la religion contre la culture
-
Les religions responsables de l'effacement des cultures
- Par guy sembic
- Le 09/03/2015
- Dans Articles
- 0 commentaire
Si l'Etat Islamique avec Daesh, Boko Haram et Al Qaïda dans les territoires qu'ils occupent, détruisent des œuvres d'art et cherchent à effacer toute culture pré islamique, tout ce qui à leurs yeux est une "offense à Dieu", tout ce qui a fait l'Histoire des peuples et de leurs croyances, l'Histoire des civilisations d'avant l'Islam, tout ce qui est témoignage par des œuvres d'art, statues, monuments, autels, peintures, représentations imagées, écrits sur tablettes, parchemin, etc., de l'Histoire, des évènements de l'Histoire et donc de la vie, de la culture des peuples depuis des millénaires...
Les conquistadores Espagnols, Portugais, Anglais, Français, Hollandais, pour la plupart sinon tous de religion chrétienne Catholique Romaine, en "ont fait pour ainsi dire autant" aux 15ème, 16ème siècle et au delà jusqu'au 20 ème siècle, en Amérique Centrale et du Sud et du Nord, en Afrique, aux Indes, en Australie et partout dans les pays éloignés de l'Europe qu'ils ont soumis à leur domination économique, culturelle et religieuse.
Ainsi les conquérants espagnols ont-ils détruit en Amérique Centrale et du Sud, au 16 ème siècle, une civilisation brillante, et l'Eglise Catholique est-elle responsable de cette destruction de la civilisation préhispanique. Par l'inquisition, par la force, par la violence, par l'asservissement, l'Eglise a imposé la foi Catholique à des populations arrachées à leurs croyances et à leurs cultes ancestraux.
Ainsi les conquérants Portugais, Anglais, Français, Hollandais, et autres Blancs Européens, tous Chrétiens, ont-ils aussi imposé leur religion et leur mode de vie, leur culture aux Amérindiens en Amérique, aux Africains, aux peuples de l'Inde, de l'Indonésie, de l'Australie, du Pacifique en Polynésie... Et dans toutes ces colonisations, il y a eu des destructions d'œuvres d'art, une volonté déterminée d'effacement de cultures et de croyances, de représentations imagées, de tous ces peuples dont l'Histoire remonte à plusieurs milliers d'années...
Rappelons tout de même qu'avant la période que les Historiens nomment Renaissance, donc avant le 16 ème siècle, et cela depuis le haut moyen âge du temps de Clovis, il n'y avait pas d'autre culture en Europe (écrits, récits, représentations imagées, sculptures, monuments, peinture, musique) que "religieuse", c'est à dire une culture, un art, uniquement consacré à la "gloire de Dieu", des saints, des évènements décrits et représentés par l'image, de la Bible, du récit Biblique... Tout ce qui ne procédait pas ou s'éloignait de la pratique, de la croyance religieuse catholique et romaine, était considéré "impie" ou "inutile" par les princes, les rois, les grands seigneurs, les évêques... Et ne pouvait avoir auprès du public de l'époque, aucun crédit... D'ailleurs, aucun artiste, personne ne se risquait en d'autres représentations sans rapport avec le religieux... Littérature, musique, peinture, scupture, tout était religieux...
La différence entre les destructions de Daesh aujourd'hui, et les destructions opérées par les conquistadors au 16 ème siècle, ne tient qu'en la puissance de la technologie de destruction : au 16 ème siècle il n'y avait pas de buldozers ni d'engins explosifs capables de réduire en poussière et gravats d'immenses monuments... (C'est pour cette raison que les temples, les monuments, les lieux de culte, autels, pyramides etc. , des Incas, des Mayas, des Egyptiens, des Indous, tous de très grande taille, bien que très dégradés pour un certain nombre d'entre eux, ont pu être découverts et restaurés par les archéologues)...
Si les conquistadors Européens Blancs et Chrétiens avaient pu disposer de la même technologie de destruction que celle d'aujourd'hui, avec des buldozers et des engins explosifs très puissants... Que serait-il resté de l'Histoire d'avant Christophe Colomb, d'avant le Catholiscisme, d'avant l'arrivée des Européens, partout dans le monde ?
... On ne va pas, on ne peut pas "refaire l'Histoire" : ce qui a été, ce qui fut fait, l'a été et a été fait... Tout "réquisitoire", toute entreprise de "moralisation", ou de "vengeance", ou toute soit-disante "réparation", tout cela, c'est le plus sûr moyen de perpétuer la barbarie, de nouvelles formes de barbarie d'où qu'elles viennent au nom d'une "nouvelle civilisation", de nouvelles "valeurs"...
Quelle est la différence, au fond, entre la barbarie de Daesh, et la barbarie par exemple, de l'économie de marché mondialisée financiarisée déifiée cultéisée actionarisée dividendisée et tout aussi responsable du nivellement voire de l'effacement des cultures, réductrice de la relation humaine en rapport de force, en valeurs d'apparence, en conflits d'intérêts ?
... Et l'athéisme révolutionnaire des années de la révolution française, ne s'en prit-il point aux églises "reconverties" en écuries, en casernes, n'a-t-il point détruit des monuments de culte, n'a-t-il point déterré les cercueils des rois, comme pour nier un "ancien régime" honni? Nier une Histoire qui fut ce que cette Histoire avait été ? Certes, les rois c'étaient les rois, avec tout le système monarchique, leurs abus de pouvoir et leurs palais, leurs joyaux, leurs richesses considérables acquises par toutes sortes d'impôts et de taxes... Mais faut-il pour autant au nom d'une "nouvelle culture", d'un nouveau régime social et politique, effacer et détruire par la violence, une violence aveugle tout aussi impie que ce que l'on déclare impie, tout un héritage, tout un patrimoine d'architecture, de culture, tout ce qui a été édifié, rappelons le, avec le sang, avec la sueur, avec le travail, avec la souffrance de tout un peuple de gens réduits en esclavage en ce qui concerne les travaux de manutention, tout ce qui a été édifié par des ingénieurs, des créateurs, des bâtisseurs ? Et qui, une fois édifié, même si c'était à la gloire de rois ou de princes ou en commémoration de grandes batailles déterminantes, n'en était pas moins aussi le patrimoine architectural et culturel de tout un pays ?
Est-ce cela, un "idéal révolutionnaire", est-ce cela qu'il faut entendre par "anarchie" ? Est-ce que l'anarchie a pour fondement la haine, la violence, la négation d'une "certaine culture"? Est-ce que l'anarchie c'est "ôtes-toi-de-là-que-je-m'y-mette" ? Ou est-ce que l'anarchie c'est une dimension de la relation humaine encore inconnue, et donc inapprochée, aussi inconnue et inapprochée que peut l'être un univers tout autre que celui de notre cosmologie actuelle qui a pourtant fait tant de progrès depuis Copernic ?