la pensée

  • D'où vient l'échec de la pensée ?

    … Ce qui contribue à l’échec de la pensée dans le monde d’aujourd’hui, c’est, plus que le déficit de pensée aussi général qu’il soit, comme l’on peut le constater – quoique cela reste à nuancer, à étudier de bien plus près que l’on ne le fait - … C’est surtout lié au fait que les journalistes – écrivains, philosophes, essayistes, intellectuels, intervenant dans les débats lors d’émissions d’actualité et de politique à la télévision, ainsi que dans les articles qu’ils rédigent dans les journaux, dans les livres qu’ils produisent… Sont quasiment tous dans un “consensualisme ambiant” qui les conduit à se laisser porter par le courant d’opinion qui les porte, suivis qu’ils sont par leurs fidèles qui les écoutent et les lisent … De telle sorte qu’ils ont tendance à moins affiner, à moins mettre à jour leur perception du monde et des composantes de la société…

    Ainsi le “discours” se fond-il dans les opinions générales, ce qui contribue à réduire la force de la pensée, à faire finalement échouer la pensée…

    La “tonalité médiatique” ainsi que les décideurs se figent dans l’idée d’une croissance non seulement économique de marché et de consommation ainsi que de progrès technologique, mais aussi dans l’idée que la civilisation ne peut qu’à terme, être gagnante ; croître toujours plus et mieux pour davantage de bien être pour un plus grand nombre de gens sur cette planète.

    Et, en se figeant dans cette idée de croissance, les décideurs et les médias entraînent, de la manière dont ils fonctionnent, par tout ce qu’ils mettent en place, des centaines de millions de gens à penser de la même façon… À adopter en somme, un “modèle de pensée”… Qui lui, ce “modèle” là, ne peut échouer ! Ne peut que se généraliser ! Et rendre inaudible toute pensée différente et surtout en opposition à la pensée selon le modèle !

    C’est, aujourd’hui plus que jamais, aussi difficile que ce soit, le devoir des artistes, des penseurs, des écrivains, et de tous les hommes et femmes de bonne volonté, de redonner de la force, de l’indépendance, de la liberté, à la pensée… Et de se faire transmetteurs plutôt que possédants et affiliés seulement à ce que l’on appelle des élites, des élites rassemblées entre elles en comités…

     

     

  • La pensée en danger d'être régulée, standardisée

    « Lorsque notre nourriture, nos vêtements, nos toits ne seront plus que le fruit exclusif de la production standardisée, ce sera le tour de notre pensée.

    Toute idée non conforme au gabarit devra être éliminée. »

     

    John Steinbeck, À l'est d' Éden

     

    C'est bien là ce qui nous arrive et qui s'accélère depuis -vais je dire- l'année 2008 qui à mon sens, en tant que témoin de mon époque, marque, avec la fameuse crise dite des surprimes (prononcer surprime à l'américaine) et de quelques grandes banques, la véritable entrée dans le 21 ème siècle...

    Nous étions -toujours à mon sens- depuis 1990/1991 avec la chute du communisme et de la Russie soviétique et du début de l'économie marchande mondialisée, avec le développement de la « société de consommation de masse », la dominance croissante des lobbies et de la finance internationale ; dans une période de transition jusqu'en 2008...

    Mais, surtout depuis 1 ou 2 ans déjà, avec les géants d'internet, de l'informatique, du numérique que sont Google, Microsoft, Amazon et qui acquièrent une puissance dans des proportions exponentielles, avec l'intrusion de ces géants, de leur robotique et de leurs centrales de données ; avec le nivellement et la standardisation de la culture, de l'information ; avec la cyberviolence et le piratage à distance de tout ce qui peut être récupéré de la vie privée des gens à des fins de nuisance ; avec cette illusion de liberté laissée aux gens, de s'exprimer mais qui en réalité ne produit que de l'opinion dominante canalisée banalisée... C'est la pensée, notre pensée, celle de chacun de nous, qui est désormais encadrée, régulée, formatée, nivelée au point de faire disparaître ou d'invalider tout ce qui demeurait en elle, encore, de consistance, de réflexion, de résistance, d'ordre personnel, singulier et intime...

    Autant dire que la résistance devient de plus en plus difficile pour celles et ceux d'entre nous qui « ne marchent pas dans les clous »... Parce que la « fracture de visibilité » entre ceux qui ont la parole sur les ondes, dans la presse et sur les plateaux de télévision ; et ceux qui ont tout juste une centaine d' «amis » (ou de « followers ») dans des réseaux sociaux... Est énorme, disproportionnée... Parce que la dominance des détenteurs du pouvoir, de l'argent et des affaires est accélérée par la technologie, une technologie bien évidemment entre les mains des dominants...

    Cela n'a plus rien à voir -quoique ce soit comparable- avec la dominance des seigneurs du Moyen Age, ou même avec la dominance des « 200 familles » de grands propriétaires et industriels de la fin du 19 ème siècle...

    Cela n'existe, une telle dominance aussi démesurée, aussi prédatrice, que chez les humains... Pas chez les animaux notamment les loups ou les singes qui vivent en groupes menés par un mâle dominant qui ne pourra jamais être un Jeff Bezos d'Amazon par exemple... (rire)...