journal

  • Journal de bord inachevé

    … Une œuvre d’écrivain, de témoin de son temps qui raconte…

    L’œuvre de tout homme ou femme de ce monde qui, sa vie durant, porte à la connaissance de personnes de son entourage (et, par extension, dans un espace de relation et de communication plus élargi) tout ce qu’il, elle exprime, écrit…

    Une œuvre d’artiste…

    L’œuvre dans ses divers registres et dans son évolution époque après époque et qui ne cesse de se construire…

    Œuvre de toute une vie…

     

    Toute œuvre s’édifiant jour après jour par le travail et par ce qu’il y a de déterminé, de permanent en nous, et de passion (et parfois d’inné)…

    Toute œuvre demeurera inachevée

    Sera comme un bagage laissé sur le quai avant que nous soyons poussé dans le wagon d’un train dont la destination nous est inconnue

    Portera en elle tout ce qui n’aura pas été dit, écrit, joué, dessiné, peint … Et qui existait avant que nous le disions, l’écrivions, le jouions, le dessinions, le peignions

    Sera ce journal de bord inachevé d’un cosmonaute naufragé devenu silhouette de poussière dans une capsule-canot en errance dans l’espace…

     

    Dieu ou ce qui ressemble à dieu

    Ou l’extraterrestre archéologue explorateur de vestiges et de traces de vie, découvreur bienveillant et voyant…

    C’est l’Interlocuteur que le cosmonaute naufragé tout seul dans sa capsule-canot, imagine jusqu’à le faire exister, tant qu’il peut encore écrire dans le journal de bord…

     

    Mais sur la Route avant la gare, avant le quai d’embarquement

    Il y avait déjà tous ces humains le long de la route

    Qui étaient Dieu ou ce qui ressemblait à dieu

    Ou qui étaient l’archéologue découvreur parfois voyant et attentionné parfois pas trop bienveillant mais qui était l’Interlocuteur…

     

     

  • Journal intime

    Journal

    … Avant, les gens tenaient un journal intime sans se demander si cela pouvait avoir une portée, sans se poser la question de savoir qui cela allait intéresser… Ils écrivaient pour eux, peut-être pour des proches, pour « quand leurs enfants ou petits – enfants les liraient »…

    Aujourd’hui, ils se mettent en scène et en spectacle bien plus par image que par écrit, sans se poser la question de savoir comment et par quoi plutôt que par qui, ils sont observés…

    Ils sont en fait, beaucoup plus observés, que lus ou vus… Observés par des « entités épiantes »…

     

  • Le journal, dans l'oeuvre de Jules Renard

    ... Qui pète haut et fort, même en fleurs vives éclatant dans le ciel et éblouissant les regards conquis-ou soumis- mais en vérité le plus souvent en fleurs pâles et gesticulantes sur un écran de smartphone... Ne fera jamais du "journal de sa vie" qu'il diffuse et expose à la vue des gens de sa cour -ou à la vue de tous- une "oeuvre autobiographique"...

    ...Qui ne pète que du coeur de son réacteur et se révèle dans l'intimité "un grand timide", n'expose pas directement en public tout ce dont il se souvient, tout ce qu'il ressent, tout ce qui le porte, tout ce qu'il sait... Écrira peut-être -ou sans doute- un "journal" ou "quelque chose sur sa vie"... Mais alors cela sera une "oeuvre autobiographique" dans le sens de ce que doit être une "oeuvre autobiographique" c'est à dire une oeuvre dans laquelle l'auteur lui-même apparaît davantage, bien davantage un témoin, un témoin de son temps et des temps qu'il vécut, plutôt que le personnage principal se mettant en scène à chaque page. D'ailleurs ce sont les personnages dont il parle, qui sont en vérité les personnages principaux et essentiels -et pourrait-on dire "immortalisés"- qu'il met en scène à chaque page...

    Ainsi en est-il, par exemple, de Jules Renard, qui avait beaucoup de mal à extérioriser directement ses sentiments... Et usait de "formulations" originales et imagées qui, à elles seules" en disaient bien plus long -et surtout plus explicite- qu'une page entière au sujet de tel ou tel personnage ou situation ou évènement... Cette page entière dût-elle être d'ailleurs" , écrite dans la forme la plus parfaite ou la plus littéraire qui soit ; et à plus forte raison dans l'une de ces formes ordinaires, ostentatoires et "facebookiennes" voire vulgaires que l'on connaît de nos jours "qui filent par le trou d'une baignoire en eau de vaisselle corporelle"...

    ... Voici, entre autres, innombrables dans l'oeuvre de Jules Renard, quelques unes de ces "formulations" :

    -Meublée à l'arrière comme une jument de 1200 Francs (à propos d'une inconnue)

    -Comme avec des ciseaux, la femme, avec ses cuisses qui s'ouvrent, coupe les gerbes de nos désirs

    -Appelons la femme un bel animal sans fourrure dont la peau est très recherchée

    -Quelle manie de dire des mots d'esprit aux gens, quand on voudrait les embrasser !

    ... Et quelques mots à "l'emporte pièce" et images déconcertantes :

    -Homme de peu de Lettres

    -Zola, un demi-Satan qu'une lectrice repousse par propreté

    -Le style vertical, diamanté, sans bavures

    -Ses doigts noueux comme un cou de poulet

    -Le travail pense, la paresse songe