le style

  • Le style, n'est-ce pas ce qui différencie l'artiste de l'artisan ?

    … Les écrivains, romanciers, auteurs, qui écrivent pour distraire, ne sont-ils pas des “artisans de l’écriture” ? Tout comme des ébénistes, des cordonniers, des tonneliers ? Quand bien même ils peuvent être de bons artisans ?

    S’ils ont un style, ils sont alors des artistes.

    Le style, n’est-ce pas ce qui différencie l’artisan, de l’artiste ?

    Et peut-être, plus que le style, la “patte” ?

    Pour un bon thriller, un bon roman d’aventure, un bon roman policier, par exemple, dans quelle mesure un style, et qui plus est, une “patte”, peut vraiment apparaître ? Et s’avère-t-elle nécessaire ?

    Écrire pour distraire me semble peu compatible avec l’affirmation d’un style, du fait qu’un style, en ce qu’il a de personnel et parfois d’atypique, n’est pas ce que le lecteur attend, surtout désireux qu’il est de trouver un intérêt à l’histoire, au récit, à une intrigue, enfin quelque chose qui le passionne, le captive…

    De plus, un style lorsqu’il apparaît tout au long du livre ou d’une œuvre, dans la formulation, dans sa grammaire, dans ce qu’il a de singulier, implique de la part du lecteur, un effort, une attention…

    Dans un roman d’aventures, dans un thriller ou dans un roman policier, l’effort réside dans la capacité qu’il y a, à bien suivre, à bien se laisser pénétrer de l’intrigue dans ses déroulements, ses rebondissements… Ce qui exclue l’effort de l’attention à porter à un style, en plus…

    Et si le style y est quand même – pourquoi pas? - dans un roman policier, d’aventure, dans un thriller – comme par exemple dans les romans de Georges Simenon ; et si le lecteur alors, est sensible au style, c’est tout de même l’intérêt suscité, de l’histoire, de l’intrigue, qui retient en premier lieu, le lecteur…

    Un roman d’aventures, un thriller ou un roman policier dans lequel, en plus de la complexité de l’intrigue et de l’intérêt suscité, il y a du style ; n’est plus alors, tout à fait un “livre pour distraire”…

     

  • Que serait la littérature sans le style ?

    ... "Le style n'est pas, comme la pensée, cosmopolite : il a une terre natale, un ciel, un soleil à lui." [ François-René de Chateaubriand ] dans Mémoires d'outre tombe.

     

    ... Je dis aussi que le style, d'un écrivain, d'un auteur, et plus généralement d'une personne qui s'exprime par écrit -ou même oralement- a une sorte de grammaire personnelle (une grammaire qui, cependant, s'harmonise avec la grammaire de sa langue maternelle, et donc, ne dénature pas, n'escamote pas la grammaire de sa langue maternelle dans ses règles élémentaires)...

    Une grammaire donc, personnelle, mais aussi un vocabulaire, des mots que l'on ne trouve pas forcément dans le Larousse ou dans le Petit Robert -mais que soit-dit en passant l'on comprend aisément dans le contexte en lequel ces mots sont utilisés...

    Ce qui fait aussi le style, l'écriture... C'est le ton -presque la voix même- que l'on perçoit de l'auteur, de la personne "faisant oeuvre d'écriture"... Et, avec le ton, le rythme, les sonorités (un peu comme la batterie d'un orchestre)...

    Que serait la littérature dans son ensemble, tous genres confondus, sans le style ? Même dans une grammaire parfaite et avec la clarté, la précision et la cohérence ?

    Je pense à certains ouvrages, textes, de l'Antiquité grecque ou romaine, intemporels et donc toujours d'actualité 2500 ans après la disparition de leurs auteurs... Nous n'aurons jamais, nous, Français, Anglais, Allemands, Arabes, Chinois, Américains de 2018... l'oreille d'un Grec de l'époque de Plutarque ou d'Aristote pour entendre ces textes écrits il y a 2500 ans... si tant est que par l'oreille on puisse lire comme avec les yeux...

    Je pense aux traducteurs -les meilleurs autant que possible- d'un écrivain Polonais, Croate, Syrien, ou même Anglais ou Français... Essayant au mieux de transcrire la terre natale, le ciel, le soleil de l'auteur... et son style, sa grammaire personnelle, ses mots qu'on ne trouve pas dans les dictionnaires, son ton, son rythme...

    ... Il y a, je pense, une analogie entre le style et l'écriture manuscrite : le style est comme l'écriture manuscrite, il est personnel, il n'est pas "copicollable"...

    De l'absence de style se dégage un texte neutre, si grammaticalement parfait qu'il soit, et aussi riche que soit son contenu : c'est comme un texte écrit à la main, mais en caractères d'imprimerie, certes parfaitement lisible mais impersonnel et "copicollable"...