lampedusa
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Eteins ta lampe et pousse-toi
- Par guy sembic
- Le 07/10/2013
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Éteins ta lampe et pousse-toi
Disent les villageois
Au bout de la nuit sans étoiles
Où des brumes sombres
Annoncent un jour gris et froid
Éteins ta lampe et pousse-toi
Disent les villageois
À peine éveillés et écoutant inquiets
Les pas des Indésirables
Dans la rue principale du village
Éteins ta lampe et pousse-toi
Disent les bourgeois
Attablés jusqu'au milieu de la rue piétonne
Devant un plateau de fruits de mer à minuit
Éteins ta lampe et pousse-toi
Disent les bourgeois
Dérangés par ces pâles lumignons qui tremblotent
Et traversent la ville en fête
Si près
Trop près
De ces restaurants qui débordent sur le trottoir
Éteins ta lampe et pousse-toi
Pousse-toi jusqu'au dépotoir tout là bas
En dehors de la ville
Jusqu'au dépotoir où même les miséreux d'ici et d'ailleurs
Disent aussi au bout de la nuit et dans les brumes sombres du matin gris et froid
Éteins ta lampe et pousse- toi
Éteins ta lampe et pousse-toi
Et sur la plage de Lampedusa
Autant de cercueils que de morts
Autant de cercueils alignés
Des cercueils valant chacun autant
Que le prix d'une semaine sur un bateau de croisière de Touropérator
Éteins ta lampe et pousse-toi
Tant qu'on en sera là
Même si dans le monde entier ça va mieux de ci de là
Même si l'on meurt moins qu'avant quoiqu'encore en trop grand nombre
De faim de misère d'exclusion de travail aléatoire ou forcé et mal payé
Tant qu'on en sera là
Ce sera Titanic avec un 14 avril au bout
Autant pour les première classe que pour les troisième
Et les clandestins à fond de cale dormant sur leurs ballots
Nous sommes déjà dans l'après-midi du 13 avril
Mais le temps qui passe semble figé
Et le soleil toujours à la même place
Il n'y a plus ni hier ni demain
Seulement l'insolence et la certitude d'aujourd'hui
D'un aujourd'hui comme une immense braderie
Sur le grand pont passerelle du Titanic