le rôle essentiel de la poésie
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Alternative, recours, mission ou message ?
- Par guy sembic
- Le 15/02/2016
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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"Offrir une alternative à la vie sous toutes ses formes, constituer une opposition permanente, un recours permanent à la vie : telle est la plus haute mission du poète sur cette terre."
Houellebecq, Lovecraft
La mission (et à plus forte raison la plus haute mission) du poète, n'est pas exactement, à mon sens, une "mission" : ce serait plutôt, un message...
Car mission me fait penser à une armée de religieux -ou de "penseurs"- pour ne pas dire de "moralisateurs", qui se seraient donné l'ambition d'être des sauveurs... Alors que message me fait penser à des gens, à des poètes en l'occurrence, voire même à des "penseurs", qui se seraient donné pour tâche, pour travail, de permettre, de faire en sorte que les gens autour d'eux, et si possible partout dans le monde, puissent se sauver eux-mêmes...
Dans l'alternative à la vie sous toutes ses formes, toute la poésie réside dans le fait d'un réalisme plus surréaliste que toute oeuvre surréaliste (c'est là ce que je pense)... Car ce qu'il y a de surréaliste dans la réalité, c'est justement cette nudité, cette pureté, cette crudité, cette violence, cette intemporalité qui existent en deçà de toute "morale" que l'on se fait, de tout concept, de toute représentation... (En ce sens, la réalité est surréaliste)...
Une opposition permanente constitue, oui, un recours, parce que la vie que l'on nous fait vivre, formatée qu'elle l'est dans ce qui la cadre, la règlemente, la définit en une "pensée unique" (politique, économique, religieuse, sociétale, éducative) est une "prison à ciel ouvert" ou "un immense supermarché à l'intérieur duquel on ne cesse de pousser dans des allées illuminées même en plein jour, un chariot"...
Cependant cette opposition permanente n'a aucune chance d'aboutir au "changement" dont on rêve, n'a aucune chance de renverser ni même d'infléchir ce pouvoir qui légifère, qui cadre, qui police, qui formate, qui oppresse, qui endort ou parfois "branle 2 minutes" tel un "dada" pour gosses, de galerie marchande... Si l'on ne conçoit d'autre action que celle qui consiste à empiler les uns sur les autres les chariots pour élever une barricade...
C'est le poète, le penseur, l'être libre qui est en soi, ou du moins ce qu'il en demeure et que la vie dans la "prison à ciel ouvert" ou dans le "supermarché" n'a pas détruit ; qui est l'opposition permanente, le recours...