Louise Michel
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Fille de la colère, le roman de Louise Michel, par Michel Peyramaure
- Par guy sembic
- Le 28/04/2015
- Dans Livres et littérature
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L'auteur
Michel Peyramaure est né à Brive en 1922. Il est l'auteur des biographies de Henri IV, Cléopâtre, Suzanne Valadon et Sarah Bernhardt…
Il a reçu en 1979 le Grand Prix de la Société des gens de lettres pour l'ensemble de son œuvre.
Résumé du livre
Enfant, elle jouait à guillotiner le marquis de Carabas en chantant La Carmagnole. Fille de la servante-maîtresse d'un obscur châtelain de Haute Marne, Louise Michel grandit auprès de ce vieil homme lettré et voltairien. Adolescente, elle adresse des poèmes enflammés à Victor Hugo en exil. Institutrice à Montmartre, elle s'insurge devant la misère du peuple opprimé par le Second Empire. Elle écrit, milite, lutte. Durant la commune de Paris, elle est au premier rang des barricades. On la condamne et la déporte en Nouvelle Calédonie.
Cette femme d'une laideur rayonnante s'attache des hommes qui ne l'abandonneront jamais : Clémenceau, Vallès, Rochefort. Sa guerre pour la liberté ne cessera qu'à son dernier souffle. La colère de cette « vierge rouge » a inspiré à Michel Peyramaure l'une de ses plus belles biographies romancées.
Ce que je dis de ce livre
Ce livre m'a littéralement bouleversé et cela d'autant plus de l'avoir lu en ces jours de 2015, ces jours que nous vivons depuis le mois de janvier, dans une époque qui par certains côtés les plus noirs, les plus effrayants, s'apparente à cette époque à laquelle vécut Louise Michel de 1860 à 1905 (elle était née en 1830 et mourut le 9 janvier 1905)…
Ce monde de 2015, de celui à vrai dire qui a commencé à la fin du 20 ème siècle ; et le monde de 1860 à 1905, sont tous les deux comme deux paysages en même temps aussi différents et semblables qui se superposeraient l'un sur l'autre…
Le monde du transport rapide en avion et en train grande vitesse, le monde de la télévision, de la téléphonie mobile et de l'internet d'une part… Et le monde des déplacements en fiacre, voitures à cheval, trains et paquebots à voile ou à vapeur ; sans TSF, sans téléphonie mobile et sans internet mais avec de nombreux journaux ou « feuilles locales » toutes tendances politique et autres confondues, d'autre part…
Mais deux mondes aussi noirs, aussi effrayants, aussi contrastés entre l'obscurité la plus profonde et la lumière la plus éclairante, l'un et l'autre…
La « vierge rouge » … C'est bien le terme qui convient à cette grande figure de la Commune -et de son temps- que fut Louise Michel. Non pas (cela personne ne le sait et ne le saura jamais) qu'elle fut réellement vierge ou non… Mais dans ce terme de « vierge rouge » j'y vois une violence, une intégrité surtout, une insubordination, une insolence, un mépris des apparences, une détermination à agir, une pureté de pensée, un rejet absolu de toute compromission… Et en même temps, indissociables, une bonté, un humanisme et une mansuétude hors du commun qu'elle a montrés dans certaines situations personnelles difficiles voire périlleuses de sa vie… Où elle fut attaquée, menacée de mort…
Son intégrité était telle, qu'elle est allée jusqu'à lui faire refuser toute grâce, toute amnistie dont elle aurait pu bénéficier (grâce notamment à Georges Clémenceau) si ses compagnons de misère et de révolte eux aussi emprisonnés ou déportés ou même condamnés à mort, n'étaient pas eux aussi amnistiés et libérés en même temps qu'elle…
Et lors d'une sortie au Bois (de Boulogne) en fiacre avec Victor Hugo âgé, elle s'est refusée aux « avances » du Grand Vieillard encore bien vert, est descendue du fiacre pour retourner à pied chez elle…
Bon, sur le plan « purement littéraire » on peut dire (Fayard d'ailleurs ainsi que d'autres éditeurs le lui avaient dit) qu'elle avait une écriture difficilement lisible, sans ponctuation, sans majuscules, sans orthographe… Mais elle a tout de même laissé à la postérité, des œuvres écrites, notamment « je vous écris de ma nuit », ses mémoires, ses correspondances…
… Je cite ces lignes, page 293 de l'édition de poche Pocket :
« Aujourd'hui, être révolutionnaire ne signifie pas grand-chose. Même le gouvernement de Mac Mahon pourrait y prétendre. Une révolution c'est quoi : un ouragan qui chasse un pouvoir pour en mettre un autre à sa place. Il est meilleur, souvent pire lorsqu'il fait preuve d'une mansuétude apte à décourager les plus âpres de ses partisans, à leur rogner les griffes. J'ai un mot pour exprimer ce que je ressens : Ah que la République était belle sous l'Empire… Je veux dire par là… qu'on se bat avec plus de conviction contre une tyrannie sévère que contre une démocratie mollassonne.
Le capitaine Launay du Virginie, le bateau qui amenait Louise Michel en exil en Nouvelle Calédonie disait à propos de l'anarchie, du mouvement anarchiste et libertaire vers lequel se tournait Louise Michel :
L'anarchie est une tentation redoutable. Je l'approuve quand elle dénonce le pouvoir absolu que certains hommes exercent sur d'autres, et quand elle fait souffler sur le monde un vent de liberté, mais là est le danger. L'humanité n'est pas mûre pour l'anarchie, et je crains qu'elle ne le soit jamais. »