couleurs

  • Une Gauche de la relation humaine, plutôt qu'une Gauche du ressentiment !

    … Plutôt qu’une Gauche et un socialisme de ressentiment je préfère une Gauche de la relation humaine, du partage (plus souvent possible que l’on ne le croit et fondé sur la transmission des savoirs et savoir-faire, sur la transmission aussi, des pouvoirs notamment ceux acquis naturellement et par l’effort, l’énergie créative, l’intelligence… De ces pouvoirs là, partagés et jamais confisqués ou monopolisés)…

    Le ressentiment dans l’aigreur, dans l’amertume, dans le nihilisme, dans la destruction, dans la violence, dans la haine… “Crève plus sûrement le monde” que la dureté naturelle et intemporelle des forces de la nature et de ce tout ce qui constitue de minéral, de végétal, d’animal, la nature et le cosmos tout entier depuis 14 milliards d’années…

    Plutôt qu’une Gauche qui récrimine, vocifère, ou se délite dans une complaisance consensuelle ou de “bon ton”, prétend renverser ou réformer les ordres, appelle à des révolutions illusoires ; je préfère une Gauche qui secoue le cocotier pour faire s’envoler tous ces oiseaux de malheur dont les couleurs de plumage rendent nos regards prisonniers, conditionnés et soumis, nos oreilles chauffées de ritournelles criardes et assourdissantes…

    Secouer le cocotier et non pas l’arracher, en somme… Parce que arraché, jamais il ne portera d’autres oiseaux que ceux de malheur même si, autant de fois qu’il le faudra, on devra encore le secouer, le cocotier, à chaque venue d’oiseaux de malheur dont les couleurs de plumage aussi différentes qu’elles soient, rendront encore nos regards prisonniers, conditionnés et soumis ; chaufferont nos oreilles…

     

     

  • Le tableau

    ... Au milieu du siècle précédent, jusque dans les années 1980, le monde était comme un tableau, un paysage avec des personnages. Et le tableau semblait immobile, comme figé dans le temps, un temps relié au temps qui précédait... Mais le tableau cependant était bien vivant, et les personnages animés, et c'était comme si l'on se trouvait, acteur ou spectateur ou témoin, à l'intérieur du tableau, un tableau dans lequel on respirait, on vivait...

    Les scènes, les personnages, tout ce qui constituait le tableau dans le détail et dans son ensemble, tout cela était de couleurs aussi criardes et violentes que dans le tableau d'aujourd'hui, celui des années présentes de ce début de 21ème siècle... Autant dire que le "monde d'avant" était aussi inique, aussi empli d'hypocrisies, et les gens aussi préoccupés de gagner toujours plus d'argent, d'accroître ou de conforter leurs possessions matérielles...

    Mais il y avait, dans le tableau d'avant, comme un fond, un arrière plan dans lequel on discernait des tons, des couleurs qui ne changeaient pas et qui, si lointaines que ces couleurs nous eussent parues, si peu visibles ; n'en étaient pas moins présentes et immuables... Des couleurs et des tons somme toute, dans le fond du tableau, qui étaient pour nos yeux comme le ciel du jour ou de la nuit au dessus de nos têtes...

    Dans le tableau d'aujourd'hui, celui de ce début de 21ème siècle, les couleurs de l'arrière plan du tableau sont craquelées, si craquelées qu'elles partent en éclats, des éclats de plus en plus dispersés, de plus en plus petits ; autant dire que le fond ou l'arrière plan disparaît peu à peu, et qu'il ne demeure dans le tableau devenu aussi mouvant que la rosace tournoyante dans un kaléidoscope, que les couleurs criardes et violentes du nouveau paysage avec des personnages dont la vie court comme un train sur des rails de gare en gare, et les gares sont des lieux de marchés et de consommation...

    ... Il sera plus difficile pour l'artiste, d'extraire du tableau, de l'immaculé... Difficile, mais nécessaire...

    Par exemple, ce n'est point parce que tant de gens (et pas forcément les plus jeunes), en bus, en tramway, avant que le film au cinéma ne commence, à table en famille... Ont les yeux rivés sur l'écran de leur smartphone, qu'il n'y a plus de relation, plus de regard vers les autres, plus de solitude, moins de liens, etc. ...

    C'est le regard porté sur le tableau, qui ne se fige pas sur les craquelures éclatées ; qui entre dans les couleurs mouvantes, qui suit les personnages de la vie qui court ; ce regard de témoin bienveillant mais lucide, indépendant, insoumis aux jugements, aux modes et aux complaisances... Qui appréhende le tableau dans sa dimension réelle et dans ce qu'il y a d'intemporel dans le tableau mouvant et changeant...