l'image
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Le bruit des trousseaux, film de Philippe Claudel
- Par guy sembic
- Le 09/11/2021
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… Le cinéma (les films), la Littérature (les romans)… Même au plus proche de la réalité… Par la représentation que donnent les réalisateurs de film et les romanciers, des situations, de la vie des gens au quotidien, des drames, des événements, de tout ce qui se passe dans tel ou tel environnement… Le cinéma et la littérature donc, invitent à défaire une image que l’on se fait, ancrée en nous – ou un préjugé – pour lui substituer à cette image, une autre image qui, elle, si proche qu’elle soit de la réalité, ne reflète pas exactement le réel pour ce qu’il est, mais le réel “sous un angle de vue”…
Et, en même temps que l’image substituée, donnée par le réalisateur ou par le romancier, à l’image que d’ordinaire l’on se fait ; vient une réflexion, mais une réflexion cependant, qui ne s’installe pas forcément dans notre esprit de manière durable, parce que la réflexion est empreinte d’émotion, d’impact sur notre sensibilité…
Il est difficile de rendre la réflexion indépendante de l’émotion et de la sensibilité, il est difficile de rendre le réel – et l’image donnée du réel – indépendants de l’”angle de vue”…
… C’est là ce que j’ai “perçu” – comme j’ai essayé de l’exprimer ci dessus – en voyant hier soir, lundi 8 novembre sur France 2 à 21h 10, le film de Philippe Claudel “Le bruit des trousseaux”…
… J’essaye d’imaginer – c’est tout de même “un peu difficile” – un prof dans le genre de celui du film, donnant des cours de français (rédaction, écriture, grammaire, connaissance d’auteurs, lecture de textes, etc.)… Dans une classe de collège avec une trentaine de jeunes de 14, 15 ans, presque tous quasiment illettrés, dealers, d’une brutalité et d’une violence extrême, haineux de la France et de ses valeurs, ne suscitant aucune empathie… Ou encore en face de quelques jeunes délinquants tout aussi violents, brutaux, illettrés, haineux, incarcérés et choisis – on ne sait comment et sur quels critères – pour suivre des cours de français (je précise : de jeunes délinquants n’ayant rien à voir avec les élèves du prof du film dans la prison de Nancy, des adultes et des jeunes)…
Essayer de “mettre en parallèle” ce que l’on voit dans le film et ce que l’on voit dans la réalité, me semble “une gageure”…
Certes, dans le film, il y a “du sens” – et, on va dire, “de la portée”, de la réflexion suscitée quoiqu’empreinte d’émotion en rapport avec ce que l’on peut ressentir de la personnalité de ces gens incarcérés, des situations en lesquelles ces gens se trouvent…
Mais dans le réel, le réel tel qu’il est… Où est-elle la “personnalité” de ces jeunes en rupture totale ne suscitant absolument aucune empathie, où est la personnalité de ces détenus irrécupérables, dangereux et d’une cruauté, d’une barbarie inimaginable ; tels qu’ils existent vraiment ?
De quelle “personnalité” peut-on parler ? De quelle… “humanité” ?
Le réel dans ce qu’il a de plus insoutenable, de plus abject, n’est-il pas comme un “trou noir” dans l’univers, un “trou noir” duquel rien ne peut s’échapper, et dans la “dynamique” de ce “trou noir”, est-il possible de concevoir qu’une “énergie comparable à celle de la lumière” puisse se développer ?
Pourtant ce que l’on voit dans le film – et c’est sans doute là ce qu’il y faut voir (mais qui n’est alors plus comme un “trou noir”) – peut arriver à “traduire” ce dont on peut être témoin dans le réel… Et en ce sens, oui, le cinéma et la littérature ont un rôle à jouer… Essentiel, nécessaire…
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L'image, l'écrit, la parole
- Par guy sembic
- Le 24/11/2019
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
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... Nous ne sommes pas, comme on pourrait le penser et comme d'ailleurs on le lit, le dit ou l'écrit, exprimé sur les réseaux sociaux et dans les conversations, échanges, discussions... Dans "une civilisation de l'image", mais dans une civilisation de domination par l'image , une domination qui s'exerce par l'audiovisuel (la télévision, internet).
Ainsi l'image portant en elle l'effet qui lui est donné afin d'émouvoir, de choquer, de sensibiliser ; transmissible, diffusable, exportable et accompagnée de mots écrits, de paroles, de son ou de musique, et cela dans l'instantanéité... N'est plus perçue séparée ou isolée de son contexte environnemental. Elle apparaît alors détachée de la signification de ce qu'elle représente par elle seule...
L'on peut dire également que l'écrit et que la parole portent en eux l'effet qui leur sont donnés afin de sensibiliser, d'émouvoir, dans une double domination qui d'une part s'exerce par tout ce qui se publie, se lit et s'écoute, et qui passe par les grandes maisons de production presse et édition afin d'être distribué (en fait vendu), et d'autre part s'exerce par les réseaux sociaux et internet...
De même que l'image, alors, l'écrit et la parole ne sont plus perçus séparés ou isolés de leur contexte environnemental, et n'apparaissent plus dans leur seule existence et dans leur seule réalité culturelles...
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Béquilles
- Par guy sembic
- Le 20/04/2016
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
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L'image, telle qu'elle est aujourd'hui produite, telle qu'elle s'impose par sa présence, par sa répétition, par son éclat, par ses aspects sous différents angles de vue, se fait la béquille de l'imaginaire tout comme Google, Wikipédia aujourd'hui et le livre et l'écrit et le publié après Gutemberg se font les béquilles de la mémoire (et de la Connaissance)...
Quand il n'y avait pas de télé ni de cinéma ni de photographie, quand il n'y avait que des livres ou des illustrations sur des pages écrites, c'était l'imaginaire qui faisait les images, qui animait les images, et, de ces images qui se faisaient et s'animaient, venaient d'autres images...
Quand il n'y avait pas Google ni Wikipédia, quand il n'y avait que l'écrit par la main, l'on était forcé de se souvenir de ce que l'on avait appris, et de le transmettre autour de soi par la parole.
Notre civilisation est devenue une civilisation qui marche et avance sur des béquilles...
Que les béquilles viennent à manquer, et le boiteux d'aujourd'hui alors, sera plus infirme, plus handicapé que ne l'était le boiteux d'autrefois...