Articles de yugcib

  • Kate Middleton et le prince William

    ... Oui, si je me suis décidé à "jeter un coup d'oeil" (à dire vrai, un peu plus qu'un coup d'oeil) à la cérémonie du mariage de Kate Middleton avec le prince William... C'est seulement à cause des dames et demoiselles "si bien fringuées" (pas une seule en "ensemble pantalonant")!

    C'est vrai que la Femme bien habillée, ça m'a toujours fait rêver depuis mon enfance , à commencer par ma mère qui était une femme très belle et très chic, et en même temps d'une drôlerie et d'une gentillesse "époustouflantes"...

     

    Mais à part cela, tous ces gens du "grand monde", princes, souverains, reines, stars, célébrités, personnages médiatisés, grands écrivains et grandes cérémonies... Chanteurs à la mode et vedettes... Cela me laisse quelque peu indifférent dans la mesure où je ne me fais aucun souci pour ces gens là : ils y arriveront toujours ! Ils trouvent très facilement pour leurs productions littéraires, poétiques, musicales, artistiques s'il en est, un producteur, un éditeur...

    Leur page Facebook a un succès fou, ils font la Une de l'actualité "people", ils sont riches...

     

    Autrefois, dans les campagnes, les jeunes filles et les femmes esseulées, et aussi les jeunes gens, les mères de famille, les grand mères et d'une façon générale les gens de "modeste condition", regardaient le petit écran (télé-caisson) en noir et blanc, achetaient Paris Match, Point de Vue, Détective, Nous-Deux, Confidences...

    Aujourd'hui, excusez moi l'expression, c'est "toute une chiée" de revues people aux couvertures glacées avec des photos sensationnelles de femmes à moitié à poil ou arborant des tenues excentriques...

    Je sais bien que tout cela, ça fait rêver les gens et je le comprends ! C'est comme une fenêtre ouverte sur une sorte de jardin enchanté... Un jardin où jamais ils ne se promèneront un jour, où ils ne seront jamais invités... Un monde qui n'est pas le leur, mais qui néanmoins représente pour eux le "summum de la réussite"... Oui, je comprends cela!

     

    Je préfère pour ma part, les "petits", les humbles, les "sans succès", les "oubliés de l'Histoire", les gamins des rues, les jeunes qui taguent sur les murs des cités, les "Bondy Blog" and Cie ! les personnages de bistrot, les petits marchands des foires, les musiciens de rue... Et d'une manière générale tous ces gens simples et de bon sens, qui parfois tout au long de leur vie, réalisent des choses dont personne n'a idée, et ne sont pas moins des êtres tout à fait exceptionnels quand on les connaît vraiment...

    Tous ces gens là, on les voit jamais sur des plateaux télés, ils n'ont pas d'éditeur ni de producteur, et leur page Facebook s'ils en ont une, est comme une aiguille dans une meule de foin...

    Et j'aime bien les écrivains qui parlent de ces gens là, et qui les font parler... Je pense à ces petits bergers ou à ces jeunes paysans, à ces gens dans les veillées, en l'an mille, au temps néolithiques, et jusqu'à de nos jours même, ayant eu la capacité de raconter de si belles histoires... Alors qu'ils n'ont qu'une instruction très rudimentaire...

     

  • La vie sera élucidée...

         Voici un texte qui me semble d'une fantastique modernité et que j'ai apprécié...

     

    D' Henri Pichette (1924-2000) : La vie sera élucidée.

     

    Néanmoins, la vie sera élucidée.

    Car à vingt ans tu optes pour l’enthousiasme, tu vois rouge, tu ardes, tu argues, tu astres, tu happes, tu hampes, tu décliques, tu éclates, tu ébouriffes, tu bats en neige, tu rues dans les brancards, tu manifestes, tu lampionnes, tu arpentes la lune, tu bois le lait bourru le vin nouveau l’alcool irradiant, tu déjeunes à la branche, tu pars à la découverte, tu visites l’air les champs les ruines les métropoles les stades et les musées, les jungles et les églises, les arènes les volcans les chutes les fjords les oueds les lagunes les bayous les canons les toundras les déserts les grandes salles des châteaux les jardins suspendus les pyramides les mégalithes les catacombes les cavernes ornées les blanches montagnes les théâtres étoilés la mer Océane, tu bolides, tu pagaies, tu varappes, tu dribbles, tu crawles, tu voles à voile, tu hamaçonnes les filles, tu t’amouraches, tu gamahuches, tu renverses la vapeur, tu déploies les couleurs, tu dérides les bonzes, épouvantes les bigotes, scandalises les vieux birbes, tu convoles un jour dans l’infanterie un jour vers les ciseaux-lyres les aigles-bugles les cygnes au cri de cuivre un jour avec les clartés furieuses les splendeurs d’ombre la nature, tu idéalises, tu ambitionnes, tu adores, tu détestes, tu brilles.

    À quarante ans je te retrouve rongeant ton frein, tu fondes sur la sympathie, il y a un cerne noir à toute chose, tu déshabilles du regard, tu convoites, tu prémédites, tu disposes tes chances, tu te profiles, tu places ton sourire tes phrases tes bouquets tes collets tes canapés, tu estimes, tu escomptes, tu commerces, tu carbures à prix d’argent, tu te pousses dans les milieux tu médis du tiers et du quart ou fais du plat selon le rang, tu arroses, tu gobichonnes, tu prends du ventre, tu prends des mesures, tu prends médecine, tu te mets au vert, tu récupères, tu remets ça, tu enrobes et te lisses le cheveu, tu ne veux pas avoir l’air, tu opères comme en glissant, tu serpentes, tu attaques, par le faible, tu escarmouches à petits coups de champagne, tu endors les chagrins, tu tamises les lampes, tu officies sous le manteau de la nuit... mais se réveiller : la grisaille la routine les manigances lea vacheries... comme tu voudrais un jeu neuf ! que s’il te l’était donné, tu laverais les sons, ressourcerais les images, procéderais à la toilette des Muses des Grâces des bonnes fées, or tu dissèques, tu calcules, tu cogites, tu épilogues, tu fais silence.

    À soixante ans tu dates, tu radotes, tu perds la main l’ouïe tes dents, le cœur te faut, les jambes te flageolent, tu tombes en faiblesse, encore un peu et tu retombes dans une enfance touchée à mort.

     

    [ Henri Pichette, Les Épiphanies, 1948. ]

     

    Déjà la première phrase m'interpelle : " Néanmoins la vie sera élucidée" ...

    Je rapproche cette phrase, de cette pensée qui m'est récemment venue : soit l'idée que "tout un jour sera retrouvé" et qu'une sorte de vérité (en fait une réalité) originelle, intemporelle et quasi éternelle nous deviendra accessible parce qu'elle nous sera comme rendue... Ayant été perdue dès notre naissance...

    J'aime bien toutes ces énumérations surtout dans "ce style là et avec ces mots là"... J'aime ce réalisme ainsi exprimé, à dire vrai ce qu'il y a dans ce texte, de "surréaliste"...

    Mais à 60 ans pour moi, "l'enfance touchée à mort" serait la venue d'un temps de "révélation" (ou d'intuition) lié à un regard, à une pensée, à une interrogation... Et cela dépasserait toutes les révoltes anciennes et encore présentes... Et toutes les jeunesses vécues.

    A défaut "d'emporter le monde" cette sorte de "révélation" qui viendrait - sans même peut-être avoir été cherchée - rendrait plus supportable le monde...

    Une "enfance touchée à mort", qui en somme, dans son innocence blessée, dans sa blancheur demeurée tout aussi incandescente que du temps où elle ne savait pas et interrogeait... Pardonnerait "le lait bourru, l'alcool irradiant, les ruines, les jungles, les églises et les canons."..

     

  • Un espace de liberté

         Je l'ai déjà dit mais je le redis encore aujourd'hui (décidément c'est un "leit motiv")...

     

    "Le Net est un espace de liberté qui appartient à tout le monde".

     

    Aussi bien pour les auteurs d'oeuvres littéraires, ou d'écrits que l'on pourrait qualifier de "monuments littéraires"... Que pour toute personne, de quelque origine et de quelque culture ou de quelque "milieu social" que ce soit...

    "Mauvais Français", fautes d'orthographe, style "SMS" et autres bizzareries sinon langages "claniques" (et seulement compréhensibles pour les "initiés")... Toute expression a sa place sur le Net...

    Le Net est une immense, immense place publique... Mais virtuelle... Mais à ce propos, où se situe vraiment la "frontière" entre le virtuel et le réel? Quand on sait que, suite à un appel de quelques lignes ou même d'un seul message sur un réseau social, les gens peuvent se rencontrer dans l'heure qui suit !

    En ce qui concerne la littérature, la poésie, il existe des forums "dédiés" qui, cependant ne sont jamais des "univers fermés" en lesquels il faut être "co-opté" (comme pour entrer à l'Académie Française !)...

    Il suffit tout simplement d'avoir envie de voir, de découvrir... Et même pourquoi pas, d'y entrer, dans l'un ou l'autre de ces "univers" qui, je le réaffirme, ne sont pas des "univers" pour des seuls "élus", où l'on a peut-être son petit mot à dire s'il en est...

    Tout le monde n'a pas la même capacité si je puis dire, à s'exprimer de la même manière qu'un écrivain, ou qu'une personne cultivée, ayant fait des études : à ce sujet d'ailleurs, il y aurait beaucoup à dire... Parce qu'il existe déjà une injustice fondamentale, dramatique et commune à toutes les civilisations, à tous les systèmes d'éducation, à tous les pays du monde : l'accès à la culture, à l'éducation, pour tous... (sélection par l'argent, par le milieu social d'où l'on vient et où l'on demeure, par le lieu où l'on habite).

    La seule injustice qui soit "concevable" c'est l'injustice naturelle, c'est à dire celle qui fait que des êtres humains ont "plus de mal que d'autres pour arriver dans la vie"...

    Si "tout le monde n'a pas la même capacité à s'exprimer de la même manière qu'un écrivain ou qu'une personne cultivée"... Il n'en demeure pas moins que "tout le monde a le droit de s'exprimer"... Et doit, d'ailleurs, s'exprimer... Comme il peut, avec ses mots à lui, dans le langage qui lui est habituel, avec des fautes d'orthographe, en "SMS"...

    Je souffre, personnellement, de voir de temps à l'autre, ces "intellectuels qui se la pètent" (avec des "petites phrases", des formules bourrées de métaphores hasardeuses pour ne pas dire tarabiscotées comme un épisode de Louis la brocante, ou des propos condescendants et méprisants à l'égard de ceux qui "écrivent n'importe comment") !

    Si le Net n'existait pas, des millions de gens ne pourraient jamais s'exprimer autrement que devant le comptoir d'un café, devant la table familiale, ou dans l'entrée de leur immeuble...

    Le Net, c'est un espace plus large, plus ouvert, un immense mur où il y a de la place pour les tags, les graffitis, les mots de tous les jours, et ce que l'on dit être "du fond de ses tripes"...

    La médiocrité culturelle n'est pas une fatalité "qui coulerait de source et serait directement le fait de personnes qui, par centaines de millions, s'y vautreraient dedans comme les poissons dans l'océan le plus naturellement du monde" : la médiocrité culturelle est le fait des systèmes politiques et économiques qui la font exister de telle sorte que les centaines de millions de gens n'en ont pas même conscience parce qu'ils ne connaissent pour la plupart d'entre eux, que l'eau dans laquelle on les fait nager...

    La médiocrité culturelle est avant tout orchestrée et subie, dans une indifférence générale et dans un air que l'on respire sans penser que l'on a une peau, des narines, des bronches et des poumons, et que chaque partie de notre être même, jusqu'en ses organes et ses tissus, respire...

    La médiocrité culturelle c'est l'idée intemporelle et répandue, d'un certain nombre de personnes selon lesquelles un grand nombre de gens sont "sans éducation, serviles et à l'esprit conditionné par l'attraction ou l'engouement du moment"...

    Mais en réalité, n'importe quel être humain de ce monde, ne connaissant pas le nom d'une fleur ou d'une plante aperçue sur son chemin, a la capacité d'en apprécier la beauté, de cette fleur, de cette plante, et de s'en émouvoir, et de s'en souvenir... Et même de revenir s'il le souhaite vraiment, sur le lieu où pousse cette fleur, cette plante.

     

    ... Pour information, voir l'un ou l'autre de ces "univers du Web" (littérature et poésie, oeuvres en ligne) :

     

    http://notabene.forumactif.com/ un forum dont la vocation première est la littérature, mais aussi bien d'autres thèmes...

     

    www.//passiondesmots.net littérature, poésie, cinéma, musique, actualités...

     

    www.alexandrie.org l'édition libre en ligne et 27 forums pour s'exprimer...

     

    ... Et ce ne sont pas les seuls !

     

  • Le film "Michou d'Auber", de Thomas Gilou

     

         Dimanche 24 avril 2011 à 20h 30 sur France 2 : MICHOU D'AUBER de Thomas Gilou, avec Nathalie Baye, Gérard Depardieu...

     

    Oh combien j'ai aimé ce film (années 60, le "climat" de l'époque, le contexte historique (fin de la guerre d'Algérie, la terreur OAS en France... La sensibilité et l'intelligence du gamin (d'origine Kabyle)... Des moments forts et émouvants...

     

    Nathalie Baye (que j'adore) et Gérard Depardieu sont tous deux "comme des frère et soeur jumeaux" pour moi, né tout comme eux en 1948 ! Nous fêterons notre centenaire, je l'espère, en 2048, "pas dans une maison de retraite médicalisée" !

     

    Cela dit, c'est avec "un coeur gros comme une pastèque" et donc avec une immense tristesse, que j'ai appris la disparition de Marie France Pisier (que j'adorais aussi)...

     

    Je l'ai déjà dit mais je le redis encore : j'ai passé cinq ans de mon enfance/adolescence en Afrique du Nord, de septembre 1957 à mai 1962 (à Tunis jusqu'au 17 février 1959, et à Blida en Algérie, de juin 1959 à mai 1962) ... J'ai connu l'autodétermination, les barricades d'Alger, le putsch d'avril 1961, les attentats, la terreur de l'OAS, le grand exode de mai 1962... J'avais au Lycée Duveyrier à Blida, en classe de 6 ème et de 5 ème, de très bons copains Arabes : l'un d'eux s'appellait Ould Ruis avec lequel nous nous partagions les encouragements, les félicitations, les prix, notamment en composition Française. et nous avions pendant les récréations, d'interminables discussions philosophiques, de réflexion et de pensée, âgés tous deux de 13 ans... L'autre copain s'appellait Tahar, mais lui était le dernier de la classe, mais d'une gentillesse phénoménale, et d'un optimisme légendaire et "très rigolo"... Un jour en compo de sciences'nat", sur le pigeon, il avait écrit seulement sur la feuille "le pigeon a un bec, il pond des oeufs"!

    Ah, quelle époque !

    Le 22 mai 1962 (un mardi) par un soleil et un ciel bleu magnifiques, sur le port de Marseille au débarquement, je pleurai toutes les larmes de ma vie...

     

  • L'oeil, la tête et le coeur

     

         Si "photographier, c'est mettre dans la même ligne de mire la tête, l'oeil et le coeur" selon la déclaration de Cartier-Bresson...

    Alors ne pourrait-on pas en dire autant d'écrire ?

    Et de peindre, de dessiner, de réaliser une sculpture ou une composition musicale ou encore une chanson ?

    Plutôt que construction, une oeuvre ne doit-elle pas être davantage composition ?

    Quoi qu'il soit difficile d'imaginer qu'une oeuvre ne soit que composition, et aucunement construction...

    Ce "coeur" qui manque, s'il y a réellement déjà l'oeil et la tête ; n'est-il pas une vision intérieure et toute personnelle , et d'une dimension d'humanité, et porteuse d'espérance... qui peu à peu réconcilierait l'artiste avec le monde sans pour autant que l'artiste doive se sentir forcé à se soumettre au monde ?

     

    ... Il me semble que l'artiste bien souvent (quoique ce ne soit pas toujours le cas) "a un problème avec le monde" tel qu'il est, tel qu'il lui apparaît...

    Et en ce sens, il n'est donc pas réconcilié avec le monde. Il voudrait le monde, l'artiste, comme il le voit lui, comme il l'imagine – et aimerait peut-être "le faire", le monde, s'il en avait la possibilité...

    Il y aurait à mon sens, une sorte de révolution à faire dans le monde tout entier, peut-être, par une réconciliation avec le monde, une réconciliation qui commencerait par une intention de cette réconciliation.

    Mais l'intention est difficile à mettre en oeuvre, elle suppose déjà qu'elle puisse être communiquée, présentée, voire même affichée, engagée... Et si possible, partagée...

    Nous serions là, par l'intention mise en oeuvre, communiquée et partagée ; dans la dimension d'un combat qui ne serait plus axé sur une volonté de domination en s'exerçant dans la violence ou dans la confrontation polémiquée sans issue...

    Rien de ce qui fut jusqu'à présent et depuis d'ailleurs, des temps immémoriaux, n'a été vain ou inutile, de tout ce qui a été produit avec la tête, l'oeil et le coeur... Et même ce qui a été produit avec la tête et l'oeil mais sans le coeur... Car tout participe à un processus d'évolution.

     

  • la nature, une grande Ecriture

     

         Oui c'est vrai : la chouette qui fait caca par son bec en régurgitant une boulette de déchets,

    l'araignée qui suce sa proie entortillée dans le fil de la toile qu'elle a tissée... C'est peut-être "pas très conforme à nos idéaux humains"... Mais c'est la nature !

    Et la nature, c'est la plus grande et la plus vraie, la plus universelle de toutes les Ecritures !

    Une Ecriture qu'aucun humain, qu'aucun extraterrestre "humanoïde" ou autre, ne peut égaler de son talent le plus grand soit-il !

     

  • Pourquoi j'ai tant aimé le film " le huitième jour"

     

    ....Le film "le huitième jour", de Jaco Van Dormael, avec Daniel Auteuil et Pascal Duquenne... ?

     

    Les "éclopés de la vie", comme je dis... Ceux et celles que la vie n'a point gâtés, les infirmes physiques et mentaux, les trisomiques, les autistes, et d'une manière générale, les oubliés et les exclus de la "scène du monde", les humbles, les "petits", les filles et les femmes que personne ne regarde, les "passés à côté" de tous les regards et de tous les sourires, les enfants difficiles et les vieillards "à problèmes", toutes ces personnes qui ont "quelque chose à dire" et que l'on n'écoute jamais parce qu'elles le disent d'une manière qui dérange ou surprend... Oui, tout cela, chez moi, je le dis, c'est un thème "assez récurrent" et qui revient inévitablement un jour ou l'autre dans mes écrits, sous la forme d'une histoire vraie ou fictive, d'une anecdote, d'un récit ou d'une réflexion...

    C'est pour cela que j'ai tant aimé le film " le huitième jour", un film qui met en scène Georges, un trisomique...

    L'enfance et l'innocence blessée, une intelligence "différente", des émotions, un humour, des émerveillements surprenants et spontanés mais aussi des colères et des silences... et ces regards à nul autres pareils, ces affections démesurées, cette "injustice" qu'il y a, à devoir vivre "pas comme les autres" en particulier pour ce qui est "des choses de la vie sexuelle", pour ce qui est de tout ce dont tout le monde jouit... De tout cela oui, je dis le regard que je porte, l'émotion qui est la mienne, et la gravité de ma réflexion...

     

    ... D'ailleurs dans la seconde partie de mon livre "Grand Hôtel du Merdier" (éditions Alexandrie Online) , j'évoque un jeune homme d'une vingtaine d'années, un "tordu", un crasseux, un "dégueu", qui un matin alors qu'il touche le fond de la désespérance et de l'ennui, et en même temps le fond de sa crasse, une crasse épouvantable dont les détails scabreux sautent à la figure du lecteur... Va avoir soudain une "illumination"... Il va prendre une douche, se rendre chez un coiffeur, s'habiller, se faire "chic et beau", et rejoindre une jeune femme qu'il a connue dans un centre de vacances et qui, à la suite d'un grave accident, se trouve très lourdement handicapée... Il y a dans le récit, dans l'heure qui précède la rencontre, le trajet en métro, cette relation du regard avec les gens dans le métro, cette émotion et cette générosité qui surgissent, ces réflexions que ce jeune homme se fait...

    Et suivent bien sûr, d'autres détails "assez scabreux", de la visite chez la jeune femme, à la quelle il fait un "très chic après-midi"...

     

    ... Nous sommes bien là, dans ce récit et dans le livre tout entier en ses trois parties, d'ailleurs, dans la dimension peut-être la plus "Yugcibienne" qui soit !

    Dans une certaine mesure, je peux dire que le surréalisme (c'est à dire la réalité encore plus surréaliste et peut-être plus "heureuse" que la réalité) et une intention déterminée à l'autodérision... M'ont sauvé du désespoir.

     

     

  • Une mauvaise farce

     

    J'organisai ma mort afin qu'elle fût crédible...

    Mais je ne mourus point...

    Alors je sus...

    Tout ce qu'ils dirent.

    La farce était mauvaise, finalement...

    Il me fallut me "ré-exister"...

    Puisque j'étais censé être mort...

    Alors je fis comme si ne savais pas que je savais...

    Mais je n'en pensai pas moins...

    Je les aimais encore plus fort, je leur pardonnais tout...

    Enfin je les comprenais...

    Mais je n'étais plus "moi"...

    J'étais "un autre"....

    Un autre qui devrait sans doute, mais dans une "moins mauvaise farce", organiser sa mort... sans mourir".

     

     

    La farce était perverse

     

    J'acquis le pouvoir de faire mourir...

    Il me suffisait d'y penser très fort...

    À l'effacement...

    Et je les fis mourir donc...

    Mais ils ne moururent que comme je souhaitais qu'ils mourussent...

    Et sans mourir parmi ceux auprès desquels ils vivaient...

    Et peu m'importait que pour eux je fusse mort...

    Sans être mort...

    Et ayant dû me ré-exister...

     

     

     

  • Suite à "qu'est-ce qu'un bon interlocuteur" ...

     

         Un bon interlocuteur c'est parfois aussi, un personnage homme ou femme, avec lequel comme on dit « on n'a pas beaucoup d'atomes crochus »... En ce sens qu'une telle personne n'a pas du tout les mêmes repères et valeurs de sensibilité, de culture ou de « vision du monde » que nous...

    Oh combien il est plus facile d'aimer des gens qui nous aiment !

    Un bon interlocuteur c'est donc parfois quelqu'un qui, à sa manière, vous « botte les fesses de première »! Vous fait savoir sans l'envoyer dire, qu'il ne comprend rien à votre discours, et qui demeure imperméable à certaines de vos productions... littéraires, artistiques ou autres.

    J'en ai connu, de ces interlocuteurs là ! Je ne les remercie pas dans le sens du remerciement que l'on manifeste habituellement par une sorte d'intelligence qui fait dire en soi « il me fait réfléchir » ou « il m'a ouvert les yeux » ou encore « grâce à lui j'ai découvert que... »

    Si je devais vraiment les remercier, ces interlocuteurs là, c'est d'avoir pu me servir d'eux pour m'envoler encore plus loin et plus haut, mais pas avec les ailes de plumes qu'Icare avait collées derrière son dos pour s'approcher du soleil.

     

  • la chouette de Minerve

     

    "La chouette de Minerve ne prend son envol qu'au crépuscule" (Hegel)...

     

    Cette citation de Hegel ne me laisse pas indifférent... Mais j'ai du mal à en saisir le sens.

     

    "Nous ne pouvons savoir, nous sommes accablés d'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères" (Arthur Rimbaud)...

     

    Je saisis mieux le sens de cette citation d'Arthur Rimbaud.

    Je saisis assez mal je le reconnais, les développements de ces grands philosophes que l'on étudie en classe de philosophie... Il est vrai aussi que je n'ai pas fait d'études et que je n'ai à mon actif qu'un BEPC de 1964 !

     

    Je pense juste en ce moment, à cette scène du film "Out of Africa", où l'on voit des ourang outang assis dans la savane, écoutant sur un phonographe, un passage de Mozart...

     

    Minerve, ai-je appris sur Wikipédia, dans la mythologie romaine, est la déesse des arbres, des arts, des techniques de guerre et des sciences. Le portrait casqué de la déesse Minerve est l'emblème officiel de l'Institut de France... ça m'impressionne tout de même ! (Si j'étais l'un des "dieux" romains... en quête d'une compagne -non pas pour un soir mais pour "une éternité"- je "tomberais peut-être amoureux"... mais je ne dirai rien à personne et je ne tenterais pas de la séduire, Minerve)...

     

    Sur un sité dédié à la chouette, j'ai appris que :

     

    Chez les Grecs anciens, la chouette était dédiée à la déesse Athéna, Minerve...

    Parce qu'à Athènes, les chouettes abondaient...

    La chouette passe pour un oiseau coquet, soigné de sa personne. (Ancien Français : le verbe "choeter" signifiant "faire le coquet" (ou la coquette).

    La chouette n'est pas un animal anodin. À cause de son air insolite et de ses moeurs nocturnes.

    On peut dire du crépuscule qu'il est l'écroulement du jour... Ou plus symboliquement, la fin d'une époque, la fin d'un état, la fin d'une culture, la fin d'un ordre jusqu'à lors reconnu, la fin d'un mythe, la fin d'une forme de connaissance, la fin d'une croyance, et peut-être... La fin d'un leurre...

    Alors la nuit vient... Mais la nuit est peut-être douce, d'une douceur inconnue, étrange... et qui fait peur. Et la chouette, tout juste envolée, file dans la nuit comme une fine écharpe de femme, et la chouette n'explique pas la nuit dans le cri qu'elle pousse : elle fait de la nuit son jour et il nous faudra aller, nous aussi, par ce jour...

     

    ... Quand je dis "je tomberais peut-être amoureux" (de la déesse Minerve)... Il y a tout de même "un truc qui me gêne" : elle est la déesse des techniques de guerre, et je n'aime pas la guerre... D'ailleurs le mot Français "guerre" est un mot que je déteste (à la limite je conçois mieux si je puis dire "war"en Anglais, ou même "krieg" en Allemand)...

    Soit dit en passant, le mot de la langue Française que je préfère (et de loin) est "visage"...

    (En Allemand "das Gesicht", ou en Anglais "the face", ça me percute un peu moins)...

     

    ... "la déesse des techniques de guerre"... Oui, mais... S'il s'agit d'une guerre contre la médiocrité orchestrée et subie, et d'une guerre contre l'arrogance... Alors je suis "pour" ce genre de guerre...

     

    ... "La chouette, un oiseau élégant et coquet"... Donc, "chic"... Je pense bien évidemment à la Femme, à la Féminité...

    Mais, là aussi, dirais-je, "y'a un truc qui me gêne" : la chouette régurgite une boulette constituée de déchets... Alors ça, "c'est pas très chic"! J'imagine mal une jolie femme, bien habillée de surcroît, très soigneuse de sa personne... "faire caca par sa bouche"... !

     

  • On dirait que les dauphins ne meurent jamais

     

         Il n'est guère aisé d'applaudir avec une seule main...

    Sauf infirmité, nous avons bien deux mains et j'ai observé que tout au long du spectacle, l'on applaudissait très souvent...

    ... J'applaudis fort rarement... Notamment lorsqu'il faut, lorsqu'il se doit de "bisser"...

    Alors, applaudir d'une seule main ! Cela me serait encore plus difficile !

     

    Par contre, oui, par contre... J'irai bien à beaucoup d'enterrements avec une seule jambe... C'est à dire avec la moitié de mon cerveau où siège mon esprit...

     

    Soit dit en passant, les dauphins vivent et dorment alternativement avec la moitié de leur cerveau en activité...

     

  • "Je n'ai rien compris", dit-il, dit-elle...

     

         Il est certes plus heureux pour un artiste ou pour un écrivain, d'être sinon assez bien compris du public le connaissant et ayant lu ou vu l'une de ses oeuvres, et très bien compris de ses "fidèles" ; que d'être incompris et hermétique aux yeux de la plupart des gens qui ont pu découvrir l'une ou l'autre de ses oeuvres, et même aux yeux de quelques "fidèles"qui parfois s'interrogent sur le sens de l'une ou l'autre de ses oeuvres...

    L'on ne s'interroge jamais, par exemple, sur un livre de Christian Signol, de Jeanne Bourin ou de Barbara Cartland...

    Mais l'on s'interroge par contre sur l'oeuvre d'un Céline, d'un Kafka ou même d'un Kundera... qui ont un peu moins de lecteurs qu'un Signol, qu'une Bourin, qu'une Cartland...

    Est-ce qu'en leur temps, du temps de leur vivant, Rimbaud, Mallarmé, Eluard, ont expliqué, décortiqué dans le détail leur texte, en face de l'une ou l'autre de ces personnes qui, lisant le texte, "ne comprenaient pas" ?

    Est-ce que Dali ou Magritte, ont traduit en un langage simple devant un public ou un visiteur perplexes, le tableau qu'ils venaient de peindre ?

    J'imagine que les "pires" – des artistes et des écrivains- sont ceux qui, tant aux yeux du plus grand nombre que des intellectuels "consensuels", sont souvent incompris et, lorsqu'ils sont compris, dérangent...

    Il faut assurément en ce monde, des règles, des repères, de la logique narrative, de la construction, du concret, du "palpitant", des modes et des tendances comme dans l'habillement, du "perméable", du représentatif, de la "fable", du rêve, de l'émotion, du suspense... ou même parfois du "marginal reconnu" (même si l'on n'y comprend rien mais dans ce cas on fait comme si l'on comprenait)... !

    Un écrivain ou un artiste incompris ou perçu "hermétique" n'explique pas son oeuvre, ni l'un ou l'autre de ses textes ou de ses tableaux... Et lorsqu'il le fait occasionnellement, parce qu'il est sollicité ou attaqué, autant qu'il présente non pas ce qu'il écrit ou ce qu'il peint tel qu'il l'écrit ou le peint, mais tel que cela serait compris par le plus grand nombre... Avec bien sûr, la forme la plus épurée, la plus concrète et donc la plus perméable...

    C'est là, je crois, un renoncement... Un renoncement qui mure la porte d'un grenier aux souvenirs et aux inventions d'enfance, que d' accepter de concevoir une oeuvre certes "propre" et sublime si l'on peut, mais dans la grande lignée des oeuvres qui marquent une époque et font le "courant"...

     

  • La hantise de la fable, et de l'image

     

    ... J'ai assurément dans l'écriture, dans chaque projet ou réalisation d'écriture, une intention imagée..

    Une forme purement narrative et -ou- mélodramatique, me rendrait peut-être plus clair et plus accessible... Mais la communication mondialisée nécessite cette hantise de la fable, et donc l'obsession d'une simplicité réductrice, d'une formulation "à la portée de tous", ou encore d'un "effet produit"...

    Ainsi la "fable" est-elle, devient-elle, a-t-elle pour objectif, une "mise en scène" des situations, des personnages, des événements réels ou fictifs... Et cela, tout cela, afin que la "fable" puisse se vendre, séduire, se répandre, distraire...

     

    ...Une oeuvre, un récit, un texte, purement narratif me semble effectivement mieux approprié à ce que l'on pourrait définir comme étant une forme de communication mondialisée dans la mesure où cette communication, tout en se fondant en un langage ou en une écriture tout comme à l'intérieur d'un moule commun ; n'en serait pas moins en ce moule, une pâte épurée et donc débarrassée de poussières ou d'éclats inutiles...

    Mais je n'adhère pas personnellement, à la forme "mélodramatiquement arrangée" dans le discours narratif... Car il y a dans le mélodrame à mon idée, une assez nette tendance à la mise en scène "de valeur d'audience"... Ce qui convient tout à fait, d'ailleurs, à cette mode actuelle de "communication mondialisée" qui submerge toutes les cultures authentiques et intemporelles du monde...

    La "hantise de la fable", d'ailleurs, dans la "communication mondialisée", est devenue obsessionnelle, d'autant plus que, par l'audience que la fable génère, il se définit une valeur marchande...

    Je me demande tout de même parfois si une "intention imagée" dans l'écrit ou dans le dit, ne rejoindrait pas aussi une "intention de la fable"... Plutôt que de puiser naturellement dans l'imaginaire porté en soi tel un "terreau" enrichi de ressenti et travaillé sans relâche...

    Les surréalistes par exemple, dans leurs oeuvres, puisent-ils vraiment dans leur imaginaire "terreau enrichi de ressenti et travaillé sans relâche"? Dans ce que leur nature leur a donné ?

    Ou bien, pour quelques uns d'entre eux, n'ont-ils que la "hantise de l'image"? Qui est alors comme "la hantise de la fable" ?  

    ... Je pense que l'Art, même s'il puise dans l'imaginaire et dans le naturel que l'on porte en soi, s'il puise aussi pour une part trop importante dans la technique, n'est plus vraiment de l'Art, mais de l'artisanat... Ainsi le mélodrame et la fable, et aussi l'image, pour ce qu'ils procèdent de technicité plus que d'imaginaire et de naturel, plus que de ressenti et d'émotion et d'intuition, sont des "produits" plus que des oeuvres...

     

     

  • L'attente heureuse

     

         Il y a dans l'attente heureuse, comme une "petite éternité"...

    Et quelle plus belle, plus heureuse attente, que celle qui mène à ces visages amis approchant de jour en jour ou d'heure en heure jusqu'à cet ultime moment, peut-être le plus éternel, et qui fait penser à ces bourgeons ayant traversé une première nuit d'équinoxe de printemps avant d'éclore au matin en petites lèvres vertes encore fripées !

    Il y a dans ce moment, l'ultime, tout juste avant l'arrivée des visages, une "petite éternité"... Comme s'il était devenu impossible de mourir à ce moment là.

    Comment en effet, peut-on mourir lorsque l'attente heureuse, ainsi se prolonge ?

    On ne meurt jamais durant le temps d'une érection de bonheur et de bien être, ce temps qui précède la rencontre.

     

    ... Connaissez-vous cette expression : « J'ai vu Carcassonne » ou ses variantes : « As-tu vu Carcassonne », « Non, il (elle) ne sait pas ce qu'est Carcassonne », « N'a pas vu Carcassonne » ?

    Une manière un peu moins ordinaire mais néanmoins populaire , de dire

    « Je suis allé au septième ciel »...

    Eh bien ma foi, le temps d'une érection de bonheur et de bien être précédant Carcassonne, est un temps pour ne pas mourir et qui rend la mort incongrue, voire irréelle...

    Alors autant qu'elle dure, cette attente de Carcassonne...

    Carcassonne dont on aperçoit les tours autrement qu'en rêve, c'est à dire au vrai...

    ... Àl'âge de trois ans, j'entrevoyais déjà les tours de la vieille cité de Carcassonne : c'étaient les visages de mes cousines, le visage de ma mère, ces visages qui ont peuplé mon enfance... Aujoud'hui, les tours paraissent encore : elles sont crénelées du bleu que j'y vois dans le gris environnant, et les remparts de la cité sont comme des murs pour un merveilleux jeu d'escalade...

    ... Nous ne mourrons que lorsque nos émerveillements se seront décolorés.

     

    ... Dans « Au pays des guignols gris », mon premier livre, au début je crois, de « La Traversée » ; j'avais imaginé un ballon de gosse gonflé à bloc, qui n'éclatait jamais alors que le gosse ne cessait de souffler dans le ballon...

    Eridan, le personnage principal, disait à ses copains «une fois éclaté, le ballon pend tel un petit bout de caoutchouc déchiré et fripé »...

     

  • Le premier geste, le dernier mot

     

         "Avoir le premier geste et pas le dernier mot" [ Claude Lemesle ]

     

         Le premier geste, vraiment le tout premier, celui à partir duquel tout commence et ensuite peut durer...

    Le premier geste oui, celui qui à mon sens contient déjà tout ce qu'il exprimera... C'est celui du regard qu'un sourire éclaire...

    Le dernier mot quant à lui, n'ouvre aucune porte, ne résoud rien, n'est pas une réponse... Le dernier mot jeté comme pour clore un échange verbal, bat comme un méchant volet sur une fenêtre entrouverte...