couple

  • Elle 94, Lui 97

    Couple 1

    … Est-ce là une « référence » ? Une « valeur » ?

    L’on pourrait le penser… L’on a envie de le penser…

    Peut-être…

    Peut-être pas…

    « Par les temps qui courrent ! »…

    Sur la photo de gauche, elle a 18 ans et lui 21…

    Sur la photo de droite, elle a 94 ans et lui 97…

    Il y a 76 ans qu’ils sont ensemble.

    Pour « idéaliser » - si l’on veut- « on va dire » que…

    Elle, à 18 ans n’avait jamais « connu » de garçon et que Lui, à 21 ans n’avait jamais « connu » de fille.

    Et que… Durant les 76 années que cette femme et cet homme ont passées ensemble, pas une seule fois l’un ou l’autre n’a « été voir ailleurs »…

    Enfin on va « supposer » ou plus précisément « imaginer » - pourquoi pas – que…

    La jeune femme et le jeune homme sur la photo de gauche « étaient tous deux – de leur temps- des anarchistes inclassables…

    Et que, elle à 94 ans et lui à 97, n’ont pas « changé d’un iota » leur « vision du monde, de la société, de la relation entre les êtres et les choses »…

    Et que « pour finir » pour l’une comme pour l’autre, il n’y aura « ni messe ni absoute ni dieu ni « cela est juste et bon » ni « grand pieu de marbre » mais juste un carré de terre avec en dessous, des cendres…

     

    Faut-il « idéaliser » ?

    Faut-il faire de ce couple un « modèle » ? … Ou une « légende à la Roméo et Juliette » ?

    Est-ce que les séparés au bout de 2 ans, de 5 ans… Ou au bout de 30 ans de mariage… Et qui ont « été voir ailleurs » - l’un ET l’autre ou seulement l’un des deux… Ça serait critiquable ?

    Est-ce que c’est la réalité du monde qui est « dans le tort » ? … Parce qu’elle « ne fait pas dans la dentelle », qu’elle est dure, injuste, absurde… Tout ce dont on la qualifie pour la fustiger, cette réalité ?

     

    Comme disait Arthur Rimbaud « Nous sommes voyants avec des yeux aveugles »…

    Et j’ajoute pour ma part :

    La clairvoyance implique l’existence d’une somme d’interrogations, de réflexions que l’on se fait de tout ce qui est, de tout ce qui se voit, se sent, s’espère ; de tout un travail d’approche, d’étude, de recherche… Dans la brève durée d’une vie humaine… La clairvoyance est incompatible avec les modèles…

     

     

  • Jean et Marie Claude (petite histoire)

    Couple

    Émile avait un copain qui s'appelait Lefert... Jean Lefert.

    On lui avait donné ce surnom «  Fil de fer » parce qu'il était sec et maigre, aussi fin qu'un fil de fer.

    Il fantasmait sur les filles grosses, très grosses, disant qu'avec ces filles là, au moins il y avait de quoi pétrir, s'y perdre dedans, ça lui donnait un sentiment de sécurité, de plénitude …

    Émile connaissait une Marie Claude, que dans les bals où il se rendait avec des copains, personne n'invitait à danser, qui faisait tout le temps tapisserie, grosse comme une dondon, si grosse qu'elle en était difforme, pesant peut-être plus de 140 kilos...

    La Marie Claude elle était gentille, sérieuse, avec un coquet livret d'épargne, une petite voiture, un joli appartement bien arrangé, et un trousseau pour « quand elle se marierait ». Elle allait aussi le dimanche, à la messe et elle avait un album où on la voyait en photo avec des bonnes sœurs et des curés...

    Il arrivait parfois qu'un mec un peu plus sympa que les autres, l'invite à danser un slow, c'était la seule danse possible pour Marie Claude, hors de question qu'elle se « tortille le derrière » ou qu'elle se hasarde en une lambada...

    Émile avait pensé à présenter Marie Claude à « Fil de fer »... Cependant, « Fil de fer » était un anarchiste, il invitait la nuit dans son logement de l'immeuble où il demeurait, toute une bande de copains aussi turbulents et déjantés que lui ; il faisait avec ses copains, une « java  à tout casser » jusqu'à des 4 ou 5h du matin, avec de la musique techno qui « déménageait », des bouteilles de gnôle et de la came, des filles...

    Le copain Lefert, il faut dire aussi qu'il haïssait les flics, les curés, l'armée et les gouvernements...

    Un jour, c'était en mai 68, lors d'une manif quai de la Rapée là où à cette époque il y avait encore l'Arsenal ; le copain Lefert qui faisait son service militaire dans un bataillon disciplinaire, avait réussi à piquer un énorme camion GMC muni à l'avant d'un treuil et d'une chaîne de très gros anneaux de fer... Avec d'autres manifestants, il avait enroulé la chaîne autour des barreaux de la grille de l'Arsenal, puis, au volant du GMC en marche arrière, il tirait et les barreaux commençaient à plier, de telle sorte que l'accès à l'Arsenal -et aux armes- allait être possible à la foule décidée à prendre d'assaut l'Arsenal...

    Mais l'opération avait finalement échoué parce que dix cars de flics venaient de surgir sur la place de la Bastille et que les manifestants furent dispersés...

    Contrairement à toute attente, la rencontre entre Marie Claude et Jean, se passa très bien, c'est à dire que le copain Jean fut littéralement secoué d'émotion et de régal à la vue de Marie Claude, et qu'il parvint à lui faire « prendre du bon côté » son anarchisme déjanté... (Il faut dire aussi que Jean était « un peu poète à sa manière »)...

    Quelques années plus tard, lors d'une sortie en vélo dans une descente dangereuse en vallée de Chevreuse, sans casque et « à fond la caisse » Jean rata un virage et son crâne éclata en heurtant un rocher surplombant un fossé...

    Marie Claude qui depuis son mariage chérissait son Jean toujours aussi fil de fer en dépit des bons petits plats qu'elle servait chaque jour, ne voulut plus entendre parler d'un autre mec dans sa vie...