salée en faisant sa grosse voix... Il vit, le petiot, devant lui, tout près, vraiment tout près... les jambes de sa maman, croisées, si belles, si belles... et nues... jusqu'aux genoux où s'arrêtait la robe...

    Il se sentit envahi d'un bien être fou...

    Quand il se “touchait le pipi” les matins où il restait au lit jusqu'à dix heures, ça lui faisait du bien... Mais pas à ce point là, comme ce dimanche après midi sous la table, près des jambes de maman...

    Il n'avait même plus besoin de se toucher... Il en suffoquait, il en râlait... Et très vite – mais vite comme dans un grand train express lancé à toute allure mais où, de la vitre du compartiment le paysage ne défile plus du tout – son zizi aussi dur qu'une barre à mine se mit à tressauter, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois... dans sa culotte...

    C'était comme si le zizi avait traversé la culotte, s'était dressé jusqu'aux genoux de maman, et doucement frotté du bout, au bord de la robe...

     

    Personne n'a jamais, jamais su... Maman, à ce moment là, riait si fort, à cent lieues de pensée de son petiot !

    Et le petiot, il a plus jamais essayé de trousser ses petites cousines dans la cave ou ailleurs en quelque endroit “défendu”...

    Le petiot, “ça”, ça lui est resté...

    Le copain Mario il avait dit : “les grands font de la purée, et les vieux quand on leur a gratté le crapaud, ça tressaute à sec comme aux gosses”...

    Ah le petiot !... S'il avait pu faire de la purée, pour ses sept ans ce dimanche, ça aurait traversé la culotte et giclé sur le bord de la robe de maman...

    Elle a jamais su, maman...

    Le Petiot, il a fait un coquillage secret rempli de bonbon venu des étoiles, caché entre des planches d'une cabane qu'il ne fait visiter à personne...

    Ah, le petiot, le petiot !

    ... Et au fait... La petiaude ?

    Ah, les vieux, les vieux !

    ... Et au fait... Les vieillettes ?

     

    Et pour terminer... Une question :

    Pensez vous que je pourrais avoir une prédilection en matière d'habillement féminin, pour les ensembles pantalonnants – fussent-ils de la dernière mode, très “in” ou très “tout ce qu'on voudra” ?

    Ah ah !

     

    Pour la “petiaude” j'aurais imaginé une autre histoire... Où cela ne se passait pas sous une table et où le “coup de craque” ne serait point venu du parfum de toilette de Papa ou de la botte du grand frère frappant le ballon de foot... ou encore à la vue de la poitrine velue du prof de gym à l'école...

    Non, pas du tout... Rien de tout cela...

    Avec la “petiaude” nous serions entré je crois, dans une “autre dimension”... quoiqu'avec l'histoire du “petiot” le dimanche de ses sept ans sous la table familiale... il y eut une dimension...

    Cela aurait été dirais-je, quelque peu “Harrypotteréen”... avec la “petiaude”...

    Avec les filles à vrai dire je ne sais pas très bien...

    Je sais seulement qu'il y a quelque chose de terriblement pareil... dans une dimension de féminité...

    Et c'est dans cette dimension de féminité qui m'est apparue aussi étrange qu'intime, telle qu'un souvenir émouvant et heureux de mon enfance... Que je parviens à décrypter les signes – et la tectonique – de l'être-femme... avec il est vrai, plus ou moins de bonheur...

     

     

    Comment c'était, avant la Féminité ? ... S'il y avait eu un avènement de la Féminité ?

    Sans doute “oeil pour oeil, dent pour dent”, comme dans l'Ancien Testament (la loi ancienne)...

    Mais la Féminité en tant que concept purement humain – et donc, appliquée à l'humain – ce n'est jamais que de l'humanité...

    Alors, il n'y a pas de “loi nouvelle”...

     

    ... Au dessus de la table (au moment de souffler sur les sept bougies) il y avait eu - incontestablement - cette "complicité d'une infinie tendresse" entre le petiot et sa maman... D'où le regard de la maman qui "balayait toutes les sciences de l'école de la rue, des copains, des filles et des petits trucs et combines"... Comme si c'était cela même la "révélation", autrement dit la science, c'est à dire cette infinie tendresse toute emplie de complicité et d'adhésion totale à une manière de penser, de ressentir... et qui nécéssairement devait (a du) impacter toute la sensibilité, toute l'intelligence, tout l'imaginaire du Petiot... lequel Petiot deviendra "grand" avec "ça"...

     

    ... Au dessous de la table, il n'y avait plus de regard, plus de visage (de la maman)... Mais il y avait la Féminité même... Bien sûr c'étaient les jambes de maman... des jambes croisées, très jolies, très élégantes et qui faisaient un bien fou, absolument fou, à regarder... au point qu'il advint ce qu'il advint (et que je décris)...

    Faut-il rappeler que sous la table, il n'y avait, il ne pouvait y avoir... que ces jambes là! Sûrement pas celles par exemple de l'affriolante Tatie (la nouvelle petite amie de Tonton) en ensemble pantalonnant... ou encore celles des grand'tantes ou de la Petite Mémé... qui en aucune façon ne devaient "faire rêver" le Petiot...

     

    ... Il y a... Tout ce que l'on peut éprouver (et qui fait un bien fou) pour une femme, un jour...Pour une autre femme, un autre jour... Ou encore (mais c'est plus rare) pour une seule femme dans toute sa vie...

    ... Il y a... Tout ce que l'on peut éprouver (et qui fait un bien fou)... de la Féminité même... de la Féminité toute entière, c'est à dire de ses fragrances, de ce dont elle se vêt, de ce qu'elle voit, de ce qu'elle respire, de ce qu'elle bat (que ce fût-ce comme le coeur d'un oiseau ou comme le coeur d'un poulpe)... Et il me semble que, outre la peinture et la musique, la littérature est “particulièrement bien placée” pour se “jeter sur une femme, se jeter sur la Féminité”...

    Alors, alors... peut-être y-a-t-il quelques marges à franchir... ou quelque bois, ou quelque fossé, ou quelque cloaque même...

    Peut-être y-a-t-il quelques foudres de regards, quelques doigts pointés... à devoir supporter...

    Pour un amoureux fou de la Féminité...

     

    ... L'un de mes amis sur un forum, un ami en lequel j'ai une grande confiance et dont l'écriture est "plus épurée" que la mienne, et qui lui est, si je puis dire, un "expert" en matière de littérature et de langue Française... Me disait après avoir lu ce texte du "Petiot"... "Voilà une anecdote gentillette et amusante qui n'a pas une grande valeur littéraire"...

    Je suis bien d'accord avec lui... Mais tout de même... Un André Gide (je ne me compare pas à André Gide loin s'en faut...), un André Gide qui a écrit "Si le grain ne meurt" ; un André Gide donc, qui aurait été "davantage porté sur la Féminité" au lieu d'avoir une "préférence" pour les garçons... Aurait sans doute pu écrire quelque chose de "semblable" dans ses souvenirs "intimes" d'enfance...

    Sans doute aussi aurait-il "formulé" différemment, peut-être d'une manière "un peu plus littéraire" ?

     

  • Le 22 juillet

         La date du 22 juillet demeurera toujours dans ma mémoire, une date terrible...

     

    ... À cause de deux évènements, l'un celui de la disparition d'une amie dans un accident de la circulation, et l'autre celui des attentats d'Oslo... Même jour en effet, le 22 juillet 2009 pour le premier, et le 22 juillet 2011 pour le second...

     

    ... Deux ans plus tard jour pour jour après ce tragique 22 juillet 2009, survient ce drame en Norvège, ce pays que j'ai tant aimé alors que j'y avais vécu seulement 34 jours...

    C'est, je le redis encore à quel point je suis bouleversé... Comme si effectivement une femme très belle dont j'aurais fait la connaissance, aurait eu le visage soudain déchiré dans un terrible accident... Cette femme m' aurait pris par la main une seule fois, un seul jour, non pas pour me convier à quelque fête ou à quelque bon moment à passer avec elle, mais pour m'éviter de me sentir perdu et étranger... Cette femme très belle n'aurait pas été "très belle" comme peut être belle une femme qui plaît par son apparence, elle aurait été d'une élégance et d'une simplicité toutes naturelles et émouvantes. Elle aurait ainsi, cette femme, symbolisé si je puis dire, ce que j'aime en ce pays et en ce peuple, ces valeurs de discrétion, de simplicité, de manière d'accueillir sans imposer quoi que ce soit et sans faire dans l'exhibitionnisme ou dans l'assistance inconsidérée...

    Et cette femme , l'image de cette femme blessée si cruellement au visage, symbolise ce pays meurtri, atteint dans ce qu'il a en lui de plus beau et de plus émouvant... Et cela fait vraiment très mal...

    J'ajoute également qu'en face d'une telle femme, et donc en face de telles valeurs de discrétion, de simplicité et d'élégance naturelles, en face d'une telle manière d'accueillir l'autre, l'étranger... Il m'aurait été impensable d'envisager de raconter un seul instant de ma vie... Sans doute parce que dans ce genre de relation, c'est, réciproquement, comme si l'on se reconnaissait sans s'être jamais vu avant...

    ... Une autre chose encore, que je voudrais dire :

    C'est vrai que la Norvège n'est pas un pays pour les fêtards bruyants et exubérants tels qu'on en voit par exemple aux fêtes de Dax ou de Bayonne !

    Néanmoins, petite anecdote :

    Dans un village de pêcheurs et de vacanciers en dessous de Trondheim, proche du camping où je me trouvai alors, durant une promenade du soir (un soir interminable bien sûr) je vis dans une forêt de bouleaux près d'une large rivière tumultueuse, une dizaine de caravanes de vacanciers Norvégiens ; et les gens, les familles se préparaient ensemble une fête intime entre eux... Il y avait de longues planches sur tréteaux, des pots avec des bougies, des bouquets de fleurs, des couverts mis, des bouteilles et des verres... Et les gens riaient, visiblement heureux d'être ensemble, parents, amis, enfants... Sur la rive opposée de la rivière large et tumultueuse, "bataillait" un solide gaillard en bottes dans l'eau, tirant à grand peine un énorme poisson et en face, de l'autre côté, tout le monde applaudissait et riait et poussait des cris joyeux... J'observai un long moment tout cela, assez proche de ces gens, et je sentis que pour eux, je n'étais point un intrus ni un gêneur, à tel point que je me suis demandé s'ils n'allaient pas me proposer de boire un verre avec eux !

    ... Même leurs "minous" ne sont pas des minous comme les autres ! Ce sont de bons gros chats, bien plantureux, à très longs poils touffus et soyeux, en général tigrés ou blanc et noir, avec de belles têtes et des yeux adorables, placides, gentils, peu farouches et se laissant approcher et caresser... Des "minous Norvégiens" qui eux aussi à leur manière, symbolisent en partie cette "âme Norvégienne"... Quoi que les gens en fait, autant les femmes que les hommes que les enfants, ne soient point aussi "câlins" que leurs chats en apparence !

    Tout est dans la mesure, dans un équilibre presque parfait entre réflexion, distance, discrétion d'une part, et spontanéité, chaleur humaine d'autre part...

     

     

  • Les attentats d'Oslo

         J'ai été "littéralement assommé" à l'annonce des attentats survenus à Oslo le 22 juillet.

    Pour avoir séjourné 34 jours en Norvège en 2009 de la mi juin à la mi juillet, et pour qui lit ou relit mon récit du voyage que je fis dans ce pays (voir sur mon site ou sur mon blog)... L'on comprend que je puisse avoir une "énorme sympathie" pour ce pays ainsi que pour ses habitants...

     

    Un extrémiste d'une "droite très dure"... apprend-on. Un homme âgé de 32 ans étant l'auteur des deux attentats perpétrés à Oslo, l'un par une bombe détruisant un bâtiment où se tenaient le premier ministre et des membres du gouvernement, et l'autre par une fusillade dans un rassemblement de jeunes du parti Travailliste...

    Deux questions me sont venues immédiatement à l'esprit :

    -Comment une personne qui se dit "de religion chrétienne" et appartenant à un parti extrémiste, même de la "droite la plus dure qui soit" ; peut-elle envisager déjà, une telle action aussi meurtrière et ensuite, aller jusqu'à perpétrer cette action ? En sachant bien au fond d'elle même, qu'un tel acte ne peut susciter que l'horreur et la désapprobation de l'ensemble d'un peuple ? Et alors même qu'il y aurait au sein de ce peuple, 20 % d'électeurs potentiels pour un parti de droite ?

    -Comment est-il possible, à une seule personne utilisant une seule arme, de tuer en si peu de temps, autant de gens à la fois? Car même à courte distance, lorsque les gens sont rassemblés très proches les uns des autres, les balles atteignant les plus exposés ne font que blesser les autres placés derrière. Et l'arme elle même, une arme automatique à répétition, ayant un chargeur, il faut que ce chargeur soit remplacé car un seul chargeur ne suffit point pour tuer plusieurs dizaines de gens. Et dans le temps même très bref du rechargement, une réaction, une résistance s'avère possible de la part d'un intervenant dans la foule... Et il faut en outre, pour arriver à perpétrer un tel massacre, de plusieurs dizaines de personnes, que le tireur se place au milieu de la foule et fasse feu à bout portant en tous sens mais en visant les personnes de manière à ce qu'elles soient mortellement touchées... Impossible donc, à priori, de tuer 90 personnes à la fois en seulement quelques secondes! (plusieurs minutes au moins sont nécessaires).

    Le tireur certes, était habillé comme un policier, et il n'y avait aucune force de sécurité à proximité... Mais "cela paraît surréaliste, atrocement, incroyablement surréaliste" !

    Dans un pays aussi paisible, aussi sûr pour la liberté et la sécurité des personnes, où la délinquance y est marginale, et où "l'étranger" venu de n'importe quel pays du monde, n'y est pas "regardé comme une bête curieuse", mais respecté, accueilli, considéré, correctement payé pour le travail qu'il accomplit (dans des conditions il faut le dire, des plus justes et des meilleures qui soient)...

    Lors de mon voyage en Norvège j'ai eu l'occasion à maintes reprises, de parler avec des Espagnols, des Roumains et des Africains (entre autres), tous parlant Espagnol, un peu Français ou Anglais ou Allemand, gens travaillant sur des chantiers de construction ou de rénovation, dans la restauration, le commerce, l'hôtellerie, le tourisme... Et tous m'ont dit sans exception la même chose : "ici on t"emmerde pas, on te respecte, t'es pas un forçat au boulot quinze heures par jour, à cinq heures de l'après midi on s'arrête, le matin on commence pas avant 9 heures, tu gagnes jamais moins de 10 000 Noks par mois ou l'équivalent en tarif heure ou jour si tu fais pas le mois, et c'est comme si tu avais 1500 euro en France... Va-t-en gagner autant ailleurs !

    Un pays où la Reine elle-même vient manger dans un modeste restaurant de pêcheurs des îles Lofoten, au milieu de gens comme vous et moi, où les gens du gouvernement prennent le bus, le métro, le train, se promènent le dimanche dans des jardins publics au milieu des familles, où la "richesse" (en particulier la grande richesse de quelques uns) n'est jamais ostentatoire, provocante et insolente comme on le voit ailleurs dans d'autres pays...

    Où la plupart des maisons ne sont jamais d'une apparence impressionnante (quoique très douillettes et très bien équipées à l'intérieur), où les cimetières sont simples et émouvants (une pierre fichée en terre, pas de monument, juste un mètre carré de fleurs ou de plantes et une inscription sur la pierre avec un petit oiseau sculpté dessus)...

    Où beaucoup d'églises sont en bois, où le sourire est certes "discret" mais chaleureux ainsi que le regard des gens, où les femmes de tous âges sont agréables à regarder tant elles ont souvent de l'élégance et de la simplicité...

    Et plus on va vers le Nord, plus c'est "comme je dis"!

    Un pays d'à peine cinq millions d'habitants, où le gouvernement subventionne les "ruraux" pour les inciter à demeurer dans les campagnes (nombreux petits villages disséminés), à créer un artisanat, à faire de l'élevage... Un pays où si tu n'as pas de voiture, tu peux toujours compter sur un train, un bateau ou un bus, un pays où les jeunes ne sont pas à la charge de leurs familles pour aller étudier à Oslo ou dans les grandes universités... Et bien sûr, les paysages fabuleux, les étés du Grand Nord, les fjords et les aurores boréales...

    En fait j'ai visité ce pays non pas en touriste en camping car, voyage organisé, hôtels et fréquentation de lieux "mythiques", mais plutôt en aventurier au jour le jour, étape par étape, en camping, en essayant de parler quelques mots de Norvégien (mais plus souvent Anglais ou Allemand), en rencontrant des gens et en observant, en parlant chaque fois que j'en avais la possibilité...

    Je conçois cependant, qu'aux yeux de personnes n'ayant pas eu la même expérience ou la même vision "idyllique" que moi, de ce pays et de ses habitants ; mon récit puisse paraître "irréel" en partie et peut-être dominé par des sentiments tout à fait personnels... Mais ce que j'ai observé et surtout, les contacts que j'ai eu, m'inclinent à vraiment penser ce que j'écris...

    Pour en revenir à ces deux attentats... Il faut croire que ce qui règne en ce pays en matière de dispositions sociales, de culture, de relation, de démocratie, cela gênerait certains "durs des durs" (qui veulent "casser" tout cela)...

    J'en suis si bouleversé qu'il me vient l'image d'une très belle femme, d'un visage sublime, d'un regard chaleureux, qui m'aurait pris un jour, une seule fois par la main, à la quelle je n'aurais pas osé raconter un seul instant de ma vie, et qui dans un accident stupide et dramatique, aurait été blessée au visage...

     

  • Le verdict des "scientifiques de la littérature"

         Il y a assurément, des "scientifiques de la littérature"... Ou si l'on préfère : "des entomologistes de la langue Française"...

    Ce sont de vrais savants expérimentés et, une fois rendu leur verdict, si celui si est "bon", alors vient pour l'auteur dont l'oeuvre a été analysée dans le moindre détail et au microscope, l'heureuse certitude d'avoir accompli un travail hors du commun et d'une qualité extrême, à tel point que la critique s'avère difficile voire impossible...

    Mais si le verdict n'est pas "bon"... L'auteur peut comme on dit, se rhabiller et aller voir ailleurs...

    Bien sûr les "aficionados" ou les amis inconditionnels d'un auteur, d'un poète, d'un écrivain, n'auront jamais tout à fait la même rigueur que les "scientifiques de la littérature"... Même s'ils sont réellement des "experts" en la matière...

    Et les médiocres, les acides, les perfides, les indifférents... Et ceux et celles qui relativisent, infirment, critiquent... et ne sont en aucune façon des "entomomogistes de la langue Française", porteront toujours sur l'auteur décrié, un regard de "petit juge"...

    ... Disons que les scientifiques de la littérature et les entomologistes de la langue Française m'embarrassent, et que les "petits juges" m'emmerdent...

    ... Pour toute production d'écriture sur le Net, sous la forme par exemple, d'un blog ; l'on serait enclin je crois, à se dire – et je me dis- "qu'un blog c'est un peu comme un livre"... parce que le livre peut être découvert fortuitement, ou choisi d'être lu, une fois découvert. Et il en est de même pour un blog...

    Mais là s'arrête la "comparaison" si je puis dire...

    En 2011 ou si l'on veut dans les années actuelles, les oeuvres de littérature ou les travaux d'écriture présents et diffusés sur le Net, ne sont pas encore perçus de la même manière que les oeuvres de littérature ou que les travaux d'écriture publiés en des seuls livres... Il est à peu près certain que les "scientifiques de la littérature", que les "experts" en la matière dans leur grande majorité, ne commencent qu'à "percevoir" une évolution ou à "supposer" cette évolution...

    L'on peut dire je crois, que l'existence réelle cependant, d'une littérature sur le Net, ne peut être aujourd'hui mise en évidence, que si elle est soutenue par l'existence effective et déjà reconnue, d'une littérature publiée en des livres.

    Ainsi en est-il d'un blog d'auteur ou d'écrivain : le blog soutient les oeuvres publiées et vendues en librairie, le blog soutient ce qui est écrit dans des chroniques ou des articles de journaux, de revues... Et réciproquement, les écrits publiés en livres, en articles de journaux, soutiennent le blog...

    En sera-t-il ainsi pour longtemps encore ?

    Quoi qu'il en soit, lorsque "ce qui est vraiment beau" (et difficile à critiquer) te "tombe sur la tête"... et de surcroît est confirmé par des "scientifiques de la littérature"... alors tu peux te sentir "littéralement assommé ou écrasé", à l'examen de ton propre travail qui te semble dérisoire...

    Mais ce n'est qu'un état d'esprit passager... puisque rien ne se compare à rien en matière de valeurs réelles et intemporelles dans des domaines distincts et diversifiés...





  • Paysage et visage

         Ainsi les paysages ont-ils autant de couleurs dominantes en leur ensemble, qu'en leur tout premier plan...

    Ainsi en est-il de tous les visages des femmes et des hommes...

    Mais la saison, le temps qu'il fait, la lumière du soir ou du matin, le regard que l'on porte sur le paysage aperçu... Tout cela fait du paysage un moment unique de ce paysage...

    Et l'apparence dominante d'un visage dans l'évènement ou dans la situation du moment, tel ou tel détail ou signe particulier dont on va se souvenir, et ce regard qu'il a, et ce regard qu'on lui porte... Tout cela fait du visage aperçu, un instant unique de ce visage...



  • Cette immense continuité qu'est la vie

         C'est fou le bien, tout le bien que l'on dit des gens lorsqu'ils sont morts (qu'ils viennent tout juste de mourir en fait, et qu'ils ne sont pas même encore mis en terre ou incinérés)...

    Ensuite, lorsqu'ils sont morts depuis "un certain temps", les éloges s'espacent ou deviennent moins "élogieux"...

    ... Et quand les gens sont en vie, tout proches de nous, parents, amis, connaissances, on les "enterre" pour un oui ou pour un non, on médit d'eux, on se moque d'eux, on les méprise, les vilipende, on les prend pour des "demeurés" ou des "allumés" ou des hautains, des dédaigneux, des "ours" ou je ne sais quoi encore !

    Tout ce "cinéma" au moment de la mort des gens alors...

    Mais toute cette crapulerie et cette hypocrisie du temps de leur vivant, quelle triste et inféconde réalité !

    Que ne dit-on aux gens (plus souvent qu'on ne le fait en réalité) qu'on les aime, et pourquoi on les aime ! Et de leur vivant! Pas attendre qu'ils soient morts !

    Lorsque tu "suces les pissenlits par la racine" comme on dit, que les vers te rongent les chairs putréfiées dans un cercueil qui a éclaté ou quand tu n'es plus que cendres et poussière dans une urne que peut-être même on érigera en "vase sacré" sur un manteau de cheminée... Ou que tu seras empaillé comme un toutou vénéré... C'est "trop tard"! (L'image de l'urne en "vase sacré" sur le rebord de la cheminée, et du "toutou empaillé vénéré", est certes, surréaliste et caricaturale)...

    J'imagine l'âme du mort pétant au visage des imbéciles encore en transit temporaire avant le grand saut dans une éternité supposée, un bras d'honneur à faire tomber toutes ces louanges caramélisées qui peu de temps avant, étaient de l'acide sulfurique !

    ... Mais je ne crois pas du tout à la vie éternelle des religions, des cultes et des croyances, ni même dans le sens où l'on entend parler dans le monde, de la vie éternelle...

    Je ne vois pas la vie éternelle comme le "prolongement direct" de sa vie vécue de la naissance à la mort, que ce soit sous une forme ou une espèce de "résurrection", ou par l'âme ou par l'esprit "désincarné" qui "vivrait toujours"...



    Je verrais la vie éternelle, en fait, comme étant l'existence même de la vie.. La perpétuation de l'existence de la vie humaine ou animale ; de la vie, de toute vie en général sous n'importe quelle forme... Nous serions, ainsi, chaque être (humain ou autre) un "instant" de cette immense continuité qu'est la vie... Et il y a sans cesse un grand nombre d'instants, comme il y a sans cesse des vagues à la surface de l'océan...





  • Itaye, le petit extraterrestre

         C'est Itaye...

    Descendu de sa soucoupe volante, petit extraterrestre aux grands yeux d'enfant, au coeur grand comme un cosmos et avec une grosse tête...

    Itaye, dont les yeux d'enfant au dire des comédiens ne jouant que dans de belles pièces, sont des yeux plus noirs que bleus...

    Itaye, dont le coeur grand comme un cosmos, au dire des mêmes comédiens, est un maëlstrom qui épuise les étoiles dans toutes les galaxies...

    Itaye, dont la grosse tête, encore au dire des mêmes comédiens, est comme une pastèque emplie en sa chair de cent mille pépins...

    Et Itaye s'agite, se contorsionne et cabriole dans la fête, une fête qu'il dit imbécile et cruelle, imaginant une autre fête, celle là informelle, sans forains aux gros bras, sans manèges trépidants avec le pompon à attraper, sans tireurs d'élite descendant mille pipes ; une fête improvisée, inattendue et apparaissant comme au détour d'un chemin dans une clairière, au milieu de la nuit ; une fête où les visages sous les lumières jaunes, rouges, vertes et bleues des lampions, s'ouvrent au regard du promeneur venant de traverser la nuit...

    Itaye avec des yeux d'enfant au coeur grand comme un cosmos et à la grosse tête... Tout le monde y croit...

    Enfin... Tout le monde "pas tout à fait comme les autres"...

    Et si Itaye... C'était une sublime imposture ?

    Une imposture comme Lucifer en ange de lumière ?

    Alors, Itaye qui dans son enfance encore proche s'était inventé Rampono, un personnage sévère et critique qui le prenait par la peau des fesses, le jetait dans l'eau et le forçait à nager... S'invente aujourd'hui Hèmèmène, un "ennemi nécessaire", pourfendeur d'Itaye...

    Hèmèmène suggère une possible imposture.

    Et Itaye recouvre d'échardes hérissées et coupantes les hublots de sa soucoupe volante afin que les doigts curieux s'y blessent...

    Se chausse de sabots pointus et ferrés qu'il enduit de boue putride...

    Autant dire qu' Itaye "suicide" son image de petit extraterrestre aux grands yeux d'enfant, au coeur grand comme un cosmos et à la grosse tête...

    ... Mais même là, il y a peut-être encore, embusquée, ricanante, obscène... L'imposture !

    Cette imposture que les Inabusés vont révéler...

    Cette imposture dont les Abusés croyent "dur comme fer" qu'elle est une vérité sublime et singulière...

    Quel arrangement, tout de même, cette "vérité" qu'il y paraît, entre imposture à dénoncer, et existence d'un passage étroit menant à un espace de lumière et de certitude, à montrer !





  • Bonnes vacances !

         Je souhaite d'agréables vacances d'été, à toutes celles et ceux d'entre vous, leur famille et leurs enfants, qui, un jour de juillet ou d'août, vont traverser la France en une diagonale, en une horizontale ou en une verticale, afin de se rendre en l'une ou l'autre des si belles régions de notre pays... ou ailleurs...

    Il y a aussi celles et ceux qui ne partent pas... Peut-être pas forcément parce qu'ils ne veulent pas partir, mais tout simplement pour se reposer ; ou plus pratiquement, pour effectuer quelques travaux à l'intérieur ou à l'extérieur de leur maison, ou encore, pour recevoir des personnes de leur famille, des amis...

    Il y a enfin celles et ceux qui... ne peuvent point partir... et l'on en perçoit les raisons qui les contraignent ou les portent à ne point partir... Je leur souhaite un ciel d'Afrique dans leur tête, une brise marine de carte postale d'ami dans leur boîte aux lettres, des voyages dans des livres, des enfants autour d'eux qui les amusent et les occupent, des fleurs dans leur jardin, et juste la pluie qu'il faut, sans plus, s'ils ont quelques plants de haricots ou de salades...



  • Des bulles de toutes dimensions dans un vaste bouillon de culture

         Autrefois étaient les clubs, les bandes, les groupes, les cénacles et toutes sortes de constellations d'écrivains, de poètes, d'artistes ou de personnages plus ou moins atypiques ou exerçant une activité sortant de l'ordinaire...

    Et tous ces gens là se réunissaient dans des lieux publics, salons ou cafés, souvent à Paris...

    De nos jours, ces groupes, ces bandes, ces clubs et ces cénacles, forment aussi des constellations, sans doute en plus grand nombre, et leurs membres communiquent entre eux par des blogs, ou par des messages et par des images qu'ils exportent à partir de leurs téléphones portables ou de leur ordinateur via le Web...

    Mais l'on peut dire que le Web a "changé la donne", dans la mesure où se sont constituées des communautés virtuelles rassemblant des centaines voire des milliers de membres, tous dispersés aux quatre coins de la France et du monde...

    Ainsi s'étend à perte de vue, désormais, un immense bouillon de culture planétaire dans lequel fourmille toute une vie grouillante de germes, de bactéries, d'animalcules... Et les bandes, et les cénacles alors, y sont, dans ce bouillon de culture, comme des bulles...

    Des bulles identifiables, indépendantes les unes des autres ou s'interpénétrant à l'occasion ; des bulles qui ont chacune leur univers relationnel propre, mais qui dans une déconcertante et étonnante réalité, évoluent dans la mouvance du bouillon de culture de dimension devenue "cosmique"... Où tout ce qui existe et se diffuse, va et vient, apparaît, disparaît, éclate, se décompose, se reforme, se superpose, s'entrechoque...

    Comment s'y retrouver là dedans, comment y envisager dans une telle mouvance, une histoire et une géographie de la relation avec des repères, des ports, des attaches ?

    Avez-vous déjà observé dans nos villes et à la périphérie de nos villes, ces galeries et espaces marchands en lesquels s'ouvrent et se ferment au rythme des saisons, autant de boutiques ?

    Alors j'imagine... Dans ces constellations de forums du Net, non plus des boutiques comme dans une galerie marchande, mais des visages, de "vrais êtres", dans une "galerie" ou espace de communication... Des visages qui apparaissent puis disparaissent au rythme des saisons et des évènements, au rythme des émotions, des sensibilités, des engouements, des préférences ; au rythme du flux et du reflux d'une marée qui elle-même enfle, envahit les terres proches, puis s'arrête et ravale son flux et son reflux...

    Pour l'artiste, pour le poète, pour l'écrivain... Il y avait jadis un monde, une véritable planète avec une géographie et une histoire... Et donc, une existence.

    À présent, avec tout ce qui va et vient, apparaît, disparaît, se forme et se déforme ou se dilue, il n'y a plus de planète tellurique avec des continents et des océans, il n'y a plus qu'une planète "boule de gaz", sans histoire, sans géographie... Et l'artiste, le poète, l'écrivain, n'existe plus : il "lumine" comme une sorte d'arc-en-ciel de particules pris dans un tourbillon d'autres arc-en-ciel... C'est cette "luminescence" qui se substitue à son existence...

    ... Un ami me disait un jour (cet ami est plus anciennement présent que moi, sur le Net puisqu'il y est arrivé en 2000 au temps des premiers forums dans leurs balbutiements, alors que moi, je ne suis vraiment présent que depuis 2005) :



    "Depuis les blogs, les forums deviennent des déserts"...



    En effet, j'ai vérifié sur tous les forums sur lesquels je m'étais inscrit depuis 2004 et surtout en 2005/2006... Et j'ai pu constater qu'au départ, ces forums étaient très animés, bien fréquentés... (avec certes leurs "locomotives") mais qu'à partir du moment où le "phénomène blog" a commencé à prendre une grande extension, en gros après 2007, eh bien tous ces forums à l'exception de deux ou trois, sont devenus des "déserts" ... en ce sens que, même ceux et celles qui les animaient, n'y postent à présent plus rien ou presque.

    J' y vois là, dans cette tendance à la baisse de fréquentation et au vide laissé par celles et ceux qui postaient régulièrement mais se sont envolés...

    une explication : le blog est devenu en quelque sorte la "sphère relationnelle" de son auteur, avec ses "fidèles" d'une part, et les quelques amis ou connaissances qui de temps à autre visitent le blog...



    D'ailleurs mon ami qui lui-même avait créé un forum en 2007, constate qu'en 2008 son forum "marchait bien" mais qu'ensuite à partir de 2009, il n'y a plus que 1 ou 2 messages de loin en loin...



    Personnellement, je déplore la "désertification" des forums au profit de l'activité et de la fréquentation qui se reporte sur les blogs...

    Pour cette raison :

    le blog c'est l'univers des copains, amis, des gens "à votre dévotion" (ce qui de toute évidence est très confortable)... mais "t'enferme comme dans un terrier peuplé de gentils lapins"... Et le forum c'est l'univers dans lequel existe une vraie confrontation, une vraie mise à l'épreuve, une vraie communication...(autrement dit, tu n'y rencontres pas que des "gentils lapins" qui vont te mordiller-bisuquer le bout du nez)...