lapin

  • L'image du jour

    Pere noel et lapin

    … C’est le pèrnohel qui débarque chez Loana et Julien 11 et 14 ans, enfants choyés dans une famille de citadins, qui, n’étant pas végétariens, n’ont jamais eu présent à l’esprit que l’escalope servie à midi à la cantine de l’école, pouvait être de dinde, de poulet ou de lapin, animaux vivant à la ferme…

    C’est en effet, pour ces deux gosses, dans leur assiette à la cantine ou à la maison, comme une tranche de jambon, un ananas, un œuf, une pomme, des nuggets de poulet… « Quelque chose qui se mange, et comme ils l’entendent dire «un produit d’alimentation »…

    Quand ils étaient petits, tout petits, leur maman ou leur papa, le soir avant qu’ils ne s’endorment, leur lisait une jolie histoire de lapin…

    Et le pèrnohel cette année 2023, qui débarque (il est passé par la fenêtre parce que dans les maisons d’aujourd’hui architecturées 21ème sècle de lotissements de périphérie des villes, il n’y a plus de cheminée)… De sa hotte de joujoux, en sort un DVD de tuaille de lapin à la campagne, un film où l’on voit en détail comment on « coupe le cou » au lapin ( « l’histoire est corsée, l’opérateur, un papy aux doigts gourds et tremblottants, rate son coup et le lapin crie longuement et ameute tout le voisinage dans le lotissement), puis le lapin est écorché : une coupure sur la peau du dos, Mamy qui tire la « veste » et Papy qui tire le « pantalon », puis ensuite, le ventre du lapin ouvert, la tripe qui tombe toute chaude et fumante au sol, avec le long de l’intestin transparent, comme des petits pois noirs…

    Évidemment quand le pèrnohel débarque, vu la photo figurant sur le DVD, et l’air intentionnellement farouche, méchamment moqueur du pèrnohel, Julien et Loana reculent, surpris et effrayés… C’est alors que le pèrnohel neutralise les parents avec une bombe à gaz paralysant, empogne vigoureusement les deux gosses, les ligote sur des chaises, allume la télé et le lecteur de DVD et lance le film de tuaille de lapin à la campagne, devant les gosses horrifiés, obligés de regarder… (rire sardonique du pèrnohel)…

     

     

  • Titain et Pomponnette

    … En décembre 1959 j’habitais avec mes parents à Blida, en Algérie, dans un HLM de neuf étages, le bâtiment R, où nous occupions l’appartement 57 de trois pièces, situé au 9ème étage…

    Ce bâtiment, parmi d’autres dont la plupart n’avaient que 4 étages, se trouvait en périphérie de Blida, à Montpensier, où en été lorsque l’eau courante ne parvenait pas au delà du 4ème étage, nous allions avec des seaux, chercher l’eau à la fontaine du vieux village de Montpensier.

    Seaux qu’il fallait remonter, mais il y avait l’ascenseur (quand il marchait)… Normalement cet ascenseur fonctionnait en mettant une pièce de 5 francs (anciens) dans un boitier… Mais personne ne mettait, en fait, de pièce : l’on introduisait dans la fente, un tube d’aspirine écrasé ou quelque bout de ferraille applati… Et ça marchait ! De telle sorte que le Régisseur, encaisseur des loyers et des pièces de 5 francs de l’ascenseur, faisait piètre recette avec l’ascenseur…

     

    En ce mois de décembre 1959 j’allais sur mes douze ans et me rendais souvent, quasiment tous les jours chez nos voisins occupant l’appartement 58 formant angle du bâtiment, un logement de 4 pièces « famille nombreuse » où vivaient là monsieur et madame Champion et leurs enfants : Mireille allant sur 11 ans, Jean Jacques 4 ans, Richard 3 ans et Philippe le petit dernier, un bébé né en août 1959… Il y avait aussi dans ce logement de 4 pièces, la vieille maman, Italienne, de madame Champion, qui prisait (sa fille fumant des Bastos). La mémé ne parlait qu’Italien ou Arabe, très peu et très mal le Français.

     

    Monsieur Champion travaillait comme ouvrier sur les voies ferrées en gare de Blida, et gagnait à l’époque 70 000 francs (anciens) par mois, plus les allocations familiales ; autant dire que chez Champion « on roulait pas sur l’or » et les fins de mois étaient très difficiles…

    Ma mère, souvent, dès le 20 du mois et parfois même avant, faisait passer discrètement à madame Champion, un billet de 5000 francs… Mon père, inspecteur des PTT aux télécoms, au Central Téléphonique de Blida, gagnait lui, 120 000 francs par mois ; on était donc « des riches » et, à midi – pas forcément rien que le dimanche, ma mère mettait sur la table au repas de midi, une bouteille de Château Romain (un « pinard » qui coûtait 230 francs)…

    Mon père à cette époque, fumait des « camélia sport » et avec mon argent de poche j’achetais « Pim Pam Poum » en album de 60 pages, Mickey, les Pieds Nickelés, et des pains de pâte à modeler…

     

    Les vacances de Noël approchaient, chez Champion dans tout l’appartement, d’une pièce à l’autre, en liberté, circulait Titain le lapin, depuis un mois environ, que monsieur Champion avait acheté au marché pour 5 francs…

    Ce Titain était comme un chat de la maison, apprivoisé, peu farouche et je jouais avec lui ; il faisait ses crottes (des petits pois noirs) sous les lits, il mangeait des épluchures de légumes…

    Au lendemain de la Noël, chez Champion, je cherchais Titain, et ne le trouvant pas je demandai à madame Champion « où est passé Titain » ?

    Je revois encore le visage penaud et les yeux dans les pantouffles de madame Champion qui « ne savait quoi dire » de la disparition de Titain…

     

    Un autre jour, très précisément le 20 mai 1960, disparaissait tragiquement et accidentellement Pomponnette, une chatte que madame Champion avait recueillie perdue dans le village de Montpensier…

    Cette Pomponnette était grimpée sur la rambarde du balcon, le long de la coursive desservant les 6 appartements de l’étage, et en dérapant, elle est tombée du 9ème étage et s’est écrasée tout en bas…

     

     

  • Le lapin à la campagne dans les années 1950

    Tuaille de lapin

    … L’on achetait alors dans quelque ferme ou métairie à proximité de chez soi, dans les campagnes françaises, quand on ne pratiquait pas d’élevage en clapiers, de beaux et plantureux “géants des Flandres” au fond de son jardin … L’on achetait donc des lapins vivants que l’on ramenait à la maison dans un panier en osier fermé par une baguette, sur le porte bagage du vélo (sans dérailleur)…

    Dans les années 1950, il fallait compter, pour un “beau spécimen” 5 francs le kilo ; car chez le boucher, prêt à cuire, le même lapin coutait 15 francs le kilo, ce qui représentait une dépense, pour une famille modeste où souvent, seul le père travaillait en usine ou à la SNCF, percevant un salaire mensuel – au milieu des années 1950 - de 25 000 francs…

    Le lapin, toute une nuit, “jeûnait”, enfermé dans le panier, au “cabanon”, avant d’être “traité” le lendemain matin…

    En général, avant de le saigner en lui sectionnant la carotide, avec un grand couteau bien aiguisé, d’un seul coup ouvrant la gorge d’une oreille à l’autre, on l’assommait d’un coup de bâton sur la nuque, ou avec le poing ou encore avec un marteau.

    En effet, en l’assommant d’abord, l’on évitait, au cas où l’on ne tranchait pas net, de l’entendre pousser un long cri aigü qui “ameutait tout le voisinage”…

    À l’âge du petit garçon que l’on voit à gauche sur la photo, je trouvais “rigolo”, après que Papé eût “tiré le pantalon” et Mamy la “veste”, de voir tomber au sol la tripe toute fumante, une fois le ventre ouvert du même grand couteau… Avec tout le long de la tripe enroulée, tous ces “petits pois” noirs…

    De nos jours, en 2021, l’on imagine mal un petit garçon ou une petite fille de 8/9 ans, ne voyant d’animaux le plus souvent, que dans de beaux livres d’images ou en promenade dans un parc animalier, dont les parents sont des citadins ou habitent en des lotissements de zones péri urbaines… En train de regarder “tuer un lapin à la campagne comme du temps où roulaient des locomotives à vapeur”…

    Aussi, la photo ci jointe ne peut-elle que choquer, effrayer…

    Mais il n’en demeure pas moins que, la tranche de jambon dans son emballage plastifié, ou que les nuggets de poulet en barquette, ou encore que la terrine de lapin ou de canard en petit bocal de verre, de chez Leclerc… Proviennent d’un cochon, d’un poulet, d’un lapin, d’un canard, qui furent bien vivants, élevés et abattus en masse, industriellement…

     

     

  • Souvenir d'une tuaille de lapin en mars 1967

    … Ma grand mère, Lasserre Suzanne épouse de Georges Abadie mon papé, en 1967, achetait encore des lapins vivants pour 5 francs le kilo, dans une ferme à proximité de notre maison à Tartas dans les Landes. Elle ramenait le lapin dans un panier en osier, chargé sur le porte bagages de son vélo (un vélo de dame à une seule “vitesse”)…

    Le lapin passait la nuit dans le panier, au cabanon, au fond du jardin, à jeun…

    Le lendemain matin vers 10h, nous arrivions ma grand mère et moi, pour tuer le lapin, Mamy munie d’un grand couteau très effilé et bien aiguisé, et d’une assiette blanche creuse, ayant appartenu à “Petite Mémé” la maman de Mamy… L’assiette, afin de recueillir la “sanquette” que Mamy faisait cuire le soir dans une poëlle avec de l’ail et du persil…

    Mon grand père Georges Abadie étant mort le 9 janvier 1697, c’était ma grand mère qui avait pris la suite pour tuer les lapins, ainsi que les poulets (vivants, à 4 francs le kilo)…

    Papé, avant de saigner le lapin, lui donnait un fort coup de poing derrière la tête pour l’assommer. “Petite Mémé”, quant à elle, n’ayant pas dans le poignet la force de Papé, se servait d’un marteau pour assommer le lapin (mais pas toujours)…

    Le jour où ma grand mère tua son premier lapin, elle avait décidé, ne se sentant pas la force de l’assommer d’un coup de poing, de le saigner directement.

    Elle rata le lapin, de telle sorte que le lapin émit un très long cri aigu qui “ameuta tout le quartier”.

    Du coup, me souvenant de la manière dont s’y prenait Petite Mémé pour égorger les lapins, sans que le lapin crie, j’ai dit à Mamy “la prochaine fois c’est moi qui tue le lapin”…

    Alors un jour de mars 1967, je coinçai le lapin entre mes jambes, en lui tenant fermement les oreilles, je lui relevai la tête et d’un seul coup “magistral” sans bavure, je lui tranchai direct la jugulaire. Pas le moindre cri ou gémissement…

    Et par la suite, de tous les lapins que j’ai tués, jamais un seul n’a crié… J’étais devenu un “professionnel” !

    Les musulmans qui mangent “halal” auraient été à l’époque, ravi que je fasse “halal” au lapin… Sauf qu’il manquait l’Iman pour bénir…

    En effet, si le lapin est d’abord assommé, il y a un influx nerveux qui sécrète une substance toxique dans la chair et qui dénature le goût de la viande (enfin très peu en vérité)…

    Une fois le lapin vidé de son sang, Mamy lui entaillait la peau du dos, et je “tirai le pantalon” tandis que Mamy “tirait la veste”… Puis on ouvrait le ventre du lapin, la tripe tombait fumante et chaude, par terre. Je trouvais “rigolo” les espèces de petits pois noirs dans l’intestin…

    Cela se passait un vendredi ou un samedi, et le dimanche midi, Mamy servait le lapin rôti dans un grand plat en terre dans le four de la cuisinière à bois, le lapin était accompagné de pommes sautées ou de haricots verts du jardin… Un régal ! À l’époque (j’avais 19 ans) mon appétit était “phénoménal” à tel point qu’au lycée de Mont de Marsan où j’étais pensionnaire, on me surnommait “Gargantua”…